Publications dans Manga
Manga news à gogo...
 

Par Stéphane, qui décidement aime le vrac

- Où l'on apprend que Naruto, en plus d'être le manga le plus vendu en France avec près de 80.000 exemplaires par numéro, d'être le numéro un des show télévisés favoris des enfants au Canada (d'après la récente enquête du célèbre institut national Take note), vient en plus d'entrer à la 147eme place des meilleures ventes de livres au U.S.A ( c'est la seule BD du classement au passage). Un sacré carton international ce Naruto.

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- Où l'on s'amuse des bonnes blagues internet, comme cet article pastiche sur la naissance du premier enfant manga (lecture certes vraiment dispensable mais qui m'a autant amusée qu'elle m'a fait froid dans le dos, alors je vous la confie quand même).

- Où l'on découvre le classement des meilleures entrées cinéma 2005 au Japon, que ce soit en film d'animation dont l'archipel est très friand comme en cinéma plus traditionel. Et ainsi constater avec un plaisir immense que chez  les nippons, la daubasse Star War se fait kicker le fion par le Château Ambulant, bon premier qui ramasse trois fois plus de recettes que le navet galactique et  deux fois plus que l'adaptation du magicien Potter. Un grand "Hourra" pour ces gens de bon goût

- Où l'on se renseigne sur les diplômes universitaires capables de vous former comme Vladimir et moi au merveilleux monde de la bande dessinée et de l'entertainement (Ce lien n'est pas une blague, les places sont limitées car c'est un évènement unique, c'est fou non ?).

- Où, si l'on parle japonais,on peut faire son shopping dans le tout nouveau tout beau magasin des studios Ghibli ( tu me le referas, vieux grigou Miyazaki, le coup du "nous chez Ghibli, on est pas trop portés sur l'argent...") et s'habiller en Totoro avec la nouvelle ligne de vetements à l'image des personnages phares du studio. Regarder quelques extraits des nouveaux courts-métrages du musée des dits studios ici.

-Et enfin où l'on peut admirer devant une bonne tasse de chocolat chaud LA TOUTE NOUVELLEMENT DEBARQUEE AUJOURD'HUI BANDE ANNONCE DU PROCHAIN FILM DES STUDIO GHIBLI, Gedo Senki, réalisé par le fils du célèbre réalisateur, à sortir au Japon cet été...

Alors, elle est pas fraîche ma news... bref, bon surf à tous...

 
Etymologie de l'Otaku
 

Mais d'où viennent tous ces geeks?

Par Stéphane

Otaku –que l’on peut traduire littéralement par « ta maison »- est un mot dérivé des habitudes des populations japonaises imprégnées de culture populaire. Dans ces groupes, - généralement dépeints comme des comités d'autistes vivant habillés en noir et lisant jour et nuit Karl Mar... ah non, merde, ça c'est Vlad... reprenons, autistes entourés de mangas, jeux vidéos, statues de filles nues et autres couillonades nippones (une peinture pas trop loin de la réalité ceci dit)-, les membres s’appellent entre eux à l’aide de la désignation Otaku au lieu d’utiliser les patronymes personnels. Le mot «maison» symbolise alors pour eux, non un quelconque sens de la famille ou même lien du sang, mais l’objet en lui-même, sa structure physique et son espace habitable. Cependant, le mot n’est pas exclusif à la culture populaire, si l’on en croit la célèbre critique japonaise Mari Kotani, qui s'est longuement penchée sur le sujet et dont est tiré le résumé qui suit.

D’après elle, le mot Otaku pénétra le vocabulaire des enfants de la culture populaire par le biais de leurs mères, femmes au foyer à plein temps dont l’existence fut définie par les maigres et uniques rôles d’épouse et de mère. Toi aussi, viens lire la suite et comprendre pourquoi tu bloques et tu débloques...

Ps: merci au site gauze.free.fr pour la photo

 Au début des années 60, le gouvernement japonais favorise l’expansion économique au détriment de la protection de la culture et des traditions nationales. Ce choix politique mène, rapidement, à la dissolution des usages de la vie en communauté, éloignant de nombreux individus de leurs familles – qui sont à cette époque de très grands groupes, constitués de plusieurs générations, vivants selon des habitudes et des traditions spécifiques à leur région d’habitation. Isolés pour la première fois, ces nouveaux japonais migrent dans les villes à la recherche d’emplois, et forment un nouveau type de cellule familiale que les sociologues dénommèrent par la suite « la famille nucléaire » -unité familiale restreinte constituée uniquement de « papa, maman, et moi ».  

