Publications dans 2006
Eloge de Brian Michael Bendis
 

Par Vlad

Depuis déjà quelques années scénariste-vedette de la plus grosse maison d’édition de comics du pays qui domine le monde, Brian Michael Bendis a-t-il réellement besoin d’être loué sur ce blog, surtout que Stéphane a déjà parlé de son Daredevil ?

Je réponds oui, car je vois des centaines de milliers de lecteurs potentiels à convertir parmi les rétifs à la culture « comics », parmi ceux qui se défient de la bande dessinée américaine qu’ils jugent envahie par les Super héros... Donc il faut le savoir, Bendis n’est pas qu’un auteur de comics, c’est un monument du patrimoine bédéïque mondial. Son œuvre concerne tous les amateurs.

À l’heure où est enfin sortie  chez Delcourt une traduction d’un de ses premiers ouvrages, le pavé Jinx, polar contemporain et théâtral – relecture douce-amère et sentimentale du Bon, la Brute et le Truand, je vais tâcher dans la suite de la note de convaincre les récalcitrants... Fans de Bendis, passez votre chemin, vous n’apprendrez rien ci-après.

Il faut lire Bendis car c'est...

Un passionné

Bendis a toute ma sympathie de dessinateur raté et paresseux car c’est un passionné de bédé qui voulant raconter des histoires l’a fait malgré son indéniable manque de don pour le dessin. A ses débuts, il s’est débrouillé tout seul et a assumé scénario ET dessin. A cette fin, il bricole et bidouille, trafique ses arrières-plans avec des photocopies de photos, reprend plusieurs fois la même image en la recadrant ou pas... Bref il dessine mal, pourtant sa narration vous emporte.

 Un bavard

Certaines des cases des œuvres où il assume lui-même le dessin demeurent hermétiques à tout décryptage, mais les lignes de dialogues viennent vous entraîner vers la suite du récit en une sarabande effrénée. Ces phylactères tourbillonnants qui vous agrippent l’œil dès l’ouverture sont la principale marque de fabrique de l’auteur. Bendis a fait du langage le personnage central.Le langage, sous sa forme dialoguée, est une énergie illimitée qui circule entre les gens et dans laquelle ils peuvent puiser sans retenue pour aller de l’avant, comme La Force dans Star Wars. L’une des figures bendissienne par excellence est d’ailleurs le baratineur, l’arnaqueur, qui produit de la réalité et s’enrichit (ou espère le faire...) par l’utilisation du bluff...Lorsque l’invasion de la surface dessinée s’interrompt c’est pour produire un effet de silence étourdissant qui donne une dimension et une intensité inégalable aux séquences concernées, souvent des séquences d’action. Si les personnages de Bendis la bouclent, c’est vraiment qu’il se passe quelque chose...

Un amoureux

Bendis aime ses personnages. En tant que véhicules du langage, ils sont de précieux écrins qui méritent toute l’attention du créateur. C’est avant tout leur psychologie et les recoins de leur passé traumatique qui l’intéressent, car ils induisent les rapport qu’entretiennent entre eux les protagonistes dans le présent. Ayant du mal à les abandonner ses créatures, l’auteur établit des ponts entre ses œuvres et fait réintervenir les unes dans les aventures des autres. Bendisapprécie par-dessus tout de placer ses personnages à la croisée des chemins deleur destin. Même l’intrigue la plus truffe est le prétexte à des dilemmes cornéliens, dont les victimes ont plus d’esprit que le pataud Rodrigue.

Un érudit

C’est un fin connaisseur de l’univers des super héros et un amateur de polar. Établissant un pont entre les deux genres, il permet à deux publics de passer d’un univers à l’autre... Fan de comics, mais de narration en général, les clins d’œil qu’il lance à ses pairs les geeks ne nuisent aucunement à la lecture des profanes. Ainsi on peut parfaitement découvrir Daredevil et l’univers Marvel par ses œuvres. D’autre part, son érudition passionnée lui permet d’utiliser l’histoire des comics comme matériau de certains de ses scénarios, entraînant ceux qui veulent bien le suivre dans une réflexion sur le médium bédéïque, le divertissement et l’image. Une approche voisine de celle d’Alan Moore, mais moins cérébrale.

