Publications dans 2010
Happy mania
 

Grande gueule de bois

Encore une fois, je m'insurge face à l'accumulation dans nos magasins d'excellentes séries manga.

Car, dans une certaine mesure Happy mania, c'est l'équivalent livre de notre série télé anglaise préférée, Black Books...

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Sur le fond, on y retrouve une héroïne, libraire de profession, aussi sentimentalement désespérante que Bernard Black, avec la même tendance à se jeter avidement sur le gorgeon pour surpasser ses problèmes d'ego.

Par contre sur la forme les choses sont bien différentes. Moyocco Anno est une chef de file du manga pour jeunes adultes, entendez par là, un soupçon de bile dans l'univers traditionnellement sucré du shojo. Ces personnages aux grands yeux feraient passer Bambi pour Mister Magoo sans lunettes. L'intrigue est assez classique, on rit férocement des expérimentations amoureuses d'une trentenaire ; mais pourquoi s'en priver ?

D'autant que nous vous offrons en ce moment une fugace promotion : la possibilité de repartir avec les quatre premiers pour la somme de 12€  (le prix d'une bonne bouteille de vin), au lieu de 27,80 € sur le marché du neuf (le prix d'une mauvaise bouteille de whisky).

Happy Mania, Moyocco Anno, éditions Pikapack 4 premiers tomes 12€, jusqu'à la rupture de nos stocks.

 
Créature de Cleet Boris, éditions Soleil
 

Dans la solitude des champs de ruines

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Au début des années quatre-vingt, Cleet Boris était, aux côtés de son ami Yves Chaland, un des tenants de la ligne claire post-moderne. Puis il fut amené à délaisser la BD au profit de sa carrière de musicien. Les années 90 le virent délaisser à peu près tout au profit d'une autodestruction anisée. A l'approche du nouveau millénaire, remettant le pied à l'étrier, notamment grâce à sa collaboration avec David Scrima sur

Superhéros, Cleet se consacre à un très vieux projet. Depuis qu'il est enfant il invente les aventures d'un personnage quasi-immortel qui a traversé les âges. Il est temps de les transférer sur papier. Toujours prêtes à financer un coup à moindre coût, les éditions Soleil sont partantes pour éditer ce retour à la BD de la figure de proue de L'Affaire Louis Trio. Ainsi en 2003 parait ce qui est présenté comme le premier tome d'une nouvelle série.

Le succès ne surgissant pas, ce sera malheureusement le seul épisode paru. Les lecteurs connaissent bien la chanson.

Heureusement, ce tome, brillante introduction, se tient parfaitement dans son isolement, à l'image de son charismatique héros, figure sombre et solitaire se dressant dans le vent glacé. Cleet Boris nous régale en effet au passage d'une vigoureuse relecture de l'histoire de la créature du Docteur Frankenstein. Les lecteurs attentifs du classique de Mary Shelley savaient déjà le scientifique parfaitement salaud, bigot et inconséquent, nous le découvrons ici de surcroît dément et mythomane.

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Créature est un beau projet, au dessin fort de séduisantes arêtes et aspérités, empli de souvenirs de gravures et du désir de se surpasser. La narration est fluide, la voix-off de bonne tenue avec son lot de poésie et de sentences remarquables ("Rire... Le propre de l'homme, avec une haleine fétide.").

C'est un livre que je défendais déjà alors qu'il n'était pas soldé à 3 € dans nos échoppes. Et ça c'est un argument massue.

Créature, tome 1 : chimères, de Cleet Boris, Soleil, 2003. 3 €.

 
Séquence d'anthologie : Hombre de Ortiz et Segura
 

Il y a des fans de Torpedo.

Moi je n'aime pas ce cynisme affiché qui me donne l'impression d'être dans la cour de récré de Sciences Po.

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Moi je préfère Hombre du duo espagnol Ortiz (dessin) et Segura (scénarii). Hombre c'est le retour de l'aventure alors que tout semblait fini. Hombre c'est un survivant qui se croit revenu de tout mais qui se fait encore avoir, car il est resté humain, c'est-à-dire perméable à la souffrance et à l'amour.

L'intégrale  de Hombre, publiée en 1997 chez Soleil et regroupant les cinq tomes couleurs est toujours en vente chez nous, en bon état pour la somme de 55 €.

 
Petits formats
 

Véritable biblio-explorateur moderne S; a le don pour dénicher quelques pépites insolites.

Au programme, une fournée de petits formats aux couvertures so badass.

Extraits:

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Rendez-vous rue Serpente  pour découvrir le reste de ce lot à prix réduit.

