Publications dans 2010
Nus pour de bonnes intentions

Dur d’imaginer que ce ne sont pas le goût du stupre et de la bibliophilie qui m’ont conduit à découvrir ce groupe de lectrices insolites : pour les plus hardis c'est ici.

Les "Naked girls reading" comme leur nom l’indique, est un groupe de femmes pratiquant la lecture publique dans le plus simple appareil, afin de rendre la littérature plus attrayante et glamour… une noble  cause au détriment d’une autre ?

Je ne pense pas que mon avis vaille grand-chose dans ce débat, surtout que je suis un partisan (mais pas pratiquant) des marionettistes de pénis…  

Ce qui m’a amusé dans cette découverte est d’imaginer mes camarades organiser ce genre de show : par exemple nos jeunes éphèbes filiformes que sont Alexandre et Igor pourraient très bien partager les dialogues d’un Yaoi devant un public de jeunes adolescentes hystériques ; ou le musculeux s ; du aaablog mimer les scènes épiques de la Saga de Den devant un parterre de post-nerd (vous savez les mecs de plus de 40 piges, branques de Conan, qui n’ont jamais connu la hype d’être des geeks, eux que l’on appelait cruellement dans leur jeunesse des ringards) la bave aux lèvres et les poings serrés à s'en blanchir les articulations.  

Mais là non plus, ce n’est pas sûr que la cause en sorte grandie…

La Brigade chimérique s'achève
 

Place aux jeunes…

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Deux héros familiers qui se serrent la paluche. Un petit clin d'œil sympatique dans le sixième et dernier tome de La Brigade Chimérique qui devrait paraître ces jours-ci.

Un feuilleton désormais achevé et recommandable dont le rythme de parution soutenu, 6 tomes en un an et un mois, devrait avoir fait le bonheur de tant de lecteurs qui chouinent et se lamentent à attendre la fin de séries médiocres.

Gess se montre d'ailleurs désormais bien à l'aise dans ce rythme et ce dernier épisode est graphiquement épuré de certaines lacunes expéditives qu'on pouvait encore trouver dans les premiers chapitres.

Bravo. C'est presque dommage que ce soit fini. Pour les amateurs de jeu de rôle cependant, l'histoire ne fait que commencer.

La Brigade Chimérique, 6 tomes aux éditions de l'Atalante, 48 pages chacun, 11 € chacun, format comic.

Histoire de Serge Lehman et Fabrice Colin, dessins de Gess, couleurs de Céline Bessonneau.

 
Je sais tout, recueil n°1, 1969, Edi-Monde
 

Un client m'apporte ce recueil issu de sa collection personnelle... Acheté à Saïgon à l'époque !

12 numéros hebdomadaires. Plus de 100 récits véridiques et surprenants, entièrement illustrés dans une belle technique gouachée. Édifiantes, documentaires et garanties sans CD-Rom ni interactivité à la noix, vive les revues éducatives d'antan.

Recueil n°1. numéros 1 à 12. Un peu fatigué au niveau de la reliure. 30€.

 
Les aventures de Monsieur Tue-Tout

Mort de rire

Parmi le flot de nouveautés que nous avons emmagasiné(voir note ) il ya un titre dont je n’avais jamais entendu parler qui se révèle être un moment de lecture fort agréable.

Les aventures deMonsieur Tue –Tout est la première bande dessinée de Fabrice Tarrin , l’undes nombreux repreneurs de Spirou etauteur de Maki, scénarisée parNeidhardt (je vous laisse le plaisir de faire votre recherche sur Bédéthèque)publiée chez Soleil et désormais épuisée. 

Le livre, au format à l’italienne, est une succession degags sur une page mettant en scène un tueur, croisement  truculent entre Jacques Tati et John Gacy (jevous rappelle que nous vendions un improbable livre de serial killer il y a peu).Cet esthète du crime pervers donne à rire des situations les plus cruelles,pulvérisant les tabous. On notera que la moitié des meurtres sont infligés àd’innocents bambins, un humour des contrastes qu’apprécieront les fans delapins suicidaires du Coup du Lapin.

Le dessin et la mise en couleur sont assez agréable même s’ill’on sent le syndrome « travail de jeunesse ».Les histoires s’enchainentavec plaisir, Il y a même un « running gag » spatio-temporel malin etde nombreux clins d’œil à des monuments de bande dessinée : Lucky Luke, Adèle Blanc sec, Lolo et Sucette(quel monument me dit Vlad !)…

7€ pour quelques moments de rire qui muscleront vosabdominaux.