L’inhospitalité de l’environnement urbain, où les terres sont rares et onéreuses, ne laissent à ces "familles nucléaires" que deux options pour se loger : acheter un terrain en lointaine banlieue pour y construire une petite maison dans leurs moyens, où vivre dans un danchi -complexe immobilier qui s’apparente dans notre société aux immeubles HLM (Souvenez-vous de la cité dans Rêves d'enfants D'Ôtomo Katsuhiro). Ainsi, de nombreuses familles choisissent la première option, déclenchant la plus grosse explosion démographique que va connaître la banlieue tokyoïte.

 

Dans ces foyers d’un nouveau type, les maris partent très tôt, le matin et en train, pour franchir l’immense distance qui les sépare de leur lieu de travail. Piégés par des crédits de plusieurs dizaines d’années, ces hommes restent tard le soir pour de nombreuses heures supplémentaires.

 

Pendant ce temps, dans ces cités pavillonnaires de banlieue comme dans les danchi, les femmes sont constamment seules, leurs maris enfermés au travail et leurs enfants la plupart du temps à l’école. Très vite, elles commencent à soulager leur solitude en nouant de relations fortes, presque intimes, avec leur voisinage, constitué principalement, comme vous vous en doutez, de femmes dans la même situation. Un mot se popularise alors, pour parler de ces fréquents rapports : Otaku. Confinées dans ces cités pavillonnaires ou dans ces HLM, on peut assister à ce genre de conversation :

 

« Otaku a récemment acheté une télé couleur ? Et Taku pense aussi à acheter un réfrigérateur… »

 

Ici, Otaku fait référence à une autre femme au foyer (le O étant un préfixe honorifique), et taku à soi-même. Utilisant à tout va ce pronom ne se référant à personne, les femmes se vantaient les unes les autres de la réussite matérielle de leur famille tout en construisant un tissu de relations humaines et fragiles.

 

En contrepartie, imitant l’absence de rapports entre leurs parents, les enfants très vite commencèrent eux-mêmes à s’éloigner, privilégiant les rapports avec les camarades d’écoles vivants dans la même situation, avec lesquels ils partagent les passions pour la télévision et les magazines jeunesse. Leur chambre se remplit de manga, anime, tokusatsu… tout une foule d’objets incarnant cette nouvelle culture populaire que leurs parents ne comprennent pas, et dont il sont exclus.

 

Voila comment, de la femme abandonnée, le mot Otaku s’est déplacé comme un héritage aux enfants des « familles nucléaires », symbolisant leur solitude, leur repli et leur amour inconditionnel pour la culture populaire issue de cette période de folle course à la réussite économique.

 

 

 
Le Château dont personne ne parle
 

Par Stéphane

De retour de Thailande, je découvre que 1. Le Château Ambulant de Miyazaki est enfin sorti en DVD, 2. personne n'a fait d'analyse un peu sympa sur le film, histoire d'éclairer un peu le visionnage ou d'enrichir le catalogue d'anecdotes des fans. Ni Animeland, qui fait un papier limite pourri, ni Les Cahiers du cinéma, personne...Bref, c'est bibi qui s'y colle pour sa première journée de travail à AAAPOUM. A peine une journée après son retour, le bronzage s'en va et les neurones se remettent en route, lentement quand même. Donc ne criez pas trop fort si l'analyse qui suit n'est pas des plus géniales... je suis en convalescence.

Adapté du roman jeunesse éponyme écrit en 1986 par Diana Wynne Jones, le film animé Le Château ambulant suit globalement le scénario original tout en altérant les enjeux initiaux. La version de Miyazaki se recentre copieusement sur la quête des protagonistes pour ce que l’on peut appeler un hypothétique «sens de la vie», quête qu’il accorde particulièrement avec les préoccupations du Japon d’aujourd’hui. Voici donc les trois thèmes centraux à travers lesquels Le maître japonais dresse son état des lieux.

  1. Toute guerre est insoutenable et, quelque soit la justesse ou la validité de sa cause, brise l’âme. Howl se transforme ainsi d’un gentil et brave jeune homme en monstre incontrôlable, sorte de kamikaze flottant sur un paysage rappelant étrangement Tokyo sous les bombes. Autre point important : le conflit dans le film se déclenche et s’interrompt par le simple claquement de doigt d’une poignée de personnes importantes (les élites). La guerre n’a pas de sens réel, et ses soldats n’ont pas de but à poursuivre. Par extension, le désir vorace et omniprésent du Japon de se doter à nouveau d’une armée glorieuse est clairement contestable, plus encore le soutien récent au conflit en Irak. En contrepartie, l’inaction, l’absence de prise de position, et surtout la retraite en terre paisible, s’accompagne aussi d’un puissant sentiment de culpabilité. Entre perdre son âme dans un acte sans sens et culpabiliser depuis sa retraite dorée, Howl illustre un dilemme qui, comme je l’expliquerai plus loin, vient des traumatismes infantiles de l’auteur.

