Publications dans Cinéma
Manga news à gogo...
 

Par Stéphane, qui décidement aime le vrac

- Où l'on apprend que Naruto, en plus d'être le manga le plus vendu en France avec près de 80.000 exemplaires par numéro, d'être le numéro un des show télévisés favoris des enfants au Canada (d'après la récente enquête du célèbre institut national Take note), vient en plus d'entrer à la 147eme place des meilleures ventes de livres au U.S.A ( c'est la seule BD du classement au passage). Un sacré carton international ce Naruto.

gedo_1.jpg

- Où l'on s'amuse des bonnes blagues internet, comme cet article pastiche sur la naissance du premier enfant manga (lecture certes vraiment dispensable mais qui m'a autant amusée qu'elle m'a fait froid dans le dos, alors je vous la confie quand même).

- Où l'on découvre le classement des meilleures entrées cinéma 2005 au Japon, que ce soit en film d'animation dont l'archipel est très friand comme en cinéma plus traditionel. Et ainsi constater avec un plaisir immense que chez  les nippons, la daubasse Star War se fait kicker le fion par le Château Ambulant, bon premier qui ramasse trois fois plus de recettes que le navet galactique et  deux fois plus que l'adaptation du magicien Potter. Un grand "Hourra" pour ces gens de bon goût

- Où l'on se renseigne sur les diplômes universitaires capables de vous former comme Vladimir et moi au merveilleux monde de la bande dessinée et de l'entertainement (Ce lien n'est pas une blague, les places sont limitées car c'est un évènement unique, c'est fou non ?).

- Où, si l'on parle japonais,on peut faire son shopping dans le tout nouveau tout beau magasin des studios Ghibli ( tu me le referas, vieux grigou Miyazaki, le coup du "nous chez Ghibli, on est pas trop portés sur l'argent...") et s'habiller en Totoro avec la nouvelle ligne de vetements à l'image des personnages phares du studio. Regarder quelques extraits des nouveaux courts-métrages du musée des dits studios ici.

-Et enfin où l'on peut admirer devant une bonne tasse de chocolat chaud LA TOUTE NOUVELLEMENT DEBARQUEE AUJOURD'HUI BANDE ANNONCE DU PROCHAIN FILM DES STUDIO GHIBLI, Gedo Senki, réalisé par le fils du célèbre réalisateur, à sortir au Japon cet été...

Alors, elle est pas fraîche ma news... bref, bon surf à tous...

 
Le Château dont personne ne parle
 

Par Stéphane

De retour de Thailande, je découvre que 1. Le Château Ambulant de Miyazaki est enfin sorti en DVD, 2. personne n'a fait d'analyse un peu sympa sur le film, histoire d'éclairer un peu le visionnage ou d'enrichir le catalogue d'anecdotes des fans. Ni Animeland, qui fait un papier limite pourri, ni Les Cahiers du cinéma, personne...Bref, c'est bibi qui s'y colle pour sa première journée de travail à AAAPOUM. A peine une journée après son retour, le bronzage s'en va et les neurones se remettent en route, lentement quand même. Donc ne criez pas trop fort si l'analyse qui suit n'est pas des plus géniales... je suis en convalescence.

Adapté du roman jeunesse éponyme écrit en 1986 par Diana Wynne Jones, le film animé Le Château ambulant suit globalement le scénario original tout en altérant les enjeux initiaux. La version de Miyazaki se recentre copieusement sur la quête des protagonistes pour ce que l’on peut appeler un hypothétique «sens de la vie», quête qu’il accorde particulièrement avec les préoccupations du Japon d’aujourd’hui. Voici donc les trois thèmes centraux à travers lesquels Le maître japonais dresse son état des lieux.

  1. Toute guerre est insoutenable et, quelque soit la justesse ou la validité de sa cause, brise l’âme. Howl se transforme ainsi d’un gentil et brave jeune homme en monstre incontrôlable, sorte de kamikaze flottant sur un paysage rappelant étrangement Tokyo sous les bombes. Autre point important : le conflit dans le film se déclenche et s’interrompt par le simple claquement de doigt d’une poignée de personnes importantes (les élites). La guerre n’a pas de sens réel, et ses soldats n’ont pas de but à poursuivre. Par extension, le désir vorace et omniprésent du Japon de se doter à nouveau d’une armée glorieuse est clairement contestable, plus encore le soutien récent au conflit en Irak. En contrepartie, l’inaction, l’absence de prise de position, et surtout la retraite en terre paisible, s’accompagne aussi d’un puissant sentiment de culpabilité. Entre perdre son âme dans un acte sans sens et culpabiliser depuis sa retraite dorée, Howl illustre un dilemme qui, comme je l’expliquerai plus loin, vient des traumatismes infantiles de l’auteur.

