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Keigo Shinzo - Tokyo Alien Bros
 
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Après un léger détour par un petit festival ayant lieu chaque janvier, où la série est dans la sélection officielle, Keigo Shinzo profite de son passage en France pour venir dédicacer le tome 3 (qui sera alors fraîchement sorti) de Tokyo Alien Bros à Aaapoum Bapoum.

Le mardi 30 Janvier, de 18 à 19h30 (voir même un peu plus tard en fonction de l'affluence), le mangaka sera donc à la boutique de la rue Serpente pour marquer de sa patte vos albums. Si vous êtes sympa, il se pourrait même qu'il réponde à vos questions. Comme souvent, nous fonctionnerons sur un système de ticket limité, à retirer en boutique pour tout achat d’un tome de Tokyo Alien Bros. Keigo Shinzo ne passant officiellement qu'environ une heure et demi en notre compagnie, il n'y aura que 30 tickets. Ceux-ci seront mis à disposition dès notre réception des Tokyo Alien Bros T3. L'arrivée des albums et la mise en vente des tickets sera annoncée sur facebook, sur twitter et en amendement sur ce blog.

 
Bienséance prohibée
 

Vous pensiez avoir atteint les abîmes de la transgression avec notre dédicace Johnny Ryan du mois dernier ? Bienvenue dans les abysses. Prenez place, n'oubliez pas de laisser vos conventions sociales étriquées au vestiaire et mettez-vous à l'aise, vous allez en prendre plein les zygomatiques.

Rappel des faits : DOUBLE DÉDICACE avec Félix Kerjean pour Jurassik Reich aux éditions Super Loto et Goupil Acnéique pour Paf & Hencule T1&2 aux éditions Même pas mal samedi 11 novembre, de 16h à 19h30.

Le coup de tatane de l'humour extrême dans la fourmilière guindée, l’annihilation méthodique de la convention sociale et du bon goût, le pinacle du grincement de dents de Familles de France. Quel meilleur jour que celui de l'armistice pour dédicacer des albums sur une débauche de nazis explosant des dinosaures ? Quelle meilleure ambiance que celle de la prise de conscience collective du harcèlement de rue pour se marrer sans retenue sur des blagues encore pires ?

Le monde actuel nécessite d'être envisagé avec un nombre considérable de pincettes et une prise de recul salutaire. Toutefois, il n'est pas interdit de lâcher du lest violemment de temps en temps. Célébrons à notre tour l'humour plus noir que noir.

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Pas de tickets numérotés pour cette fois. Vous achetez l'album incriminé (ou un autre album de l'éditeur si vous l'avez déjà), récupérez une jolie preuve d'achat artisanale digne d'un scrapbooker du Larzac et pof, le jour J, vous présentez le tout et repartez avec probablement les dédicaces les plus dégoûtantes qu'on aura jamais vu à Aaapoum Bapoum.

Petit résumé pour les quelques âmes en peine qui ne connaîtraient pas les albums sus-nommés.

L'oustsider, tout d'abord, se nomme Jurassik Reich. Comme son nom le laisse tout de même fortement supposer, il s'agira bien d'une inexplicable invasion nazie en pleine période préhistorique. Fidèles au cliché de l'infâme force démoniaque pleinement maléfique, ces Nazis s'en donnent à cœur joie et déciment du dinosaure dans une succession de vignettes s'enfonçant toujours un peu plus dans l'ignominieux. Viols de sauriens, crimes raciaux dans l’allégresse, explosions vicieuses, Hitler, tout y passe. Montrez cet album à vos grands-parents uniquement si vous cherchez à accélérer drastiquement votre obtention de leur héritage.

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Paf & Hencule, du haut de leurs deux albums et de leurs trois ans d'interdiction de vente, est une série qui fait déjà figure d'ancienne. Déjà bien connu d'un public à l'humour merveilleusement douteux, Paf (ou Hencule) vous enserrera de ses grands bras faméliques, s’érigeant en figure paternelle bienveillante puis vous fera faire le tapin en habits d'écolière, se pougnant vigoureusement caché derrière le coin de mur. Oui, Paf & Hencule est une série crado; drôlement crado; très très crado. Paf & Hencule reprend l'ambiance des blagues gênantes du grand oncle raciste à noël, le couple avec les multiples affaires sexuelles qui parsèment nos news, prend une grosse rasade de vodka frelaté et saute le pas du correct et du décent, transformant tout ça en un ignoble et hilarant brûlot, lieu de débauche du malpropre, du méprisable, du déshonorant, encore une fois, de l'infâme.  On se poile.

