Publications dans BD européenne
Histoire... de se poiler un peu
 
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Si vous aimez que l'esprit critique acerbe laisse tout de même la part belle à l'humour et que vous êtes pris d'une soudaine envie de revisiter le passé à l'aune de l'acidité de bons critiques consciencieux, voici vos trois indispensables:

Gus Bofa, illustrateur émérite de l'entre-deux guerres, avait un petit soucis. Le traumatisme de la grande guerre était tel que la période s'est automatiquement vue frappée du sceau du tabou. Comment faire pour critiquer, dénoncer, faire prendre conscience, éduquer quand on est un auteur soi-même traumatisé par le sujet et ressentant un besoin impérieux de l'aborder?

Et bien on triche et on contourne. On produit par exemples de grandes illustrations, prétendument sur la guerre de cent ans, dont le souvenir s'est déjà bien estompé. Mais nous ne sommes pas dupes et c'est avec gravité que nous déchiffrons les grandes scénettes de Bofa, volontairement cabotines, résolument dénonciatrices.

 
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Peur de vous lancer dans un traité d'histoire épais comme deux caisses à vin ? Celui-ci, bien que moins massif et moins inquiétant (les petits miquets, ça passe toujours mieux) n'en est pas moins riche, dense, fourni.

Allégés par un humour constant prompte à faire tourner en bourrique les multiples figures historiques abordées, les deux tomes de Petite Histoire du Monde Moderne de Larry Gonick dressent un panorama extrêmement vaste de nos idées historiques étonnées. Et oui, Christophe Colomb était un salopard incompétent qui n'est même pas à l'origine de ce qu'on lui attribue. Ça vous la coupe ?

 
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Tiens, ça tombe bien que cet ouvrage soit excellent, mâtinant d'un humour acerbe et critique les diverses infamies moyenâgeuses. La peste, les successions de guerres, de rois, de conquêtes, de défaites…

La potentielle progression de la spiritualité et l'art, aussi mais ceux-ci ne sont pas encore prêt à surpasser l'étrange attrait de la flétrissure humaine des âges soi-disant sombres. En un intense et grimaçant calendrier, Le temps est proche de Cristopher Hittinger prépare la renaissance en décortiquant année après année, le cadavre pourrissant de l'Europe.

Vous pourrez d'ailleurs en discuter joyeusement avec lui bientôt car l’auteur sera notre invité pour notre prochaine dédicace!

 
Femmes z'à foison
 
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AkaSake c'est du street art, du tatoo, de l'indé-Vivès, du mélange Mizuki-Maruo, des corps contorsionnés, des intrications intimes étranges, du folklore bien léché.

AkaSake c'est aussi une rencontre-dédicace de son auteur Alexis Bacci à Aaapoum Bapoum le vendredi 23 juin de 19h à 21h30.

Il sera accompagné d'Eldo Yoshimizu de 19h à 20h30. Eldo n'en est pas à son premier passage chez nous.  Nous le recevons une seconde fois avec grand plaisir. Il manie la femme, sa Ryuko, avec passion. Il dessine l’énergie, il enveloppe l'élégance d'une intense chape d'action effrénée. Pas de T2 de Ryuko dans sa besace pour l'instant. Sa venue sera notre occasion donnée aux retardataires, à ceux qui ne purent venir il y a quelques mois, à ceux qui l'ont juste découvert un peu trop tard. 

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Ryuko étant déjà un sujet assez balisé, revenons à AkaSake. Que dire de plus que nous n'ayons déjà mentionné avec délectation dans notre petit article de blog ?

Peut-être faut-il rappeler qu'AkaSake est un artbook érotique-gore dont la sensualité se dispute à l'étrange et au décalé. Qu'imprimé en risographie, un procédé très proche de la noble sérigraphie, il n'en existe que 200 exemplaires. Que l'auteur, Alexis Bacci, a fait sien l'indé liberé moderne autant que l'élégance et le folklore traditionnel japonais.

Que ce que son style perd en délicatesse de porcelaine (à l'image d'un Maruo ou d'un Furuya) il gagne en détournement et en facétie. Enfin qu'ainsi, il crée une césure intéressante et nécessaire, renouvelant l'Ero-guro stabilisé par ses grands maitres en lui insufflant de nouvelles influences.

Niveau modalités on en est ou ? Vous devriez commencer à connaitre notre mode de fonctionnement favori: un achat, un ticket.

