Publications dans Manga
Signature Gon
 

Si certains dinosaures sont nos amis, il en est d'autres qui défoncent un peu tout sur leur passage pas sage.  À ne pas confondre avec le petit trublion aux mèches rebelles, Gon est un animal de type "caïd du quartier" adapté à l’échelle planétaire. Il met allégrement au pas tout écosystème qu'il croise et martyrise avec entrain toute bestiole se croyant au sommet de la pyramide dans d'inimaginables explosions graphiques..

On verra bien si son auteur est à l'avenant car il passe à Aaapoum le mardi 30 aout 2016 de 17h à 21h, rue serpente.

Un système de tickets numérotés sera mis en place pour faciliter la rencontre, éviter les débordements et veiller à la bonne santé de l'auteur.Nous en distribuerons 40 à partir de jeudi 25 août 17h pour l'achat d'un Gon nouvelle édition (Pika). Nous aurons à disposition les 2 premiers volumes paru l'an dernier et le troisième, à paraître jeudi. Il n'y aura qu'un ticket par personne !

Nos sources secrètes et officielles nous confirment que l'auteur ne dessinera pas sur les albums mais signera sur des shikishi qu'il fournira lui même. Il ne pourra faire qu'une signature par personne.Pendant la dédicace, les tickets seront appelés dans l'ordre croissant ce qui vous laissera la possibilité de boire une bière (ou un soft) à la fraîche en retrait de la queue.

Bannière gon copie

Bannière gon copie

 
LE SOUFFLE DU VENT DANS LES PINS
 

Malgré ma propension à batailler jusqu'à l'épuisement sentimental pour mes quelques coups d'amour, je me questionne toujours autant sur ma capacité à décrire, raconter, analyser ces titres.

Le Souffle du vent dans les pins par exemple est le dernier titre en date qui a piqué mon petit cœur d'esthète timide. J'ai bien envie de vous en parler mais il faut dire que cet album m'intimide beaucoup. Il est magnifique mais me revient-t'il d'y déceler des affiliations ? Suis-je seulement capable de dérouler le fil exact qui a amené à un tel récit sans pouvoir investiguer plus loin que le bout de mon nez pointant au bout de mon corps coincé au bout de ma petite chaise de libraire parisien ? Si je devais vous décrire la magnificence de ce récit, ne confesserais-je pas mon impuissance si je décidais en toute simplicité de vous en montrer les tenants graphiques ? De vous abreuver d'images plutôt que de mots ? Parce que décortiquer son trait sous ma plume ne lui ferait sûrement pas honneur, voici de quoi vous en mettre plein les mirettes:

Le point fort de cet album réside indéniablement dans cette claque oculaire. On ouvre le Souffle du vent dans les pins comme on ouvre une porte finistérienne , en s'attendant avec délice à ce que la bourrasque nous écarquille les yeux d'un brusque coup dénué d'animosité. Car comme le vent, Zao Dao (à ne pas confondre avec Golo zao) ne nous veut aucun mal. Comme le vent, sans plus qu'un sifflement, Zao Dao veut seulement nous emmener à sa suite. Et comme face au grands vents du nord, on se laisse aisément porter. Voilà le principe même de sa narration, voilà sa façon de paver le chemin de son personnage et d'emmener ses lecteurs à sa suite.

Nous voici alors en quête avec le personnage principal. Un pas après l'autre, une situation après l'autre, un instantané d'importance après l'autre.Le texte narratif minimaliste et sibyllin maintient cet état de voyage nébuleux, qui fait passer le récit d'aventure parfois épique à fable véritable.

Il semblerait que Zao Dao soit une sacré célébrité. Pas une pop star mais à l'instar d'un Kim Jung Gi devenu presque omniprésent ces temps-ci, une artiste dont le nom et le trait réveille bien des choses dans l'âme de spectateurs initialement bien loin d'être des afficionados de l'art graphique plus ou moins séquentiel. Pour preuve, je cite l'extrême facilité que nous avons à trouver ses dessins sur les portails généraux des plateformes tumblr et pinterest, hérauts de communautés geek et hipster autocentrés. Mieux, la rapidité à laquelle apparaissent ces deux sites lors d'une simple recherche internet sur l'auteur.

Un poil Matsumoto ou pô ?

Un poil Matsumoto ou pô ?

Yohan Radomski livre pour un site d'actualité français une interview de l'auteur très intéressante. M. Radomski vivant depuis maintenant de nombreuses années en Chine, il a le privilège de côtoyer des auteurs et de pouvoir les aborder avec un certain naturel. Ça nous donne une entrevue pleine de petites révélations. Voici en vrac ce qu'on y apprend d'important:

  • Zao Dao a 25 ans, c'est impressionnant.

  • Zao Dao est autodidacte. (Damnit)

  • Zao Dao s'inspire principalement de ses lectures d'enfance et des titres traditionnels au style marqué que ses parents lui ont transmis mais elle cite tout de même tous les grands auteurs marquants de sa génération. (Matsumoto, Otomo, Mizuki, Moebius...) En effet, certaines de ses illustrations font un fort écho à Matsumoto tandis qu'on aperçoit quelques monstres moebusiens dans ses carnets mais une rapide recherche google nous fait comprendre qu'elle ne mentionne pas négligemment Dai Dunbang.

  • Zao Dao n'est pas une artiste commercialement mineure. Son album s'est très bien vendu en chine malgré un précédent désaveu du marché face à son style. C'est une grosse surprise pour elle et une grosse réussite pour tous.