Vous pensiez qu'après Francis le blaireau farceur, Polar Extrême, Zonzo, Johnny Ryan touche le fond et maintenant Jurassik Reich on arrêterait de faire pire ?  Aaapoum est parti sur sa lancée, vous ne le stopperez plus.

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Histoire... de se poiler un peu
 
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Si vous aimez que l'esprit critique acerbe laisse tout de même la part belle à l'humour et que vous êtes pris d'une soudaine envie de revisiter le passé à l'aune de l'acidité de bons critiques consciencieux, voici vos trois indispensables:

Gus Bofa, illustrateur émérite de l'entre-deux guerres, avait un petit soucis. Le traumatisme de la grande guerre était tel que la période s'est automatiquement vue frappée du sceau du tabou. Comment faire pour critiquer, dénoncer, faire prendre conscience, éduquer quand on est un auteur soi-même traumatisé par le sujet et ressentant un besoin impérieux de l'aborder?

Et bien on triche et on contourne. On produit par exemples de grandes illustrations, prétendument sur la guerre de cent ans, dont le souvenir s'est déjà bien estompé. Mais nous ne sommes pas dupes et c'est avec gravité que nous déchiffrons les grandes scénettes de Bofa, volontairement cabotines, résolument dénonciatrices.

 
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Peur de vous lancer dans un traité d'histoire épais comme deux caisses à vin ? Celui-ci, bien que moins massif et moins inquiétant (les petits miquets, ça passe toujours mieux) n'en est pas moins riche, dense, fourni.

Allégés par un humour constant prompte à faire tourner en bourrique les multiples figures historiques abordées, les deux tomes de Petite Histoire du Monde Moderne de Larry Gonick dressent un panorama extrêmement vaste de nos idées historiques étonnées. Et oui, Christophe Colomb était un salopard incompétent qui n'est même pas à l'origine de ce qu'on lui attribue. Ça vous la coupe ?

 
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Tiens, ça tombe bien que cet ouvrage soit excellent, mâtinant d'un humour acerbe et critique les diverses infamies moyenâgeuses. La peste, les successions de guerres, de rois, de conquêtes, de défaites…

La potentielle progression de la spiritualité et l'art, aussi mais ceux-ci ne sont pas encore prêt à surpasser l'étrange attrait de la flétrissure humaine des âges soi-disant sombres. En un intense et grimaçant calendrier, Le temps est proche de Cristopher Hittinger prépare la renaissance en décortiquant année après année, le cadavre pourrissant de l'Europe.

Vous pourrez d'ailleurs en discuter joyeusement avec lui bientôt car l’auteur sera notre invité pour notre prochaine dédicace!

 
Aaapoum BAMBAMBAMpoum
 

C'est qu'il s'en passe des choses chez Aaapoum Bapoum en ce moment. En plus de nos deux rencontres-dédicaces à venir, voilà qu'arrivent aujourd'hui quelques nouveautés des plus alléchantes.

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A commencer par la fin de Tokyo Kaido de Minetarô Mochizuki, chez Le Lézard Noir, où l'on découvrira si les personnages surmonteront leurs problèmes mentaux ou si ces derniers auront raison d'eux.

Yaro Abe continue ses histoires de japonais complètement décalés de leur société dans sa Cantine de Minuit. Des personnages hors normes, des portraits attendrissants, le tout sur fond de nourriture japonaise. C'est excellent et ça donne faim.

Pour finir, The Last American de Wagner et McMahon chez Delirium, un post apo génialissime où un soldat est sorti du congélo pour découvrir son pays dévasté par une guerre nucléaire (fiction ou actu?). Une réflexion acerbe sur ce qui fait l'esprit, le cœur des États Unis, servie par le dessin anguleux d'un Mike McMahon au sommet de son art.

Bref, c'est une belle journée pour être un Aaapoumien.

 
Femmes z'à foison
 
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AkaSake c'est du street art, du tatoo, de l'indé-Vivès, du mélange Mizuki-Maruo, des corps contorsionnés, des intrications intimes étranges, du folklore bien léché.

