Publications avec le tag The Hoochie Coochie
ARRIVAGE THE HOOCHIE COOCHIE
 

Arrivée simultanée des deux revues du catalogue The Hoochie Coochie : l'épais Turkey Comix n°22 et l'oblong DMPP n°10.

Turkey Comix 22. 280 p. (tiens, ils ont numéroté les pages sur ce livre !), noir & blanc avec un cahier couleurs et un poster couleurs encarté, jaquette en gravure deux passages, 20 €. EAN : 9782916049397. Je ne l'ai pas lu en entier mais j'ai noté la présence de Joe Dog, la férocité de L.L. de Mars, un exorcisme autobiographique de G. Ducatez qui règle certains comptes avec ses parents.

DMPP #10. 216 p. noir & blanc avec un cahier couleurs, 15 €. EAN : 9782916049403. Parmi de nombreuses choses, je me suis penché sur une interview de Ben Katchor, forcément intéressante même si l'homme se montre froidement technique et ne semble pas vouloir déployer en entretien le même humour que dans ses planches. On y apprend plus sur ses œuvres-conférences. On trouve aussi un reportage sur des prostituées en Russie fait par Viktoria Lomasko, une artiste-reporter russe que l'on va prochainement revoir chez The Hoochie Coochie.

Si une partie de la production de The Hoochie Coochie me laisse totalement de glace, on ne peut dénier à cette maison d'édition une grande cohérence éditoriale, une enviable persévérance, la joie d'expérimenter sans se reposer et le souci de faire de beaux livres difficilement séparables de leur condition matérielle. Vous pourrez trouver une grande partie de leur production dans notre boutique de la rue Serpente, avec évidemment ces deux nouveautés.Retrouvez le catalogue de The Hoochie Coochie sur leur site, qui allie efficacité et élégance.

 
PRISONNIER DES AMAZONES DE BORIS HURTEL CHEZ THE HOOCHIE COOCHIE
 

Un infirmier à domicile a une relation amoureuse avec une de ses patientes. Henri n'assume pas tout à fait et la relation capote. Il finit par en perdre son boulot. Improbablement il se retrouve en Amérique latine aux côtés d'une guérilla majoritairement constituée de femmes. Voilà, vite résumée, l'intrigue de ce petit pavé de Boris Hurtel récemment publié chez The Hoochie Coochie.

La première partie, qui expose le quotidien du héros, ses relations aux patients, sa fatigue croissante face au fait que ces derniers ne cessent de lui prêter des livres, est tout à fait passionnante et crédible, y compris et surtout cette irrésistible attraction, un peu auréolée de fantastique, pour Louise... qui est le sosie parfait d'une de ses ex. Toute cette introduction est à la fois inquiétante et drôle.

Je suis moins convaincu par la suite où Henri rejoint un pays imaginaire d'Amérique Latine (une tradition franco-belge plutôt déconnante) où une guérilla affronte le régime. C'est à la fois caricatural tout en semblant rester soucieux de parler de la réalité. Certains aspects relèvent de l'observation de l'humanité et de la société tandis que d'autres s'apparentent à de la bande dessinée d'aventure purement distractive. L'observation du machisme régnant souvent dans des mouvements révolutionnaires pourtant à vocation émancipatrice est assez pertinente, mais les péripéties sexuelles du personnage central sont assez prévisibles : évidemment il va avoir des relations avec des membres féminins de la guérilla, forcément cela va lui causer des problèmes en révélant une certaine hypocrisie générale. Mais au final il m'est difficile de dégager un parti pris dans tout ceci. De là à penser que l'auteur est à l'image de son héros, un peu perdu et sans plan d'ensemble, ni objectif autre que la distraction potache, il n'y a qu'un cheveu, que j'effleure. La dernière partie, avec le consul et l'indien Juan est à nouveau assez enthousiasmante, plus originale et plus rythmée. La veine satirique m'y semble plus assumée, ce qui permet de finir la lecture sur une note plus agréable pour un type qui comme moi aime savoir dans quoi il marche.

