Publications dans Vie de la boutique
Farandole de mangas et manhwas à 2€ !
 

Presque indécent

Conséquence de la flambée du pétrole ? De la surproduction bédéïque ? De la hausse des loyers ? Les causes sont floues mais les faits sont là : 25 séries d'origine extrême-orientale ont débarqué chez nous  au tarif extrêmement avantageux de 2€ le tome.

Ainsi les plus rétifs et les moins fortunés pourront, par exemple, enfin découvrir la fameuse série Umizaru l'ange des mers, gros succès nippon (complète en 12 tomes) pour la somme risible de 24€. Et oui 12 fois 2€ pour plus de 2500 planches d'aventures alliant sauvetages en mer et lutte contre la piraterie.

La liste détaillée des séries de cette promotion sera envoyée aux abonnés de l'aaaniouze (dite "newsletter d'aaapoum bapoum" par les amis de Shakespeare et de Garth Ennis) d'ici la fin de la semaine.

 
Planning dédicace
 

Parfois il ne se passe rien, et puis il y a les autres fois.

Deux dédicaces sur deux semaines, messieurs dames,  rien de moins. Nous accueillons tout d’abord Kent, pour L’Homme de Mars, Samedi 17 mai à partir de 19h. Pour ceux, échaudés par l’annulation de dernière minute de la fois précédente, rassurez-vous. Cette fois-ci, Kent ne vient pas en train, mais à pied et en métro, puisqu’il aura dormi la veille non loin de la librairie.

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Ensuite, Vendredi 23 mai, à partir de 19 heures, nous accueillerons les éditions Cornélius pour le lancement du premier livre d’Eric Veillé, Le Sens de la vie et ses frères.

Si je vais attendre quelques jours avant de vous en parler, sachez d’ors et déjà qu’en bon petit Freud du pauvre que je suis, j’ai décelé dans son dessin, composé de minuscules et abondants petits traits, le comportement du monomaniaque minutieux.

À chaque page, Eric Veillé fait une proposition surréaliste ou symbolique et la laisse évoluer (dégénérer ?) en roue libre jusqu’à la conclusion. Un exemple que j'aime beaucoup : S'il met des sels dans son bain à la première case, c'est que, six cases plus loin, il rate un entretien d'embauche à cause des perles de jojoba qui sont coincées dans son cul. Evidemment, les strips ne montrent pas tous ce niveau de raffinement (c'est même plutôt le contraire mais mon goût personnel m'aura fait choisir un extrait peut-être pas assez représentatif).

Certains sont poétiques, d'autres inquiétants. En résumé, ça m'a fait l’effet d’un show comique de Jerry Seinfeld et Larry David qui serait parasité par l’univers de Roland Topor et Pierre La Police. C’est drôle, angoissant, et sacrémentfort en dessin.

 
De la route de l'Ouest aux paquebots vers l'Orient
 

Encore un peu d'archéologie

Hier, nous avons achevé de changer le contenu de la vitrine rue Serpente. Le côté Crumb a juste été agrémenté d'un Mister Natural des éditions du Fromage, 1978, du meilleur effet au milieu des Cornélius.Pour le reste : une partie "Kent" (et oui car il revient le 17 mai à 19h et cette fois-ci il ne viendra pas en train), une partie que je peux sans être contesté qualifier de "gothique" et pour finir un segment "western".

Avant de l'intégrer dans la vitrine, j'ouvre distraitement un La route de L'Ouest, éditions Mon Journal. Quatre petites photos en tombent.

Trois des photos ont le dos orné d'une écriture penchée. Deux sont signées "Georges " et adressées à "Betty Chérie". L'une des deux est datée "Sept 1950".

La troisième est sobrement légendée "L'arrivée de l'ATHOS II dans le port de Saïgon le 19 mai 1951". C'est la seule qui ne montre pas le jeune homme qu'on voit sur les trois autres. Vraisemblablement Georges sous l'uniforme pendant la guerre d'Indochine, écrivant à sa fiancée et lui envoyant de petites photos prises par les copains. Georges attendant du courrier de la métropole sur le port de Saïgon. Georges regardant avec espoir l'arrivée de l'Athos II, navire de la flotte des Messageries Maritimes (comme nous l'apprend le site de Philippe Ramona), porteur de nouvelles fraîches, de renforts, de ravitaillement...

Divertissant métier que le nôtre. Ainsi, de petites gouttes d'histoire de France nous tombent dessus sans prévenir. C'est parfois drôle, parfois triste, parfois émouvant... Et on dirait que ce n'est jamais par hasard.

