Publications dans Octobre 2007
From Beyond : La tribune de l'étrange (1)
 

Nouvelle rubrique

Depuis quelques temps nous avons un nouvel habitué. Il aime bien venir rue Serpente. Il aime bien la boutique. Il aime bien nous parler aussi. La logique interne qui soutend son discours déroutant est tortueuse. Ainsi la vision de l’album de Mo/Cdm et Gaël, Les Blattes, racontant les tribulations d’un groupe de loosers hardeux, lui a inspiré les propos ci-dessous, qui nous ont paru idoines pour ouvrir cette nouvelle rubrique.

« La libellule, c’est une mante religieuse qui vole, un peu comme une langouste, mais dans l’air, c’est bien pour nourrir les iguanes, si tu en as un. J’ai déjà touché un iguane, c’est plus caoutchouteux qu’une blatte, mais ça va moins vite, surtout les blattes géantes, elles peuvent aller à quatre-vingt ou cent kilomètres heure. Les blattes, elles viennent d’Amérique du sud, mais elles ont profité du mouvement tectonique pour passer en Afrique. 

C’est vicieux une blatte, comme le rat, elle observe les humains, ce qu’ils affectionnent, pour ensuite se mettre dessus, la blatte, elle est plus vicieuse que l’araignée, elle se met sur tout ce que tu affectionnes, mais la blatte géante, tu peux l'apprivoiser, par contre elle est jalouse... Si t'affectionnes la télé, elle va se mettre dessus, le truc c'est de rien aimer, alors elle est perdue...

Pareil pour les consoles de jeux, sauf la nintendo, ça elle supporte pas. Mais si tu l'apprivoises et que tu invites une fille à dîner, elle viendra se foutre au milieu, elle est jalouse, plus que l'araignée, l'araignée elle dépend des intempéries, la blatte de ce que tu affectionnes. Les intempéries, on n’a pas trop de pouvoir dessus, s'il pleut, puis après y’a du soleil, paf, t’as une araignée, un, deux, des fois trois centimètres, mais une araignée, c’est pas vicieux, elle s’en fout de ce que tu affectionnes, la blatte elle le repère de suite.

Moi j’avais une blatte, elle se mettait sur tout ce que j’aimais, alors j’ai acheté une musique bien énervante, qui me faisait haïr, et là j’ai pu la dresser, après elle était apprivoisée, mais jalouse, c’est jaloux une blatte, si tu la sens, ça sent le bidonville, pas l’araignée, l’araignée, ça sent rien, je sais, j’en ai senti… »

Propos notés discrètement par notre envoyé spécial qui a préféré garder l'anonymat.

Illustration extraite de l'édition française du livre Merveilles de la nature : les insectes de Alfred Edmund Brehm, présenté sur ce site.

 
Au plus proche du prolétariat
 

Contre vents et marées

BD 2€

Mise en ligne par aaapoum

L'immeuble du ciné à côté (MK2 Hautefeuille) est en réfection... Les échafaudages sont montés, le chantier va durer des plombes... On est vernis ! Comme l'entrepreneur a du trouver que c'était pas suffisant, il a fait installer la cabine de chiottes des ouvriers... juste devant notre entrée.

Nous avons pensé malin de tirer profit de cette situation en apposant sur la cabane un panneau "BD 2€" avec une flèche indiquant notre échoppe... Histoire d'être mieux vus depuis le Boulmich.

Conséquence inattendue : des touristes hagards tournent autour des chiottes avec une pièce de 2€ en cherchant la fente...

Vous n'avez pas fini de rigoler chez Aaapoum bapoum !

 
Les jaunes se ressemblent tous…
 

Et leurs bandes dessinées aussi.

Par Stéphane

Aujourd’hui, je peste. Et méchamment.En surfant ce matin, je tombe sur la critique de Femmes de réconfort. Je suis un poil agacé comme à chaque fois queje vois un ouvrage coréen classé dans le rayon de la bande dessinée japonaise.Mais bon, le livre m’avait intéressé et par curiosité, je me décide à lire ce qu’enpense mon confrère. Je ne dépasserai pas le sixième mot. Je suis arrêté, outrépar la définition donnée à Manwha… (manga coréen).