 
Convention bd cine goodies 3-4 avril
 

Danse de salon

Dans une semaine jour pour jour, se tiendra la première convention dédiée aux comics organisée par la sympathique association BD CINE GOODIES.

Au programme une pléiade d'auteurs étasuniens comme dirait Vlad, viendront dédicacer quelques morceaux du patrimoine de la bande dessinée mondiale.

 Le plus simple serait que vous cliquez sur ce lien:

http://www.bdcinegoodies.com/

P.S: il y a de fortes chances que vous y croisiez un aaapoumien mondain dans son cosplay de Maus...

 
Wimbledon Green, le plus grand collectionneur de comics au monde.
 
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Green is the new black.

Nous avons reçu il y a peu d’excellents titres de bande dessinée alternative américaine parmi lesquels se trouvent La saga des Love & Rockets des frères Hernandez ou encore quelques délires hystérico-trash de Dave Cooper

 Bref, si tous ces titres mériteraient chacun de longs et élogieux articles dans ces colonnes, il y en a néanmoins un pour lequel cet exercice prend tout son sens, surtout dans une échoppe comme la notre : Wimbledon Green par Seth.

L'édition française est rigoureusement identique.

L'édition française est rigoureusement identique.

Pourquoi? Tout simplement car l’auteur canadien rend ici hommage aux collectionneurs les plus  acharnés de comics en dressant un catalogue de leurs tares les plus hilarantes jusqu’à celles les plus désespérées.

L’ouvrage fait grand luxe malgré son format ramassé (A5) qui évoque l’allure des carnets que vous collectionneurs transportez partout (sauf lorsque vous les oubliez dans nos rayons), remplis d’annotations kabbalistiques recensant votre collection. Les pages de garde sont d’ailleurs constituées d’extraits de vieux comics très rares, bien évidemment factices, qui sont justement au cœur des spéculations des personnages.

La couverture ne laisse que peu de doutes sur le sujet : Le plus grand collectionneur de comics du monde est un homme d’âge mur dont le nom est inscrit en lettres d’or et qui tel un colon pose noblement avant de partir en safari.

Le cartoonist attise la curiosité du lecteur avec un rythme semblable à Citizen Kane, à la lisière des genres : biographie, enquête policière, reportage… De nombreux mystères entourent ce personnage aussi  charismatique et érudit  que  sournois et avide. Seth découpe sa narration en multiples chapitres et la partage en autant de points de vue, souvent divergents.  Son but  véritable étant de retranscrire cet amour fétichiste des comics « golden age »  à travers une galerie de vieux garçons dont on devine l’odeur de papier rance. Son dessin s’accoquine volontiers avec celui des illustrés d’antan, une mise en abîme habile qui prend tout son sens lors des  lectures des parutions favorites de monsieur Green. Une sensation renforcée par les teintes sépia qui colorent l’ensemble des pages d’un voile désuet.

Seth dresse un portrait  volontairement caricatural des maniaques de « l’ancien », mais nombre d’anecdotes sonnent  juste à quiconque baigne un minimum dans « le milieu ». Le souci du « sur-détail » offre une authenticité et trahit l’attachement de l’auteur pour cet univers dans lequel il est bien souvent acteur. Souvenez-vous des pages de son ami Joe Matt, où les deux compères arpentaient les échoppes les plus underground  afin de dénicher des pièces rares.

Alors, qui est Wimbledon Green? Ou plutôt, En quel genre de personnage mue celui qui est pris de la fièvre de la collection ? La réponse se trouve sur nos étagères.

Wimbledon Green, Seth.

Éditions du Seuil, couleurs, 128 p., 2006, 10€ chez Aaapoum au lieu de 21€, on peut dire que ça vaut le coup, d’autant que l’album semble épuisé en neuf.

 
Wimbledon Green, le plus grand collectionneur de comics au monde par Seth
 

Green is the new black.

Nous avons reçu il y a peu d’excellents  titres de bande dessinée alternative américaine parmi lesquels se trouvent La saga des Love & Rockets des frères Hernandez ou encore quelques délires hystérico-trash de Dave Cooper…

 Bref, si tous ces titres mériteraient chacun de longs et élogieux articles dans ces colonnes, il y en a néanmoins un pour lequel cet exercice prend tout son sens, surtout dans une échoppe comme la notre : Wimbledon Green par Seth.

Pourquoi? Tout simplement car l'auteur canadien rend ici hommage aux collectionneurs les plus  acharnés de comics en dressant un catalogue de leurs tares les plus hilarantes jusqu’à celles les plus désespérées.

