Publications dans Août 2006
C'est pour quand le nouveau BDM ?
 

Les collectionneurs de France, de Belgique et de Navarre parle beaucoup du BDM, publié aux Editions de l'amateur, soit pour en dire du mal, soit parce qu'ils le considèrent comme leur bible. Cet ouvrage, nommé plus fréquemment par les initiales de ses créateurs (Michel Béra, Michel Denni et Philippe Mellot) que par son nom complet (Trésors de la Bande Dessinée), a comme objectif de recenser la totalité des ouvrages de bandes dessinées publiées en francophonie et d'indiquer leur cote éventuelle.

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Bien qu'imparfait, cet ouvrage, conçu avec la collaboration de nombreux bénévoles, nous est très utile.Nous sommes quasiment sûrs que notre BDM 2005-2006 est le plus abîmé de tous les BDM de la rue la rue Dante. Ce doit être parce qu'il sert beaucoup, ou alors parce qu'on est très maladroits et qu'il tombe souvent dans l'escalier de la réserve...

En tous cas comme ça on risque moins de se le faire chouraver. On aurait pu le changer depuis longtemps, mais comme on écrit directement dessus les mises à jours qu'on peut trouver sur BD Zoom, les corrections glanées sur le forum BD Gest et nos propres rectifications de cotes, autant dire que cet exemplaire défraîchi est irremplaçable !Bref nous attendons avec impatience le BDM 2007-2008, car notre 2005-2006, comme les calendriers, perd ses pages (on doit reconnaître que ça n'a pas été facile d'en arriver là, la reliure est super résistante !).

 
Deux types très différents de collectionneur de dédicaces
 

Cette différence ne relève pas que de la culture et de la nationalité.

Par Stéphane

Première anecdote, découverte sur boingboing.com: En 1999, Jeremy Adolphson est un étasunien de 17 ans qui aime la bande dessinée, ou le comic comme on dit là-bas ; et  il a des idées - ou du moins une : envoyer des cartes postales aux artistes qu'il adore accompagnées d'une enveloppe timbrée pour qu'il la lui renvoie avec un zoli dessin dessus. Du coup, aujourd'hui il a une grosse collection de dédicace, soit 42 "galeries "qu' il expose sur le Web, et un jour, il la vendra aux enchères quand elle vaudra chère - sinon c'est ses enfants quand il mourra. En attendant c'est sympa à voir.

L'autre petite histoire de dédicace est plus "maison".

La semaine dernière, un de nos anciens clients pas trop fou mais un peu quand même vient me voir et me dit, "là, j'suis  dans la merde, je dois 150 euros à la poste et mon compte est bloqué, alors j'vends des bd et des dessins". Il revient des quais et de Rackam, mais n'a réussi à attendrir personne avec ses merdouilles. Je lui reprends les deux trois trucs les plus corrects, lui est content. Puis il me montre un original de Bilal : 1981, joli noir et blanc détaillé comme il n'en fait plus depuis belle lurette, mais abîmé d'une immense tâche de café sur la majeure partie gauche. Je lui dit que j'en veux pas, mais que là, vraiment il a été con. D'ailleurs, personne avant moi n'en a voulu non plus. Bref, au bout d'un quart d'heure de négociation, il gagne avec cette magnifique phrase, "de toutes façons je n'en veux plus car pour moi il symbolise mes années de drogue". Je lui achète avec 15 euros de ma poche.

Pour ceux qui serait déjà outré par ce gâchis, car un dessin de Bilal ça vaut bonbon, il faut savoir qu'ensuite il fut pas mal froissé par mon désordre, ce qui ne manqua pas de faire rire jaune Vlad, lui qui pensait le restaurer assez facilement. Au final, je ne sais pas ce qu'il faut retenir de cette histoire, mais je suis certain que les plus collectionneurs de nos clients vont m'en reparler.

 
L'ordre règne (3)
 

Petite menuiserie...

Nous n'avons pas chômé pendant ce si joli mois d'août. Comme vous pouvez le voir sur les photos qui suivent, nous avons construit de nos mains vigoureuses de petits meubles pour mieux exposer nos livres et surtout pour en présenter davantage. 

Le rayon mangas / manhwas s'épanouit désormais dans toute son opulence à l'entrée de la boutique, les comics Lug de notre enfance alignent désormais leurs magnifiques dos blancs et les éditions originales Glénat triomphent du côté nord...

 
Le Christ parlait dans des bulles
 

Rangez vos vieilles encyclopedies de la bande dessinée écrites par des croutons incultes. La vraie info est free et online.

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Désolé, seuls les anglophones seront totalement comblés, mais pour les autres les images valent vraiment le coup d'oeil. C'est l'histoire de la bulle, du phylactère si vous préférez, dans l'iconographie. C'est fou. D'ailleurs, n'hesitez pas à faire un tour plus général sur ce site très riche.

 
Nouvelle tendance
 

L'influence du gothique et de Da Vinci code...

