Publications dans 2017
Cosy Cosey
 

Cosey est un auteur qui ne déplait pas trop. La preuve en est faite avec la petite récompense discrète qu'il vient de recevoir. Le grand prix d'Angoulême, c'est une sacrée responsabilité. Ça pose un.e auteur.e. Il vaut mieux ne pas trop diviser les foules.

Suite à cette annonce, sa série phare, Jonathan, a promptement déserté nos rayons, vous vous en doutez. Son À la recherche de Peter Pan était déjà fort courtisé avant la gloire formelle et continue donc logiquement à passer en coup de vent. Que reste-t il alors dans nos rayons, une fois les quelques albums restants de sa vaste carrière collectés ? Nous constatons avec soulagement la présence de quelques belles éditions originales de ses séries les plus célébrées, quelques tomes aléatoires de ses productions les moins notoires ou les plus oubliées et puis... et puis... La fracture. Le point de tension. L'objet de duels et de joutes acharnées. Son le Voyage en Italie. Tour à tour pierre angulaire d'une collection ou rejeton du diable, il est indéniable que la série divise.

Nous avons pu croiser en boutique un nombre modestement conséquent de clients depuis les petites poignées d'années d'existence de l'échoppe de la rue Serpente. L'opposition est nette. Certains s'insurgent de l'ennui provoqué par cette série de deux albums tandis que d'autres la louent pour sa profondeur psychologique et sa beauté scénaristique. J'imagine que nous ne sommes pas tous sensibles aux même choses. J'ai même l'impression d'y retrouver des brisures nettes identiques qui opposent avec véhémences les amoureux et les détracteurs du manga hype par excellence de ces temps-ci: Chiisakobé. Pour cette série aussi le fossé se creuse entre amateurs d'un immobilisme stylisé profondément réfléchi, travaillé, et les détracteurs n'y voyant qu'insupportable vacuité. Heureusement, au sujet du voyage en Italie, internet pondère.

Ne reste plus qu'a vous faire un avis grâce aux quelques exemplaires de la réédition des années 2000 en 2 tomes, souple et économique, dont nous disposons encore en pile rue Serpente, sur notre site de vente ou grâce aux multiples autres éditions qui parsèment nos rayons.

 
Le cadavre et le sofa - Tony Sandoval
 

Tony Sandoval produit beaucoup. Beaucoup d'illustrations que l'on peut retrouver avec bonheur sur ses réseaux sociaux; beaucoup d'albums aussi. Et Tony Sandoval évolue vers constamment plus de maitrise. Mais l'auteur n'est pas parti de rien puisque le Cadavre et le sofa, l'un de ses premiers récits paru en français, posait déjà toutes les bases, qu'elles soient narratives, graphiques ou imaginaires, d'un univers déjà en fin de gestation.

Polo est un jeune garçon que la campagne fait doucement gamberger. Il ne semble pas y avoir grand chose d'autre à y faire, de toute façon. Esseulé, désœuvré, on le comprend en quelques cases suffisamment différent pour que ses vacances se passent nécessairement en solitaire. S'installe ensuite dans son quotidien, le plus naturellement du monde, une énigmatique jeune fille à la beauté presque littéralement envoutante, Sophie. Rapidement les deux se rapprochent autour d'un sofa laissé à l'abandon et d'un cadavre en décomposition tout aussi livré à lui-même. Sophie va recréer Polo, sans qu'il ne s'en aperçoive, au cours d'un été baigné d'étrange et de métamorphoses.

Les auteurs humoristiques placent souvent le passage à l'âge adulte au moment précis de l'apparition tant attendue et célébrée du fameux premier poil pubien. Ils en oublient au profit du gag facile le fascinant et indéfinissable temps de maturation, sans réel début, sans réelle fin, duquel on ne prend conscience qu'après les faits. C'est à l'observateur de recevoir le privilège de l'analyse. Polo ne le sait pas mais il fait ses premiers grand pas dans le monde des futurs adultes. Nous ne le savons pas non plus, nous le devinons à peine.

À travers un ensemble de situations intriquées, parfois sans chronologie aisément mesurable, aux enjeux aléatoirement importants, Polo et nous sommes ballotés, le cœur vaillant et la peau moite, d'une toute petite révolution intérieure à une autre.  Désir, mort, oubli, inconnu, tout y passe avec fluidité. Tony Sandoval ne s'attarde toutefois jamais. L'été passe, la vie passe et si l’expérience d'un homme se mesure à l'aune de ses actions, alors c'est qu'il faut les enchainer, les multiplier, s'en servir pour bâtir discrètement les fondations d’expériences plus ambitieuses. À travers deux intrigues parallèles, porteuses de mystères et d'interrogations, de tragédie et d'occulte, les fondations de l'humain se dressent patiemment.