L’ouvrage fait grand luxe malgré son format ramassé (A5) qui évoque l'allure des carnets que vous collectionneurs transportez partout (sauf lorsque vous les oubliez dans nos rayons), remplis d’annotations kabbalistiques recensant votre collection. Les pages de garde sont d'ailleurs constituées d'extraits de vieux comics très rares, bien évidemment factices, qui sont justement au cœur des spéculations des personnages.

La couverture ne laisse que peu de doutes sur le sujet : Le plus grand collectionneur de comics du monde est un homme d’âge mur dont le nom est inscrit en lettres d'or et qui tel un colon pose noblement avant de partir en safari.

Le cartoonist attise la curiosité du lecteur avec un rythme semblable à Citizen Kane, à la lisière des genres : biographie, enquête policière, reportage... De nombreux mystères entourent ce personnage aussi  charismatique et érudit  que  sournois et avide. Seth découpe sa narration en multiples chapitres et la partage en autant de points de vue, souvent divergents.  Son but  véritable étant de retranscrire cet amour fétichiste des comics « golden age »  à travers une galerie de vieux garçons dont on devine l'odeur de papier rance. Son dessin s’accoquine volontiers avec celui des illustrés d’antan, une mise en abîme habile qui prend tout son sens lors des  lectures des parutions favorites de monsieur Green. Une sensation renforcée par les teintes sépia qui colorent l’ensemble des pages d’un voile désuet.

Seth dresse un portrait  volontairement caricatural des maniaques de « l’ancien », mais nombre d’anecdotes sonnent  juste à quiconque baigne un minimum dans « le milieu ». Le souci du « sur-détail » offre une authenticité et trahit l’attachement de l’auteur pour cet univers dans lequel il est bien souvent acteur. Souvenez-vous des pages de son ami Joe Matt, où les deux compères arpentaient les échoppes les plus underground  afin de dénicher des pièces rares.

Alors, qui est Wimbledon Green? Ou plutôt, En quel genre de personnage mue celui qui est pris de la fièvre de la collection ? La réponse se trouve sur nos étagères.

Wimbledon Green, Seth.

éditions du Seuil, couleurs, 128 p., 2006, 10€ chez Aaapoum au lieu de 21€, on peut dire que ça vaut le coup.

 
Diane R. : la meilleure attachée de presse du monde
 
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"Il a connu l'exil. Ses ennemis vont connaître l'Enfer..."

En entrant chez Album® à côté, pour dire bonjour à Fox, j'ai été saisi par le mur de journaux qui est à l'entrée... Unanimes, ils acclament tous Le Banni, la nouvelle série de Rigide fantasy du Lombard.

Épatant. Et tout ça grâce aux talents conjugués de ces petits nouveaux que sont Tarumbana et Henscher. Comme quoi on peut percer sans être pote avec Sfar. Le mérite peut être récompensé. Et ça, c'est réjouissant et ça élargit l'horizon d'un type comme moi qui avait tendance à penser que les budgets publicitaires triomphaient trop souvent dans les salles de rédaction.

Oui, je trouve que mon tapis est classe.

 
Dante : réorganisation du rayon mangas
 

La question du classement

Depuis aujourd'hui nos mangas de la rue Dante sont rangés par classement alphabétique de titres de séries, au lieu du classement  antérieur par éditeurs. Nous espérons que cette initiative nous simplifiera la vie.Quoiqu'on fasse, il faut admettre que s'y retrouver parmi les centaines de séries dont les titres sont souvent en anglais ou en papou, qui plus est écrits dans des typographies illisibles et exotisantes, la plupart du temps prononcés par des enfants qui parlent comme des mitraillettes enrhumées, est une tâche insurmontable... Que d'ailleurs j'ai renoncé à surmonter depuis longtemps sans m'en sentir humilié. 

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Va te faire voir chez les Grecs avec Rébétiko
 

Les grandes douleurs sont muettes

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Il y a deux ans mon vieil associé exhumait, avec l'esprit carabin qu'il a parfois en sortant du sauna, un catalogue de

violences faites aux testicules

trouvées dans la bande dessinée. Il convient d'ajouter à ce répertoire le fabuleux exemple ci-contre, tiré de

Rébétiko de David Prudhomme. Situé en ouverture de double-page, en haut à gauche donc, ce coup de pied surprend à la fois la victime et le lecteur...

Décontenancé aussi bien par cette vive réaction que par l'aspect singulier du cadrage.

Une des nombreuses et discrètes réussites de cet album, tout à fait recommandable et qu'on a déjà vu par trois fois d'occasion dans nos rayons (heureusement pour les moins fortunés, certains primo-lecteurs ont très mauvais goût, ce qui permet de trouver des pépites sur le marché de seconde main).

Rébétiko, de David Prudhomme, Ed. Futuropolis, 2009, prix neuf : 20 €.