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En cherchant à démarquer leurs produits de ceux des autres, les éditeurs viennent de mettre au point une nouvelle stratégie : elle consiste à attirer l'attention du chaland affolé par tant de nouveautés en inscrivant les titres à l'aide une typographie illisible. Dans le registre je vous livre deux exemples que vous pourrez vous amuser à déchiffrer...

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Indice : le premier est chez Emmanuel Proust et le second chez Dupuis.

 
TSUNAMI
 

Ce qui compte, c'est la quantité, pas la qualité

Par Stéphane

Aujourd'hui, c'est pas moins de 140 mangas qui arrivent en rayon pour fêter la fin des vacances, et pas loin d'une cinquantaine de bandes dessinées diverses et variées — de quoi lire pour un an. Un office (terme de professionnel pour dire livraison) si lourd que l'organisation capote : les camions sont à la bourre et les livraisons retardées dans un bon nombre de librairies à demain voire jeudi  (jour où se déverseront d'ailleurs de nouvelles avalanches de bande dessinée sur les étals). Et vous qu'allez-vous lire devant un tel éventail de choix. Rendez-vous demain ou jeudi pour faire le tri.

 
La belle époque
 

Flickr aux trésors.

Par Stéphane de retour de vacances

Je vous l'avais dit qu'on trouvais parfois, voire souvent, des merveilles sur ce site. Aujourd'hui, c'est la collection de photo de Ray Aragon, animateur in the 50's dans les studios Disney. Noir et blanc, faciès naifs et enjoués, et layout épinglés sur les murs sont de rigeur. Un régal.

Et un petit rappel de ma passion des Disney de l'époque, on retrouve le post sur les dessins animés méconnus ici.

 
Plein les yeux de Keko
 

Pour un été espagnol

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Il y a quelques semaines les étals étaient encore submergés par les nouveautés... Dans un mois ça recommencera, encore pire qu'avant. Les lecteurs ne sauront pas où donner de la tête, et les libraires ne sauront pas quoi conseiller, occupés qu'ils seront à trouver de l'espace entre les piles de nouveautés pour mettre de nouvelles piles et à préparer des cartons avec les nouveautés de la veille pour les renvoyer à l'éditeur. Sauf que là, en ce début de mois d'août, il n'y a pas grand chose de neuf à se mettre sous les yeux, en tous cas en bande dessinée européenne. C'est l'occasion pour revenir sur un titre sorti en mai et dont je ne vois pas la pile baisser chez mes voisins d'Album Saint Germain. C'est dommage car c'est un bon album. Il s'agit de Plein les yeux de Keko publié aux Editions de l’An 2.

Il faut dire que sa couverture française est dissuasive et ne reflète en rien la richesse de ce cauchemar graphique, sorti de la plume d’un quasi inconnu avec un nom ridicule. Un cousin espagnol de Mezzo et de Charles Burns qui révèle la contamination culturelle de la société par les images. Omniprésentes, elles façonnent et modifient l’individu, sont à la fois la sclérose en plaques et l’exhausteur de goût de l’environnement. Et l’intrigue policière modeste de Keko, au final, s’attache à explorer nulle autre chose que cette maladie. 

Dans un commissariat, un homme est interrogé sur ce qu’il a fait la veille. Un dispositif narratif de récit dans le récit assez classique, mais dont la bichromie somptueuse de noir et de rouge magnifie la folie intérieure du protagoniste. Un mal qui explose dès l’ouverture, et enclenche une longue odyssée hallucinée de références visuelles, parfaitement justifiée par l’histoire : le personnage principal est un documentaliste attaché à collecter des « ressources graphiques » sur les fifties : affiches, photos, publicités, films…

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Dès lors le parcours de ce pauvre suspect, peuplé de fantômes graphiques, peut se lire comme la mise en abyme de la condition du créateur : errant dans un monde de références il cherche son chemin, en les fuyant, en les agglomérant, en les détournant ou en les assimilant… Les visions allégoriques qui s’imposent au personnage sont elles-mêmes métaphore du regard artistique, celui qui surprend le derrière des apparences et le retransmet par la déformation ou l’amplification.

Depuis son Espagne natale, Keko, à l’image de ce Don Quichotte vêtu en Lone ranger masqué dans lequel se projette le personnage à la fin de l’album, s’est exilé par l’esprit dans l’imaginaire rétro de l’Amérique des années cinquante, avec ses rêves familiaux de consommation et son cauchemar maccarthyste. Un paysage intérieur confusément familier, mais dont Keko se fait le guide érudit, avec cette fascination distanciée, mélange d’amour et de peur qui est le propre de ceux qui ont découvert une terre d’accueil, fusse-t-elle imaginaire. En puisant dans un héritage visuel délibérément étranger et désuet, l’auteur batit sa singularité. Car si cet étalage iconographique identifie clairement Plein les yeux comme un brillant exercice de style, qui s’attache davantage à parler du médium, de ses créateurs et de ses lecteurs qu’à raconter une histoire, sa plus grande élégance est d’avoir choisit de le faire en utilisant un champ de références extérieur à la bande dessinée.

le site de l'éditeur français : www.editionsdelan2.com

le site de l'éditeur espagnol : www.edicionsdeponent.com