Publications dans Juin 2011
TONOHARU de Lars Martinson
 

Parler de l’autre avec des mots à soi. C’est un projet élémentaire, certes, mais parfaitement adapté à Tonoharu, cette petite chronique d’un américain exilé pour quelques années dans la campagne japonaise. Comment évoquer ce pays lointain, sa temporalité étrange, sa société impénétrable… sans retomber dans l’orientalisme ou encore servir la soupe populaire du mono no aware, cet éloge romantique japonais du temps suspendu que reflète la nature ou le décor?

Evidemment, en temps normal, ce refus de l’orientalisme serait le « minimum syndical » à exiger d'une écriture du voyage. Sauf que, perdue dans une époque où les jeunes produisent à la chaîne des mangas à la française (hérésie), où les épopées franco- belges japonisantes nourries aux samouraï et aux poncifs philosophiques inondent les rayons, cette petite chronique d’un américain qui souhaite simplement communiquer la solitude et la mélancolie provoquées par le choc des cultures apparaît salvatrice.

On s’amuse, à l’évidence, des déconvenues tragi-comiques du petit enseignant étranger, égaré dans le vide de la campagne nipponne, en perpétuelle quête d’une relation amoureuse, en constante butte aux malentendus et à l'embarras. Mais la qualité dominante, c’est cette écriture diablement contagieuse à travers laquelle l’immuabilité pesante du quotidien est retranscrite. Ces canevas de quatre cases par page, ces décors et paysages fossilisés par des myriades de hachures étouffantes, ces environnements répétés à l’envi avec le même cadrage, transcrivent parfaitement et d’une manière unique cette temporalité ralentie que les occidentaux attribuent au Japon, ces silences qui s’étirent, parfois jusqu’à l’épuisement.

Dans Tonoharu, in fine, l’auteur veut faire toucher du doigt l’expérience d’une vie d’expatrié au Japon. Personnellement, je ne pense pas m’y installer tout de suite.

Tonoharu, de Lars Martinson, 270 pages, éditions Lézard noir, en vente chez AAAPOUM au prix de 23 euros. (Pour voir quelques pages intérieures, en anglais malheureusement, cliquez ci-dessous)

 
Pilote n°210 : FORT NAVAJO !
 

Toutoute première fois

"Pilote le magazine des jeunes de l'an 2000", n°210 daté du 31 octobre 1963...

Et oui comme ça converture l'indique, voici le numéro de l'hebdo mythique dans lequel furent publiées les deux premières planches de FORT NAVAJO, la toute première  aventure du Lieutenant Blueberry.

"Chaque semaine désormais avec cette nouvelle aventure toute l'épopée fantastique des guerres indiennes !" claironne fièrement un bandeau jaune au-dessus de la deuxième planche. 

C'est une pièce rare. C'est à vendre chez AAAPOUM BAPOUM pour 7€. 6€ si vous arrivez avant que je n'ai eu à découper un carton pour la "backingboarder". Il y a un petit accroc racommodé avec du scotch en bas du quatrième plat.

 
Soirée Hugues Micol.
 

Youhouhou, demain soir c'est la fête chez AAAPOUM

Venez nombreux jeudi soir au vernissage de l'exposition Hugues Micol. A partir de 18H, séance de dédicace et mondanité seront au rendez-vous au 14 de la rue Serpente. Les magnifiques planches de son dernier album, Le Chien dans la vallée de Chambara, seront exposées. Nous avons même pour l'occasion retrouvé quelques vieilles oeuvres épuisées, pour les collectionneurs qui voudraient profiter de l'occasion pour se faire dédicacer des livres plus rares.

Quant aux autres, un bon verre de vin et quelques considérations entre passionnés de bande dessinée seront bien assez pour passer un excellent début de soirée.

Au plaisir de vous voir.

 
Nouveauté : Mister Sixties de R. Crumb, éditions Cornélius
 

Haha ! un nouveau recueil Crumb pour l'été ! Mister Sixties, comme son nom le suggère est un recueil d'histoires très marquées par les années soixante, soit 12 récits initialement parus entre 1966 et 1971, comme nous l'indique avec précision le sommaire de l'ouvrage. C'est un plaisir, disons-le au passage, que les sommaires de cette collection. Pas besoin de plisser les yeux et de retourner l'ouvrage en tous sens pour connaître la date de parution initiale d'une histoire. Oui moi je suis comme ça : impossible de commencer à lire le moindre truc si je ne connais pas la date de publication.

Ces récits abondent en jambes féminines monumentales garnies de bottes à talons, en sécrétions intimes et en provocations diverses visant à hérisser le poil des féministes d'alors. Le recueil culmine d'ailleurs, puisqu'on parle de poils, dans le fabuleux Whiteman meets Bigfoot, une relecture sexuée du mythe de Tarzan et de Jean-Jacques Rousseau.

Très réjouissant et parfaitement incorrect. Si vous êtes comme moi totalement rigide, coincé, et moralement choqué par le moindre écart, ce Crumb sera parfait sur votre table basse de salon, vous pourrez ainsi montrer à vos amis que vous êtes certes un connard moraliste, mais pas seulement, puisque vous avez l'humour et le goût d'aimer Robert Crumb.

Mister Sixties, 104 pages noir et blanc sous une belle couverture couleurs, brochée avec rabats. 20€

 
ASCENSION : Dante fermé, Serpente ouvert.
 

J'ai la très gande joie de vous annoncer que demain, Jeudi 2 juin 2011, la boutique de la rue Dante sera fermée. Ainsi vous réaliserez de substantielles économies.

Vous n'acheterez pas ce sympathique Corto Les Celtiques couleurs collection carrée à 180 €. Ni ces belles rééditions de Surcouf dans la collection L'Histoire en bandes dessinées (Dupuis), ni cette si attendrissante histoire de nazis et de divinités nordiques nommée D-Day le jour du désastre (15€)Oui c'est bien triste. Tout ce pouvoir d'achat inutilisé.

Les inconsolables peuvent toujours se rendre au 14 rue Serpente, notre annexe, qui elle restera ouverte de 11h (comme d'habitude) à 21h (au lieu de 22h15). J'y serai en personne, rasé de près et parfois souriant.