Pour AkaSake c'est fastoche. Soit vous achetez l'artbook, soit l'une des magnifiques affiches tirées de l'album. Vous obtenez ainsi votre petit ticket. Pas de limite de place déterminée, on fera ça à l'instinct.

Pour Ryuko, c'est tout aussi simple. Soit vous achetez un Ryuko, soit, si vous êtes déjà propriétaire de l'album, un autre titre des éditions le lézard noir. Rappelez-vous qu'en faisant ça, vous soutenez la librairie qui se plie en quatre pour les auteurs et qui aime leurs livres, vous soutenez les auteurs (logiquement) et l'éditeur qui a sorti l'album qui vous a tant plu.

20 places uniquement pour Eldo car il doit partir tôt. Si vous ne pouvez vous déplacer à la boutique, rappelez vous que nous vendons aussi à distance.

Slip-pery slope
 

Hé bien, c'est le printemps chez les éditeurs ! Ils enchaînent les sorties qui font sacrément plaisir. En tout cas, chez nous qui n'avons que très peu de neuf mais qui en parlons beaucoup, il y a dorénavant une nouvelle poignée de titres indés sélectionnés avec soin et délectation parmi les nouveautés de nos petits chouchous. Ut, chez Mosquito, Sestrieres chez Çà et Là, Akasake en auto-édition, l’Exécuteur T2 chez Delirium, la Cantine de Minuit au Lézard Noir...

Nous n'aurions pas la place de tous les lister. Nous en serions presque débordés ! De tous ces arrivages, toutes ces piles à ranger, ressort toutefois une tête. Une tête et un torse. Une tête et un torse bien reconnaissables: ceux de Todd le géant.

Les premières pages donnent le ton.

Les premières pages donnent le ton.

Todd le géant est tout noir, tout immense et tout perplexe. Il fait face à un sacré problème. Il s'est fait chouraver son slip. Todd le géant est donc tout noir, tout immense et surtout tout nu. On comprend alors qu'il lui faille partir dans une quête proto-existentielle sur les traces des petits rouges qui sont sensés l'avoir subtilisé. Ce postulat d'une simplicité extrême, né du doux délire de départ d’Alex Chauvel, porteur d'une connotation originelle très enfantine, révèle très rapidement  un univers de fantasy alternatif de haute volée bien éloigné des sempiternels nains des profondeurs et autres hautains elfes. L'histoire est dense, le narratif infiniment bien construit et le minimalisme graphique achève de mettre au premier plan une inventivité globale terriblement rafraichissante.

Tout dans Todd est vecteur de candeur tout autant que de décalage. Les attitudes, les piques verbales, les réflexions, les concepts, les mythes, la faune, les rebondissements... Un escargot à l’évolution non darwinienne, une chouette amicale au langage fleuri, une mitose de nuage... Candeur éclatante, gentillesse sourde, décalage merveilleux servis par un gaufrier quasi immuable de 6 cases par page, limiteur et impulsion créatrice à la fois.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Il faut savoir à ce sujet que l'album fait 1008 pages (un beau petit pavé, donc) comprenant un total exact de 6001 cases. L'initié reconnaitra là le joli score (le joli record) des Carottes de Patagonie de Trondheim, dépassé d'une petite case de bon aloi. C'est bien avec ce nombre précis en tête que l'auteur s'est lancé dans son récit. L'album étant d'un format plus ramassé que les carottes, le défi est encore plus réussi. D'ailleurs, pour ne pas perdre en confort de lecture tout en évitant de détruire l'album à la moindre ouverture, l'éditeur a fait preuve d'une certaine audace en laissant apparente la reliure.

Pour décrire cet album, moi non plus.

Pour décrire cet album, moi non plus.

L'album est recouvert d'une belle jaquette qui lui confère une partie de son charme, se remise facilement et qui, une fois enlevée et donc protégée de toute dégradation, révèle un dos nu, cartonné d'aucune façon. Le jeu de collage et de couture des cahiers laissé ainsi libre permet d'éviter de casser l'album ou de marquer d'atroces et définitives pliures sur son épine dorsale. La surcouverture camoufle efficacement le tout lorsqu'il le faut mais ne subit pas la lecture du quasi-cube outre mesure.  L'album est souple, transportable et le lecteur peut se laisser porter par ses habitudes de lectures sans avoir à entrebâiller seulement sa BD pour sa préservation.