Aaapoum Bapoum, rueserpente, plus économique et efficace qu’une salle de gym.

Les aventures de Monsieur Tue-Tout,Fabrice et Neidhardt, Soleil,épuisé, 7€.

Harv'n Bob de Harvey Pekar et Robert Crumb
 

Et c'est reparti pour un petit coup de recyclage, fainéant certes, mais fort utile en ces temps de silence radio total sur le blog. Et puis c'est pour une bonne cause puisqu'il s'agit de défendre une bonne BD. Alors si le texte ci-dessous vous a donné envie, venez à la librairie découvrir en main propre l'anthologie des Crumb et Pekar. Vous ne le regretterez pas.

Harv'n Bob.Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Mercier et Jean-Paul Jennequin. Editions Cornélius, 128 pages, 21 €.

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Harvey Pekar décédait au début de l’été, une œuvre de bande dessinée en legs. Singulières par leur forme, obsessionnelles par leurs thèmes, ses confessions autobiographiques soulevaient, derrière leur caractère anecdotique, inlassablement la même question : Pourquoi écrire sur soi ? Les raisons abondent, à l’évidence. Coucher sa vie sur papier relève pour les uns de l’exhibitionnisme, pour les autres du désir de dresser un bilan ; quelquefois, il s’agit de témoigner de l’horreur, à d’autres moments de graver dans le marbre un instant précieux. Mais qu’importe finalement ces motifs à la surface, l’autobiographe saisit, en définitive, toujours la plume pour se réapproprier l’image qu’il a de lui-même. Or curieusement pas Harvey Pekar. Cas rare, Pekar n’eut de cesse de recourir à l’écriture autobiographique pour offrir son égocentrisme en pâture à des dessinateurs chaque fois différents. Et rien que pour ça, pour ce masochisme étrange qui consista, chez cet autobiographe, à mettre en scène l’abandon de l’objet le plus cher, l’abandon de sa propre image, la série des American Splendor mérite que l’on s’y attarde sérieusement.

Dans ce recueil plus particulier titré Harv'n Bob, les éditions Cornélius ont compilé les planches autobiographiques enluminées uniquement par le célèbre Robert Crumb, ami de toujours, à l’origine de la vocation d’auteur de bande dessinée de Pekar. Le recueil est ainsi très représentatif des premières années d'écriture. Pekar s’y dépeint obsessionnel, anxieux et dépressif, collectionneur de disques de jazz, à la recherche de bons plans pour gratter quelques dollars… En termes de mise en scène, il accentue le caractère anecdotique des évènements qu'il confesse pour mieux en cacher la profondeur identitaire -plus tard, un cancer changera la donne. C'est également l'époque où il s’amuse des codes autobiographiques, comme dans cette suite de réflexions comiques, sur les Harvey Pekar homonymes découverts dans le bottin, qui interroge en filigrane son individualité, l’unicité de son être (de « la pureté du nom » parle-t-il à un moment). Seul un bémol, peut être, entache l’édition : ce qui constitue pour les amoureux du dessin de Robert Crumb un avantage, à savoir une intégrale des récits auparavant éclatés, pourra mécontenter les amateurs d’Harvey Pekar, qui depuis si longtemps ont l’habitude de voir la silhouette de leur héros passer de mains en mains pour mieux se faire maltraiter. Les profanes, quant à eux, ne peuvent rêver meilleure porte d’entrée dans cet univers, son écriture aux variations nombreuses, par nature inventive, fondatrice dans l’histoire de la bande dessinée underground américaine.

 
Priest au ciné
 

Ça sent bien la daube... 

  L'une de nos meilleures séries (et vente) manwha débarque sur la grande toile. Un projet déchainant l'excitation des fans autant qu'il effraye. Dirigé par le réalisateur d'un des pires films du samedi soir récent: Légion, et confiant le rôle titre du prêtre purificateur de démons à Paul Bellamy (plutôt bon dans Master et Commander,  mais nul à pleurer dans Légion).

Voici le bande annonce récupéré opportunément sur Manganews

http://www.manga-news.com/index.php/actus/2010/08/18/Trailer-du-film-Priest


Les lecteurs assidus auront remarqué la transposition de l'univers western original en soupe  S.F plus" bankable".

Bon, le projet a été mainte fois repoussé, laissant planer le doute sur la crédibilité et surtout la qualité du long métrage. Perso, je n'y miserai pas un Kopeck mais le wait and see est toujours de rigueur...

