Publications dans Mai 2007
Concours d'encrage
 

Ferez-vous mieux que Vince Colletta, l'encreur de Jack Kirby ?

Thor Pencils

Originally uploaded by Ape Lad

Bah oui. Ca critique à mort sur le aaablog. Y'en a qui osent dire qu'ils colorient comme des cochons les stagiaires non payés de Panini Comics. Mais qui ferait mieux ici ?

Alors je lance ce défi au vilain mécréant qui osa, à deux reprises, s'attaquer aux difficiles tentatives de rénover à moindre frais le patrimoine américain. Voilà un concours lancé sur Flickr il y a quelques jours.

Les premiers ont déjà postés leur travail.

Alors pourquoi pas vous? Bah oui, pourquoi pas toi ?

 
De la recolorisation du patrimoine (2)
 

Antimilitarisme chromatique

Ce qui fait la particularité des X-men de Claremont (qui reprend le titre Uncanny X-men à partir du #94 d'août 1975) c'est que c'est un groupe formé d'individus disparates mais pourtant soudés. L'uniformité n'est pas leur crédo. D'ailleurs ils n'ont plus l'uniforme de la première équipe. Ils ont des costumes différents. Chaque costume affirme l'individualité de chaque membre. Les différences et les divergences s'expriment. La mise en pratique de cet idéal n'est pas toujours commode, mais au final, ils sont plus forts ainsi. Leur fonctionnement est aux antipodes du militarisme. Cyclope, qui a l'esprit le plus responsable, s'efforce d'insuffler un peu de rigueur et d'organisation, mais au final il laisse beaucoup de marges de manoeuvre aux individus. Il n'est pas un autocrate. Son autorité est consentie et non subie. D'ailleurs il est prêt à abdiquer et le fait un temps.

Les X-men sont donc plus proches d'un groupe libertaire de guerilleros romantiques que d'une unité d'action bolchévique. C'est d'ailleurs la raison de leur succès. Cet état d'esprit est indissociable du contexte hippie de l'époque, né sur l'opposition à la guerre du Vietnam.

Lorsque nous lisions leurs aventures dans Spécial Strange, les couleurs étaient le reflet du contexte. Elles étaient à l'image des papiers peints et des moquettes d'alors, toutes en orange, marron, rose fuchsia, violet chatoyant. Les flux d'énergie étaient colorés et chaleureux. Comme je l'écrivais la semaine passée, les récentes intégrales sont très bien, mais les couleurs ne sont pas celles d'origine. Désormais le blanc et le bleu dominent. L'énergie est devenue froide et électrique. Une partie de la fantaisie est nettoyée.

Je ne pense pas que ce soit un syndrome bushien, c'est juste l'état d'esprit général qui a changé, nous ne sommes plus à la même époque. Si cette atmosphère froide et métallique seyait bien aux deux films de Bryan Singer, réalisés à l'époque du tout numérique, elle paraît incongrue quand elle est plaquée sur des dessins des années soixante-dix.

Ce reformatage n'a été appliqué que sur les deux premières intégrales (1975-1976 et 1977-1978), à partir de la troisième (1979) les trames initiales ont été reprises. Elles ne donnent pas du tout le même résultat car leur intensité, au lieu d'être en partie absorbée par du papier journal mat est  décuplée par le papier  désormais blanc chloré et glacé. En bref c'est criard... Mais c'est tout de même mieux.

La prochaine fois je ferai un topo sur le massacre de l'Incal par le "studio Beltran", à côté duquel, les petites libertés de Marvel paraissent bien gentilles !

 
Si Superman existait...
 

... il viendrait botter les fesses de notre fraichement émoulu président.

où l'on apprend sur le blog de Steph lastere (qui ne met que deux A sur trois à notre nom...le vilain) que N.S, notre illustre V.I.P à l'international, puise ses tirades les plus fulgurantes dans des bandes dessinées atlantistes (on dit aussi comic). A lire, c'est très très drole... d'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, on en vend et c'est une très bonne lecture.

 
La véritable édition originale de Sato 2
 

Owari yokereba subete yoshi ?

Attention chers amis, la note qui suit fait partie de la rubrique "collectionnite". On ne rigole plus. Aaapoum Bapoum n'est plus que la petite boutique plus ou moins sympa, versée dans la solde et le pas cher pour tous, tenue par deux ignares goguenards. Non môssieur, désormais on est poitus rayon collection, on en connaît un bout, non mais !

