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Down Under T.1 de Pezzi et Sergeef

J'ai déjà écrit ici tout le bien que je pensais du western australien de John Hillcoat, The proposition, aussi c'est avec curiosité que je me suis penché sur cette production Glénat correctement dessinée, qui semble entrer dans la même catégorie. La référence à Ned Kelly permet de dater l'histoire à la fin des années 70 (1870...). L'histoire est un peu tortueuse et demande une certaine vigilance mais on peut l'admettre d'un premier tome (sur 3 de prévus).

Cependant les personnages m'indiffèrent plutôt. Je déplore surtout la volonté d'exhaustivité de la scénariste : à vouloir caser à tout prix le maximum du fruit de ses recherches sur la période, elle finit par créer une intrigue pleine de grumeaux exotiques et inutiles. Ce parti pris, qui pourrait être pédagogique (vous allez apprendre l'histoire de l'Australie en vous distrayant), est contredit par l'absence de notes explicatives. Ainsi, qu'est-ce qu'un "corroboree" ?

Je sais que les encyclopédies existent, mais une petite étoile comme Charlier les faisait et qui renvoie à une petite note aurait été sympa (d'ailleurs c'est marrant mais dans plein de BD franco-belges, il y a ces petites astérisques, mais souvent elles ne renvoient à rien car le dessinateur a oublié de caser la note). Les soldats que l'on croise sont-ils britanniques ou locaux ?

À propos de ces soldats (ou policiers ?), je trouve que les héros leur parlent avec beaucoup d'impertinence. Je n'ai pas trouvé cette scène très vraisemblable... Je me vois mal ricaner et me foutre de la gueule de flics me demandant si j'ai croisé un sans-pap qui courait. Je leur répondrais probablement juste "euh... non", mais il est vrai que je ne suis pas un héros, que je ne suis pas australien et que je ne suis pas armé.

Ceci dit, cette bédé est tout à fait lisible, mais à son stade actuel de développement, elle ne va pas m'obséder la nuit en attendant la suite.

Down Under t.1 : L'Homme de Kenzie's River de Nathalie Sergeef et Fabio Pezzi, éditions Glénat, une occaz à 10€ vue rue Serpente.

Sandy et Hoppy t.14 : Le mystère de la grande barrière
 

Espions, atoll et koala

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Publiée initialement dans Spirou en 1961, cette histoire du valeureux kangourou et de sa jeune et aventureuse masquotte humaine fut rééditée en 1981 et en noir et blanc par Magic Strip sous le numéro 14. Les éditions Coffre à BD qui, elles, rééditent les aventures de Sandy et Hoppy dans l'ordre chronologique et en couleurs, l'ont placé dans leur tome 3.

Le mystère de la grande barrière n'est pas la meilleure création du grand Lambil. Si son dessin est déjà très au point, ses talents de scénariste n'ont pas encore atteints leur pleine puissance. L'intrigue y est trop linéaire et répétitive : Sandy et son ami Michael passent leur temps à se faire capturer et à s'évader. L'aventure manque surtout cruellement de filles.  À défaut on a des espions étrangers et un koala amusant qui présente l'aventure, ce qui est assez audacieux, cartoonesque et prégotlibien.

Un exemplaire de ce magic strip sera déposé dans peu de temps dans notre échoppe de la rue Dante. Sont prix de vente est fixé à 22€.

Dans nos archives : Sandy et Hoppy, t.13.

 
Sandy et Hoppy
 
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— Hé!  Gamin ! Reviens ! Tu es fou ?!!

— Fou ? Peut-être... Mais je ne peux pas attendre là, bêtement !

Nous en avons très rarement en rayon, mais chaque fois qu'un Sandy et Hoppy arrive jusqu'à chez nous je l'emprunte aussitôt avec une joie non simulée. J'aime beaucoup Sandy et Hoppy. Quand le monde se fait trop rugueux, que l'atmosphère est trop acide, j'aime m'endormir avec mes deux amis australiens.

Réalisé par Willy Lambil avant les Tuniques Bleues, cette série pour la jeunesse est très réussie malgré son manque cruel de postérité. Le dessin de Lambil, plus réaliste que par la suite, est excellent. Les visages sont un peu lassants de répétitivité, mais c'est excellent tout de même. Les éditions Magic Strip, en noir et blanc, rendent d'ailleurs parfaitement honneur au graphisme. Le plus étonnant c'est que, presqu'à chaque fois, le scénario est très bon lui aussi. En 44 planches l'intrigue est parfaitement menée, sans temps mort ni accélération abrupte et queue de poisson. Tout y est au poil. Il faut juste accepter l'idée qu'un gamin de quinze ans est plus mature, courageux et débrouillard que la plupart des adultes, que toutes les charmantes jeunes filles de dix ans plus âgées le trouvent irrésistible, sans doute justement parce qu'il est plus homme que les hommes (un peu comme dans Gloria de Cassavetes, quoi), et qu'il est suivi par un kangourou redoutable d'attention et champion de kickboxing, comme l'apprennent à leur dépends les malfrats. Mais en même temps, ces qualités de sur-scout sont assez courantes dans la littérature enfantine.

La saveur des scénarios réside principalement dans une capacité remarquable de l'auteur complet à mener deux fils d'intrigue qui s'imbriquent efficacement et avec doigté aux environs de la page 22.  Le cadre des aventures étant l'Australie des années soixante, la majeure partie des épisodes se déroulent au sein d'une ruralité quasi-idéale que des événements et des personnages viennent troubler. Gangsters et trafiquants venus des villes sont en effet légion à venir se réfugier dans la contrée paisible des koalas et des aborigènes. Il en résulte un genre de polar campagnard dans la veine de certains fims américains des années soixante-dix comme Charley Varick de Don Siegel ou Thunderbolt and Lightfoot de Cimino... Attention, je parle bien d'ambiance globale, hein, on est chez Spirou là, y'a pas trop de morts ni de torture.

Il faut savoir rendre hommage aux créateurs talentueux quand ils sont encore vivants. Il faut aussi louer Willy Lambil pour son talent de raconteur, cruellement laissé en jachère depuis qu'il s'est inféodé à la Guerre de Sécession et à son ami/ennemi Cauvin, qui aurait parfois dû demander un coup de main à son compère dessinateur. Attention, hein, je ne dis pas que Cauvin est un mauvais scénariste ! Je remarque juste que certains Tuniques bleues n'arrivent pas à la cheville du moindre Sandy et Hoppy. Ne me contrediront que ceux qui détestent les histoires où apparaissent des kangourous.

 Le Sandy et Hoppy qui arrivera bientôt rue Dante est le tome 13 de la collection Magic Strip : L'étranger de Glen Muir (1981). Un petit accroc au premier plat liée à l'adhésion trop longue d'une étiquette trop collante dévalorise quelque peu cet ouvrage broché, qui sinon est en fort correct état. Nous le vendons 18€. L'intrigue entretient une petite parenté avec History of Violence de Cronenberg et le final est assez étonnant, avec son ton un peu amer qui dénote un peu dans la ligne Spirou.

Mince je me rend compte que je fais comme les critiques de BD Stéphane Beaujean et Kamil Plejwaltzsky et que j'ai truffé mon laïus de références cinématographiques souvent lointaines plutôt que de m'attacher à décrire l'œuvre. Pardon.