  2. Personne ne peut vivre isolé ou coupé du monde. Le film flatte notre besoin essentiel d’une communauté, et encourage à créer soi-même cet environnement ou cette famille si l’on en est dépourvu. L’isolationnisme japonais à l’échelle internationale tel qu’il est pratiqué depuis des centaines d’années est certes pointé dans un premier temps, mais c’est surtout l’amplification et une certaine forme de normalisation, à l’intérieur de l’archipel, des phénomènes sociaux modernes de l’otaku (fan qui soulage son autisme par un repli consumériste dans le divertissement) et du shut-ins(près d’un million de jeunes refusent de sortir de leur chambre ou d’entrer en contact avec leur proches) qui sont visés. La société japonaise est depuis quelques années, et dans une certaine mesure, en proie à un mouvement de repli sur soi. Plus grave encore, elle commence à accepter et intégrer ces dérives comportementales. Howl est l’illustration de ce phénomène. Au contact de Sophie, il s’épanouira. Et alors qu’auparavant il cherchait à fuir ces obligations militaires, le magicien solitaire trouve dans sa relation avec la jeune fille une raison suffisante pour se jeter corps et âmes dans les ravages de la guerre. Rapidement cependant, les feux du combat consument les bonnes intentions et Howl mue en une machine de combat démoniaque.

  3. Enfin, le bonheur ne se trouve ni dans la jeunesse, ni dans la vieillesse, mais quelque part entre les deux, dans ces échanges incessants entre les âges. Par ce système, Miyazaki réhabilite l’acte de vieillir, soulage les angoisses d’une société effrayée par la croissance exponentielle de sa population du troisième âge, et réunit au creux du mêmes corps des couches de générations qui s’opposent parfois avec violence.

Une autre analyse, centrée sur l’auteur, est possible. Dans le feu de la guerre, l’âme de Howl se fourvoie et le héros se transforme en monstre, mécanique. L’égarement cinématographique d’un réalisateur au sommet de sa gloire serait l’image cachée derrière la métaphore ? Après tout pourquoi pas. Si les derniers films de Miyazaki sont splendides, acclamés, force est de remarquer qu’ils se sont vidés de leur substance et ressassent les mêmes thèmes avec cette pointe de monotonie qui est la marque d’un automatisme.

Seule issue, pour le héros et par écho le réalisateur, revenir dans le passé pour se retrouver à nouveau. Mais les chances sont faibles et les conséquences sinistres. Le trauma infantile et initiatique de Howl, qui dès lors conditionne sa vie, évoque l’expérience personnelle du maître japonais, lorsqu'enfant il fuit avec sa famille Tokyo et les ravages des bombardements pour rejoindre la campagne, à l’aide d’un camion. Chez tous deux, l’enfance explique la conduite de l’adulte. Plusieurs fois par le passé Miyazaki a évoqué candidement la culpabilité et le traumatisme qu’il a ressenti lorsque sa famille refusait d’aider les familles piétonnes suppliantes de prendre au moins leur enfants avec eux en stop. Pas une seule fois ils n’ont accepté. De plus, il est hanté par cette époque de sa jeunesse où, militant et engagé, il agissait en étant persuadé que les idées pouvaient changer le monde.

On peut donc voir en filigrane, se greffer dans le film les angoisses du maître japonais, et entrevoir, au fûr et à mesure que le film progresse, un autoportrait critique de sa carrière. Nés tous deux du traumatisme (la solitude pour Howl, la culpabilité pour Miyazaki), égarés par les feux (du succès pour le réalisateur, de la guerre pour le magicien), le film se conclue par une incitation  à un "retour aux sources", afin de renouer avec soi-même (la contestation féroce de la guerre pour l’un, le pacte des relations humaines entamé avec son amitié pour Calcifer pour l’autre). Et Miyazaki, après quelques films plus mécaniques que viséraux, commandés par un succès international grandissant et l'abscence cruelle de descendant potentiel après la mort de son disciple préféré plus que par un réel desir cinematographique (combien de fois a-t-il annoncé sa retraite avant de se retracter par obligation pour son studio), de revenir enfin au cinéma avec l'envie et le ventre, un hymne et une idéologie à defendre: s’il doit continuer à vivre dans un pays défait, qui s'obstine à refuser toute implication politique dans la guerre, alors il ne lui reste d’autre choix que de faire des films.

