Publications dans Mai 2011
Soirée LITCHI HIKARI CLUB
 

Venez nombreux, vendredi prochain le 27 mai, à partir de 18h, faire la fête pour le lancement en avant-première de l'édition française de Litchi Hikari Club, étonnante adaptation en manga d'une pièce de théâtre des années 80...

 Litchi Hikari Club, c'est le nom d'une pièce de théâtre de la troupe underground Tokyo Grand Guignol dans laquelle une bande d'étudiants dépravés cherche à orchestrer la fin du monde. Dissension et défiance, rapidement, germent au sein du groupe, et l'appétit des protagonistes pour le sang se retourne alors contre eux.

Meurtre par éviscération, viol à la barre à mine, démembrements en série opérés par un robot alimenté aux litchis comptent parmi les atrocités mises en scène dans ce livre avec une crudité raffinée. Et pour cause, violence et frontalité confinent à l'absurde car c'est précisément ce que commandent les codes d'un genre littéraire japonais voué à la contestation sociale.Alors vous voilà prévenus, Litchi Hikari Club peut apparaître dénué de sens, d'une violence incompréhensible, et parfois même d'une débilité profonde, mais c'est à travers ces spectacles aux traits culturels très marqués qu'une jeunesse espérait se libérer du poids d'un Japon sur le point d'exploser sous la contestation sociale.C'était la folie pure comme échappatoire à la réalité.

 
Gagnons du temps
 

C'est pour respecter cette tradition qu'il y a peu j'ai empêché avec vigueur Stéphane et Pierre d'acheter un lot de Chat du rabbin en soldes... Laissons ces facilités à ceux qui aiment le travail prémaché.

PS : Hilarant, pendant que je mets laborieusement en page ce post, un étranger me demande Persépolis. Comme je lui réponds par la négative il me demande si j'ai quelque chose du même genre. Je lui propose Trop n'est pas assez de Ulli Lust. Il me demande alors si c'est français.— Non c'est une Autrichienne.— Ah... Non merci je cherche quelque chose de français.

 
Tarots
 

Voilà ce qui arrive quand un de nos clients amateur d'illustrations et de fantasy nous revend sa collection de tarots... Tous bien nickels, souvent même dans leur emballage d'origine. Tous à 20€ (ils valaient facilement 30 à 40€ pièce dans le circuit du neuf)  sauf le Tarot des imagiers du Moyen-âge, édité par TCHOU en 1975, qui sent un peu le tabac et qui est à 18€.

Donc deux Brian Froud, deux Luis Royo, un Will Worthington, un Caitlin et John Matthews...

 
Rappel : Pierre La Police à AAAPOUM BAPOUM
 

Rendez-vous vendredi au 14 rue Serpente...

Il y a une quinzaine d'années, j'étais alors étudiant en Arts plastiques. Dans le cadre d'un cours d'Histoire de l'art, il nous avait été demandé d'aller à la rencontre d'un artiste. J'avais choisi Pierre La Police et le petit dossier qui en résulta obtint la note de 13 sur 20, assorti de ce commentaire du professeur :

"Travailler avec quelqu'un qui serait plus inscrit dans le milieu de l'art serait préférable."

 
Pulp Stories de Cajelli et Rossi, éditions Clair de Lune
 

C'est invraisemblable !

Le bouquin a une bonne épaisseur, il promet un moment de détente assez long. Le dessin est agréable, Lucca Rossi connaît bien ses classiques du noir et blanc, qu'ils soient italiens ou américains. Il a beaucoup lu Frank Miller, Risso et Mignola, ça tombe bien nous aussi : le terrain est famillier. Le scénario commence tout à fait classique, un privé alcoolo qui se fait piéger comme un bleu, puis on sent que l'intrigue se veut chorale et qu'on va avoir droit à une construction un peu éclatée tarantinienne... Bref pas de suprises, mais du confort, les pages se tournent avec satisfaction avec le café matinal. Seulement voilà, page 57 il y a une scène d'action qui ne tient pas la route :

Jack le privé et son vieil ami Giusti, tueur professionnel, commencent à se démener pour innocenter Jack. Giusti c'est le type qui jure dans la première case. Alors qu'ils sont en observation à la porte du hangar, il semble péter un cable et fait brusquement irruption à l'intérieur en interpellant le méchant, "Donovan". Observez bien que la mitraillette de Donovan est bien située sur le bureau, un bon mètre devant lui.