  • À l'origine, le livre est muet. C'est Mosquito, son éditeur français qui a insisté pour rajouter des pistes de lectures. On peut regretter le fait que ça perturbe le travail de mise en place visuelle de l'auteur, parfois jusqu'à gêner à la vision d'une très belle planche, mais on peut aussi concéder que ces mentions apportent un contexte parfois salvateur.

  • Zao Dao signifie "riz précoce". Voilà un détail qui vous resservira peut-être un jour en société.

À force d'enchainer les envolées vagues, je me rend compte que je n'ai même pas décris la trame du récit. Un hardcore fan pourrait m'envoyer au visage qu'il me suffit de flâner dans l'histoire et l'auteur elle même vous dirait qu'elle préfère vous impacter avec ses images mais tant pis, il manquerait quelquechose si je ne mentionnais pas ce qui habituellement fait toute la force d'un titre moins maitrisé. Pour 20 euros, pendant 117 pages, Yaya, un jeune garçon va voyager d'aventures en aventures, de rencontres en affrontements, de questions en réconforts. Au final, rien de plus à révéler puisque c'est la manière dont l'auteur nous dit son récit qui impressionne. Cette quête qui semble avoir pour but une affirmation de soi nécessaire permet à l'auteur d'amener son héros absolument là ou elle le désire en évitant la majorité des contraintes de cohérence habituelles.

Zao Dao multiplie les effets de styles en jouant sur de subtiles variations: changement du papier à dessin, changement de la proportion de couleur dans ses fresques, changement du pinceau à la plume, décors foisonnants puis grands blanc... Maintenues dans une bulle stylistique cohérente et complexe, ses planches se réinventent sans cesse. Un environnement modulable couplé à un découpage très illustratif nous balade dans un ensemble de photographies graphiques, saisissant au vol de fugaces moments englobés d’éternité.

Et pourtant il me semble maladroit de passer aussi vite sur les pérégrinations de Yaya. Permettez moi de vous citer son incroyable combat contre Rakshasa et ses sbires, sa rencontre fortuite avec une fée des montagnes, son doux rétablissement aux cotés de la fille de l'apothicaire et la fête célébrée en son honneur par moult villageois. Voyez qu'il s'en passe des choses.

N'hésitez pas à passer brièvement sur le site des éditions Mosquito pour de nouveaux aperçus de la maestria de l'auteur. Si je pouvais vous en montrer plus, je finirai par vous révéler l’entièreté de l'album. je vais donc choisir de m’arrêter là et d’espérer que toute cette apologie vous aura touché, vous poussant à aller chercher l'album dans une boutique quelconque (de préférence Aaapoum Bapoum tout de même) pour profiter du bonheur de le feuilleter physiquement.

À noter que la reliure des éditions mosquito tient admirablement bien puisque j'ai scanné une grosse partie de mon exemplaire à l'occasion de cet article, sans réel dommage. Autre point de précision, si ces scans rendent suffisamment hommage au travail de l'auteur, attendez vous à de grosses marges blanches autour de la majorité de ces illustrations. Un mal bien  inévitable puisque la racine du problème vient du format des illustrations elles-mêmes, tellement disparates qu'elles en sont impossible à compiler uniformément.

 
One-shot en rafale
 

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Marre des séries des 75 tomes en cours depuis plus de trente ans ? Peur de se lancer à nouveau dans une aventure dont on ne voit pas poindre la fin ? Hop, pas de demi-mesure, nous avons regroupé tous les one-shot que nous avons pu dégotter. La caisse étant petite, nous avons évité les albums en grand format mais ça fait déjà un petit paquets de références.

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Comme toujours avec les idées saugrenues aaapoumiennes, ça ne durera pas bien longtemps et le rayon devrait se dissoudre de lui même au fur et à mesure des albums qui y sont retirés mais pour l'instant vous y trouverez tout de même du shojo, du shonen, de l'horreur, de l'humour, des titres épuisés et des petites pépites récentes. De quoi s'assurer une lecture sympa sans avoir à plisser des yeux des heures dans notre rayon à la recherche des titres perdus, noyés sous les best sellers de plusieurs kilomètres.

Plus ou moins aux alentours du bac se sont d'ailleurs regroupés diverses piles de titres uniques. L'exemple le plus notable, à coté des piles de one shotPokémon, la traversée du temps et autres Perfect insider, serait l’exhumation du Marécage de Choi Kyu-Sok. Ce titre, qui se suffit totalement à lui même, est une extension autonome du très perturbant l'Amour est une protéine. On y retrouve le groupe fantasque de colocataires que l'auteur y avait présenté pour s'y concentrer pleinement, évitant ainsi de peu la dépression induite par le tome précédent. En ces temps de salon du livre honorant la corée, il est de bon ton d'apprécier cet album.

Enfin, c'est bien beau le one-shot mais ça ne nourrit pas son libraire ! Pour compenser, voici une rafale rapide de séries moyennement longues mais sacrément géniales.

Transparent raconte l'histoire de surdoués japonais peinant à vivre leur vie tandis que la société leur cache leur don incontrôlable de transmission de pensée. Comment peuvent vivre ces hommes, femmes et enfants exceptionnels dont on entend toutes les pensées et qu'on tente à tout prix de protéger d'eux-même ? Action, sentiments, un titre transgenre et mature.

Bienvenu à la N.H.K.

raconte le quotidien d'un irrécupérable loser paranoïaque et agoraphobe qui, à l'aide d'une gamine à peine plus dégourdie que lui sortie va tenter se surmonter sa terreur du monde réel. Y arrivera-t-il à coup de complots absurdes, d'hallucinations, de réactions improbables et de sentiments branlants ? Sombre et drôle, au minimum.