AkaSake c'est aussi une rencontre-dédicace de son auteur Alexis Bacci à Aaapoum Bapoum le vendredi 23 juin de 19h à 21h30.

Il sera accompagné d'Eldo Yoshimizu de 19h à 20h30. Eldo n'en est pas à son premier passage chez nous.  Nous le recevons une seconde fois avec grand plaisir. Il manie la femme, sa Ryuko, avec passion. Il dessine l’énergie, il enveloppe l'élégance d'une intense chape d'action effrénée. Pas de T2 de Ryuko dans sa besace pour l'instant. Sa venue sera notre occasion donnée aux retardataires, à ceux qui ne purent venir il y a quelques mois, à ceux qui l'ont juste découvert un peu trop tard. 

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Ryuko étant déjà un sujet assez balisé, revenons à AkaSake. Que dire de plus que nous n'ayons déjà mentionné avec délectation dans notre petit article de blog ?

Peut-être faut-il rappeler qu'AkaSake est un artbook érotique-gore dont la sensualité se dispute à l'étrange et au décalé. Qu'imprimé en risographie, un procédé très proche de la noble sérigraphie, il n'en existe que 200 exemplaires. Que l'auteur, Alexis Bacci, a fait sien l'indé liberé moderne autant que l'élégance et le folklore traditionnel japonais.

Que ce que son style perd en délicatesse de porcelaine (à l'image d'un Maruo ou d'un Furuya) il gagne en détournement et en facétie. Enfin qu'ainsi, il crée une césure intéressante et nécessaire, renouvelant l'Ero-guro stabilisé par ses grands maitres en lui insufflant de nouvelles influences.

Niveau modalités on en est ou ? Vous devriez commencer à connaitre notre mode de fonctionnement favori: un achat, un ticket.

Pour AkaSake c'est fastoche. Soit vous achetez l'artbook, soit l'une des magnifiques affiches tirées de l'album. Vous obtenez ainsi votre petit ticket. Pas de limite de place déterminée, on fera ça à l'instinct.

Pour Ryuko, c'est tout aussi simple. Soit vous achetez un Ryuko, soit, si vous êtes déjà propriétaire de l'album, un autre titre des éditions le lézard noir. Rappelez-vous qu'en faisant ça, vous soutenez la librairie qui se plie en quatre pour les auteurs et qui aime leurs livres, vous soutenez les auteurs (logiquement) et l'éditeur qui a sorti l'album qui vous a tant plu.

20 places uniquement pour Eldo car il doit partir tôt. Si vous ne pouvez vous déplacer à la boutique, rappelez vous que nous vendons aussi à distance.

Un immense slip aperçu à Aaapoum Bapoum
 

Oyez oyez la geste de Todd, l'immense entité à l'apparence de la nuit la moins étoilée. Son Slip ? Dérobé. Son intimité ? Dévoilée. Son âme ? Brisée. .Todd erre dorénavant à travers les landes, les montagnes, les champs de bataille et bientôt Aaapoum Bapoum à la recherche de sa seule possession matérielle. Ce faisant, il va réinventer l'univers, croiser des personnages absurdement sensés, sauver le monde (ou du moins tenter de le faire), comprendre, accepter, renverser, questionner, le tout sur un ton décalé et naïf à la fois qui emmène le récit d'un exercice de style libéré à un réseau de réflexions construites.

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Plus ou moins accompagné d'une clique de personnages hauts en couleur comprenant un chat bavard mais sans texte et une chouette débonnaire, Todd recherche les petits rouges, auteurs présumés du larcin. Ce faisant, il devra faire face à une menace cosmique qui ébranlera toutes ses certitudes. D'une errance sans fin discernable ni étape définie, le récit se transforme vite en une quête métaphysique apocalyptique.

Mais tout ça vous le saviez déjà, n'est ce pas ? Vous aviez lu notre précédent article sur l'album, bien entendu.

 

La seule information d'importance à souligner est donc cette jolie petite annonce d'un brunch-dédicace en présence d'Alex Chauvel, l'auteur, et de quelques membres des éditions The Hoochie Coochie (en fonction de leur disponibilité), le samedi 29 avril de 11h30 à 15h.

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Comment ça, un brunch-dédicace ? Nous comprenons que la tradition du brunch, ce repas sucré-salé en forme de banquets composé généralement de multiples mets à grignoter, culmine le dimanche midi dans une explosion de placidité et de félicité.