  2. Personne ne peut vivre isolé ou coupé du monde. Le film flatte notre besoin essentiel d’une communauté, et encourage à créer soi-même cet environnement ou cette famille si l’on en est dépourvu. L’isolationnisme japonais à l’échelle internationale tel qu’il est pratiqué depuis des centaines d’années est certes pointé dans un premier temps, mais c’est surtout l’amplification et une certaine forme de normalisation, à l’intérieur de l’archipel, des phénomènes sociaux modernes de l’otaku (fan qui soulage son autisme par un repli consumériste dans le divertissement) et du shut-ins(près d’un million de jeunes refusent de sortir de leur chambre ou d’entrer en contact avec leur proches) qui sont visés. La société japonaise est depuis quelques années, et dans une certaine mesure, en proie à un mouvement de repli sur soi. Plus grave encore, elle commence à accepter et intégrer ces dérives comportementales. Howl est l’illustration de ce phénomène. Au contact de Sophie, il s’épanouira. Et alors qu’auparavant il cherchait à fuir ces obligations militaires, le magicien solitaire trouve dans sa relation avec la jeune fille une raison suffisante pour se jeter corps et âmes dans les ravages de la guerre. Rapidement cependant, les feux du combat consument les bonnes intentions et Howl mue en une machine de combat démoniaque.

  3. Enfin, le bonheur ne se trouve ni dans la jeunesse, ni dans la vieillesse, mais quelque part entre les deux, dans ces échanges incessants entre les âges. Par ce système, Miyazaki réhabilite l’acte de vieillir, soulage les angoisses d’une société effrayée par la croissance exponentielle de sa population du troisième âge, et réunit au creux du mêmes corps des couches de générations qui s’opposent parfois avec violence.

Une autre analyse, centrée sur l’auteur, est possible. Dans le feu de la guerre, l’âme de Howl se fourvoie et le héros se transforme en monstre, mécanique. L’égarement cinématographique d’un réalisateur au sommet de sa gloire serait l’image cachée derrière la métaphore ? Après tout pourquoi pas. Si les derniers films de Miyazaki sont splendides, acclamés, force est de remarquer qu’ils se sont vidés de leur substance et ressassent les mêmes thèmes avec cette pointe de monotonie qui est la marque d’un automatisme.

Seule issue, pour le héros et par écho le réalisateur, revenir dans le passé pour se retrouver à nouveau. Mais les chances sont faibles et les conséquences sinistres. Le trauma infantile et initiatique de Howl, qui dès lors conditionne sa vie, évoque l’expérience personnelle du maître japonais, lorsqu'enfant il fuit avec sa famille Tokyo et les ravages des bombardements pour rejoindre la campagne, à l’aide d’un camion. Chez tous deux, l’enfance explique la conduite de l’adulte. Plusieurs fois par le passé Miyazaki a évoqué candidement la culpabilité et le traumatisme qu’il a ressenti lorsque sa famille refusait d’aider les familles piétonnes suppliantes de prendre au moins leur enfants avec eux en stop. Pas une seule fois ils n’ont accepté. De plus, il est hanté par cette époque de sa jeunesse où, militant et engagé, il agissait en étant persuadé que les idées pouvaient changer le monde.

On peut donc voir en filigrane, se greffer dans le film les angoisses du maître japonais, et entrevoir, au fûr et à mesure que le film progresse, un autoportrait critique de sa carrière. Nés tous deux du traumatisme (la solitude pour Howl, la culpabilité pour Miyazaki), égarés par les feux (du succès pour le réalisateur, de la guerre pour le magicien), le film se conclue par une incitation  à un "retour aux sources", afin de renouer avec soi-même (la contestation féroce de la guerre pour l’un, le pacte des relations humaines entamé avec son amitié pour Calcifer pour l’autre). Et Miyazaki, après quelques films plus mécaniques que viséraux, commandés par un succès international grandissant et l'abscence cruelle de descendant potentiel après la mort de son disciple préféré plus que par un réel desir cinematographique (combien de fois a-t-il annoncé sa retraite avant de se retracter par obligation pour son studio), de revenir enfin au cinéma avec l'envie et le ventre, un hymne et une idéologie à defendre: s’il doit continuer à vivre dans un pays défait, qui s'obstine à refuser toute implication politique dans la guerre, alors il ne lui reste d’autre choix que de faire des films.