 
Dernière minute : L'homme de Mars est retardé
 

Voilà ce que c'est de supprimer des emplois de techniciens à la SNCF

Bon c'était la petite surprise de la soirée, Kent devait être à 18h rue Serpente pour dédicacer son livre, bavarder, sortir sa guitare... Mais il est actuellement bloqué dans un train du côté de Saint-Pierre-Des-Corps (ainsi soit-il !).

Cependant, la messe n'est pas dite et il nous affirme au téléphone qu'il s'efforcera de passer tout de même ! La SNCF lui ayant annoncé un délai de 2 heures pour changer une locomotive...

On peut raisonnablement penser qu'il sera là vers 22h...

Alors les plus courageux peuvent venir, on ne fermera sans doute pas à 23h comme à l'accoutumé ! Ceux qui veulent à tout prix une dédicace mais qui ne peuvent attendre aussi longtemps n'ont qu'à venir acheter leur livre et nous le laisser avec leur nom, cela fera des devoirs de vacances à l'artiste...

 
Exposition Kent à AAAPOUM BAPOUM
 
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L'Homme de Mars s'expose rue Serpente du 22 avril au 22 mai"Ce qu'on a essayé avec Dionnet, c'est de sortir conjointement mon album BD, Sales Amours, avec mon premier album solo, Amours Propres. Faire un bel objet. Mais CBS n'a pas voulu, libraires ou disquaires, ils ne savaient pas où le vendre".Kent, in Métal Hurlant, La machine à rêver de Gilles Poussin et Christian Marmonnier, Denoël, Paris, 2005.

Il aura donc fallu 25 ans à Kent, artiste polyvalent, pour mener à bien son projet de concept album alliant physiquement musique et art séquentiel. Le résultat est donc paru chez Actes Sud BD il y a un mois. 29€ pour un beau bouquin bien imprimé, avec des noirs bien denses qui sentent bon, une jaquette qui se déplie en poster et un CD qui s'intègre dans la couverture. A chaque chanson correspond un chapitre du livre, et vice-versa. On peut parfaitement lire le livre sans écouter le disque et écouter les chansons sans parcourir les planches. Pourtant, cumulés, les deux albums (la polysémie du mot déploie ici toute sa saveur) se fécondent mutuellement : des portes se ferment, d'autres apparaissent. Si les chansons sont d'inspiration plus terrestre, malgré une orchestration cuivrée plutôt cosmique, l'onirisme triomphe dans la BD.

Le séjour d'un martien sur Terre est ainsi l'occasion pour l'auteur de nous livrer de belles pépites de poésie pure. Le découpage y est fluide et impeccable, surprenant et efficace.

Nous mettons cet album à l'honneur dans nos échoppes. Outre le fait que vous pourrez très bientôt nous l'acheter (mais où est le camion ?),  vous aurez la possibilité de venir regarder une trentaine de ses planches originales exposées dans la librairie de la rue Serpente (14 rue Serpente, 75006 Paris, pour ceux qui ne nous connaissent pas encore). La plupart sont en noir et blanc, mais il y a aussi les superbes pleines pages en couleurs directes qui introduisent les différents chapitres. Il faut préciser qu'elles ne sont pas à vendre.

Cette exposition, que nous sommes en train d'accrocher, devrait être visible confortablement à partir du mardi 22 avril et ce pour un bon mois.

 
La bibliothèque : meuble ou monument ?
 

Tempête sur les étagères

Dans la colonne de gauche de ce blog il y a un intitulé dans les "catégories" qui me dérange de plus en plus. "La bibliothèque idéale". Le principe est séduisant. Choisir les meilleurs  livres comme on choisit les meilleurs matériaux pour se bâtir soi-même une maison. Réfléchir posément, soupeser, établir des critères et finalement élire. La formule est fréquemment agitée par la presse culturelle à l'aide de numéros spéciaux "les 100 meilleurs titres", dont le public semble friand (moi le premier). Or figer une liste d'œuvre pour dresser "La bibliothèque idéale" m'apparaît de plus en plus comme idiot. Ce n'est pas la subjectivité du choix qui me dérange, je ne vais pas, moi qui suis si souvent de parti-pris, faire le procès de "ceux qui osent prétendre détenir le savoir" et autres piètres sentences causées par un avis divergent qui avance masqué. Non, ce qui m'embête c'est l'aspect définitif, gravé dans le marbre. LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE... ça en impose. Sémantiquement, ça tape dur... Savoir, philosophie, modèle, lignes orthogonales, respect et plumeau à poussière. Je m'imagine bien, dans ma "bibliothèque idéale", marchant d'un pas empreint d'une lenteur sage, la pipe au bec, admirant d'un air satisfait les belles tranches de mes livres si idéaux, choisis avec tant de soin, selon des critères si délicats. Je la montre à mes amis, regardez comme ma bibliothèque est idéale. Vous avez vu comme mes choix sont sûrs, comme mes goûts sont de bon goût ?