Nous croyons aussi qu'il peut être le point de départ d'une belle journée de printemps dynamique et sociale. Alors puisque nous accueillons Alex Chauvel, l'auteur de cette histoire que nous avons tant aimée (et de plusieurs autres toutes aussi délectables) un samedi midi, autant en profiter.

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La vaste période de présence de l'auteur nous permet de lancer une dégustation-discussion dès 11h30 autour d'une table, d'un buffet et de tout un tas de BD. On s'attend à ce qu'Alex Chauvel nous parle, entre deux bouchées, de sa maison d'éditions Polystyrène, de son travail conjoint avec the Hoochie Coochie (Todd, la vie d'un e-mail), du processus de création de sa dernière histoire, de ses prochains projets et de tout ce que vous voudrez... Ensuite, en fonction du rythme d'arrivée, du rythme de digestion, des trous dans la conversation, Alex Chauvel s’attèlera à la tache.

Il y aura a boire et à manger mais quiconque arrivera avec du rab' (boisson ou boustifaille expressément dédiée au brunch) se verra gratifié d'un bon d'achat (valable hors dédicace).

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La partie dédicace de la matinée se déroulera comme à notre habitude. Nous utiliserons un système de tickets pour garder un moyen de juguler l'affluence au besoin mais nous conserverons de la marge pour les apparitions spontanées, les indécis de la gueule de bois et les baladeurs du samedi matin qui tomberaient par hasard sur l'évènement.

Au final, l'utilisation de tickets numérotés ne sera probablement pas un numerus clausus mais plutôt une façon d'éviter une file d'attente anti-conviviale et de la remplacer par un mouvement de foule fluide dirigé vers la nourriture et l'auteur.  D'ailleurs, pas besoin de ticket pour profiter du brunch, bien entendu.

Alex Chauvel aime jouer avec ses histoires de façon plus concrète que les simple Oubapiens de l'Association. Il transforme physiquement les systèmes de narrations, notamment dans son Thomas et Manon, et incite le lecteur à jouer avec.

Bien que les précédents albums d'Alex Chauvel aux éditions Polystyrène seront disponibles lors de la dédicace, c'est uniquement en achetant un exemplaire de Todd que vous pourrez obtenir le sésame car c'est bien The Hoochie Coochie et leur nouveauté qui seront mis à l'honneur. Vous devriez pouvoir vous faire signer les autres tout de même.

 
Slip-pery slope
 

Hé bien, c'est le printemps chez les éditeurs ! Ils enchaînent les sorties qui font sacrément plaisir. En tout cas, chez nous qui n'avons que très peu de neuf mais qui en parlons beaucoup, il y a dorénavant une nouvelle poignée de titres indés sélectionnés avec soin et délectation parmi les nouveautés de nos petits chouchous. Ut, chez Mosquito, Sestrieres chez Çà et Là, Akasake en auto-édition, l’Exécuteur T2 chez Delirium, la Cantine de Minuit au Lézard Noir...

Nous n'aurions pas la place de tous les lister. Nous en serions presque débordés ! De tous ces arrivages, toutes ces piles à ranger, ressort toutefois une tête. Une tête et un torse. Une tête et un torse bien reconnaissables: ceux de Todd le géant.

Les premières pages donnent le ton.

Les premières pages donnent le ton.

Todd le géant est tout noir, tout immense et tout perplexe. Il fait face à un sacré problème. Il s'est fait chouraver son slip. Todd le géant est donc tout noir, tout immense et surtout tout nu. On comprend alors qu'il lui faille partir dans une quête proto-existentielle sur les traces des petits rouges qui sont sensés l'avoir subtilisé. Ce postulat d'une simplicité extrême, né du doux délire de départ d’Alex Chauvel, porteur d'une connotation originelle très enfantine, révèle très rapidement  un univers de fantasy alternatif de haute volée bien éloigné des sempiternels nains des profondeurs et autres hautains elfes. L'histoire est dense, le narratif infiniment bien construit et le minimalisme graphique achève de mettre au premier plan une inventivité globale terriblement rafraichissante.

