Publications dans 2007
Rascals in Paradise de Jim Silke
 

Palme d'or du kitsch

Au sein de la jungle profonde, des femmes dénudées offertes en sacrifices à des dieux impies... Le rythme hypnotique et angoissant des tam-tams de peuplades sauvages... Des aventuriers blancs à la chemise entrouverte et à la moustache vaillante... Des temples moussus au fond de clairières oubliées... Des ports exotiques  emplis de mercenaires avinés et de danseuses langoureuses.

Sommes-nous dans un roman du début du siècle passé comme ceux que pouvait écrire Edgar Rice Burroughs ? Non, nous sommes dans un comic-book publié entre 1994 et 1995.

Si Rascals in Paradise exhale un tel parfum désuet c'est qu'il a été fait par un vieux monsieur dont les rêves de BD et de récits d'aventures n'avaient pas bougé depuis un demi-siècle.

Jim Silke fut directeur artistique chez Capitol Records dans les années 50, photographe de stars et de pins-up dans les années 60, assistant de Sam Peckinpah dans les années 70 et scénariste de navets filmiques dans les années 80 (Les Barbarians, Sahara avec Lambert Wilson et Brooke Shields). Toute sa vie il remit à plus tard son grand oeuvre en BD... Un projet mûri avec soin, un rêve de fan dont le seul but est de ravir son auteur.

Dans les pages chatoyantes de Rascals In Paradise éclate avec vaillance toute une idéologie ringarde et machiste célébrant avec nostalgie une époque déclarée comme "plus simple et plus belle" par ses défenseurs. Parfaitement crétin, ce comic-book ravira les amateurs de pin-ups des années cinquante. En effet si les séquences d'actions sont épouvantablement mal menées, si les dialogues sont ridicules...

" - tout est si étrange sur cette planète ! Tout est si sauvage, si sensuel... ça me donne envie de faire des choses...

- ça,  ça  n'est pas la  planète,  mon chou,  c'est moi  !"

...certaines planches, celles qui assument le mieux leurs influences (l'art nouveau et les revues de charme), sont très réussies.

Certains pourraient, en défense de l'oeuvre,  arguer du second degré. Effectivement, si on ne peut être tout à fait sûr que ce fameux vernis ludique soit intentionnel de la part de l'auteur, il n'est aucun moyen pour le lecteur de s'empêcher de le projeter. Une bédé qui se lit comme on regarde un film dans une soirée pizzas en somme.

Rascals In Paradise, Dark Horse France, 5€ chez Aaapoum.

 
Objet trouvé
 

Friperie

En début de semaine quelqu'un a oublié rue Dante une chemise Ralf Lauren de taille L et d'une couleur oscillant entre le gris-vert et le gris-bleu...

 Comme Vlad préfère le noir et que Stéphane ne porte que des T-shirt de catcheur, l'oublieux est invité à venir recupérer son bien.

 
Aux armes !
 

Nouvelle catégorie néo-marxiste

Notre cher collègue Stéphane, le Tarantino de la rue Dante, se révèle sous son jour le plus prolétaro-chavezien, en qualifiant Tony Stark (le milliardaire marchand d'armes inventeur d'Iron Man dans l'univers Marvel) de "pourriture aristocrate capitaliste"  dans son commentaire de la bande-annonce du film Iron Man sur le site de Première.

 
La cité-feu, la rue : une affiche de Moebius et Darrow
 

Aujourd'hui nous mettons en vente dans la boutique de la rue Serpente un joyau de l'illustration signé par deux grands noms : Moebius et Geof Darrow. Il s'agit d'une très belle reproduction en offset (86 X 68 cm) édité en 1989 par Aedena, d'une des illustrations du fabuleux portfolio La Cité-feu.

Pour ce portfolio (1984) montrant des vues incroyablement détaillées d'une ville futuriste Darrow réalisait les crayonnés et Mœbius soignait l'encrage.

Un résultat qui dépasse les attentes des plus pointilleux.

Sur la photo ci-contre, découvrez une infime portion de ce chef d'oeuvre. En cliquant dessus, découvrez d'autres vues.

A vendre 400 euros, et c'est bien parce qu'il y a un petit accroc dans la marge en haut à droite (cf. photo sur flickr).

 
La véritable histoire de Futuropolis de Cestac
 

Mirroir

Enfin un post...

Le AAABLOG n'est pas mort, mais c'est vrai qu'on est pas trop actif rayon clavier en ce moment... C'est bon signe, ça veut dire qu'on vous rempli à ras bord nos deux boutiques de bonnes bédés à bon tarif et des belles raretés (certaines   à moins bon tarif... mais comme me le disait mon conseiller en commerce hier, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre).  Bref on ne chôme pas.

Chez Futuropolis non plus ils ne chômaient pas à en croire Florence Cestac qui revient sur 20 années de création éditoriale au sein de Futuropolis dans un documentaire en bandes dessinées, publié chez Dargaud, plutôt bien mené et très agréable à lire.

De la librairie Futuropolis du 15e arrondissement à la maison d'édition qui exhumait les trésors du passé et découvrait les talents de demain, Cestac retrace avec une certaine émotion cette aventure dont elle fut un des personnages principaux.

Une profusion d'anecdotes ravira les différents acteurs du monde du livre, les collectionneurs et les bibliophiles. Les habitués de ce blog devraient particulièrement apprécier les portraits de clients et de libraires loufoques, qui prouvent que certaines choses ne changent pas beaucoup.

 
Snikt !!!
 

Wolverine / Serval

Avis aux amateurs et aux amatrices de virilité sauvage et bourrue...