Six cases par planche : un style efficace.

Le dessin qui baigne dans l'influence de la gravure sur bois et refuse d'utiliser des pinceaux de moins d'un centimètre est parfaitement cohérent. L'expressivité de cette esthétique est parfois annihilée par son imprécision, si bien que les figures qui en émergent tendent vers le statut d'écrans sur lesquels chacun projette ce qu'il veut ou ce qu'il peut. Ainsi se crée une BD dont vous êtes le dessinateur, comme si un scénariste vous avait fait parvenir un scénario vaguement storyboardé, à l'instar de ce que peuvent faire Ferri ou Cortegianni. Le lecteur se retrouve dans la position du metteur en scène à la lecture d'une pièce de théâtre, ce qui est une expérience enrichissante.

Au final j'ai lu sans déplaisir cet ouvrage, mais il y plane quelque chose qui me dérange et j'ai bien conscience de ne pas être ici parvenu à mettre le doigt dessus. Vous avez l'occasion de vous faire une opinion car ce livre est à vendre, chez nous et ailleurs.

Prisonnier des Amazones de Boris Hurtel, éditions The Hoochie Coochie, 234 planches, 15 €, noir et blanc, EAN : 9782916049373PS : Notons que le sujet Femmes et Guérilla est également traité dans Tintin et les Picaros avec un constat inverse : le chef des guérilleros est dominé par sa femme (qui est tout de même une occidentale). Chez Boris Hurtel les femmes sont dominées par les hommes de la guérilla, avant de se rebeller, et l'occidental, porté par les événements, est dominé par tout le monde.

 
Les Illusions de Gérald Auclin
 

Essai de poésie non-lyriqueC'est un personnage à la dérive. Un naufrage. Sa vie sexuelle et sentimentale est aussi terne que son activité professionnelle. Il est amoureux de sa voisine du dessous et lui laisse des poèmes anonymes sur le paillasson. Des poèmes réalisés à partir de mot découpés dans une presse quotidienne qui ne sert qu'à ça. Il ne va plus au travail mais au bistrot du coin, où il s'alcoolise en morne compagnie.L'univers onirique et fantasmatique du personnage envahit évidemment l'espace de la planche. Les symboles sexuels dont la subtilité allie les lectures de Penthouse et de Georges Bataille abondent. La mise en scène est sobre avec quelques audaces comme les pensées parasites des figurants, déjà lues chez Muñoz et Sampayo il y a quelques décennies.

Si le titre de l'album est une référence à Gainsbourg, la couverture renvoit plutôt à Dutronc.

Si le titre de l'album est une référence à Gainsbourg, la couverture renvoit plutôt à Dutronc.

Le grand mérite de Gérald Auclin dans cette aventure de Victor, un héros qu'il semble avoir déjà utilisé auparavant, c'est de débarrasser la dépression de tout romantisme et de tout mise en valeur. Rien n'exalte ici les vertus créatives et la splendeur d'un état désespéré. Le crâne chauve et plat de l'anti-héros et son attitude générale n'évoquent nullement la pose du louzeur magnifique. Même si certains de ses collages-poèmes pourraient dans un autre écrin retenir l'attention, ils n'apparaissent ici que comme grotesquement décalés.Forcément un tel projet qui tient autant de Houellebecq que de Martin Veyron recèle peu de joies et est peu propice à déchaîner l'exaltation. Ceci dit, la couverture et son recto, est assez distrayante grâce à son côté primaire.Les Illusions de Gérald Auclin, The Hoochie Coochie, 2012, noir et blanc, nombre de pages : à vue de nez entre 60 et 80 (les indés ne savent toujours pas numéroter leurs pages, ou ne veulent pas, pour une raison très obscure). 12€. code EAN : 9782916049243. En vente à Aaapoum Bapoum.