Tout dans Todd est vecteur de candeur tout autant que de décalage. Les attitudes, les piques verbales, les réflexions, les concepts, les mythes, la faune, les rebondissements... Un escargot à l’évolution non darwinienne, une chouette amicale au langage fleuri, une mitose de nuage... Candeur éclatante, gentillesse sourde, décalage merveilleux servis par un gaufrier quasi immuable de 6 cases par page, limiteur et impulsion créatrice à la fois.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Il faut savoir à ce sujet que l'album fait 1008 pages (un beau petit pavé, donc) comprenant un total exact de 6001 cases. L'initié reconnaitra là le joli score (le joli record) des Carottes de Patagonie de Trondheim, dépassé d'une petite case de bon aloi. C'est bien avec ce nombre précis en tête que l'auteur s'est lancé dans son récit. L'album étant d'un format plus ramassé que les carottes, le défi est encore plus réussi. D'ailleurs, pour ne pas perdre en confort de lecture tout en évitant de détruire l'album à la moindre ouverture, l'éditeur a fait preuve d'une certaine audace en laissant apparente la reliure.

Pour décrire cet album, moi non plus.

Pour décrire cet album, moi non plus.

L'album est recouvert d'une belle jaquette qui lui confère une partie de son charme, se remise facilement et qui, une fois enlevée et donc protégée de toute dégradation, révèle un dos nu, cartonné d'aucune façon. Le jeu de collage et de couture des cahiers laissé ainsi libre permet d'éviter de casser l'album ou de marquer d'atroces et définitives pliures sur son épine dorsale. La surcouverture camoufle efficacement le tout lorsqu'il le faut mais ne subit pas la lecture du quasi-cube outre mesure.  L'album est souple, transportable et le lecteur peut se laisser porter par ses habitudes de lectures sans avoir à entrebâiller seulement sa BD pour sa préservation.

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Todd le Géant qui s'est fait voler son slip entreprend un voyage à première vue étonnant et aléatoire mais rempli de sagesse et de bon sens. Quand toute une clique de personnages bigarrée prend la peine de poser ses réflexions, ça donne un récit qui suit un cours tranquille mais non sans tumultes. Todd est le récit du lent apprentissage et de l'éducation à l'acceptation de la notion vitale et inévitable de bouleversement. L'album distille une certaine sagesse de la résignation, philosophie positive lorsqu'acceptée pleinement et transformée en projet optimiste.

Todd repose tout autant sur une arythmie de prise de conscience que sur un jeu d'explications en tiroir intelligent et intrigant. L'auteur y plante puis y fait pousser des champs entiers de messages positifs auto-critiques réalistes mâtinés d'humour et d'un recul salvateur.

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Entre tous les jeux visuels discrets implémentés avec efficacité se nichent aussi une honnêteté et une fraicheur lexicale créatrice d'attachement et vecteur d'intime.  En résumé, Todd est une BD à la bienveillance rayonnante, qui nous en fait presque oublier les multiples hécatombes qui la parsèment.

Todd le géant s'est fait voler son slip, par Alex Chauvel, The Hoochie Coochie, 1008p, 25€. À retrouver dès sa sortie chez Aaapoum Bapoum

 
Du foutre plein les lunettes
 

Vous vous souvenez du dernier coup de cœur d'Aaapoum Bapoum ? Non ? C'est pas grave, on passe déjà au suivant.

La librairie Aaapoum Bapoum est un repère historique d'amateurs de viscères, de sensualité et du couple que peut former les deux. Les anciens se souviendront avec délectation des conseils éclairés susurrés dans nos coins sombres aux heures troubles de la fermeture prodigués par Patrick Batman, l'expert encore incontesté de la boutique. L'époque était à la découverte émerveillée de Maruo (entre deux haut-le-cœur) et à la délectation des premiers pas dans l'Ero-guro du lecteur lambda grâce au Lézard Noir.

Notre rayon Lézard Noir fait dorénavant notre fierté mais le tsunami se retire, nous laissant pantelant, moites et toujours en demande.  Comment payer notre hommage aux temps glorieux du défrichage décadent ? Comment retrouver ce plaisir de ne pas seulement conseiller un -dorénavant- mastodonte du genre? Comment retrouver ce petit frisson de l'underground beau, sale, délicat, dégradant ?