Le Nouvel Angyo onshi

est le petit favori d'un bon nombre d'aapoumiens. On y suit les pérégrination d'un jeune homme affublé d'un puissant talisman permettant d'invoquer des créatures surpuissantes battre la campagne d'un royaume à l'agonie, répandant la justice comme on répand un pesticide: à contre-coeur mais en pensant à son profit. Amoral, intense et fun.

 Au fait, l'image d'en-tête de cet article provient du merveilleux one shot Panzer princess punié (présent dans notre bac bien entendu) qu'on ne cesserait de vous recommander.

 
Eiji Otsuka et Seira Nishikawa
 

On enchaine les bonnes rencontres! (Rappel des modalités de la dédicace en bas d'article!)

La période est propice au renouveau dans le magasin. Aux travaux qui se mettent en branle s'ajoutent un renouvellement de nos partenariats se soldant par un accès à une excitante nouvelle écurie d'auteurs. Et parmi ceux-ci, c'est aujourd'hui Eiji Otsuka qu'on arrive à atteindre.

Eiji Otsuka est l'un des rares mangakas à s'être réellement fait un nom grâce à son imaginaire foisonnant, sombre autant que complexe, oscillant entre super glauque et vaguement dérangeant. Nous connaissons de lui ses excellents MPD Psycho et Kurosagi livraison de cadavre. Ce sont deux titres qui ont osé aller bien plus loin que ce que nous pouvions lire à l'époque de leur sortie. Le troisième titre de cette trilogie informelle de psycho-horror se nomme detective ritual et reste, malgré un certain désaveu du public, un petit favori d'un des aaapoumiens.

Mais Eiji Otsuka, scénariste, écrivain et critique, professeur et chercheur, ne se limite pas à ça. D'ailleurs, il est assez clair maintenant qu'Eiji Otsuka ne se limite jamais. En plus de sa propension à trifouiller dans les tréfonds de la psyché des psychos, il soulève et triture les faits sociaux. Il relève et balance les réalités historiques. Il mélange à sa critique moderne les leçons du passé. Son nouveau titre, Mishima Boys est un nouveau tournant. Fini les meurtre à la mystique marquée, place à la simple folie des révolutions. Place à la réalité historique. Place à la prise de conscience et et à l'action directe. Place aussi à une nouvelle envie de nous faire comprendre le monde par l’expérience de l'humanité. Le scénariste se lance avec ce titre et son jumeau, Unlucky Young Men, dans une nouvelle ligne scénaristique étendue qu'on pourrait qualifiée de thriller historique. Eiji Otsuka s’est visiblement lancé dans un nouveau projet : créer de courtes séries retraçant les mutations de la société japonaise des années soixante à nos jours, en se focalisant sur des évènements particulièrement marquants.

De la dessinatrice, Seira Nishikawa, l'on sait moins de choses. Ancienne étudiante sous la tutelle de son dorénavant comparse, elle n'en n'est pas à son coup d'essai. Elle est l'auteure de divers récits courts qui ne sont pas encore parus en France.  Profitez donc de la preview offerte par Akata pour vous faire une idée de l'ambiance du récit. On y décèle déjà un travail de dychotomie entre périodes blanches vides d'entourage destinées à cristalliser l'angoisse mentale et environnements physiques aux textures sombres et pleines valorisant l'enfermement et l'étouffement physique.

Mishima Boys, 2T, Akata

Fin des années 50, le japon bouillonne. 3 adolescents, trois actes de révolte qui vont se révéler trois coups d'éclats aux proportions potentiellement astronomiques. Deux meurtres et un jet de pierre. La simplicité nue de la fin de vie amenée par son début. Loin des mouvements étudiants et de la contestation à l'ouverture du japon dont les histoires et les historiens nous rabâchent les oreilles (non sans raison), ces trois violences vont trouver un public grandiose dans l’œil et la plume d'un grand écrivain en devenir pour trouver ensuite des échos de plus en plus marquants dans la société perdue et en colère de l'après-guerre.

résumé de l'éditeur:K., M., Y. … Trois lettres, pour trois garçons…Qui sont-ils ? Quels projets fomentent-ils ? Et surtout, quel étrange lien les relie à Yukio Mishima, écrivain mondialement connu et nationaliste ayant vécu au tournant d'une époque dramatique du pays et prônant un retour aux valeurs traditionnelles du Japon ? Dans un après-guerre tourmenté, alors que le Japon s'ouvre trop vite au capitalisme et à l'Occident, voici un portrait complexe et désabusé de jeunes gens égarés dans une société en perdition… Découvrez Mishima Boys, coup d'état, le manga politique et historique d'Eiji Otsuka, scénariste du très culte MPD Psycho ! Entre meurtres, attentats et terrorisme, voici une oeuvre qui questionne avec force sur les changements qu'imposait une époque.

Mishima boys était destiné à une parution seulement française car l'auteur voulait profiter d'une liberté éditoriale suffisante pour traiter ces troubles historico-sociaux comme il l'entendait. Il semblerait qu'il ai tout de même fait paraitre la série au japon, principalement à compte d'auteur. On peut voir dans ce drôle de parcours la concrétisation de la volonté d'un auteur à aller toujours plus au bout de ses sujets et à ne pas galvauder des évènements d'importances. Eiji Otsuka manifeste aussi le besoin de rappeler aux lecteurs par ce titre que le passé se doit d'être source d'inspiration et les appelle à se méfier de la tournure que semble prendre le Japon moderne.

La dédicace

Seira Nishikawa et Eiji Otsuka, respectivement dessinatrice et scénariste, seront tout deux présents le mercredi 16 mars de précisément 15h à 16h30 au magasin de la rue serpente. Ils dédicaceront le tout nouveau T1 de Mishima boys et pourront signer des exemplaires de Unlucky Young Men dans la foulée.