Je suis non seulement outré parcette définition typique du mépris –inconscient- de l’occidental moyen noyédans son héritage colonial, mais plus encore parce que cette chronique estsignée de Didier Pasamonik, un homme relativement, et même logiquement vu son terrain de prédilection, sensible aux problèmes d’identitéculturelle. Comment un homme qui dédie la plupart de son temps critique à lareconnaissance de la culture juive dans le neuvième art, quelqu’un qui nouspondrait un papier sanglant sur son site si un crétin venait à classer FaridBoudjellal parmi les auteurs juifs, peut à son tour manquer d'autant d’intérêt, oumême de considération, pour d’autres cultures ?

Le « manga coréen », concrètement,ça n’existe pas, bien que l’on puisse deviner trois approches possibles pour comprendrela logique qui sous-tend cette -tentative de- définition.

1) la dialectique : Ca pourraitdire, si l’on se réfère aux définitions officielles, une bande dessinéejaponaise écrite en Corée. Ce qui est bien évidemment faux, et même vulgairedans ce cas précis, puisque Femmes de Réconfortest le témoignage de Coréennes prostituées par les japonais durant la guerre. Plusmauvais timing pour un tel amalgame ne saurait être choisi.

2) la colonialiste : engros, les jaunes… vous connaissez le reste

3) La complaisante : leslecteurs de bande dessinée, ils sont sympathiques bien qu'un peu cons. Il faut les aider un peu car rien n'est moins sûr qu’ils sachent où placer la Corée sur un planisphère.

Alors, Didier, pourquoi mangaCoréen… ? Un certain mal à se défaire du charme discret des vieux BuckDanny ou tout simplement la conscience d’un affaissement du niveau intellectueldu bédéphage moyenne classe ?

Et pourquoi pas bande dessinée coréenne ? Personnellement je ne dis jamais que je vais voir un movies Hollywoodien, ni même un le dernier 映画 de Kurosawa.Il ne me viendrait jamais à l’esprit de dire que je vais lire un Shishosetsu de Tanizaki de même que je n’évoquepas l’œuvre d’Hemingway en terme de novel.L’’import systématique des vocables étrangers est une bêtise propre et uniquementpropre à la bande dessinée, qu’on se le dise, et qu'on arrête

 
Spam dans ton genou
 

La vie est aussi une succession de petites contrariétés

C'est agaçant. Cela fait deux de nos lettres d'informations ("aaaniouzes" pour les intimes) qui ne parviennent pas à nos abonnés ayant une adresse Hotmail. Nous sommes désolés pour vous, chers aaapoumiens, vous n'avez ainsi pu profiter de nos promotions et informations pendant un bon mois. C'est sordide, mais c'est la faute à je ne sais qui (sans doute n'est-ce d'ailleurs qu'une machine !) chez Hotmail qui a décrété que nos belles lettres étaient assimilables à du Spam ! Dingue ! Alors que personne n'a été forcé, et que tout le monde s'est inscrit dans la joie !

Bref on tente de résoudre le problème. Que les hotmailleux acceptent nos excuses pour une situation qui n'est pas encore de notre ressort technologique. En attendant ils peuvent toujours nous donner une autre adresse.

Au fait, que ceux qui ne sont pas encore inscrits à notre balbutiant mais déjà sympathique organe d'informations commerciales et distrayantes n'hésitent pas à franchir le pas, c'est sans danger et nous ne vendons aucune des adresses de nos clients à un quelconque concurrent ou service secret. La procédure  à suivre - simplissime - est inscrite dans la petite fenêtre en haut à droite...

 
Nouvelles cartes de visite.
 

Celles de American Psycho, à coté, c’était de la gnognote.