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Todd le Géant qui s'est fait voler son slip entreprend un voyage à première vue étonnant et aléatoire mais rempli de sagesse et de bon sens. Quand toute une clique de personnages bigarrée prend la peine de poser ses réflexions, ça donne un récit qui suit un cours tranquille mais non sans tumultes. Todd est le récit du lent apprentissage et de l'éducation à l'acceptation de la notion vitale et inévitable de bouleversement. L'album distille une certaine sagesse de la résignation, philosophie positive lorsqu'acceptée pleinement et transformée en projet optimiste.

Todd repose tout autant sur une arythmie de prise de conscience que sur un jeu d'explications en tiroir intelligent et intrigant. L'auteur y plante puis y fait pousser des champs entiers de messages positifs auto-critiques réalistes mâtinés d'humour et d'un recul salvateur.

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Entre tous les jeux visuels discrets implémentés avec efficacité se nichent aussi une honnêteté et une fraicheur lexicale créatrice d'attachement et vecteur d'intime.  En résumé, Todd est une BD à la bienveillance rayonnante, qui nous en fait presque oublier les multiples hécatombes qui la parsèment.

Todd le géant s'est fait voler son slip, par Alex Chauvel, The Hoochie Coochie, 1008p, 25€. À retrouver dès sa sortie chez Aaapoum Bapoum

 
Du foutre plein les lunettes
 

Vous vous souvenez du dernier coup de cœur d'Aaapoum Bapoum ? Non ? C'est pas grave, on passe déjà au suivant.

La librairie Aaapoum Bapoum est un repère historique d'amateurs de viscères, de sensualité et du couple que peut former les deux. Les anciens se souviendront avec délectation des conseils éclairés susurrés dans nos coins sombres aux heures troubles de la fermeture prodigués par Patrick Batman, l'expert encore incontesté de la boutique. L'époque était à la découverte émerveillée de Maruo (entre deux haut-le-cœur) et à la délectation des premiers pas dans l'Ero-guro du lecteur lambda grâce au Lézard Noir.

Notre rayon Lézard Noir fait dorénavant notre fierté mais le tsunami se retire, nous laissant pantelant, moites et toujours en demande.  Comment payer notre hommage aux temps glorieux du défrichage décadent ? Comment retrouver ce plaisir de ne pas seulement conseiller un -dorénavant- mastodonte du genre? Comment retrouver ce petit frisson de l'underground beau, sale, délicat, dégradant ?

Yakuza Shunga, immense artbook sérigraphié paru aux éditions The Hoochie Coochie nous permit un temps de revivre ce magnifique moment de grâce. Au tirage ultra limité (120ex), aux couleurs chatoyantes et à l'imagerie jouissivement crue, l'album de 16 gigantesques pages nous rappela pour un temps notre amour de l'extrême visuel. Nous tachons de toujours conserver un exemplaire à votre disposition, bien que sa taille et son sujet nous poussent à le percher au plus haut de notre rayon érotique, mais les stocks s'amenuisent et nous savons fort bien qu'un jour, sa disparition sera définitive.

Fort heureusement pour les personnes à l'ordonnée faible qui ne pourraient l'atteindre en rayon, l'atelier  l'insolante nous propose de nous en mettre plein les yeux, au chaud, bien calé dans notre fauteuil de bureau tournicotant. Si cet aperçu vous met candidement en joie, n'hésitez pas à nous le réclamer.

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Passé cet album étonnant et précieux par la rareté de sa démarche d'hommage transgressif qui mérite toutes nos éloges, il ne nous reste guère plus qu'à revenir sur ces cotes déjà explorées, dans ces forêts maintenant bien défrichées du Furuya et du Kago.

Jusqu'à ce qu'apparaisse ce petit album erostreet-gore étonnant, Akasake, auto-edité à 200 exemplaires, imprimé en risographie et sujet principal de l'article (à l'origine). La riso est un procédé d'apposition des couleurs très similaire à la sérigraphie qui, beaucoup plus accessible, réussit très bien à l'artbook au papier épais et granuleux.

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L'auteur, Alexis Bacci, y mélange hallucinations japonaises dénudées, lascivité indée aux courbes souples et au trait contemporain, coïts folkloriques furieux, morbidité stylisée dans une volonté de transmission autant que de modernisation. Akasake est une petite pépite ultra léchée, parangon d'un indépendant vivant et réussi, qui réutilise, actualise, respecte, se joue de codes et de lignes de conduites qu'on aimerait voir un peu plus passer dans nos rayons.