Yakuza Shunga, immense artbook sérigraphié paru aux éditions The Hoochie Coochie nous permit un temps de revivre ce magnifique moment de grâce. Au tirage ultra limité (120ex), aux couleurs chatoyantes et à l'imagerie jouissivement crue, l'album de 16 gigantesques pages nous rappela pour un temps notre amour de l'extrême visuel. Nous tachons de toujours conserver un exemplaire à votre disposition, bien que sa taille et son sujet nous poussent à le percher au plus haut de notre rayon érotique, mais les stocks s'amenuisent et nous savons fort bien qu'un jour, sa disparition sera définitive.

Fort heureusement pour les personnes à l'ordonnée faible qui ne pourraient l'atteindre en rayon, l'atelier  l'insolante nous propose de nous en mettre plein les yeux, au chaud, bien calé dans notre fauteuil de bureau tournicotant. Si cet aperçu vous met candidement en joie, n'hésitez pas à nous le réclamer.

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Passé cet album étonnant et précieux par la rareté de sa démarche d'hommage transgressif qui mérite toutes nos éloges, il ne nous reste guère plus qu'à revenir sur ces cotes déjà explorées, dans ces forêts maintenant bien défrichées du Furuya et du Kago.

Jusqu'à ce qu'apparaisse ce petit album erostreet-gore étonnant, Akasake, auto-edité à 200 exemplaires, imprimé en risographie et sujet principal de l'article (à l'origine). La riso est un procédé d'apposition des couleurs très similaire à la sérigraphie qui, beaucoup plus accessible, réussit très bien à l'artbook au papier épais et granuleux.

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L'auteur, Alexis Bacci, y mélange hallucinations japonaises dénudées, lascivité indée aux courbes souples et au trait contemporain, coïts folkloriques furieux, morbidité stylisée dans une volonté de transmission autant que de modernisation. Akasake est une petite pépite ultra léchée, parangon d'un indépendant vivant et réussi, qui réutilise, actualise, respecte, se joue de codes et de lignes de conduites qu'on aimerait voir un peu plus passer dans nos rayons.

L'ouvrage ne se trouve pour l'instant que dans quelques petites librairies indépendantes de bon gout (notamment chez nous notre révéré camarade underground du 6e arrondissement un Regard moderne ou à l'agréable librairie du co-éditeur la dimension fantastique). Il se fait donc assez rare en échoppe, se vent 20€ et nous en avons quelques-uns, gracieusement signés par l'auteur.

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Bonus! Existe en édition ultra-limitée de 50 exemplaires une affiche risographiée, numérotée et signée, tirage unique issu de l'album. Elle est en vente rue Serpente au prix de 15€. L’éditeur n'ayant pas prévu de réimpression, il faut réellement sauter sur l'occasion d'autant que nous sommes la seule institution à la vendre en dehors de la librairie de l'éditeur.

Se limiter à seulement quelques illustrations (parmi les plus soft) pour cet article étant une réelle torture, je vous propose d'aller jeter un œil à toutes les belles previews censurée (mais pas trop) disponibles sur la page facebook de l'album.

 
Cosy Cosey
 

Cosey est un auteur qui ne déplait pas trop. La preuve en est faite avec la petite récompense discrète qu'il vient de recevoir. Le grand prix d'Angoulême, c'est une sacrée responsabilité. Ça pose un.e auteur.e. Il vaut mieux ne pas trop diviser les foules.

Suite à cette annonce, sa série phare, Jonathan, a promptement déserté nos rayons, vous vous en doutez. Son À la recherche de Peter Pan était déjà fort courtisé avant la gloire formelle et continue donc logiquement à passer en coup de vent. Que reste-t il alors dans nos rayons, une fois les quelques albums restants de sa vaste carrière collectés ? Nous constatons avec soulagement la présence de quelques belles éditions originales de ses séries les plus célébrées, quelques tomes aléatoires de ses productions les moins notoires ou les plus oubliées et puis... et puis... La fracture. Le point de tension. L'objet de duels et de joutes acharnées. Son le Voyage en Italie. Tour à tour pierre angulaire d'une collection ou rejeton du diable, il est indéniable que la série divise.