Polo a beau s’avérer le personnage central, puisque tout tourne plus ou moins autour de lui et de ses perceptions,  il est loin de se révéler le personnage principal. On pourrait croire que Sophie, antagoniste brulante, pourrait incarner le rôle. Non plus. Le cadavre alors ? presque. Le personnage principal, c'est le désir. Le désir charnel balbutiant puis frontalement épanoui, le désir d'autre chose, le désir de vérité, le désir d'ailleurs. le désir d'éternité.

À travers un jeu de couleur étonnant et une cohabitation aléatoire de différents styles aux portées radicalement opposées, Tony brouille les pistes manichéennes d'une intrigue aux relents fantastiques troubles. Très insistant sur une sexualité débridée, il délaye encore un peu plus les conventions sociales au profit d'un parcours initiation métaphorique qui ne prend son sens que dans la radicalité de sa singularité.

Si tout ça vous tente, rendez-vous en boutique ou sur notre site de vente pour mettre la main sur les quelques exemplaires encore disponibles, soldés à 9€ au lieu de 17.

 
Jérémie dans les îles, une exclu Aaapoum
 

Il est beau, il est frais, il est exhumé des pages du magazine Pif, c'est Jérémie, le petit héros balloté par les flots de Paul Gillon !

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Jérémie dans les îles est une aventure de 160 planches parue dans Pif-gadget de 1968 à 1973. Un jeune mousse du nom de Jérémie, échoué sur une île giboyeuse suite au naufrage de son navire, y vit moultes aventures non désirées et échappe à mille dangers grâce à son agilité, sa vivacité et sa fougue. Tour à tour naïf et candide, livré à la beauté de la nature, et ravageur face à l'avilissement que représentent les hommes, Jérémie survivra à des pirates, des autochtones indélicats, des négriers et à bien d'autres périls qu'il faut garder secret. Bande dessinée d'aventure par excellence, cette saga touchera indifféremment enfants éclairés et adultes passionnés.

Les éditeurs (d'abord Dargaud puis les Humano) scindèrent la série en 4 albums et y ajoutèrent un élément impossible à faire figurer dans le Pif de l'époque: de la couleur. Jamais Jérémie ne se vit ensuite les honneurs d'une intégrale ni d'une édition expurgée d'une colorisation qui, quoi que fort appréciée de certains, affaiblissait la puissance du trait de Gillon. Il était grand temps d'y remédier ! La librairie Aaapoum Bapoum (soit nous-même), sous le label des éditions Aaapoum, s'attela ainsi à la tache.

Exit la couleur qui fait place à un élégant bleu et blanc, moins froid, plus apte à convoyer de la nostalgie et à aider le lecteur à se focaliser sur la force du trait et sur le travail des espaces. Exit aussi un quelconque dessin de couverture. Jérémie se veut paré d'un écrin et ne se révèle qu'au curieux prêt à y plonger le nez.

Les coins vigoureusement biseautés (innovation dans le monde de l'édition de bande dessinée) et la couverture texturée achèvent d'englober l'album dans une aura de collection de luxe. Pourtant, l'album se veut tout de même accessible au plus grand nombre et profitera pour ce faire d'un prix de 29€ tout à fait convenable, spécifiquement lorsqu'on se rappelle qu'il regroupe 4T.

Poursuivant la même idée, une couverture épaisse et protectrice mais souple adjointe à un papier fin et léger permettront une maniabilité bienvenue et éviteront d'en faire un livre-objet guindé. L'emphase se révèle véritablement mise sur la nostalgie et l'hommage au magazine Pif.

L'ouvrage est agrémenté d'un dossier de 16 pages révélant certaines volontés de l'auteur, retraçant sont parcours et explicitant ses intentions et son pointilleux travail graphique. De l'aveu de l'un des co-éditeurs:

En fait ce qui est intéressant avec Jeremie, c'est que Gillon cherche vraiment a se renouveler. Du coup, la forme est hyper pensée. Et comme c'est un dessinateur, c'est autour du dessin qu'il conçoit la forme de sa bande dessinée. C'est pas courant, c'est ça qu'on voulait montrer.

Nous voici donc en présence d'une édition complète de cette histoire, imprimée en seulement 500 exemplaires et uniquement disponible sur notre site web ou dans l'une de nos deux boutiques. Ne tardez pas trop à vous en saisir.