Aujourd'hui sont mis en vente dans le Aaapoum de la rue Dante un grand nombre de numéros de Wolverine (Marvel France), tous en très bon état et certains très rares. 

L'occasion de compléter ou de commencer une collection qui s'est toujours distinguée par des covers d'une efficacité splendide.Faîtes-vous plaisir, soyez gloutons.

 
Victor De la Fuente (2)
 

Un peu d'archéologie

Il y a peu j'évoquais Victor de la Fuente... Parfaite coïncidence, quelques jours plus tard me tombe entre les mains une vieille revue (Athanor n°1 mensuel, décembre 1977) contenant un court entretien avec ce maître espagnol. Je me jette dessus, car les documents le concernant sont rares et je constate avec un certain amusement que l'entretien est réalisé par un jeune Mourad Boudjellal (vous savez celui de Soleil et du Rugby club toulonnais). Boudjellal est en effet le rédacteur en chef de ce fanzine de qualité dont je ne sais pas s'il a donné lieu à d'autres numéros.

Dans de ce trop court entretien, on apprend notamment que Mathai-dor aurait été orienté pour plaire au régime franquiste, pour compenser des Haxtur qui était susceptibles de l'avoir froissé... Va falloir les relire éclairés ainsi. On y voit aussi que De la Fuente a toujours eu beaucoup de mal a se faire payer convenablement. Ainsi, interrogé sur sa participation à L'Histoire de France en BD (Larousse), il répond :

"Ah ça ! C'est une autre histoire. J'ai arrêté à cause des difficultés avec la maison d'édition. celle-ci ne respectait pas les huit pour cent de droit d'auteur que l'on donne généralement, mais au lieu de ça, nous donnait 1% à diviser en six personnes. C'est absurde et nous ne pouvions accepter, car c'est immoral et c'est un précédent très dangeureux pour tous les professionnels que d'accepter une chose de cette nature."

Egalement au sommaire de ce numéro d'Athanor, un article sur Pellos et la reproduction de quelques planches de son œuvre de science-fiction nommée Atomas, apparemment introuvable en dehors de sa publication en épisodes dans la revue Mon Journal en 1948...

 
Horaires estivaux du 13 au 19 août
 

Comme ce coup-ci c'est Stéphane qui est parti se reposer un peu, nous vous annonçons que la boutique de la rue Serpente ne sera ouverte que de 13h à 21hla semaine du 13 au 19 août.

Pendant une semaine, vous n'entendrez donc plus :"si quelqu'un a besoin d'aide, vous n'hésitez pas !", la fameuse formule de notre estimé comparse, quelque peu raillée il y a peu sur ce sympathique guide on-line du manga à Paris.

 
Prince Norman de Osamu Tezuka
 

Histoire en 3 volumes, sens de lecturejaponais, Editions Cornélius,  14 Euros pièces.

C’est le récit d’une guerre, d’un ultimatum et d’une menace nucléaire ; un synopsis qui évoque immanquablement l’Histoire japonaise du XXème siècle. Mais si, dans cette douce parabole de science fiction qui plante le décor sur la Lune, le prince Norman refuse la reddition – comme le fit l’empereur japonais Hiro-Hito en son temps-, en revanche le juvénile dirigeant a saisi ici toute la mesure de la menace. C’est pourquoi à l’orée du dernier volume la tension est à son comble. Et pour causes, les préparatifs de guerre ne sont pas achevés, les solutions pas encore trouvées, tandis que l’écrasante armée des lézards mugit aux portes du royaume lunaire.

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Plus que par l’intrigue, trépidante et nimbée de renvois poétiques aux canons de la science fiction d’avant-guerre, ou plus encore que les résonances politiques et humanistes chers à l’auteur, c’est par la puissance de son traitement esthétique que Prince Norman se démarque. La digestion des références à Walt Disney y apparaît comme complètement achevée ; la réflexion sur l’équilibre entre épure et rigueur du trait poussée à son comble. En effet dans peu de temps, Osamu Tezuka repartira sur les sentiers de l’expérimentation, délaissant d’un coté l’esthétique naïve et raffinée de l’enfance pour la dramatisation par le détail des récits adultes, de l’autre l’obsession du trait pour celle de l’agencement de la page. Prince Norman fait donc partie de ses deux ou trois séries à marquer l’apogée d’une ligne, et d’une époque où le maître est secondé des meilleurs assistants.

Sur le terrain symbolique, Prince Norman éveillera l’intérêt du lecteur intrigué par l’Histoire, car y sont solidement ancrés la fascination et l’espoir qu’ont déclanché l’annonce, en 1960, par le président américain, de l’envoi prochain des premiers hommes sur la Lune. Accouché quelques mois avant l’évènement, Prince Norman partage les rêves des Quatre Fantastiques et du Surfeur d’argent. Emergeant à peu près à la même époque, bien que sur deux continents différents, ces héros répondent aux angoisses du Vietnam, de l’installation de la guerre froide et de la monté en puissance des tensions entre blocs. Durant cette ère où se réveillent les craintes d’une apocalypse nucléaire, le Japon et les Etats-Unis entrevoient, peut-être mieux que quiconque, la possibilité tragique de la bombe atomique ; ils en furent les premiers acteurs. Ce n’est -peut-être- alors pas un hasard si les bandes dessinées de ces deux peuples s’accrochent à la chimère d’un sursaut de l’humanité. (Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que la bande dessinée franco-belge ne défend aucun rêve dans son illustration de cet évènement. Tintin et sa fusée sont certes passionnants, mais témoignent peu des angoisses et des espoirs de cette époque).

Que de bonnes raisons d’essayer ce récit de science fiction d’une grande beauté.