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 Un styliste

Bendis a imposé son style. Il sait que toutes les histoires ont déjà été racontées et que ce qui compte c’est la façon de les raconter à nouveau. Sa mission est de rendre crédibles une fois de plus des histoires que tout le monde connaît. Ce qui compte c’est leur mise en forme, leur construction, celle-ci n’étant pas gratuite, mais servant à souligner les sentiments des personnages. Dans quel domaine pouvait-il faire autant usage de son talent de «re-raconteur» que dans l’univers bégayant de Marvel ? Dans ce cadre lucratif il a réussit avec brio le pari impossible de refaire ce qu’avait écrit Stan Lee plus de 40 ans auparavant à travers la série Ultimate Spider-man.

 Un américain

Si depuis les années 90 la bande dessinée américaine est surtout regénérée par une vague de scénaristes britanniques (Alan Moore, Warren Ellis, Garth Ennis, Grant Morrison, Mark Millar…), Bendis, né dans l’Ohio, est le seul scénariste qui puisse leur faire face et ainsi sauver l’honneur de son pays. A défaut de la Presidential Medal of Freedom, les grands éditeursont vite repéré son talent et lui ont offert les dessinateurs qu’il mérite… Au premier rang desquels l’artiste (bulgare) Alex Maleev. Toute plaisanterie mise à part, le parcours de Bendis, comme celui de Tarantino, autre geek bavard, se coule parfaitement dans le mythe américain du self made man, de l’homme méritant recompensé à la hauteur de son talent. Commençant dans la bande dessinée indépendante, en noir et blanc, faite à la colle et au ciseaux, Bendis a atteint les sommets de son domaine ;  ce n’est pas vraiment une raison valable pour le bouder.

Rapide survol de quelques unes de ses œuvres (éditées enfrançais)  :

- Goldfish, Jinx (Delcourt). Deux bouquins bien épais, emblématiques de ses débuts. Bendis y fait tout. Goldfish est un arnaqueur qui cherche à récupérer son fils, sa chair, sa bataille, le fruit de ses entrailles des mains griffues de son ex, devenue maffieuse dirigeante de casino… C’est simple, magnifique et poignant : un amalgame réussi entre Tarantino, Soderbergh et De Palma. Du grand écran en papier ! Dans Jinx on retrouve Goldfish, quelques temps auparavant. Jinx c’est une relecture du Bon la brute et le truand, mais les cartes ont été mélangées et ont ne sait plus très bien qui est qui. La seule chose qui est sûre, c’est que Clint Eastwood est une femme.

- Sam & Twitch (Semic books, 4 tomes): Au départrien d’excitant dans ce projet. Sam et Twitch sont deux personnages secondaires de la série adolescente de Todd Mc Farlane, Spawn. C’est donc un spin-off, une série dérivée d’une autre série. Sauf que Bendis magnifie le projet commercial en tourbillon ellroyien et envoie bouler vite fait Spawn et les replis de sacape au profit d’une ambiance polar bien réaliste et adulte. Attention, ne pas confondre avec la suite publié chez Delcourt sous le titre « les Enquêtesde Sam & Twitch » où son successeur et comparse, Marc Andreyko, se montre bien moins efficace au scénario.

-Powers,Alias (5 tomes) et Daredevil (en cours, 8 tomes).Dans ces trois séries Bendis reprend le flambeau d’Alan Moore par une approche quotidienne et réaliste du super héroïsme et assouvie ses passions multiples en hybridant Super héros et Polar, définissant alors les contours d’un genre passionnant, désormais très en vogue. A l’origine publiée chez Image, la série Powers a été rachetée par Marvel, qui décidément ne veut pas qu'un bon filon lui échappe. Il est bon de préciser qu’Alias n’a aucun rapport avec la série télé. Stéphane a déjà écrit sur Daredevil dans ce blog, je ne vais donc pas trop insister (Si, si, c’est génial ! hurle mon cerveau cramé). Je peux néanmoins vous signaler un article intéressant ici.

 Pour ceux que j’aurais encouragé ou convaincu, j’ai aperçu dans nos bacs quelques titres de Bendis, notamment un Jinx et des semic books… y’en aura pas pour tout le monde.

 
Une dédicace de Labiano
 

Les belles surprises

par Vlad

Ce qui est sympa de la part des éditeurs c'est d'écrire le dépôt légal et l'achevé d'imprimé sur les pages de garde au début de l'album, comme ça les libraires, en vérifiant si c'est bien une édition originale qu'ils ont entre les mains, peuvent voir du même coup s'il y a une dédicace. En faisant tout à l'heure du tri dans une pile d'albums remontés de la réserve, je tombe par hasard sur une dédicace de Labiano, dans le 3e volume de Matador...