Priest, Hyung Min-Woo, éditions Tokebi, 5€

 
Retour aux sources
 

Soldeur Soleil

Regarde-moi ça mon gars toutes ces belles couleurs ! Vas-y, vas-y entre donc ! C'est pas beau ça ? Hein ? Des belles bédés colorées et tout. En état neuf ah oui ! Et moins chères que neuves ! Et à profusion en plus ! Quoi ? Pas si moins chères que ça ? Oh mais dis-donc, regarde un peu que c'est quand même des premières éditions, ou presque !

T'en vois souvent, toi, des Tigres volants ? Ah oui mon gars, ça c'est la classe volante, quand tu as lu tous les Buck Danny il te restera encore les Tigres Volants ! Et oui on a même le tome 5 qu'est rarissime. Et les Harry Dickson, tu les as déjà vus tous ensemble comme ça... C'est beau. Harry Dickson, c'est le Sherlock Holmes américain. Et si t'aimes pas les Américains, c'est pas grave, c'est presque entièrement français. De toutes façons on a aussi reçu du Sherlock Holmes. Et puis du Mycroft Holmes aussi. C'est presque son frère, sauf qu'il vit dans l'espace et que c'est Arleston qui scénarise. Et Manini qui dessine. Il dessine "très bien mais il va trop vite" dit Laetitia. Et les couleurs dans Mycroft !! Purée quelle insouciance à l'époque ! Les coloristes découvraient l'infographie et c'est dingue ce qu'ils étaient décomplexés ! De nos jours plus personne n'ose des trucs aussi avant-gardistes... À part chez Bamboo-Grand-Angle, mais ceux-là ils sont vraiment foldingos !

Tiens à propos d'Arleston, on a reçu Flibustor, des gags hilarants publiés à l'origine dans Lanfeust Mag... OUI ! Les 22 premiers ou à peu près sont scénarisés par Arleston lui-même, sauf qu'après c'est directement écrit par le dessinateur DAV... Oui Dav, qui se lâche carrément. C'est à base de vomi et tout et c'est difficilement résistible. Comme le dit un lecteur sur la fiche bedetheque.com de cet album : 

"Tout simplement mortel !...

Le capitaine Kiff est difficilement battable dans la conerie !...

Respect pour Dav.

Vivement le tome 2."

Un album qui plaît aux enfants mais pas aux mamans, tout un programme.

C'est bien simple, y'a tellement de nouveautés que c'est affolant, on est à court de bristol jaune pour nos étiquettes... Tiens regarde là-bas, y'a même des Wanted. Oui c'est le même dessinateur que Blouberrie, Girod. Il y dessine peut-être même un peu mieux. Wanted c'est pas un petit joueur. Blam Blam. On a mêêêêême le tome 5 qu'est rarissime. Oui comme tous les tomes 5 chez Soleil.

 
Shuehiro Maruo
 

Lui, il est trop bizarre pour ne pas être un auteur Aaapoum

On dira que je recycle, mais c’est pour la bonne cause. Et puis au mois août, avec tous les collègues en vacances, le temps disponible est réduit. Alors voici une petite critique du dernier Album de Maruo parue chez Casterman. Loin d’être le meilleur livre de cet auteur, il a l’avantage d’être plus accessible. Chez Aaapoum, vous ne le trouverez pas, mais vous trouverez tous ses autres livres, les plus sombres, les plus violents, les plus viscéraux, de cet auteur à l’œuvre étrange.

Et en octobre, comptez sur nous pour vous présenter son dernier chef d’œuvre, La Chenille, adapté du roman d’Edogawa Ranpo, qui conte le retour d’un soldat japonais salement mutilé dans son village. Peut-être même une expo, ou au pire trois-quatre planches originales issues d'une collection privée, viendront agrémenter cette sortie. On vous en reparle bientôt. En attendant, la critique de son dernier ouvrage traduit en français, pour les timides, les pudiques, qui voudraient prendre la température avant d’entrer pleinement dans l’une des œuvres les plus sombres et les plus raffinées de la bande dessinée japonaise comtemporaine.

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Suehiro Maruo d’après l'oeuvre d'Edogawa Ranpo L’Île Panorama. Casterman, traduit du japonais par Miyako Slocombe, 280 pages, 13,50€

L’union de Suehiro Maruo et Edogawa Ranpo relèvait de l’évidence. Le chantre moderne du manga érotique gore associé au défunt père littéraire du genre, tout le monde en rêvait. L’Île panorama, adaptation en manga du roman éponyme de 1927, transforme enfin cette aspiration en réalité. Ce paradis terrestre, création malade d’un étudiant raté que la richesse vient soudainement encourager, est le cadre parfait où célébrer le mariage de ces deux artistes rongés par les obsessions d’idéal et de beauté.