La dédicace se déroulera absolument comme d'habitude. Il vous sera demandé d'acheter l'ouvrage des auteurs en magasin le jour de l'évènement. L'obtention sur place de Mishima boys est absolument nécessaire à l'apposition de toute gribouille. Mishima Boys est un titre cartonné grand format vendu au prix neuf de 16.50€. Un système de tickets numérotés sera mis en place. Ils seront donnés pour l'achat d'un exemplaire à partir de 11h, le jour de la dédicace. La plage horaire étant courte, le nombre de dédicaces potentielles sera réduit. Soyez rapides !

 
CHIISAKOBÉ de Minetarô MOCHIZUKI
 
Copyright Le Lézard Noir

Copyright Le Lézard Noir

De Minetarô Mochizuki, on ne retient pas forcément le nom. À l'inverse d'auteurs à la carrière très ancrée en France comme ce bon Monsieur Urasawa ou ce célébrissime Monsieur Toriyama, ne marque de Minetarô Mochizuki que sa première œuvre parue par içi: Dragon Head. Le passé nous a toutefois appris qu'une fois cette série expérimentée, elle se maintient à jamais dans la mémoire de son lecteur. Minetarô Mochizuki est célèbre pour une série très puissante, il lui reste à confirmer qu'il peut l'être pour l’œuvre d'une vie.

C'est bien parti avec ce Chiisakobé, une reprise moderne d'un texte classique qui nous emmène doucement sur les pas d'un endeuillé qui doit s'ouvrir à son environnement professionnel autant que sentimental. Le trait est aussi maitrisé que l'ambiance, ce qui nous fait penser que les dédicaces qu'il nous fera le 2 Février à partir de 17h seront vraiment très jolies.

Dédicace, les conventions

Les modalités de la dédicace sont tout à fait habituelles. Enachetant un album de Chiisakobé à Aaapoum Bapoum (T1 ou 2) le jour de la dédicace vous recevrez un ticket numéroté qui vous donnera le droit à un dessin. Pas la peine d'amasser les tickets comme au loto, nous ne pourrons octroyer qu'une seule dédicace par personne. Vous vous imaginez bien que nous espérons du monde. Pour éviter une file d'attente compacte et péniblement lente, nous privilégions une foule fluctuante, gentillement massée près de l'auteur et régie par la numérotation des tickets.

Le tome 2 de la série sera disponible à la boutique en exclusivité pour cette dédicace.

Les volumes donnant droit à un ticket seront disponibles à la vente le mardi 2, jour de la dédicace, à partir de 12h (midi)Pas de copinage, pas de réservations à l'avance. À 17h et des poussières, comme les tickets numérotés auront été vendus, nous pourrons dialoguer tous ensemble un bon quart d'heure avec l'auteur dans la sérénité avant qu'il ne passe aux dédicaces proprement dites.

Pour le reste du monde, il sortira deux jours plus tard. Et sans petit dessin personnalisé. Nous connaissons la propension des auteurs américains aux dessins payants et celle des auteurs japonais aux simples signatures. Peut-être, pensions nous, faudra-t-il le convaincre au préalable pour obtenir une petite gribouille. L'éditeur nous rassure: l'auteur devrait nous faire "normalement un petit dessin mini...". Selon le rythme de l'auteur nous envisageons 25 albums dédicacés à coup sûr et peut-être des esquisses plus rapides pour les suivants.

Je profite de la conclusion de l'article pour terminer mes explications sur une note forte: cette dédicace sera la seule apparition parisienne de l'auteur. Il parait qu'on pourra aussi le croiser en région poitevine mais sinon, c'est votre seule chance de cette année.

 
DÉDICACE NIPPONE
 

Aaapoum Bapoum continue à s'affirmer dans son amour de l'étonnant made in japon mais s'écarte un peu des canons de l'éro-guro pour accoster d'autres côtes de l'inconnu: deux auteurs, Yoshiyasu Tamura et Midori Harada qui n'ont pas encore vraiment été abordé par le marché français (à l'exception d'apparitions dans le défunt magazine Akiba manga d'Ankama Editions) s'installeront dans la boutique mardi 12 mai à partir de 19h00.

Le premier, Yoshiyasu Tamura, fut notamment publié dans un magasine estampillé jump, le “Gekkan Shōnen Jump", peint de magnifiques portraits sylvestres et se déplace aux quatre coins du monde pour dispenser son point de vue. Il apprend même le français à ses heures perdues. D'ailleurs il enseignera dès la rentrée prochaine à l'école de manga d'Angoulême. Il semble que la liste de ses talents soit beaucoup trop longue pour une présentation rapide.

© Yoshiyasu Tamura, image piquée sur son site : http://tamurayoshiyasu.com

© Yoshiyasu Tamura, image piquée sur son site : http://tamurayoshiyasu.com

Il dédicacera un ouvrage de ses illustrations, inédit en France, des cartes postales de son cru et parlera à qui veut des arcanes du manga.

De la seconde, Midori Harada, les amateurs attentifs connaissent les illustrations de cartes pokémons. Jeune génération de fanboy prenant plaisir à jouer et ancienne génération nostalgique pourront enfin se croiser à la boutique sans se jauger. Pour les autres, elle publie de très jolies histoires d'ours, aussi tendres que choupi. Totalement muettes, ces aventures révèlent bien le caractère universel des belles histoires pour enfant.

Midori Harada. Image piquée sur le site www.pokemonespace.

Midori Harada. Image piquée sur le site www.pokemonespace.