Comme je la trouve élégante je vous en livre un aperçu avant qu'elle ne rejoigne une collection privée. D'ailleurs si vous vous sentez l'âme acquisitrice, n'hésitez pas à passer à la boutique (22 €).

Le problème avec les pages de garde, c'est qu'il y a parfois des dessinateurs qui placent leur dédicace à la fin des albums... Il y a presque deux ans j'ai ainsi vendu un Blacksad, les dessous de l'enquête avec une dédicace de Guardino que j'avais pas repérée ! Voilà un client qui dira pas qu'il a fait une mauvaise affaire...

 
Relations publiques
 

J'aime pas la télé

par Vlad

Si Stéphane avait travaillé aujourd'hui, vous auriez peut-être eu la chance de voir la boutique à la télé.

Je me rappelle en 2001, quand Morris est mort. Tous les journalistes qui veulent du reportage vite fait ont débarqué à la librairie Album boulevard Saint Germain. Elle devait encore s'appeler Libraires d'Images à l'époque, et puis j'y travaillais. Les médias voulaient tous interviewer Henri, notre collègue le plus ancien, qui était déjà là quand Morris, Franquin et les autres dédicaçaient chez Dupuis (oui parce que Libraires d'Images avant c'était Glénat, et avant encore, c'était Dupuis, vous suivez ?). Henri il avait vu tous les changements d'enseignes depuis les années cinquante. Bref les journalistes ils avaient son nom dans un dossier, comme source officielle à interviewer en cas de décès d'un vieux dessineux, et ils se repassaient tous le tuyau. Le problème c'est qu'Henri il avait pas envie de leur parler. Alors, la mine réjouie il me dit : "y'a des journalistes qui vont arriver, tu vas leur dire que tu es Henri et tu réponds à leurs questions... Oui oui tu as bien connu Morris dans les années soixante-dix, tu verras ils s'en foutent que ce soit vrai et puis toi tu vas bien passer à la télé !". Tu parles !

J'ai raconté plein de connerie à une sympathique fille de la radio, comme quoi Morris c'était un pédé,  la preuve la couv' des Cousins Dalton et sa métaphore sexuelle...  Après je me suis pris la gueule avec un mec de la télé qui faisait tout à la fois : interviewer, caméraman, preneur de son, etc... et qui trouvait que je répondais pas comme il faut à ses questions merdiques. Je l'ai envoyé paître. Sûr qu'après ça les journaleux, ils ont rayé Henri de leur carnet d'adresse. J'espère qu'il profite bien de sa retraite.

 
Le Surfeur d'argent.
 

L'envers du décor est parfois plus intéressant. Souvent même.

Par Stéphane

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Voici quelques clichés du tournage des 4 Fantastiques épisode 2. Bon pas de bol, sur les photos il est tout vert car il a la gerbe. Mais vu les galipettes que les techniciens lui font faire, pas étonnant que la pizza d'hier soir ait du mal à passer.

En espérant que le second opus soit largement, mais alors largement meilleur que le premier. On peut toujours rêver, non?

 
Lectures d'octobre
 

Quelques petits potins ramenés de mes errances numériques

Par Stéphane

PLAGIAT : Tout d'abord, la dénonciation de plagiat est à la mode en France depuis la sortie du dernier Eprouvette (tiens d'ailleurs, certains articles sur le plagiat était repris du comics journal non?). Cornelius l'éditeur en a abordé quelques uns sur son blog, ( Un dossier sur Daniel Clowes auquel j'ai collaboré -aaaaaahhh que c'est bon pour l'ego- et une bande dessinée par Blanquet). Mais tout ça c'est un peu du n'importe quoi. Le problème est de distinguer la ligne qui sépare le plagiat de l'inspiration. Et moi, je n'y arrive pas clairement. J'ai l'impression que tout le monde plagie un jour ou l'autre quelqu'un, comme pour se  nourrir. Je dirais même qu'un homme qui n' a pas plagié est juste un homme qui ne s'est pas fait prendre. Encore une preuve, Bob Kane, oui oui, Bob Kane le créateur de Batman était lui-même un plagieur éhonté. La demonstration en image, 1, 2, 3, 4. Regardez en bas du lien numéro un pour d'autres exemples de plagiat (ou taper swipe swiper swiping sous Google).