 
La mauvaise note qui tue
 

Lorsque pipeau et molo vont au Japon

Depuis plusieurs semaines, l'éditeur Français Glénat clamait à la presse avoir remporté l'achat de l'ultra best seller manga Death Note, ainsi que deux trois autres titres majeurs du catalogue japonais de la Shueisha....

La sortie etait parait-il imminente, et augurait surtout un rapprochement singulier entre les deux maisons.

OOOOOHHHHHH, les gros menteurs, en fait ils n'avaient rien du tout conclu.

Non seulement le poids lourd Death Note est toujours aux enchères, mais les japonais n'étant pas très fans de ce type de propagande,  Glénat semble maintenant bien mal barré pour décrocher la licence.

Tant mieux pour les autres....

 
Quel Futur pour les éditeurs de manga en France ?
 

Par Stéphane

Au lieu de faire des bilans, pourquoi ne pas s'essayer à prédire l'avenir.

Pour prolonger ici ma réflexion sur les évolutions à venir pour le marché du manga en 2006, réflexion publiée dans le magazine Bulldozer de décembre à l’occasion du rachat de la maison d’édition Tonkam par Delcourt, il me semble qu'après quelques années d'expansion et de dilatation, 2006 marquera pleinement un tournant vers la concentration et le rassemblement. La seconde manche de la professionnalisation en quelque sorte. Mais peut-être peut-on, aussi, s’amuser à imaginer la tournure que pourrait prendre le marché d’ici peu. L’article qui suit est donc un état des lieux synthétique, suivi d’une analyse prospective à court terme, puis à long terme des chavirements possibles dans l’organisation des éditeurs de mangas. Des informations inédites y sont glissées, mais l’article est un peu complexe (entendez chiant) et je ne conseille sa lecture qu’à ceux qui s’intéressent au fonctionnement économique du marché de la bande dessinée. Une dernière précision : je n’avance rien de sûr, il s’agit encore une fois d’une envie de préfigurer, pour mieux anticiper.

J’annonçais en décembre dernier le rachat des éditions Tonkam par Delcourt avec une pointe d’ironie. Comme l’actuel directeur éditorial des éditions Delcourt avait fondé Tonkam avant de se faire jeter dehors sans ménagement, ce rachat sonnait un peu comme un sympathique «retour du roi» après l’exil, mais aussi le coup d’envoi d’une course effrénée, celle du gobage des petites maisons d’édition de manga par des structures plus grosses. Attention petits fantômes japonais, les pacmans Franco-belges sont lâchés et ils ont faim.

2006 sera donc l’année de la concentration éditoriale, une course qui démarre en fanfare avec le rachat à hauteur de 50% des éditions SEEBD (Tokebi, Saphira, Kabuto…) par le groupe Soleil. Le mois prochain, J’ai lu annoncera la fin de son catalogue manga, qui va rejoindre le giron Casterman au sein des éditions Flammarion. Pika, un autre indépendant, serait parait-il courtisé par un grand groupe dont on ne connaît pas encore le nom (info qui reste cependant à vérifier). Un début d’année en fanfare qui augure ce constat : il semble certain que la plupart des petites structures indépendantes se feront aspirer par les mammouths éditoriaux de la bande dessinée.

 

La raison la plus évidente : le marché est trop encombré, donc trop virulent, pour qu’une petite pirogue puisse y évoluer désormais en toute sérénité. Une armature et des reins solides sont devenus indispensables, et c’est précisément pour cette raison que la concentration semble inévitable. C’est la rançon du succès.

 

Il ne serait donc pas étonnant que, d’ici deux à trois ans au plus, il ne reste au mieux qu’une dizaine de structures éditrices de manga, elles-mêmes détenues par des groupes éditoriaux plus larges. Alors le marché sera mûr pour une troisième manche industrielle et commerciale, que l’on peut d’ors et déjà imaginer en fonction des indices qui nous sont donnés à voir aujourd’hui. Brossons donc un plan prévisionnel.