Pourtant

- les goûts évoluent. Ce qui hier nous apparaissait comme  indispensable se révèle à la relecture sous une aspect moins exaltant. A certains moments de notre existence des œuvres semblent rencontrer nos propres préoccupations et  à d'autres elles n'ont plus que l'aspect rêche d'une boite vidée de ses œufs...

- il arrive que l'on fasse des découvertes. On se rend compte alors que telle qualité d'un livre prend sa source dans un livre antérieur que notre ignorance nous avait caché. L'idéal se dissout alors comme le cachet effervescent plongé en milieu liquide.

- parfois c'est le contraire, un ouvrage qui nous avait paru assommant profite d'une seconde lecture pour laisser entrevoir la subtilité de ses charmes. Ce cas de figure est moins fréquent, car on a rarement l'envie de relire ce qui nous a été pénible. Cela arrive pourtant, notamment quand l'influence d'une tierce personne se fait insistante.

Des exemples !

Il y a dix-douze ans je ne jurai que par Baudouin. Son Eloge de la poussière avait la valeur d'un manifeste. Je me prélassais à l'ombre de Passe le temps... Récemment, j'ai relu plusieurs de ces beaux albums minéraux. Ils étaient non pas vides, mais leur densité s'était faite pesante. Ils me faisaient moins d'effet, comme les disques qu'on a trop écoutés.

Les trois premiers Prométhéa m'avaient soufflé. Alan Moore m'impressionnait toujours. Quel ambitieux projet ! Quelle maîtrise ! Quels beaux rouages. A la sortie du quatrième j'ai tout relu. Quel ennui ! Quel étalage de connaissances recopiées ! Que de confiture sur un petit bout de pain... Et surtout quelle froideur, quel manque d'émotions...

Continuons sur Moore... pour aller à contresens de la pignolade généralisée. V pour Vendetta. Lu une première fois il y a plus de quinze ans, je retardais le moment de m'y replonger. L'annonce de la sortie d'un film me décida. Dans un premier temps je n'osais pas regarder ma déception dans les yeux... Ce n'était plus le même livre. De subtil il était devenu primitif.

A l'inverse, le Cycle de Cyann m'était tombé des mains au bout de quelques pages... L'année passée, je m'y remets : quel plaisir !

Bref, la bibliothèque idéale c'est une bibliothèque confite dans ses convictions inébranlables, figée dans le vernis. C'est une bibliothèque morte destinée à la décoration. C'est une stèle funéraire. La culture transformée en bibelot.

Jouons

Néanmoins une initiative récente des animateurs du site BD Gest m'a agréablement amusée... Chaque visiteur s'est vu offrir la possibilité de choisir ses 100 séries favorites et ses 100 albums favoris, tous étant regroupés sous la bannière "Indispensables". Ce mot peut toujours être discuté, mais le fait est que d'un simple clic sur un logo en forme de cœur un album sort de l'ombre. Un nouveau clic il y replonge. Un jeu amusant auquel je vous convie ! Outre le fait qu'il incarne bien l'inconstance de nos goûts il permet de passer en revue sa bibliothèque et de se livrer à de grandes considérations. Je n'ai pas fini, mais c'est excitant, comme de sortir tous ses jouets avant de ranger sa chambre.

La bibliothèque photographiée est celle de Nicolas Fouquet, au château de Vaux le Vicomte. Le dessin est de Crumb. C'est un détail de la couverture de Cornélius ou l'art de la mouscaille et du pinaillage, éditions Cornélius, Paris, 2007.

Edit mai 2012 : préparant la migration de ce blog vers notre nouveau site, j'en profite pour supprimer définitevement cette catégorie que je réprouve. Adieu la "Bibliothèque idéale".

 
LL contre JJ
 

Une découverte archéologique relance certaines théories

"Euh...  C'était pas la librairie du Cinéma ici ?" est une phrase que nous entendons plusieurs fois par jour rue Serpente depuis plus de 400 jours.