Maruo, comme Edogawa Ranpo en son temps, chante depuis toujours l’éloge d’une « beauté idéale », créé tout entière de la main de l’homme, soumise à des principes, des règles, et une finalité. Par ricochet, et là leurs œuvres s’accordent encore plus particulièrement, tout deux mettent en scène avec une pointe de plaisir pervers la destruction de la « beauté pure », cette splendeur spontanée qui fleurit où bon lui semble, insoumise au désir des hommes comme à leur volonté. L’Île panorama, Eden pantagruélique engendré morceau après morceau par un fou capable d'usurper l’identité d’un milliardaire pour financer son projet, ne parle que de cette dualité là. Et Maruo travaille à la mettre en images.

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D’un coté, il flatte le devenir sublime du réel. La dentelle des pétales de fleurs, la cime accidentée des reliefs montagneux, les nervures des bois les plus rares, le plumage des oiseaux exotiques… quoiqu’il représente l’abondance du détail dans les compositions témoigne d’une précision maniaque, du choix délicat et d’une rigueur qui épousent à la perfection les préoccupations esthétiques de Ranpo.

De l’autre côté, cette vision du sublime apparait comme une perversion du réel dans le regard de la beauté pure, cette femme magnifique qui prend lentement conscience que l’homme qui se tient désormais à ses côtés n’est plus celui qu’elle a épousé. L’horizon se déséquilibre, le reflet de son visage se distord sur les parois de l’aquarium… le combat entre beauté pure et beauté idéale fait rage dans le corps même de la bande dessinée. L’Île panorama, au final, manque certainement de cette perversion dans le traitement du sexe et de la violence qui fait le sel des mangas de Maruo et des romans policiers de Rampo. Mais l’adaptation promet d’ors et déjà le meilleur pour La Chenille, plus extravagant et libidineux encore, attendu avant la fin de l’année.

Chez AAAPOUM :

Vampire 1 & 2, éditions Lezard Noir

Yume no Q-Saku, éditions Lezard Noir

Lunatic Lover's, éditions Lezard Noir

La Jeune fille aux camélias, éditions I.M.H.O

 
Back in Town
 

Ou comment un râleur invétéré trouve matière dans la moindre case.

En lisant Back in Town, scénarisé par Anne Baraou et dessiné par Hubesch je suis tombé sur ce dialogue plein de sagesse :

Derrière cette petite pique corporatiste se cache un vrai débat. Car comme Anne Baraou, je ne me souviens pas avoir bu un bon café chez un libraire.

Au passage, j'en profite pour régler mes comptes avec toutes les librairies/cafés qui, plutôt que de disposer de toute leur surface pour élargir leur fonds, préfèrent vendre des simili-cappuccini beaucoup plus rentables ! Et puis, j'en veux aussi aux grosses buses qui fréquentent ces endroits en trouvant "sympa" ce concept ! Beh oui, faut dire qu'acheter une bande dessinée et aller au café du coin était jusque là tellement "pas sympa".

Tout ce foin  pour vous révéler que notre café maison varie du passable au franchement dégueulasse.

Attention nous essayons toutes les formules possibles pour améliorer notre situation: café de luxe fraîchement torréfié, du café de supermarché, de la cafetière électrique, de la cafetière à piston, à l'eau bouillante, à l'eau tempérée...mais non à chaque fois que je trempe mes lèvres dans une tasse une grimace déforme mon visage. D'ailleurs un signe qui ne trompe pas,  je ne connais aucun aaapoumien qui finit entièrement sa tasse (ni qui la nettoie mais c'est un autre problème).

   Il faut dire qu'il m'est arrivé de laisser négligemment du produit vaisselle dans la cafetière, du coup  personne ne s'enthousiasme de mon café moussu... ou alors, lorsque Laeti nous sert un café plus sombre et compact qu'une Guiness, mon cœur est pris de palpitations. Pour le café de s; du aaablog ? personne ne peut témoigner car je ne l'ai jusqu'à présent, jamais vu se servir de la cafetière.-Ha si! me dit Laeti- lorsqu'il l'a foutu par terre ! Enfin, Vlad dit qu'il boit du bon café... chez lui.

Étant un campagnard superstitieux je me prends à croire à une malédiction, c'est terrible car en plus j'ai besoin de mes trois/quatre doses journalières pour activer mes synapses.

Et la bande dessinée de Baraou et Hubesch? Beh franchement ça manque grave de vampires ninjas...

Back in town, Barraou Hubesch 2010 coll. Poisson Pilote, 7€