Giusti, qui est un tueur professionnel, je le répète, au service de la Mafia, et qui a bien une cinquantaine d'années, doit être un type sacrément fort et expérimenté, il devrait savoir que c'est idiot de faire des tirades à formules pendant que son adversaire désarmé s'avance vers le bureau, attrappe sa mitraillette, pivote et largue une bonne rafale. Et bien non, ça Giusti ne le sait pas... Il n'a dû rester en vie jusque là que grâce à un incroyable concours de circonstances.

Mais Giusti n'est pas le seul à être très con. Il n'est pas ami avec Jack pour rien. Car Jack, ce vieux briscard de détective privé, assiste à tout ça sans faire usage de son flingue pour tirer sur Donovan. Oui Jack est armé, même si on ne le voit pas sur les images présentées, il y en a déjà assez dans ce post. Non, il ne fais rien de plus malin et sacrificiel que de pousser Giusti pour prendre la rafale à sa place.

Encore une fois voilà mes élans de lecture brisés... Je vais essayer de m'y remettre, mais ça va être dur.

Pulp Stories fait partie d'un lot de défraîchis de Clair de Lune que nous avons reçu à Seprente. De nombreux titres à prix réduit de séries B italiennes (des éditions Bonelli) pleines de qualités et de quelques défauts.

Pulps Stories 6€ au lieu des 12,90€ initiaux.

 
Manga (vieux)
 

"Rrrraaaahhhh ! Il est vieux ce manga ! Raaaahhh comment il est vieux ce manga ! J'y crois pas !" s'écrie une adolescente, à l'allure farouche et replète, à l'adresse de ses copines.

"Mais, regarde, ils sont tous vieux !" lui répond avec un air de dégoût l'une d'entre elles, plutôt observatrice. 

Chez Aaapoum Bapoum les Samouraï deeper Kyo  sont à 3,50€ pièce. les 5 pour 15€.

Nous avons aussi régulièrement des Hunter X Hunter et des Naruto, mais ceux-là on les vend facilement 4€ pièce (les 6 pour 20€) parce qu'ils sont beaucoup moins vieux.

 
Adios Carlos Trillo
 

Que tristeza !

Un des scénaristes les plus prolifiques de la Bande dessinée est mort ce week-end. L'Argentin Carlos Trillo était l'un des plus grands feuilletonistes du neuvième art. Chez Aaapoum Bapoum nous avons toujours apprécié et défendu sa production. Il était aussi un homme fort aimable qui avait courtoisement répondu quelques questions que Kamil Plejwaltzsky et moi-même lui avions posées par mail en février 2009 pour le magazine Zoo. Ci-après la version intégrale de ce petit entretien. Si vous comprenez l'espagnol vous trouverez un entretien beaucoup plus complet sur le site tebeosfera, effectué par Manuel Barrero en 2002.

Vu de ce côté de l’Atlantique on a l’impression d’un âge d’or de la presse BD argentine aujourd’hui révolu. Que pouvez-vous nous dire du paysage de la BD argentine actuelle ?

Oui, bien sûr, nous avons eu une période de grande créativité que l'on pourrait diviser en deux étapes fondatrices. En 1945, dans l'immédiat après-guerre, deux revues, Misterix et Patoruzito, permirent à des dessinateurs de se distinguer. Ainsi Alberto Breccia, Eduardo Ferro, Roberto Battaglia (pour Patoruzito), Alberto Ongaro, Mario Faustinelli, Paul Campani, Alberto Battaglia et Hugo Pratt (engagé par l'éditeur Cesare Civita de Misterix) impulsèrent les grands changements stylistiques de la vieille BD argentine.

Ensuite, en 1957, pratiquement au moment du retour à la démocratie après un coup d'état militaire, sont apparus Tia Vicenta, le grand magazine d'humour politique de l'Argentine, ainsi qu'Hora Cero et Frontera, ces deux dernières étant des revues dirigées par l’auteur qui montait Hector Germán Oesterheld, le maître des scénaristes de notre pays !

L’influence de beaucoup de ces auteurs s’est prolongée durablement et après une intéressante tentative de la revue Skorpio de reprendre les auteurs commerciaux les plus en 1984 arrivera Fierro, revue plus expérimentale, moins « classique », enfin la crise mit un terme à la présence de la BD dans les kiosques.