 
Pourquoi ne pas aimer Batman begins
 

Par Stéphane (et Vlad par procuration vu que c'est lui qui éveilla chez moi cette réflexion).

Parce que les Hoolywoodiens sont si cons que pour eux, tous les jaunes se ressemblent -mon dieu quelle connerie, ces ninjas qui peuplent L'Himalaya- et le moindre des paysans des montagnes y parle anglais.

Parce que Bruce Wayne voudrait être sale et trouble comme dans un bon Burton, mais n'y arrive pas (son plus grand crime, se voler à lui même...).

Parce qu’une scène d’action mérite un peu de virtuosité pour épater, et Nolan est une tanche qui ne connaît rien au montage (même s’il photographie bien).

Mais surtout… à lire dans la suite

Le film n’apporte rien, mais rien du tout, à Year one, comics fondateur du mythe de Batman dont est tiré ce nanard. Nolan se dirige même à contre-courant de l’image que Frank Miller a tenté de mettre en place dans le comics américain. Pas cette nouvelle facette humanisé, souvent le verni  moderne que lecteurs et spectateur retiennent. Sur ce point pas de problème, le film respecte le style Miller et l’enrichit même de deux trois idées astucieuses. En revanche le film annihile totalement le combat  de Miller (et celui d’Alan Moore par la même occasion) pour la représentation dans le comics américain d’un monde plus réaliste et moins américanocentré.

Hors, en intervertissant avec allégresse chinois et japonais sous prétexte qu’ils sont jaunes, et que donc personne ne fera la différence, Nolan méprise l’immense passion de Miller pour l’Asie, ses peuples et ses coutumes, et plus grave, dédaigne aussi les populations, qui en aucun cas ne sont interchangeables. Mais ça, je pense que le spectateur s’en fout, il trouve ça joli les ninjas qui sautillent dans les déserts glacés. Ça fait classe, donc nul besoin de se demander comment une telle image est produite, ni ce qu’elle véhicule comme message (au passage ici un profond mépris).

Pire, en transformant le leader de ce groupe de ninjas Himalayens (arfarfarf !!!), le démonique Raz al Gul, en blanc (alors qu’il est bel et bien asiatique dans la BD), il tombe dans le plus vieux des clichés racistes américains, de ceux sur lesquels Frank Miller cracha abondamment lorsqu’il commença la bd : l'icone de l'occidental blanc par nature capable d’apprendre et maîtriser tous enseignements ou domaines, pour finalement surpasser les maîtres du tiers-monde qui les dispensent. Ça lui aurait arraché le cul qu’un asiatique soit meilleur qu’un américain… Frank Miller, lui, cela ne le gênait pas, au contraire il semblait même le penser, à relire ses Serval, ses rônins, ses Daredevil…. Mais bon, cela n’embarrasse apparemment pas le spectateur avide de divertissements, qui ne souhaite pas décortiquer le monde donné à voir. Après tout, l’important dans Batman, c’est comment il fabrique son costume.

 
Tu veux mon doigt ?
 

Souvenez vous, une bande de bambins déchainés accroupis tels des dalmatiens devant la télévision le mercredi après midi. Face à eux, un homme, un vrai, musclé, en clou et en cuir, qui plante à tout bout de champs ses gros doigts dans la chair saillante de ses ennemis en balançant un terrible "je vais te prendre le fi... ", excusez moi je me suis trompé. En balançant donc un terrible "tu vas mourir dans trente secondes".

Beh ouais les gars, Ken revient, et il est pas content (un peu facile je vous l'accorde). Un grand film (cinéma me semble-til) se prépare au Japon et, pour tous nostalgiques qui se respectent, un petit tour sur le site pour admirer les bandes annonces (cliquer sur l'onglet trailers en anglais) est franchement conseillé.

Ouah, il est trop fort ce Ken.