 

1. Les coulisses de l’industrie japonaise du manga semblent désormais limpides pour les professionnels français. Les hasards éditoriaux se sont raréfiés, la chance de tomber sur une perle méconnue aussi. Tout est transparent et le savoir presque plus un avantage. Pour se départager, seule compte désormais la taille du porte-monnaie des acheteurs français. Hors…

 

2. …la multiplicité des concurrents, conjuguée au succès commercial dans l’hexagone, a permis aux éditeurs japonais de multiplier X fois le prix de vente des licences de manga à leurs confrères gaulois. L’arrivée en automne dernier de la maison Kurokawa, en fait une sous-marque du groupe Fleuve Noir, a tout accéléré. Très riche, cette dernière n’hésite pas à acheter les licences à prix d’or en surenchérissant largement au dessus des propositions. Peu de concurrents sont ainsi capables de s’aligner. Conséquence inévitable, les dernières licences à la mode comme Full Metal Alchémist sont raflées par Kurokawa sans mal, et les éditeurs moins fortunés condamnés peu à peu à se rabattre sur des produits de seconde catégorie, moins porteur en terme de rentabilité. Kurokawa vient ainsi en quelques mois de faire une entrée spectaculaire dans le monde du manga, et rejoint Panini et Dargaud dans le clan des béhémoths aux accès illimités. Les plus petits éditeurs de se demander comment faire pour ne pas dilapider leur bas de laine dans l’achat de licences à haute teneur commerciale, eux qui n’ont même plus le privilège de « l’éclaireur » avantagé par sa connaissance du terrain.  Ont-ils encore une raison d’exister ? Ou même les moyens de survivre ? Rien n’est moins sûr ?

 

3. Un autre élément est à considérer dans l’équation, peu exposé car effrayant la plupart des professionnels qui ne sont pas dupes. Et si, le succès aidant, les japonais décidaient demain d’éditer eux-mêmes leurs catalogues sur le sol Français. Après tout, ils sont les champions du monde de la rentabilité éditoriale, et possèdent le premier marché du livre au monde. Ils savent faire aussi bien nous, pour ne pas dire mieux. Certes la machine des achats de licences entre nos deux pays semble maintenant lancée et difficile à arrêter, mais pas impossible. Et si le jeu commençait à en valoir la chandelle, après tout pourquoi les nippons ne gagneraient-ils pas eux même l’argent que nous autres français empochons à leur place ? Il leur suffirait de ne pas renouveler quelques grosses licences, puis de les relancer eux-mêmes une fois les contrats les liant aux français tombés à échéance. Quelques années suffiraient pour renouveler complètement le parc des éditeurs hexagonaux par des nouveaux arrivants japonais. Que de rentabilité gagnée pour peu d’efforts fournis. Une possibilité pas si fantasque, puisque la plupart des majors japonaises ont ouvert une succursale à Paris depuis quelques années dans le but de surveiller et comprendre le phénomène manga et son évolution sur le marché français. D’ailleurs, dans notre fonctionnement, de nombreux points les agacent, comme par exemple l’exploitation gratuite de l’iconographie dans la presse (elle est payante au Japon, et le droit de regard des éditeurs est bien plus obligatoire).

 

Ainsi, en additionnant les trois paramètres, il est possible de deviner les enjeux que devront relever les français dans les prochaines années, pour ne pas se laisser engloutir dans le sol instable de l’édition manga. Certains bruits courent, annonçant les pourparlers d’association entre maisons Françaises et Japonaises. La solution de demain, stabilisante, économique. Mais où peu seraient vainqueurs, les monstres de l’édition japonaise étant en moins grand nombre.

 

Une autre alternative consiste aussi à importer le mode de production en France, et engager les jeunes français désireux de dessiner du manga. On pourrait ainsi éviter de payer des fortunes pour des licences japonaises, et se libérer des contraintes commerciales liant les deux parties, puisque l’éditeur fabriquerait sa bd de A à Z sur le territoire. Comme par hasard, seules les maisons de moyenne envergure ou de seconde catégorie (entendez celles qui ont de bons moyens, cependant insuffisants pour être de ceux qui ont le pouvoir de s’associer avec les leaders japonais), comme Pika et Delcourt, se sont lancés dans ce projet. Est-ce un indice que les leaders français ont d’autres priorités ? Certainement. En tous cas, on sent plus d’urgence chez les poids moyens à se rabattre sur la production locale. Les grands groupes, au contraire, accélèrent les processus les liant au marché d’import japonais. D’ailleurs, les partenariats franco-japonais pourraient aussi permettre aux éditeurs choisis de mieux s’exporter au pays du soleil levant.