La preuve dans ce qui suit.

Fait incroyable, nous sommes nombreux à croire posséder une édition originale des douzièmes aventures de Blake et Mortimer, Les 3 formules du professeur Sato, tome 2 : Mortimer contre Mortimer, alors qu'en fait nous n'avons que la première réédition. By Jove !

En effet, le BDM, ouvrage très respectable, se montre à son propos trop laconique : son "EO mars 90" n'est pas suffisant pour autentifier l'édition originale. Non, pour ce faire il faut se rendre à la dernière planche de l'album, en page 48.

Là réside deux preuves indiscutables qui permettent  de vérifier que vous possédez l'édition originale. La première se trouve dans la quatrième case. Le phylactère du commissaire Hasumi  évoque des "pratrouilleurs", faute qui sera "corrigée" lors de la première réimpression, très rapide, de l'album : le "r" excédentaire y sera simplement gommé, laissant la place à un petit espace et à des "p atrouilleurs".

La seconde preuve se trouve sous le mot FIN en bas de page à froite. L'édition originale inscrit, après le nom d'E.P. Jacobs, les noms de Bob de Moor et de P.S. Marssignac côte à côte, juste séparés par une barre transversale semblant les répartir à égalité sur les plateaux d'une balance. Il paraîtrait que c'est Bob de Moor lui-même qui s'en serait fâché et aurait obtenu de chasser le nom de Paul-Serge Marssignac, le coloriste avec lequel il ne s'entendait peut-être pas très bien, du générique de fin.

Pour les sceptiques, je précise que je tiens ces informations de Jean-Marc Guyard en personne. Jean-Marc Guyard, auteur de l'ouvrage de référence Edgar P. Jacobs, le baryton du 9e art, grand manitou de la fondation Jacobs, est celui qui a assuré la "direction littéraire" de Sato 2, entendez celui qui a supervisé le travail de Bob de Moor et s'est assuré qu'il était conforme aux esquisses de Jacobs.

Amis collectionneurs, vérifiez sur votre étagère si vous possédez la vraie édition originale de cette étonnante histoire en territoire nippon... Quel que soit le résultat de cette investigation, que ce soit pour se consoler ou pour se réjouir, la meilleure des choses à faire reste de se caler confortablement dans le fauteuil club qui trône dans votre bibliothèque feutrée et de déguster à nouveau cette histoire, accompagné d'un vieux whisky, dans la lumière oblique d'un soleil printanier, loin, si loin des rumeurs de la ville.

NB : selon la même source, il existerait un tirage confidentiel de l'EO de Mortimer contre Mortimer, tout au plus une cinquantaine d'exemplaires, qui serait cousus et non collés. M. Guyard étant profondément peiné à l'idée que le B&M qu'il avait supervisé soit le premier à ne pas être cousu, l'éditeur aurait consenti à cette petite excentricité  pour le satisfaire ainsi que ses collaborateurs...

PS : selon plusieurs témoignages de collectionneurs ayant acheté l'album à sa sortie, il semblerait que les deux versions aient été mises en vente simultanément. Ainsi le tirage de l'édition originale aurait été stoppée pour correction, puis relancé. Les exemplaires avec "fautes" auraient tout de même été mis en vente. Reste deux questions : à combien s'élève le tirage et qu'elle est la proportion d'albums non corrigés ?

 
De la recolorisation du patrimoine
 

Tous des sagouins !!!

Depuis quelques années les éditions Panini nous gratifient d'intégrales nous permettant de nous replonger  dans l'histoire des super héros Marvel, ou de la découvrir. Ainsi sont sorties notamment les Fantastic Four et Spider-man, qui reprennent leurs aventures depuis les origines. Excellente initiative.

Adaptations des intégrales américaines, ces épais volumes en reprennent les couleurs. Ces couleurs ont été refaites, à mon goût grossièrement. Ce que nous pouvons donc lire ce sont des pages "relookées" tant bien que mal pour un supposé goût du jour. De mon point de vue cette démarche est critiquable, surtout dans le cadre d'un travail d'exhumation du patrimoine. Il y a dans cette entreprise de "coup de jeune" matière à un interminable débat. Mais le plus gros problème c'est que le boulot a été bâclé et exécuté de manière stupide. Les pages de ces intégrales fourmillent d'erreurs grossières et témoignent du peu de soin apporté à ce travail par Marvel (Panini n'assumant que la traduction).