Parfois même, un personnage lunaire traverse tout le magasin pour venir me demander les entretiens Hitchcock-Truffaut. Plus rarement, mal informés par des guides peu mis à jour, certains infortunés nous demandent L'Astrolabe, qui installé avant Ciné-Reflet, semblait vendre des Guides touristiques, des cartes et exposer des photos, du genre voyages et exotisme. Mais qu'y avait-il avant ?

Un de nos voisins qui travaille dans l'immobilier et qui connaît bien le quartier nous affirma que, dans le temps, il y avait déjà en ces lieux une librairie de BD... Captain Swing et moi-même étions très dubitatifs. Nous estimions que, nous mêmes fins connaisseurs des environs, s'il y avait eu une librairie de BD rue Serpente, nous l'aurions su hahaha. Bref l'information fut enterrée comme anecdote distrayante et fumeuse théorie...Seulement voilà... J'ai découvert quelque chose qui pourrait bien rabattre le caquet des arrogants natifs du Taureau que nous sommes. Il y a quelques semaines, en nettoyant-rangeant les caves, dans la poussière noirâtre qui régnait sous l'escalier sur un royaume de bouts de câbles, d'ampoules brisées et de vieux mégots, j'ai aperçu un assemblage de vieux papiers et de scotch jauni. Mon sens araignée de libraire a aussitôt sonné... 

Sur du bristol quadrillé, on peut lire "L. L. contre Joss Jamon", dans une calligraphie typique de l'emploi d'un "trace lettres". Or, créer une étiquette pour un seul titre d'une série signifie forcément qu'on en possède plusieurs exemplaires... Or, qui pourrait posséder tant du onzième Lucky Luke qu'il lui faille créer laborieusement  une étiquette pour les retrouver ? Un libraire ? Un stockeur ? 

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Lucky Luke contre Joss Jamon est paru pour la première fois en album en 1958... dès lors toutes les spéculations sont permises.Quiconque possèderait des informations sur le passé du 14 rue Serpente où sur cette étiquette est chaleureusement invité à laisser un commentaire.Détail amusant : nous avons acquis récemment une magnifique édition originale belge de Joss Jamon (1958).

Bel état, excepté un nom proprement inscrit en page de garde et un petit autocollant. L'édition belge présente la particularité de porter à l'intérieur non pas le titre de la couverture, mais un "Lucky Luke contre la bande de Joss Jamon", une petite nuance qui a excité la convoitise de plus d'un collectionneur au cours des dernières décennies. 180 €.

 
La cité feu, "Le Métro" de Mœbius et Geof Darrow
 

Une image-monde

En septembre dernier nous vous chantions les louanges d'une affiche tirée du portfolio La Cité-feu de Mœbius et Darrow. Il s'agissait de "La rue", voici maintenant son pendant : "Le métro". Cette magnifique reproduction d'un magnifique dessin est une réussite rare.

Il est peu d'images qui possèdent cette richesse. Une plongée, une perspective presque cavalière, une diagonale, deux quais de gare souterraine, un étrange attelage et ses wagons, la foule des voyageurs et leurs activités variées... Partout où notre regard se pose, il découvre une multitude de détails et décèle autant d'histoires potentielles. Plus on s'approche et plus il est donné à voir et à rêver. Une telle réussite tient du miracle : les crayonnés maniaques de Darrow, alliés à la souple précision de Mœbius qui les encra, sont parvenus à sculpter une vision inépuisable. Un espace pourtant plat que l'esprit ne se lasse jamais d'explorer.

Le collectionneur qui a été amené à s'en défaire me confiait justement, qu'au bout de 20 ans, il ne l'avait pas épuisé.

Imprimée en un offset précis par les éditions Aedena en 1989, d'une taille appréciable (86 X 68 cm), cette merveille fut tirée à 150 exemplaires (le nôtre a reçu le n°117) et porte la signature des deux visionnaires. Même dans un cadre moche, elle est si belle, exposée rue Serpente, que je peux vous dire que nous ne sommes pas pressés de la vendre ! D'ailleurs je me bats chaque jour avec moi-même pour résister à l'envie de la soustraire au public et de l'emporter chez moi.

Pour l'instant elle est à vendre. 450 euros, sans cadre. Si vous voulez vraiment le cadre, faudra y mettre 20 euros de plus.

Au fait, le pendant "La rue" a bien été vendu il y a quelques mois, mais miracle, son acquéreur n'est toujours pas passé le prendre (alors qu'il l'a bien payé !), si bien que vous pouvez toujours venir l'admirer.