Aujourd’hui, Fierro est de retour, il y a beaucoup de magazines autoproduits par leurs auteurs et nous avons quelques nouveaux dessinateurs qui travaillent intensément (bien qu’avec beaucoup moins de lecteurs) sur de nouvelles voies. Nous pouvons citer les dessinateurs Ippoliti, Juan Saenz Valiente, Lucas Varela, Pablo Túnica, Salvador Sanz, Gustavo Sala, et des scénaristes comme Diego Agrimbau, Fernando Calvi, et l’extraordinaire Pablo de Santis qui était déjà apparu dans les années 80 avec Fierro et qui a développé, de surcroît, une importante carrière dans la littérature.

Vu que vous êtes au moins le Grand Oncle de la BD argentine, avec vos presque quatre décennies de production, comment en caractériseriez-vous les spécificités par rapport aux autres mondes de la BD (Extrême orient, Europe, Etats-unis ?)

L’Argentine, pays d’immigrés (italiens, espagnols, juifs d’Europe Centrale, etc.) a développé, au théâtre, au début du XXe siècle, un genre que l’on a appelé  “sainete” et qui, d’une certaine façon, porte la trace des façons de parler, des changements de coutumes, des comportements des groupes étrangers à peine descendus des bateaux. Roberto Arlt, un de nos grands écrivains, a synthétisé des années après dans sa littérature, la folie de ce mélange inexplicable de races et, probablement, la BD doit aussi avoir un rapport avec ces antécédents.

La BD humoristique argentine, surtout, puisqu’elle a toujours raconté ce qui nous arrivait depuis l’intérieur, fut un fidèle témoin des changements sociaux et politiques. La BD d’aventures, elle, a un peu plus tourné le dos au pays, mais il suffit de se rappeler L’Eternaute, de Oesterheld et Solano Lopez pour voir à travers ses 50 ans de succès, comment on doit raconter une grande histoire sur les événements dans ce pays.

Certains thèmes sont récurrents dans l’ensemble de votre œuvre. Ainsi pourquoi la corruption occupe-t’elle une place aussi importante dans votre œuvre ? Dans « Spaghetti Brothers », par exemple, la jeune génération bien que préservée de la corruption semble être en proie à un certain désenchantement. Pourquoi votre regard est il si fataliste ?

La corruption est si énorme en Argentine que l’on ne peut faire autrement que l’observer tous les jours. Je me vois plus ironique que fataliste, mais il est possible que notre fatale condition humaine m’ait amené à montrer de trop nombreuses fois que le bien ne triomphe jamais.

Vos œuvres se caractérisent aussi par une extrême violence des rapports hommes / femmes et par une vision de la sexualité vécue à travers le prisme du danger, de la prédation ou d’une certaine obsession morbide... Est-ce une démarche consciente de votre part ?

L’Argentine est un pays machiste, pas le pire de l’Amérique Latine, mais nous sommes entourés de relations de pouvoir en ce qui concerne la sexualité (entre autres). Moi, en général, lorsque j’écris, je veille surtout à ne pas perdre le fil de la trame, à créer une histoire qui en premier lieu m’intéresse beaucoup moi-même. Le reste est ce que l’on met de soi dans ce qu’on écrit et qui fait la plupart du temps partie de ses goûts, de sa personnalité, de sa vision du monde, non ?

Vous avez manifesté lors de notre rencontre votre attachement pour le personnage de Frank Centobucchi, le flic des Spaghetti Brothers. Que représente-t-il pour vous ?

Frank est, en réalité, le curé, un personnage charmant dans son exercice brutal de la foi. Heureusement qu’il n’a jamais été évêque car il ressemblerait à ces types monstrueux que l’on voit en Espagne et en Italie, par exemple. Mais, bien sûr, sa conduite est si linéaire, il est tellement direct et possède si peu d’aptitudes au dialogue qu’il n’aurait jamais pu arriver à obtenir un poste dans la hiérarchie de l’Eglise. Le Centobucchi flic - Tony - est le seul à être conscient qu’il est un véritable perdant, et c’est probablement pour cela qu’il a toute ma sympathie.

Votre attachement au cinéma est palpable dans toute votre œuvre : nombreux hommages au muet, une causticité fleurant Buñuel et parfois des situations qui évoquent les grandes heures du cinéma italien. Quel est l’apport du cinéma sur votre univers ?