Dans l'exemple suivant, tiré du FF#12,  on voit bien que les coloristes n'ont pas pris le temps de comprendre la case... Mélangeant ainsi allègrement la main et la ceinture du soldat, confondant les bandoulières et le col de la veste. Cet exemple, significatif, n'est pas isolé.

Je ne sais pas si les couleurs seventies des éditions LUG étaient conformes aux éditions américaines (il faudrait que j'aille demander à Arno-de-chez-Pulp's-en-face de me descendre de son étagère le FF #7 VO qui trône à 175 €), en tous cas elles étaient plus chaleureuses.

En revanche on peut remarquer sur l'image, qu'au moins les intégrales nous permettent de découvrir les planches dans leur complétude. Chez Fantask, pour les mettre au format qui leur convenait, ils avaient l'habitude de tronçonner tout le bas du premier strip de chaque planche !

Désolé pour le flou du côté gauche de l'image extraite du Fantask, mais une reliure à 200 €, j'avais pas envie de la flinguer à coup de scan applatissant...

 
Balles perdues de David Lapham
 

Malédiction éditoriale

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Imaginez une série noire en BD qui dresse un panorama des Etats-Unis depuis les seventies, ou du moins un panorama de ses marges les plus dérangeantes. Le tout impeccablement découpé, dialogué avec tranchant, dans un noir et blanc de circonstance. Un panorama fait de dizaines de nouvelles se situant à différentes époques, dans lesquelles on recroise des personnages à différents âges. Imaginez que cette œuvre parle de la façon dont la violence contamine la société, comment elle marque les gens et les destins. Imaginez une œuvre digne de la cruelle concision d’un William Irish, de la verve d’un Tarantino, et de la vigueur d’un Scorsese.

Si une telle comédie humaine criminelle existait en BD, cela créerait un raz-de-marée chez les libraires, non ?

Et bien NON.

Car cette série existe.

Elle se nomme Stray Bullets, Balles perdues.

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Et Stray Bullets est une série maudite en France. Commencée en 1995 par un encore jeune artiste américain, David Lapham, cette série noire a déjà connu deux débuts de publication par chez nous. La première par Dark Horse France en 1996, la seconde par Bulle Dog en 2001. Ces deux maisons ayant mis successivement la clé sous la porte, les quelques lecteurs français en sont restés à l’épisode 7 (sur les 32 publiés aux Etats-Unis). On peut facilement comprendre pourquoi tant d’amateurs sont passés à côté des Balles perdues... Les Editions Bulle Dog leur avaient réservées une si déplorable présentation... Bulle Dog, une des rares maisons d’édition à penser que l’intelligence doit se cacher, mettait un point d’honneur à faire du moche avec du bon.

Mais derrière tout malheur il y a quelque chose de positif... Et les habitués de ce blog savent bien où l’on va en venir... Evidemment ! Chez AAAPOUM BAPOUM, vous pourrez découvrir cette excellente série à peu de frais : 12 euros le pack des deux tomes parus (qui correspondent aux épisodes américains 1 à 6, soit près de 200 pages, tout de même !). Il est important de savoir que, même s’il est déplorable que la suite ne soit pas traduite, chaque épisode est une nouvelle qui peut s’appréhender individuellement. Les plus courageux pourront toujours se procurer les épisodes plus récents en anglais, par exemple chez Pulp’s en face !

Pour achever de se laisser convaincre, ceux qui le souhaitent peuvent lire cette sympathique chronique sur Bulledair.com

 
Manga et politique internationale
 

Tout est question de point de vue. Encore faut-il avoir 10 dans chaque oeil.

Vu sur ce blog que j'aime bien, un bon exemple de traitement de l'actualité internationale. A moins que cela soit de l'humour... difficile à dire. Je traduis pour les non-anglophones.

Ségolène Royal, candidate à la présidence française célèbre pour sa haine des mangas, vient de perdre les élections.

En toute logique, les otakus français célèbrent l’évènement.

J’espère effectivement que c'était de l'humour, sinon c'est qu'ils sont très forts ces ricains...