Mise à jour du 12/10:
1- Les
"influences" de Roy Lichtenstein, artiste plagiaire ou intertextuel, c'est selon.
2- Grâce au site animenews, j'apprends ce matin que plagiat en japonais se dit pakuri , au moment même ou une accusation de pakuri tombe à l'encontre de la série D Gray Man,
ici et (lui est à droite), commencée d'ailleurs ce mois ci chez l'éditeur Glénat.

IMMIGRATION: juste une petite bande de quatre pages en ligne, en anglais malheureusement, sur le thème de l'immigration aux U.S.A, déssinée par Peter Bagge, artiste dont le En route pour Seattle vient d'être édité cette année chez Rackam.

APPRENDRE A DESSINER LES VISAGES : grâce à Scott Mc Cloud, encore une fois, et cette géniale avant-première de son prochain livre technique sur la bande dessinée.

Au fait, je remercie encore une fois Boing Boing, sinon ce billet serait du plagiat.

 
Nos Clients sont des futures Stars
 

"Mon succès est assuré, quoique encore dans l'avenir" écrivit selon la légende De Nerval à son père dans sa lettre de suicide.

Par Stéphane

Voici la bande annonce d'un documentaire à venir sur le geek. Mais qu'est ce qu'un geek me direz-vous? et bien, tout d'abord, le geek n'est pas un nerd. Le geek est quelque chose d'imprécis mais de l'ordre du fan compulsif, du  collectionneur fou, de l'être un peu trop replié dans son propre univers parallèle. Ce n'est donc pas un hasard si certains de nos clients apparaissent dans la bande annonce (et encore, je suis pas sûr d'avoir reconnu tout le monde). En tous cas pour en savoir plus, regardez la bande annonce ou rendez-vous sur le wikipedia ou sur le blog du geek où j'ai trouvé la video.

 
Mangas lourdement pas chers
 

Et en plus ça roule...

par Vlad, publi-"reporteur"

La boutique a fait l'acquisition d'un magnifique présentoir à mangas sur roulettes d'une couleur attrayante, en harmonie avec la devanture de notre voisin. C'est magnifique. Seulement voilà, c'est bien beau la visibilité de nos produits, des "mangas à prix cassé, à prix discount, super pas chers", mais même à moitié prix (3,50 €, les 5 pour 15 €), les bouquins pèsent le même poids, et vu l'état de la marche pentue, sortir et rentrer le meuble, une fois plein, relève du travail herculéen. Alors moi, Vlad, qui ne suit pas aussi musclé que Stéphane, j'offrirai un manga du présentoir (ou je peux consentir une remise de 10 % sur un autre produit...) à tout client précautionneux qui se montrera volontaire à l'ouverture ou à la fermeture du magasin, pour m'assister dans cette tâche .

notule spécialement dédicacée à J. D., un gars précautionneux.

 
Hato, Toujours plus haut! de Osamu Tezuka
 

Depuis la naissance du blog de Cornelius, nous n’en avons que peu parlé. Normal, car dans le milieu des critiques de bande dessinée, suite à quelques articles je suis en passe de finir comme «suceur de bites undergrounds », dixit Vlad. Moi qui me méfie des églises, va-t-il falloir que je remplisse mon quota de XIII et de Largo Winch afin de montrer patte blanche de nouveau.

Par Stéphane

Suite aux discussions avec quelques-uns de nos clients fans de Tezuka, et déçus par Hato, je me  lance dans l’écriture de ce post. Le décryptage commence dans la suite, après ce petit résumé de l’intrigue.

Des jumeaux orphelins, éduqués dans l’amour et la fraternité par une femme serpent aux pouvoirs puissants, sont destinés à de grands projets, mais finissent par se faire face, divisés par la gouvernance de leur village natal. Les legendaires Remus et Romulus n’auraient pas fait mieux.

 

En farfouillant dans la tonne de documents que je compile dans le but de débiter des infos géniales et passer pour un éminent savant dans le monde de la critique bande dessinée, j’ai dégoté cette citation de Tezuka.

«Les gens me demandent souvent, "Astro Boy est votre travail le plus représentatif n’est-ce pas ?" C’est est en parti vrai car, de par sa longueur, elle permet de jauger de mon évolution dans mon travail. Mais si l’on m’avait demandé, à la place, de citer ma création favorite, j’aurais répondu le Roi Leo, Hato, ou même certaines de mes nouvelles. Si j’ai vraiment pris du plaisir à écrire Astro Boy durant les deux trois premières années, les suivantes ne furent qu’une routine. Quant à l’après adaptation en série télévisée, continuer à écrire Astro, devenu phénomène monstrueux, me procura beaucoup de tristesse.» 