Il me semble toujours que mon “univers”, s’il existe, est davantage en rapport avec mes lectures qu’avec le cinéma. Le film noir policier américain, le roman latino-américain de ce qu’on a appelé le “boom” des années 60 et 70, les « esperpentos » de Valle-Inclán, les récits de Roberto Arlt (mais aussi de Borges et de Cortázar) et en effet mes périodes de fréquentation des ciné-clubs, mon amour du cinéma italien d’après-guerre, ont certainement leur importance.Je distoujours que ma BD préférée est Little Lulu, par ce génie nommé John Stanley, et que si quelqu’un m’a influencé dans mon enfance, c’est Carl Barks. Je pense que si l’on fait une grande salade avec toutes ces choses et qu’on y ajoute les surprises plus récentes de ma vie de lecteur et de spectateur (le film Caché, de Haneke, ou Carver, ou le premier Mc Ewan), le résultat de ce que je reçois d’autrui commence à prendre forme, et se reflète dans ce que j’écris.

Beaucoup de lecteurs en France vous ont découvert avec la série fleuve Cybersix, dessinée par le regretté Meglia. Nous n’en connaissons pas la fin. Son enfant est toujours aux mains de Von Reichter, Lucas Amato toujours emprisonné par les terroristes... La fin existe-t-elle et comment peut-on faire pour la lire ?

Oui, la fin existe. Si l’on avait continué la chronologie telle qu’on la connaît en France, il devrait y avoir 24 albums de Cybersix et non 12. Mais l’éditeur a décidé d’interrompre la série et la fin n’a toujours pas été publiée parmi vous jusqu’à présent. Cybersix perd Lucas Amato, mais réussit à récupérer son petit enfant, enfin... Il s’agit d’une fin définitive, qui clôt l’histoire.

Un certain nombre de vos travaux récents semblent avoir été conçus directement pour le marché européen... Ce que vous avez fait avec vos compatriotes pour Strip Art Features de Ervin Rustemagic (ERKO en France), pour la collection Ligne Rouge de Casterman ou pour Albin Michel. Si c’est bien ça, comment s’est passé la ou les rencontres ?

Ce n’est pas tout à fait ça. Tout dépend sous quel angle on considère les choses: par exemple, Sick Bird (Bird en France !) comprend trois volumes et constitue une seule longue histoire avec de petites sous-fins dans chaque album. La différence, peut-être, avec par exemple Spaghetti Brothers c’est que le support initial n’est pas une revue hebdomadaire qui publie 8 pages et demande une fin ou une semi-fin pour chaque histoire courte, mais un long récit pour lequel il faut du suspense, des émotions et une fin.

J’ai fait pour Casterman Wilson sur la demande de Walter Fahrer et nous avons réalisé les trois albums de rigueur que l’on nous avait demandés. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’une histoire très travaillée, avec de la paranoïa et des personnages sinistres. Ensuite, toujours pour Casterman, nous avons commencé Anton Blake, une sorte de détective des sentiments, mais cette série est restée inachevée car l’éditeur décida de l’interrompre (probablement pour ventes insuffisantes, je suppose). Il existe un second album terminé d’Anton Blake qui n’a jamais été publié en français et qui éclaire l’histoire du personnage ainsi que son intérêt pour les sentiments, toujours sous l’inspiration de la merveilleuse saga d’Antoine Doinel de François Truffaut...

Dans votre production pléthorique y a-t-il une ou plusieurs œuvres dont vous regrettez l’absence de traduction en français ?

Quelques-unes... Surtout deux que nous avons faites avec Cacho Mandrafina, Peter Kampflo sabía et El caballero del piñón fijo.

 
Pierre la police en dédicace
 

Venez nombreux le vendredi 20 mai, à partir de 17H, rencontrer le mystérieux Pierre la Police dans notre librairie de la rue Serpente.

L’homme sera à même de répondre à vos questions les plus retorses, qu’elles portent sur le rôle du chien dans la société civile ou sur des bienfaits de la télévision sur les sourds.

Au passage, il en profitera pour dédicacer ses livres, aux éditions Cornelius, dont les trois somptueuses et récentes rééditions de Top Télé Maximum, Attation, Nos meilleurs amis et l’acte Interdit, du mois d’Avril. 

Évidemment, vous trouverez égalementposés sur nos étals Les Demoiselles de Viennes ou La Balançoire de Plasma, qu’il se fera un grand plaisir, ou pas, de signer.

Y’aura des cahouettes et du soda, des derviches tourneurs, des libraires hilares.

Alors venez nombreux...