Elle fut invitée à la japan expo 2010 et y fit entre autre de délicates aquarelles.Elle dédicacera sa série pour enfant "Fluffy Bear" mais pas du tout vos cartes collector, car ce n'est malheureusement pas un Pokévénement. Nous en sommes infiniment peiné mais c'est la dure loi des copyrights.

Aaapoum vous attend donc mardi soir pour une rencontre dédicace absolument exclusive entre shonen explosif, fan-boyisme furieux et douceur artistique. Inédit absolu. À noter qu'il vous est possible de faire dédicacer des shikishi, des feuilles volantes ou des carnets mais que les auteurs monétiseront leur dédicace en fonction de votre demande.

 
DÉDICACE WET MOON / KANEKO
 

Avec une régularité presque métronomique, Atsushi Kaneko revient vers les douces terres d'Aaapoum Bapoum.

Avant toute chose, prenez connaissance de qui est ce monsieur Kaneko grâce à cet excellent article de Vlad daté de fin 2013. Il pose terriblement précisément les forces et l'intérêt des titres du mangaka.

M. Kaneko dédicacera sa dernière série en date, Wet Moon, le mercredi 04 février 2015 de 17h à 20h. Comme à notre habitude, nous ouvrirons sûrement le bal avec quelques questions posées à la volée. L'auteur de Soil et de Bambia l'habitude des marathons aaapoumiens mais pour éviter de casser notre auteur fétiche, nous clôturerons assez rigoureusement les dessins à 20h.

Puisque la dédicace se déroule un mercredi après-midi, n'hésitez pas à amener vos pitchounes si besoin. Nous aurons quelques bons jus de fruits et nous pourrons tester l'effet de Détective Rollmops en direct.

Notre système ne sera pas surprenant pour un sou :• Vous achetez un Wet Moon en boutique, entre maintenant et la dédicace.• Vous obtenez ainsi un ticket de dédicace. Il y en a 20 en tout.• Vous repassez mercredi, nous tendez votre petit ticket et repartez, après sûrement un petit peu d'attente, avec un magnifique dessin original d'Atsushi Kaneko.

Vous pouvez tout à fait demander un dessin sur un autre support qu'un Wet Moon (exceptions faites d'un mur, d'un cactus ou d'un carnet de dédicace grand comme un album de Winsor McCay par exemple.)Il vous faudra quoi qu'il en soit acheter un Wet Moon pour recevoir un dessin.  Si vous avez déjà tous les Wet Moon, vous pouvez tout à fait vous rabattre sur les quelques tomes de Bambi qui nous restent. Ça vaut le coup d'œil et nous accepterons la conversion .À nos fidèles, qui ont acheté tous les Kaneko chez nous et qui de ce fait les ont déjà absolument tous, je présente mes excuses car bien que mes pouvoirs soient grands (allez, un petit élan pour l'ego, gratuit et irréaliste), je n'ai pas la possibilité de vous octroyer de passe-droit. Il vous faudra vous procurer un doublon, puis l'offrir peut être? 

 
LES FEMMES DU ZODIAQUE DE MIYAKO MAKI
 

Quelques éditeurs continuent courageusement de traduire pour le lectorat français les auteurs de mangas qui ont précédé la vague de l'export. Ainsi Le Lézard Noir nous a récemment soumis une œuvre (la première en français) de la mangaka Miyako Maki. Il s'agit des Femmes du Zodiaque (星座の女 Seiza no Onna). Ce recueil (le premier de deux) contient cinq histoires initialement publiées de 1973 à 1974 dans la revue Josei jishin. Orientées sur les thématiques du désir, de l'amour et du désamour, ces nouvelles entretiennent aussi un lien avec l'astrologie, perçue alors comme méthode divinatoire venue de l'Occident. Le lien aux astres est plus ou moins fort d'un récit à l'autre, parfois indissociable de la trame, parfois ténu, voire artificiel.

Certaines histoires sont assez amères, d'autres sont plus douces. Leur point commun est une forte vraisemblance dans la description des caractères et un graphisme élégant très caractéristique de l'époque dans sa digestion des motifs arts décos. Si certais traits fins et certaines trames ont été assez dégradés (les dessins originaux sont sans doute inaccessibles) nous féliciteront toutefois l'éditeur pour le choix de son imprimeur (imprimerie SEPEC, en France !) au vu de la qualié des noirs fournis, qui contrastent de manière réjouissante avec la blancheur du papier, des noirs vraiment très au-dessus de la grisaille radine qui nous est trop souvent donnée à déchiffrer !

Sans être un grand amateur de récits centrés sur l'amour, sa non-réciprocité, la culpabilité et tout ce genre de subtilités, je reconnais que j'ai passé un bon moment à cette lecture. Ces récits témoignent aussi d'une époque où le Japon s'efforce de paraître le plus occidental possible. Certaines histoires sont ainsi parfaitement dépourvues d'éléments graphiques pouvant les rattacher à la péninsule nippone. Les nostalgiques apprécieront l'évocation des parures et des coupes de cheveux des années yéyé.

Rapide descriptif du contenu :

Les algues sans racines : où le bruit du passage du train rythme des relations sexuelles pas toujours épanouissantes et où le retard des règles prend des résonnances inquiétantes.• Décrochage en rouge : une histoire assez noire digne du grand William Irish !• Le col de Kawaizaka : l'histoire la plus longue, qui donne son nom au recueil. Belle et triste.• La tour aux papillons de nuit : où rôde un don juan en veste à carreaux et au brushing impeccable.• Nuages d'automne : une touche de légèreté et un plein d'essence pour finir.