Hato, œuvre anecdotique dans la carrière de Tezuka, passée inaperçue même au Japon où elle fut diffusée dans un magazine peu populaire à l’époque (Com pour ceux que ça intéresse), est il est vrai loin d’être sa meilleure série. Cependant, la lecture de Hato est vraiment agréable, et  même passionnante pour ceux qui s’intéressent à la carrière de l’auteur ou au folklore japonais. A l’aune de ces deux augures, l'œuvre révèle de bien belles qualités.

Inspiré à Tezuka par la lecture de Taro du Dragon, vrai grand chef d’oeuvre de la littérature enfantine écrit par Miyoko Matsutani et traduit en français chez Magnard, Hato constitue la première et unique incursion de cet auteur dans l'univers des légendes japonaises –si l’on excepte Dororo, plus axé sur le yôkaï que sur les légendes. Ici, nombre d'épisodes mettent en scène des combats entre hommes et esprits, fées et autres bêtes, avec la plus tendre des naïvetés enfantines.

Comme le souligne l’éditeur Cornelius, la forme du récit est particulièrement originale pour l’époque. Composé de bulles mais aussi de commentaires hors-cadre, flottant dans la page, certains amateurs de bande dessinée y verront les prémices du roman graphiques tel qu’il sera défendu quelques années plus tard par Will Eisner, sur un autre continent. D’autres le rattacheront aux contes illustrés pour enfants, dont la tradition existe aussi sur l’archipel depuis des lustres. En tout cas, c'est innovant.

Coté scénario, Tezuka fait montre de thèmes caractéristiques dans ses œuvres à l’approche du tournant des années 70. D’un coté, sa conscience politique se précise, à mi-chemin entre l’unicité japonaise si chère à la pensée nationaliste nippone (attention, ne pas y voir le même concept que dans notre hexagone) et le communisme montant dans ce pays sous tutelle. Hato-maru, jumeau positif, incarne ainsi l’unicité du village face aux catastrophes naturelles et la révolte face aux oppresseurs et leur leader (le frère Taka-maru,devenu chef de guerre).

De l’autre coté, Tezuka témoigne des craintes qui saisissent la société japonaise à cette époque, s’apprêtant à renouveler le traité d’alliance nippo-américain qui a cours tout les dix ans. Comme dans Prince Norman, c’est le futur proche qui angoisse, le sentiment partagé d’avoir atteint les limites de la reconstruction et ne savoir comment aller encore plus de l’avant. Comme le dira le critique Japonais Jun Ishiko (assez célèbre) à propos de Hato en 1977, en référence à son titre japonais (Dove ! Envole toi au Paradis!) «Dove a atteint le ciel, mais désormais, comment faire pour qu’il apprenne à voler ?». Cette angoisse, les Japonais devaient bientôt apprendre à la surmonter.

 
Le retour du noir
 

Laissez tomber une bonne idée, il y aura toujours quelqu'un pour la ramasser

Rappelez-vous, il y a quelques mois, je me réjouissais ici de l'arrêt des dos noirs chez Delcourt... Et bien c'est désormais aux amoureux de la sobriété linéaire de faire la fête. Les dos noirs sont de retour... Chez Glénat qui donne un coup de neuf fort original à sa collection Grafica.

La preuve sur la photo ci-dessus des deux dos de La loi du Kanun, une série qui démarrait excellemment il y a un an et qui se poursuit avec moins de relief aujourd'hui (pour des raisons indépendantes de la maquette !).

 
Sauterie des 60 ans du Lombard
 

Séance de dédicaces avinées par les auteurs du Lombard, au milieu d’une sobre soirée Bruxelloise -600 personnes- organisée à l’occasion du soixantième anniversaire de la dite maison d'édition. Alcool, ballon rond et musique MTV-like ne font pas forcément pas bon ménage, mais la plupart de ces artistes sont des vieux de la vieille, et leur performance est souvent intéressante. Dommage, sur la vidéo, j'ai raté les meilleurs, Dany, Derib et Rosinski en particulier... Je devais trop picoler quand le show a démarré. Heureusement, on peut apercevoir par moment leur dessin.Enfin, je me dis que de tous ces artistes de l'enfance, celui que j'aurai vraiment aimé rencontrer était Franz, découvert sur le -trop- tard à Aaapoum Bapoum.