Elles sont arrivées, les nouvelles cartes de visite de la multinationale AAAPOUM BAPOUM corporate©. Et attention, elles ont bénéficié des compétences des meilleurs, que cela soit dans le domaine de la conception graphique que celui de la fabrication. Au design, nous avons recruté un ancien communiste révolutionnaire encore imprégné par l’imaginaire désuet de cette douce utopie du siècle dernier. Il faut reconnaître qu’il a parfaitement su adapter ses anciens penchants au modernisme éclairant et si particulier de l’ultracapitalisme de la vente de livre d’occasion.

A la fabrication, deux fines pointures. L’un est imprimeur de qualité, chose de plus en plus rare. L’autre est un savant foldingo obsédé par le verni, l’encre et la fibre végétale réduite en pâte. A eux deux, il ont réussi à concevoir une nouvelle matière amplifiant l'effet de contraste et faisant chuter le niveau le noir à son plus bas et meilleur niveau. Pour ce faire, il ont allié deux substances auparavant incompatibles et nul n’en doute, le secret de fabrication doit être gardé. Néanmoins, nous serons fiers de vous faire profiter des bienfaits de la modernité dans le domaine de beau papier, chose dont nous sommes, vous en conviendrez, en partie devenus des experts,  en vous offrant un exemplaire de ce petit bristol enluminé  de nos armoiries.

PS: Avec cette carte, c'en est fini des plans dessinés à lamain sur morceaux de papier déchiquetés. Ne manque plus qu'un buzzer auniveau de la porte qui ânonnerait "si vous avez besoin d'aide, n'hésitezpas" à chaque entrée, et nous pourrions enfin jouir des premières librairies sanspersonnel et totalement automatisées. L’accueil dans nos échoppes pourrait enfin atteindre cette qualité et cette chaleur qui font la réputation desbornes de vente des cinémas UGC.

 
We are such stuff as dreams are made of...
 

Par  Stéphane

Je ne sais pas pour vous, mais j’aimebeaucoup les citations. J’en ai une petite collection de préférées, souvent d’auteursde littérature, souvent d’images poétiques. Parmi celles que j’affectionne leplus, il en est une de Shakespeare, tirée de La tempête :

Je tiens énormément à ce morceau de texte pour deux bonnes raisons :

1) Je le trouve très beau,

2) Je me dis souvent que c’est en grande partie grâce à lui que j’ai décroché le Bac. En effet, je l'ai utilisé dans ma dissertation de philosophie, mon plus gros coéf. (5) et de loin ma meilleure note à l’exception de celle en sport.

J’ai fini avec 10,3 de moyenne, c’est dire l’importance de ce devoir. Pour les curieux le sujet était autour de la notion d’illusion, j’ai eu 12,  je l’ai cité en conclusion et en anglais, ça faisait classe. Depuis, je l’utilise parfois dans mes articles, et à chaque fois que je l’entends, je suis ému.

Franck Le Gall semble partager avec moi une immense passion pour Shakespeare, et beaucoup de tendresse pour ces mots précis. C’est sûrement pour cela qu’il les cite lors de la conclusion, belle et dramatique, du premier cycle de Théodore Poussin (une des trois plus belles œuvres de bande dessinée sur le voyage, l’initiation avec l’Homme de Java et Julien Boisvert). Une série comme il en excite peu, vraiment, avec de l’aventure, des pirates, de la poésie, de la tendresse, et plein de références amoureuses à Kipling, Baudelaire et Shakespeare.

Je la compte parmi mes œuvres fétiches. Or, depuis trois semaines, nous en avons une série complète au magasin : 12 volumes pour 60 euros,soit 5 euros la pièce. Elle n’est toujours pas partie, presque un camouflet pour le libraire que je suis. Nous verrons donc si la magie d’Internet et mon petit laïus nostalgique sauront y changer quelque chose. Car ça me déprime un peu de la voir sur l'étagère sans jamais susciter l'intérêt des clients.