Les Femmes du Zodiaque, volume 1 : Le col de Kawaizaka de Miyako MAKI, Le Lézard Noir, 336 p. N&B broché. 22 €. Traduit par Miyako Slocombe. EAN : 9782353480630

 
L'ÉVEIL DE KAZUHIKO MIYAYA
 

Si tu cherches un cadeau éclairé pour un amateur de moto, qui change un peu du traditionnel Joe Bar Team®, lecteur fais un arrêt ici !

Kazuhiko MIYAYA semble être un mangaka important des années soixante-dix. Il a lui-même sélectionné les quatre histoires courtes qui forment cette anthologie (publiée en France en 2010).  Né trop tard pour frayer longuement avec la vague du Gekiga dont il vivra les derniers feux, et trop indépendant pour se plier au traitement excessivement normé du manga commercial contemporain, Miyaya, toujours vivant, a depuis les années 80 une production très modérée. Vu le soin apporté aux planches qui nous sont ici données à lire, on comprend qu'il souhaite économiser son investissement pour des récits qui lui semblent en valoir la peine.

Ce recueil contient :

Lamentations d'un nègre, initialement publié en 1972 : le chapitre de la vie d'un perdant tel qu'on peut en trouver plus tôt chez Tatsumi ou Tsuge.

Un personnage assez résigné dont les maigres espoirs sont à nouveau déçus.• Le dernier jour de David, initialement paru en 1975 : à mon sens le récit le plus réussi du recueil. Une intrigue complexe qui mêle baseball, politique et polar. La narration, caractéristique du style de l'auteur, est assez exigeante pour le lecteur, avec ses allers-retours dans le temps peu balisés, ses ellipses étonnantes. Au final une belle trame, tragique, qu'ancun personnage ne voit dans son entier.

Petit jeu entre amis, initialement paru en 1973 : comme son nom l'indique une histoire d'amitié. C'est également une histoire noire, qui fait intervenir des yakusas.• Super biker, initialement paru en 1982-1983 : le plus long récit du recueil. Il paraît qu'Otomo était très friand des histoires de Miyaya. En lisant celle-ci on peut bien voir ce qui les relie.

Les gangs de motards ici mis en scène ne dépareraient aucunement dans les premiers chapitres d'Akira et la méticulosité du trait et sa densité, appuyée sur un forte documentation, impressionne autant que celle du créateur de Néo-Tokyo.Au final, à travers ces quelques récits Kazuhiko Miyaya apparaît comme un auteur à cheval entre le manga d'auteur et la série B. Deux aspects qu'il semble aborder avec une même passion.Si je vous informe de tout cela, c'est bien parce que nous avons reçu une petite quantité de cette anthologie que nous vendons à un prix très attractif : 10 €, au lieu des 18 initiaux.

L'Éveil, anthologie inachevée de Kazuhiko MIYAYA, éditions Vertige Graphic (avec la participation d'Akata), 2010, n&b, 242 p. EAN : 9782849990704.

Préface de Nicolas Finet, traduction de Tetsuya Yano.NB : ne vous laissez pas dissuader par le "inachevée" du sous-titre qui pourrait doner à entendre que ce recueil pourrait contenir des histoires sans fins ! Cette anthologie est "inachevée" car l'auteur n'est pas mort et que son œuvre ne se limite pas à ce qu'on trouver en ses pages.

 
LES GARÇONS DU TRAIN
 

Parce que oui, ils sont plusieurs!

Densha Otoko, l'homme du train en japonais, est un conte urbain moderne dérivé d'une histoire vraie. Une histoire des années 2000 qui résume bien la romance contemporaine nippone en lui créant au passage un nouveau canon.

Le personnage principal est un otaku quelconque, correspondant si on en croit toutes les adaptations au fabuleux cliché habituel de la banalité. Pour combler ses mornes journées  de fanboy il zone sur 2 channel, un forum japonais crée en 1999 précurseur notable du célèbre et non moins peu recommandable 4chan. Incapable de se prendre en main et encore moins de côtoyer la gente féminine, ce garçon se mêlera toutefois impulsivement à une altercation verbale qui dégénère sous ses yeux. Dans un train bien entendu, ce qui déterminera son pseudo internet pour tout le reste de l'histoire et lui permettra de devenir à la fois iconique et fantasmé sous couvert d'anonymat. À l'aide des ses e-amis il tentera d'affronter ses blocages psychologiques en recontactant la jeune femme qu'il a précédemment sauvé. En la courtisant, il s'érigera lentement en être humain, sortant de sa dégradante condition d'otaku pour enfin, de ses propres mains, atteindre le statut d'Homme.

Une histoire comme on a l'impression de l'avoir entendue mille fois. C'est normal, c'est bien cette histoire ci que nous avons entendu mille fois. En 2005, le densha otoko était sur toutes les lèvres. Sites web dediés, drama, film, livre, manga, à tel point que certains préfaciers français perspicaces se demandent si l'histoire supposément vraie utilisée à la base ne pourrait être qu'un habile coup marketing, un buzz launcher précoce, une mystification à but commercial bien préparée. Il est vrai que personne ne connait l'identité des protagonistes de cette aventure, internet oblige.

Sans savoir ni avoir vécu tout ça, j'ai longtemps été intrigué par le fait que deux éditeurs français (Kurokawa et Taïfu) aient pu publier de trois façons différentes cette même histoire. Trois dérivés de la même histoire, trois séries complètes en trois tomes chacune dans un paysage éditorial ou la nouveauté et la différence fait tout. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que ces histoires avaient toutes été publiées la même année au japon! Vous à qui je viens tout juste de parler de la ferveur densha otoko, vous ne cillerez même pas. Mais si on excepte l'engouement japonais pour se replacer dans le prisme d'un lecteur français lambda qui pénètre un rayon bien fourni de librairie, ça fait bizarre.