Nous avons pu croiser en boutique un nombre modestement conséquent de clients depuis les petites poignées d'années d'existence de l'échoppe de la rue Serpente. L'opposition est nette. Certains s'insurgent de l'ennui provoqué par cette série de deux albums tandis que d'autres la louent pour sa profondeur psychologique et sa beauté scénaristique. J'imagine que nous ne sommes pas tous sensibles aux même choses. J'ai même l'impression d'y retrouver des brisures nettes identiques qui opposent avec véhémences les amoureux et les détracteurs du manga hype par excellence de ces temps-ci: Chiisakobé. Pour cette série aussi le fossé se creuse entre amateurs d'un immobilisme stylisé profondément réfléchi, travaillé, et les détracteurs n'y voyant qu'insupportable vacuité. Heureusement, au sujet du voyage en Italie, internet pondère.

Ne reste plus qu'a vous faire un avis grâce aux quelques exemplaires de la réédition des années 2000 en 2 tomes, souple et économique, dont nous disposons encore en pile rue Serpente, sur notre site de vente ou grâce aux multiples autres éditions qui parsèment nos rayons.

 
Le cadavre et le sofa - Tony Sandoval
 

Tony Sandoval produit beaucoup. Beaucoup d'illustrations que l'on peut retrouver avec bonheur sur ses réseaux sociaux; beaucoup d'albums aussi. Et Tony Sandoval évolue vers constamment plus de maitrise. Mais l'auteur n'est pas parti de rien puisque le Cadavre et le sofa, l'un de ses premiers récits paru en français, posait déjà toutes les bases, qu'elles soient narratives, graphiques ou imaginaires, d'un univers déjà en fin de gestation.

Polo est un jeune garçon que la campagne fait doucement gamberger. Il ne semble pas y avoir grand chose d'autre à y faire, de toute façon. Esseulé, désœuvré, on le comprend en quelques cases suffisamment différent pour que ses vacances se passent nécessairement en solitaire. S'installe ensuite dans son quotidien, le plus naturellement du monde, une énigmatique jeune fille à la beauté presque littéralement envoutante, Sophie. Rapidement les deux se rapprochent autour d'un sofa laissé à l'abandon et d'un cadavre en décomposition tout aussi livré à lui-même. Sophie va recréer Polo, sans qu'il ne s'en aperçoive, au cours d'un été baigné d'étrange et de métamorphoses.

Les auteurs humoristiques placent souvent le passage à l'âge adulte au moment précis de l'apparition tant attendue et célébrée du fameux premier poil pubien. Ils en oublient au profit du gag facile le fascinant et indéfinissable temps de maturation, sans réel début, sans réelle fin, duquel on ne prend conscience qu'après les faits. C'est à l'observateur de recevoir le privilège de l'analyse. Polo ne le sait pas mais il fait ses premiers grand pas dans le monde des futurs adultes. Nous ne le savons pas non plus, nous le devinons à peine.

À travers un ensemble de situations intriquées, parfois sans chronologie aisément mesurable, aux enjeux aléatoirement importants, Polo et nous sommes ballotés, le cœur vaillant et la peau moite, d'une toute petite révolution intérieure à une autre.  Désir, mort, oubli, inconnu, tout y passe avec fluidité. Tony Sandoval ne s'attarde toutefois jamais. L'été passe, la vie passe et si l’expérience d'un homme se mesure à l'aune de ses actions, alors c'est qu'il faut les enchainer, les multiplier, s'en servir pour bâtir discrètement les fondations d’expériences plus ambitieuses. À travers deux intrigues parallèles, porteuses de mystères et d'interrogations, de tragédie et d'occulte, les fondations de l'humain se dressent patiemment.

Polo a beau s’avérer le personnage central, puisque tout tourne plus ou moins autour de lui et de ses perceptions,  il est loin de se révéler le personnage principal. On pourrait croire que Sophie, antagoniste brulante, pourrait incarner le rôle. Non plus. Le cadavre alors ? presque. Le personnage principal, c'est le désir. Le désir charnel balbutiant puis frontalement épanoui, le désir d'autre chose, le désir de vérité, le désir d'ailleurs. le désir d'éternité.

À travers un jeu de couleur étonnant et une cohabitation aléatoire de différents styles aux portées radicalement opposées, Tony brouille les pistes manichéennes d'une intrigue aux relents fantastiques troubles. Très insistant sur une sexualité débridée, il délaye encore un peu plus les conventions sociales au profit d'un parcours initiation métaphorique qui ne prend son sens que dans la radicalité de sa singularité.

Si tout ça vous tente, rendez-vous en boutique ou sur notre site de vente pour mettre la main sur les quelques exemplaires encore disponibles, soldés à 9€ au lieu de 17.