L'ouvrage ne se trouve pour l'instant que dans quelques petites librairies indépendantes de bon gout (notamment chez nous notre révéré camarade underground du 6e arrondissement un Regard moderne ou à l'agréable librairie du co-éditeur la dimension fantastique). Il se fait donc assez rare en échoppe, se vent 20€ et nous en avons quelques-uns, gracieusement signés par l'auteur.

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Bonus! Existe en édition ultra-limitée de 50 exemplaires une affiche risographiée, numérotée et signée, tirage unique issu de l'album. Elle est en vente rue Serpente au prix de 15€. L’éditeur n'ayant pas prévu de réimpression, il faut réellement sauter sur l'occasion d'autant que nous sommes la seule institution à la vendre en dehors de la librairie de l'éditeur.

Se limiter à seulement quelques illustrations (parmi les plus soft) pour cet article étant une réelle torture, je vous propose d'aller jeter un œil à toutes les belles previews censurée (mais pas trop) disponibles sur la page facebook de l'album.

 
Cosy Cosey
 

Cosey est un auteur qui ne déplait pas trop. La preuve en est faite avec la petite récompense discrète qu'il vient de recevoir. Le grand prix d'Angoulême, c'est une sacrée responsabilité. Ça pose un.e auteur.e. Il vaut mieux ne pas trop diviser les foules.

Suite à cette annonce, sa série phare, Jonathan, a promptement déserté nos rayons, vous vous en doutez. Son À la recherche de Peter Pan était déjà fort courtisé avant la gloire formelle et continue donc logiquement à passer en coup de vent. Que reste-t il alors dans nos rayons, une fois les quelques albums restants de sa vaste carrière collectés ? Nous constatons avec soulagement la présence de quelques belles éditions originales de ses séries les plus célébrées, quelques tomes aléatoires de ses productions les moins notoires ou les plus oubliées et puis... et puis... La fracture. Le point de tension. L'objet de duels et de joutes acharnées. Son le Voyage en Italie. Tour à tour pierre angulaire d'une collection ou rejeton du diable, il est indéniable que la série divise.

Nous avons pu croiser en boutique un nombre modestement conséquent de clients depuis les petites poignées d'années d'existence de l'échoppe de la rue Serpente. L'opposition est nette. Certains s'insurgent de l'ennui provoqué par cette série de deux albums tandis que d'autres la louent pour sa profondeur psychologique et sa beauté scénaristique. J'imagine que nous ne sommes pas tous sensibles aux même choses. J'ai même l'impression d'y retrouver des brisures nettes identiques qui opposent avec véhémences les amoureux et les détracteurs du manga hype par excellence de ces temps-ci: Chiisakobé. Pour cette série aussi le fossé se creuse entre amateurs d'un immobilisme stylisé profondément réfléchi, travaillé, et les détracteurs n'y voyant qu'insupportable vacuité. Heureusement, au sujet du voyage en Italie, internet pondère.

Ne reste plus qu'a vous faire un avis grâce aux quelques exemplaires de la réédition des années 2000 en 2 tomes, souple et économique, dont nous disposons encore en pile rue Serpente, sur notre site de vente ou grâce aux multiples autres éditions qui parsèment nos rayons.

 
Jérémie dans les îles, une exclu Aaapoum
 

Il est beau, il est frais, il est exhumé des pages du magazine Pif, c'est Jérémie, le petit héros balloté par les flots de Paul Gillon !

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Jérémie dans les îles est une aventure de 160 planches parue dans Pif-gadget de 1968 à 1973. Un jeune mousse du nom de Jérémie, échoué sur une île giboyeuse suite au naufrage de son navire, y vit moultes aventures non désirées et échappe à mille dangers grâce à son agilité, sa vivacité et sa fougue. Tour à tour naïf et candide, livré à la beauté de la nature, et ravageur face à l'avilissement que représentent les hommes, Jérémie survivra à des pirates, des autochtones indélicats, des négriers et à bien d'autres périls qu'il faut garder secret. Bande dessinée d'aventure par excellence, cette saga touchera indifféremment enfants éclairés et adultes passionnés.