La première mouture éditée en France est de Hidenori Hara, l'excellent auteur de Gokudo girl et de Regatta.La seconde de Wataru Watanabe, "d'après l'oeuvre originale de Hitori Nakano" et la troisième de Daisuke Dôke sur un scénario du même Hitori Nakano. Étonnant. Et encore bien plus quand on sait qu'il a aussi scénarisé un one shot inédit en France, sur le même sujet, la même année. Ça ne fait pas un peu beaucoup?

Mais non, car ce Hitori Nakano n'existe pas. C'est un pseudonyme, forgé à partir du terme Naka no Hitori , en gros "l'un d'entre eux", englobant tous les utilisateurs de forums tels que 2chan. Il est logiquement utilisé pour personnaliser le garçon du train, dont l'identité est toujours secrète.

Les trois séries sont en arrêt de commercialisation. La hype n'aura pas duré longtemps par içi. La flamme vacillante de l'amour d'un otaku dans un train n'est elle vouée qu'à s’éteindre? Relançons la machine: à l'occasion de l'arrivée des trois séries complètes en rayon rue serpente, j'ai pu me faire une petite idée sur le contenu des différentes éditions. Peut-être cela vous aidera-t-il à opter pour une version plutôt qu'une autre.

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Densha Otoko, l'homme du train

Hidenori Hara, kurokawa;3 tomes série complète, 20€

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Cette version est la plus adulte de toutes. Je l'ai même vu classée en seinen quelque part. Elle choisi d’ailleurs de garder comme titre densha otoko alors que Taïfu préfèrera traduire en français, travestissant au passage l'homme en garçon. Ça veut tout dire.

L'histoire glisse subtilement du récit d'un gros lourd qui se fait des films à un entrechat de sentiments propulsé avec finesse. Le point fort de ce titre réside dans cette finesse et une justesse qui s’avérera nostalgique ou tendrement rêveuse selon votre propre expérience de la chose.  D'ailleurs dessin et scénario s'en partageant le mérite à parts égales.

Un internaute au sein du manga fait durant l'une des péripéties sentimentales du héros une réflexion extrêmement pertinente: il se remémore ces magnifiques moments de tension amoureuse liés à la découverte de l'autre, à son approche et son apprivoisement. Toutes ces prémices, il les chérie et nous aussi.  Voila tout le sel, tout le piquant ainsi que toute la douceur et l'habileté de ce Densha otoko. Faire  vivre par procuration ou revivre ce frisson de l'idylle naissante. Le faire ressentir.

Même si Kurokawa ne tient pas toutes ses promesses en matière de post-face (elle en annonce une qui ne viendra jamais), celles-ci surprennent par leur pertinence et une analyse très probe. De même l'effort d'explication du vocable internet est fort louable, bien qu'incomplet. AFAIK, les noobs ne se feront donc pas mentalement kick/ban d'office du récit mais ça pourrait coincer sur certains détails.

Au final on pourrait très bien considérer que cette histoire, dans ce traitement précis, n'a pas besoin du schéma narratif que lui impose le background de la réalité. L'auteur arrive à faire voler ce je-ne-sais-quoi romantique totalement indispensable à tout flirt. Même l'humour est surjoué légèrement en dehors des canons du genre. C'est d'ailleurs la série au travail narratif et de découpage le plus marquant.

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Le garçon du train, moi aussi je pars à l'aventure

Wataru WatanabeTaïfu, 3 tomes, 20€

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Pourquoi toi aussi? Qui est parti à l'aventure avant toi? On peut le savoir? Non? Bon. Très bien.

Ha! Mais peut être que ce titre sous-entend que le protagoniste de l'histoire n'est pas le garçon du train originel mais un autre jeune homme, qui vit dans un univers ou cette histoire de densha otoko existe (celle dont je parle plus bas, par exemple) et qui répète le même schéma existentiel! Je n'ai absolument pas la patience de revenir à nouveau sur cette série en scrutant des indices de cette théorie alors je vais éviter de l'approfondir.

J'ai souligné précédemment la finesse de l'histoire décrite par Hidenori Hara. Comme prévu, cette version de Watanabe apparait bien plus pataude en comparaison. Il force le trait. Dans tous les sens du terme. Les réactions sont globalement plus adolescentes mais c'est normal, on sent que le public ciblé n'en n'est qu'aux balbutiements de son romantisme personnel et qu'il faut tout enrober de codes rassurants. Puisque de nombreuses réactions sont caricaturées pour correspondre aux clichés habituels, on lit bien mieux les angoisses de l'otaku. La romance est aussi factice que peut l'induire un titre aussi humoristique toutefois ce rapprochement vers la puberté donne notamment l'occasion  à l'auteur de développer légèrement plus longtemps le caractère de son personnage principal.

De même, l'utilisation de 2chan, qui n'est pas vraiment claire dans les deux autres récits, est bien introduite. Watanabe étend graphiquement l'univers du forum, en rendant biologiques des réactions informatiques. Il utilise des smileys qui ont pris vie dans un univers médian vide de toute autre forme, à mi-chemin entre la chambrée du densha otoko et les terminaux informatiques de ses collaborateurs internet. C'est une bonne idée pour créer de la proximité entre ses personnages mais à l'inverse, être témoin d'une vie virtuelle d'émoticone nous coupe de l'attachement que nous aurions dû développer pour le casting de second couteaux.

Petit bémol tristounet: les tasses Hermès offertes au garçon du train, précieuses et chères, point de départ d'ébahissement et d'intrigues, qui créent quasiment toute l'histoire, sont içi moches et banales. Ça ne change rien du tout mais c'est un peu dommage de ne pas avoir fait d'effort sur leur représentation.