 
Dédicace Ryuko (Eldo Yoshimizu)
 

Mardi 31 janvier 2017, de 17h30 à 19h30 environ, nous recevrons le mangaka et artiste pluridisciplinaire Eldo Yoshimizu pour une petite séance de dédicace comme on les aime. On garde nos bonnes habitudes: un achat de Ryuko = un ticket numéroté = un dessin.

Ryuko, d'ailleurs... En avez vous entendu parler ? Vous a-t on transmis quelques étincelles de cette fureur graphique ? Vous en a-t on révélé un peu plus sur cette tourbillonnante histoire d'honneur, de guerre et de vengeance ? Vous a-t on conté ce foisonnant chaos, cette entrainante passion, ce bouillonnement visuel et narratif qu'est Ryuko ?

En attendant la dédicace, jetez un œil sur le site de l'auteur. Vous y trouverez notamment des illustrations couleurs de Ryuko à couper le souffle. Dans la même veine, le Lézard Noir a isolé quelques esquisses et planches de toute beauté. Initialement postées sur instagram, il faut impérativement les consulter. Enfin, passez voir notre event facebook. C'est là bas qu'on concentre toutes nos découvertes sur l'auteur et la série. Interviews, funfacts, tout ce que vous pourriez désirer.

F.A.Q.

-Que faire si je loupe mon numéro ?
On fait passer les tickets dans l'ordre mais si vous loupez l'annonce, on ne vous relègue pas à la fin, on vous intercale. Nous espérons ainsi faire disparaitre la sempiternelle file d'attente au profit d'un groupe fluctuant plus agréable entourant l'auteur.

-Que faire si j'ai déjà Ryuko ?
Racheter Ryuko ! On en a jamais assez, et puis ça s'offre bien. Plus sérieusement, il vous faudra acheter un autre album des éditions Lézard Noir au sein de la boutique et ça devrait aller. Précisez tout de même que votre achat est en lien avec la dédicace.

-Vous pouvez me réserver un ticket ?
Pas trop. Pas vraiment. Envoyez nous un mail (aaapoum@gmail.com) et on verra ce qu'on peut faire.

-On peut faire dédicacer autre chose ? Plusieurs albums ?
Autre chose oui, tant que vous avez votre petit ticket et que ça n'est pas un livre d'or de 2m²... Plusieurs volumes, ça dépendra de l'affluence mais généralement, les auteurs n'apposent que leur signature ou tampon sur les albums surnuméraires. Attendez-vous plutôt à ça.

 
Pelvis France
 

Les aléatoires mais constants arrivages de BD diverses sont pour les Aaapoumiens un délicat mélange de peine et de réjouissance. On pourrait y voir une subtile allégorie de la vie, une métaphore douce amère digne d'un long texte enflammé qui commencerait avec les lignes qui suivent. Ou on peut bifurquer et se concentrer sur les petits plaisirs. Ceux de la chair et du bon mot, notamment.

Elvifrance... Ha! Elvifrance! La joie de nous journées sans espoir. Le soleil de nos froides après-midi désertées par les clients.

Qui ne connait pas cette maison d'édition française, entièrement vouée à la gaudriole et au stupre italien en petit format de poche ? Dans les années 80, il est notoire qu'elle publiait jusqu'à 30 albums par mois. Invariablement érotiques et kitsch, les histoires zigzaguaient tout de même de thèmes en genres, proposant un panel très vaste d'ambiance.

Il y a toujours d'incroyables choses à se mettre sous la dent avec les productions Elvifrance. Les couvertures dans un premier temps, les histoires délicieusement abracadabrantesques dans un second. À ces sujets, nous ne sommes pas trop mal lotis. Les couvertures, par exemple, se baladent régulièrement sur la toile pour notre plus grande délectation. Du moins, elles restent ne serait-ce que vaguement à notre disposition grâce à quelques sites motivés.

Pourtant, ce qui fait la véritable beauté d'Elvifrance nous reste la plupart du temps caché. Ce qui nous impacte le plus, ce qui nous fait rire, nous marque, nous change, ce sont leurs slogans; ne le niez pas. Tous ces jeux de mots, cette gouaille et ces discours fendards à la limite de l'incohérence, personne n'en avait jusque la vraiment fait le catalogue. Personne ne les avait transmis. Personne ne les avait porté aux nues. Personne ne les avait partagé, raconté, chouchouté. Pourtant ils le méritent. Ils sont beau comme des camions, fin comme du beurre, elvifranchement marrants et peuvent maintenant se retrouver sur notre tumblr dédié !