Les éditeurs (d'abord Dargaud puis les Humano) scindèrent la série en 4 albums et y ajoutèrent un élément impossible à faire figurer dans le Pif de l'époque: de la couleur. Jamais Jérémie ne se vit ensuite les honneurs d'une intégrale ni d'une édition expurgée d'une colorisation qui, quoi que fort appréciée de certains, affaiblissait la puissance du trait de Gillon. Il était grand temps d'y remédier ! La librairie Aaapoum Bapoum (soit nous-même), sous le label des éditions Aaapoum, s'attela ainsi à la tache.

Exit la couleur qui fait place à un élégant bleu et blanc, moins froid, plus apte à convoyer de la nostalgie et à aider le lecteur à se focaliser sur la force du trait et sur le travail des espaces. Exit aussi un quelconque dessin de couverture. Jérémie se veut paré d'un écrin et ne se révèle qu'au curieux prêt à y plonger le nez.

Les coins vigoureusement biseautés (innovation dans le monde de l'édition de bande dessinée) et la couverture texturée achèvent d'englober l'album dans une aura de collection de luxe. Pourtant, l'album se veut tout de même accessible au plus grand nombre et profitera pour ce faire d'un prix de 29€ tout à fait convenable, spécifiquement lorsqu'on se rappelle qu'il regroupe 4T.

Poursuivant la même idée, une couverture épaisse et protectrice mais souple adjointe à un papier fin et léger permettront une maniabilité bienvenue et éviteront d'en faire un livre-objet guindé. L'emphase se révèle véritablement mise sur la nostalgie et l'hommage au magazine Pif.

L'ouvrage est agrémenté d'un dossier de 16 pages révélant certaines volontés de l'auteur, retraçant sont parcours et explicitant ses intentions et son pointilleux travail graphique. De l'aveu de l'un des co-éditeurs:

En fait ce qui est intéressant avec Jeremie, c'est que Gillon cherche vraiment a se renouveler. Du coup, la forme est hyper pensée. Et comme c'est un dessinateur, c'est autour du dessin qu'il conçoit la forme de sa bande dessinée. C'est pas courant, c'est ça qu'on voulait montrer.

Nous voici donc en présence d'une édition complète de cette histoire, imprimée en seulement 500 exemplaires et uniquement disponible sur notre site web ou dans l'une de nos deux boutiques. Ne tardez pas trop à vous en saisir.

 
Pelvis France
 

Les aléatoires mais constants arrivages de BD diverses sont pour les Aaapoumiens un délicat mélange de peine et de réjouissance. On pourrait y voir une subtile allégorie de la vie, une métaphore douce amère digne d'un long texte enflammé qui commencerait avec les lignes qui suivent. Ou on peut bifurquer et se concentrer sur les petits plaisirs. Ceux de la chair et du bon mot, notamment.

Elvifrance... Ha! Elvifrance! La joie de nous journées sans espoir. Le soleil de nos froides après-midi désertées par les clients.

Qui ne connait pas cette maison d'édition française, entièrement vouée à la gaudriole et au stupre italien en petit format de poche ? Dans les années 80, il est notoire qu'elle publiait jusqu'à 30 albums par mois. Invariablement érotiques et kitsch, les histoires zigzaguaient tout de même de thèmes en genres, proposant un panel très vaste d'ambiance.

Il y a toujours d'incroyables choses à se mettre sous la dent avec les productions Elvifrance. Les couvertures dans un premier temps, les histoires délicieusement abracadabrantesques dans un second. À ces sujets, nous ne sommes pas trop mal lotis. Les couvertures, par exemple, se baladent régulièrement sur la toile pour notre plus grande délectation. Du moins, elles restent ne serait-ce que vaguement à notre disposition grâce à quelques sites motivés.

Pourtant, ce qui fait la véritable beauté d'Elvifrance nous reste la plupart du temps caché. Ce qui nous impacte le plus, ce qui nous fait rire, nous marque, nous change, ce sont leurs slogans; ne le niez pas. Tous ces jeux de mots, cette gouaille et ces discours fendards à la limite de l'incohérence, personne n'en avait jusque la vraiment fait le catalogue. Personne ne les avait transmis. Personne ne les avait porté aux nues. Personne ne les avait partagé, raconté, chouchouté. Pourtant ils le méritent. Ils sont beau comme des camions, fin comme du beurre, elvifranchement marrants et peuvent maintenant se retrouver sur notre tumblr dédié !

 
BENNES DESSINÉES, ÉDITIONS CARTON
 

Puisqu'à Paris la grève des éboueurs semblent proche de sa fin, il est temps de parler de camions poubelles. Attention c'est un peu dingue ce projet, presque du The Hoochie Coochie.