 

Bref, beaucoup d’informations, plus encore de désinformations, sont à traiter avec du recul et de la hauteur. Aujourd’hui le marché du manga est complexe, les éditeurs essaient de tirer leur épingle du jeu et de se stabiliser pour le futur. Une stabilisation bien difficile à mettre en place dans l’actuel marasme éditorial, d’ailleurs amplifié par l’arrivée dans la compétition de mastodontes financiers inhabituels pour le monde de la bande dessinée.

 

 
Liens distendus entre la France et le Japon
 

Plus rien n'est comme avant !

Vous savez que chez AAAPOUM, on aime bien vendre des séries complètes, ou à défaut, des packs contenant les débuts d'une série... Ça fait des années qu'on fait ça. On avait une méthode pour ficeler les volumes ensemble avec du bolduc, une habille boucle toute en élégantes obliques...

Et bien nos recherches démontrent que cette méthode ne fonctionne pas avec les mangas !  

Démonstration par l'image :

À gauche un pack Gunnm Last Order (6 tomes, 24€) lié traditionnellement à la "franco-belge" par Stéphane. À droite un pack Rainbow (4 tomes, 20€), lié "à la japonaise" par Vlad. Observons le résultat après quelques minutes d'exposition de ces deux produits à la clientèle aaapoumienne...   

Et voilà le résultat ! Patatras ! Le lien traditionnel franco-belge ne tient pas le choc et la méthode de Vlad est la meilleure.

 
Dédicace Shizuka Nakano
 

Shizuka Nakano en dédicace à Album Manga pour son livre 

Le Piqueur d'étoiles

Difficile de faire beaucoup mieux, l'espace était trop étroit, l'auteur trop penchée sur sa feuille (elle a bien le droit au confort tout de même). J'espère cependant que le spectacle est séduisant. Un dessin en progression, c'est toujours agréable, non?                 .

 
Vagabond de Takehiko Inoué
 

La plume et le sabre

Suivant la tradition des biographies romanesques sur Musashi, Vagabond s’ouvre sur la plus grande date de l’Histoire médiévale japonaise, octobre 1600, bataille de Sekigahara.

Sur le visage engourdi du héros sonne la pluie, autour de son corps étendu gisent les cadavres de ses alliés déchus. Laissé pour mort, la défaite de son camp sonnant l’instauration d’un régime politique qui durera 300 ans, son réveil a un goût de renaissance, le Japon des airs de nouveau monde. Cet instant inaugural conditionne dès lors l’errance de l’adolescent. Il s’agira à l’avenir de ne plus se précipiter dans la bataille sans réfléchir, et de maîtriser les techniques qui assurent la victoire.Miyamoto Musashi est une figure essentielle de l’Histoire et du Folklore nippon.

Depuis toujours s’incarne dans l’image chevaleresque et philosophique de ce samouraï  l’idéalisation d’une « âme japonaise », faite de rigueur et d’obstination, d’abandon de soi et de recueillement au plus près de la nature. Des associations d’idées d’autant plus fortes qu’elles furent flattées à de nombreuses reprises dans d’illustres créations artistiques.Au-delà du symbole identitaire, Vagabond fascine par la volonté de l’auteur à se mesurer au mythe.

Même l’européen déconnecté de la mentalité nippone ne manquera pas de ressentir à chaque image le challenge. Voie du Sabre et voie du dessin sont liées au sein des pages, auteur et sabreurs unis à dans l’expérimentation et le changement d’outils (commencée à la plume, la série se poursuit désormais au pinceau). Une ode à la perfection dans l’humilité, enveloppée d’un graphisme à se pâmer de beauté...

Bref, l’essence pure en manga du mythe Musashi.


 
Tu veux mon doigt ?
 

Souvenez vous, une bande de bambins déchainés accroupis tels des dalmatiens devant la télévision le mercredi après midi. Face à eux, un homme, un vrai, musclé, en clou et en cuir, qui plante à tout bout de champs ses gros doigts dans la chair saillante de ses ennemis en balançant un terrible "je vais te prendre le fi... ", excusez moi je me suis trompé. En balançant donc un terrible "tu vas mourir dans trente secondes".

Beh ouais les gars, Ken revient, et il est pas content (un peu facile je vous l'accorde). Un grand film (cinéma me semble-til) se prépare au Japon et, pour tous nostalgiques qui se respectent, un petit tour sur le site pour admirer les bandes annonces (cliquer sur l'onglet trailers en anglais) est franchement conseillé.

Ouah, il est trop fort ce Ken.