De la même façon, Densha otoko (le garçon du train, je le précise à nouveau) et Hermès sont les pseudonymes donnés à deux inconnus dont les internautes ont suivit l'histoire derrière leur écran. Il était nécessaire de différencier ces deux anonymes dans ce fleuve de message ininterrompu qu'est un tel forum. Mais nous, les lecteurs, nous suivons pas à pas la progression des deux protagonistes, à leurs cotés. Dans notre usage quotidien du net, ces pseudos apparaissent légitimes mais dans un manga, il faut le justifier. Ne serait-ce que par une ligne de dialogue. Une pensée. Une simple annonce. Une action visuellement reconnaissable. Il faut qu'entre cet homme dont nous partageons la vie et l'iconique densha otoko, la transition soit explicitée, actée. Elle ne l'est pas. C'est un point de détail qui ne nuit véritablement à rien mais c'était pourtant si simple et crucial... tant pis.

À l'inverse, l'auteur a la bonne idée de faire récapituler l'histoire par un de ses personnages en cours de route. Celui ci essaye en effet de résumer à un ami les pérégrinations des deux tourtereaux. C'est plutôt malin, surtout si on tient compte de la densité des rebondissements qu'ils vont vivre.  Enfin, il offre quelques interprétations assez osées, nous renvoyant à la liberté de création que lui offre malgré tout un récit lourdement balisé. C'est couillu, avais-je écrit dans mon brouillon et une part importante de l’intérêt de ce titre. Watanabe replace les seconds rôles au sein d'une histoire en canon, et n'en fait pas la simple 5e roue du carrosse. La double fin informatique et sentimentale fait d'ailleurs spécialement sens.

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Le garçon du train, sois fort garçon!

Daisuke Dôke;Taïfu, 3T, 20€

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Cette dernière version est assez rafraichissante. Et après la lecture des deux titres précédents à la suite, c'est soulageant. Là ou la première était très sensuelle et la seconde très exagérée, celle ci apporte de nouveaux éclairages bienvenus sur l'histoire, notamment en développant le point de vue du personnage principal féminin jusqu'à présent totalement occulté.On y ressent de ce fait bien plus les extrapolations, surtout quand les protagonistes de 2chan déballent leurs vies. Tandis que Watanabe rajoutait carrément des péripéties entières, faisant se mouvoir toute la communauté d'internautes différemment, Dôke se concentre lui sur les backstories.

L'auteur a commis l'infamie de réutiliser des dialogues et scènes absolument identiques à l'autre version parue chez Taïfu (ou peut être est-ce imputable au traducteur) toutefois si vous ne lisez que celle-ci, cela ne devrait pas vraiment vous choquer. Il se mélange aussi un peu les pinceaux sur certaines chronologies de faits établis logiquement immuables. Ces décalages temporels se révèlent finalement assez mineurs, rehaussant plutôt une toute autre vision des évènements.

Un très bon point qu'il est impossible de relever à la lecture des deux autres séries: le garçon du train est réellement moche. Comme dans la version drama. Et bien que durant les premières pages, ça choque carrément notre sens esthétique et notre incessante recherche -socialement induite- du beau, l'auteur est finalement le seul à arriver à exprimer un des messages fondamentaux de cette histoire. L'otaku qui voit sont rêve amoureux lentement se réaliser, se transcende grâce à ses efforts et à sa rigueur mentale. Il n'est pas un "beau qui s'ignore" cher aux adolescents qui fantasment sur leurs transformations physiques à venir ou aux paresseux de la mode. Il n'est pas un délabré par simple manque d'attention corporelle, un homme à qui il suffit d'une nouvelle veste et d'un peu d'assurance pour devenir Georges Clooney.

Il casse efficacement, comme le voulait à l'origine toute cette histoire, le mythe du vilain petit canard qui se transforme en cygne par action divine. Grâce à ses efforts, grâce à cette certaine forme de courage qu'il montre pour surmonter sa timidité, il devient quelqu'un qui n'est plus repoussant a priori et qui séduit, non pas par son aura physique soudainement flamboyante mais par son humanité et toutes les qualités dont il ne pouvait faire montre précédemment. C'est quand même plus honnête et plausible.

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TL;DR?

Le garçon du train est une histoire emblématique du début du siècle qui tombe déjà en désuétude.  Elle porte en elle les bourgeons d'un grand classique romantique que de nombreux auteurs ont fait pousser de manières différentes, obtenant des buissons de fleurs sentimentales distinctes. Chaque fragrance se vaut, il faut juste que vous sachiez ce que vous avez envie de sentir. Plus mature pour le premier, plus bourru pour le second et plus transversal pour le troisième. Et peut être bien que le coté OGM des transplants du tendre matériau qui est à la base de densha Otoko a contribué à épuiser l'intérêt du public à un rythme bien plus rapide que la normale. Lesdits buissons ont beau ne plus être ardents, votre lecture devrait continuer à l'être encore un peu dans nos rayons grâce aux packs de ces séries introuvables.

Pour vous féliciter d'avoir lu jusqu'au bout, voici un petit cadeau: Lors de votre achat d'un pack de densha otoko (n'importe quelle version) chez nous, nous vous ferons 5 € de réduction sur nos packs séries complètes de  G. Gokudo girl ou de Regatta. Allez, c'est le moment de découvrir le travail d'Hidenori Hara.

Et si un jour vous avez besoin d' "aide pour concrétiser vos histoires, vos coups de foudre ou plus généralement", rappelez vous que l'esprit densha otokoa fait bien des émules.