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En 1986 la ville de Lyon dans une fièvre de communication toute bédéphile fit décorer ses camions poubelles par des affiches réalisées par des dessinateurs de BD. L'agence publicitaire qui monta l'opération pris les éditions Carton, sises à Lyon, comme partenaires pour éditer le livre de la campagne. Quand on s'appelle Carton faut pas trop s'étonner.

Tiré à 1200 ex. numérotés plus quelques hors commerce, l'ouvrage se révéla atteindre un coût de fabrication faramineux en raison de sa découpe audacieuse pour l'époque (les imprimeurs chinois ne faisaient pas encore ça pour une bouchée de pain...), et les éditeurs pensèrent que le prix de vente public seraient trop dissuasif et cherchèrent à ajouter un bonus au livre pour compenser. Ils projetèrent alors d'acheter des petites voitures bennes de chez Majorette™ et de leur coller à la main de petites vignettes reprenant l'affiche de Chaland... Emballé c'est pesé, sauf qu'ils ne trouvèrent que 300 voitures... Pour un tirage de 1200, c'est évidemment trop peu.

Alors ces voiturettes furent offertes aux libraires amis, aux journalistes influençables et aux libraires pas amis mais qui commandaient en ferme 5 exemplaires de Bennes dessinées. Cette Majorette™ (alors fabriquée en France) est donc assez rare et même si elle n'est pas encore mentionnée au BDM, on peut raisonnablement considérer qu'elle double le prix de l'ouvrage lorsqu'elle lui est adjointe. En tous cas c'est ce que nous nous considérons. Nous vendons donc l'ensemble pour 120 €. Excellent état.

Et le contenu alors ?et bien il y a des illustrations malignes et faite exprès pour, il y en a à d'autres qu'ont avait pu voir ailleurs et qui sont bien utilisés dans le cadre, d'autres qui sont dispensables ou peu appropriées, mais l'ensemble est un bel objet, même si sa reliure spiralée en plastique noir fait un peu projet de fin d'études. La benne elle-même et ses employés sont dessinés par Yves Chaland. Pour complaire aux moteurs de recherche nous citerons ci-dessous tous les autres participants :Jano, Floc'h, Loustal, Margerin, Cleet Boris, Avril, Walter Minus, Swarte, Ted benoit, Piccolo, Petit Roulet, Ever Meulen, Jean-Claude Denis, Kent, Masse, Serge Clerc.

Sinon voici quelques photos supplémentaires :

Ah oui, notre exemplaire est un Hors-commerce, ce qui explique en partie que nous ayons la voiture avec et toutes ces bonnes informations. Qui dit Hors-commerce, dit proche collaborateur de l'opération. Bonne soirée.

 
LES MURAILLES DE SAMARIS
 

Il y a déjà un moment que je voulais vous en parler, chers collectionneurs qui lisez parfois ce blog, mais je n'ai pas trouvé le temps. Comme il y a plus d'un mois que nous n'avons rien publié ici, je sens que c'est l'occasion. Voilà, je suis au regret de vous annoncer, qu'à mon avis la première édition de la toute première histoire des Cités obscures des vénérables François Schuiten et Benoît Peeters est surcotée...

Datant de 1983 Les Murailles de Samaris est effectivement coté 55 € au BDM et BDgest indique carrément une fourchette de prix allant de 50 à 75 €. Or notre petite expérience nous a appris qu'il est très dur de vendre cet album à ces prix. Dans les 30 euros oui, il part, mais pas au dessus. D'ailleurs il est trop fréquent pour être vendu à ces prix. La preuve nous en avons bien une dizaine en stock !

La réédition de 1984 est sensiblement plus rare et elle me paraît plus recherchée et mériter sa cote de 30 €. La raison en est qu'elle contient deux planches de plus, la fin de l'album y étant remontée et augmentée.

Outre une proposition de rectification de cote, je voulais vous annoncer que nous réalisons à partir d'aujourd'hui rue Dante une promo sur cette EO. Nous vendons donc nos exemplaires à 15 €, ce qui est tout à fait intéressant (j'en garde un à 30€ pour le futur !).

La mise en page diffère entre l'édition de 1983 et celle de 1984, qui contient deux planches de plus.

La mise en page diffère entre l'édition de 1983 et celle de 1984, qui contient deux planches de plus.