Publications dans 2012
Horaires de Pentecôte
 

En raison d'un Lundi de Pentecôte, il est probable que nos librairies ouvrent aujourd'hui avec des horaires légèrement restreints.Ainsi Dante devrait ouvrir de 12h à 19h environ et Serpente de 12h à 20h. Encore qu'on ne sait jamais, certains camarades sont à ce point dévoués et dénués de conscience de classe qu'ils maintiennent parfois les horaires traditionnels...

 
Turkey Comix 10 ans d'âge
 

 Alors que la quasi totalité des numéros de la revue Turkey Comix sont épuisés, voici que son éditeur post-fanzinoïde, The Hoochie Coochie, s'est décidé à produire un luxueux "digest" sensé permettre à de nouveaux adeptes de compenser leur retard, tout en fêtant dignement le dixième anniversaire de cette maison avant-gardiste et artisanale.

L'objet fait 256 pages et pèse 656 grammes. Certaines pages sont en couleurs. Il y a une linogravure à l'intérieur, collée à la main et la couverture est constituée d'une jaquette  xylogravée 2 couleurs, dont du doré, ce qui est toujours festif.

L'ayant reçu aujourd'hui, en bon libraire, je ne l'ai évidemment pas lu, ce Turkey Comix Hors série, mais j'y ai aperçu un historique illustré de l'entreprise où l'on trouve cette question : "comment faire perdurer l'énergie séminale d'un fanzine dans une revue qui "s'institutionnalise" malgré tout ?".

Pour ma part j'ai parfois pensé qu'un fanzine, c'est une publication qui ne se vend pas, en tous cas pas au prix indiqué dessus. Or Turkey Comix se vend un peu, et notamment à AAAPOUM BAPOUM. Cette compilation qui – il faut que je le précise – contient donc une quarantaine de planches inédites, peut être acquise pour 23€. Il n'y a pas de code-barre dessus.

 
Comité de censure
 
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Bonjour chers lecteurs amis et ennemis.

Sachez que certaines pages de ce blog archaïque vont disparaître.

Oui. À l'approche de la prochaine migration de ces notules au sein d'un site plus conséquent destiné à faire davantage reluire la marque aaapoumienne si prestigieuse, je vais commencer un travail de tri qui nous facilitera la vie à tous (en tous cas au Webmestre et à moi-même).

Beaucoup de choses écrites sur la blogosphère ne sont pas destinées à avoir une postérité. Dont acte.Les critères qui vont présider à mes choix sont : intérêt subjectif à mes yeux, perennité de l'information, impossibilité à assumer la honte découlant de certains propos.Les plus nostalgiques d'entre vous et les plus malveillants doivent se dépêcher pour arpenter nos archives. 

 
Superman identité secrète et Superior
 

"Reculez ! C'est super lourd en fait !" - Superior #3

Le hasard a voulu que je lise successivement deux ouvrages qui ont pas mal de points communs. Est-ce vraiment le hasard ? Ne serait-ce pas plutôt qu'ayant lu une bédé m'ayant bien plu, j'ai instinctivement cherché, dans les piles de livres à lire qui s'entassent chez moi, un aliment me permettant de prolonger le plaisir que j'avais éprouvé ? Qu'importe, j'ai donc lu le premier tome de Superior de Mark Millar et Leinil Yu (2011 aux EU, en nouveautés en France). Puis j'ai enchaîné sur Superman : identité secrète de Kurt Busiek et Stuart Immonen (2004 aux EU, 2005 et 2006 en France).

superman superior

superman superior

Ces deux histoires ont comme point commun de présenter des univers où les super-héros n'existent qu'à l'état de fiction. Dans l'univers de la série Superior, le personnage éponyme n'est qu'un héros de comics aussi adaptés au cinéma. Idem pour Superman dans Identité secrète. Un peu comme chez nous, quoi.

Pour du Mark Millar le ton de ce premier Superior est étonnamment peu cynique. Le récit s'ouvre sur le quotidien de Simon, un adolescent atteint de sclérose en plaques. Avant il était bon au basket, mais c'est bien fini. Il ne lui reste plus que les BD et le cinoche, et un pote qui veut bien le voir une fois par semaine. Du Millar lacrymal. Par la suite on rigole beaucoup. Parce qu'un singe venu de l'espace lui permet d'exaucer un voeu  et que Simon devient aussitôt Superior, avec la tête de l'acteur qui l'incarne au cinéma. Le rythme est assez lent, mais c'est très jubilatoire, alors on est content que ça n'aille pas trop vite. Le suspens de la fin est très bien.Quant à Superman : identité secrète, c'est l'histoire d'un ado que ses parents, les Kent, ont stupidement appelé Clark, parce que c'était marrant. Du coup tout le monde se fout tout le temps de sa gueule au collège... Mais un jour,

Bon je m'arrête tout de suite car je sens que je ne suis pas assez en forme pour écrire un texte qui soit un tant soit peu à la hauteur de cette très belle histoire, fort bien dessinée, fort bien écrite, fort agréable à lire, fort sensible, fort émouvante, fort intelligente. Pas besoin d'apprécier spécialement Superman ou les super-héros pour accrocher à cette histoire. On va d'ailleurs faire un pack avec les deux tomes et le mettre non pas en rayon "Superman" ou "comics", mais dans la petite caisse "sélection aaapoumienne, dans cette caisse tout est bon !". D'ailleurs je vous le dis, Alex vous le dit, Stéphane pourrait vous le dire s'il n'était pas en week-end et Florent de chez Pulp's, grand amateur de Superman, pourra vous le confirmer : c'est excellent. Le tome 1 fut édité chez Semic books et le second chez Panini. Si on trouve encore assez facilement le premier, le second est plus dur à attraper. On vend le pack des deux pour 35 €. C'est assez raisonnable.

Superior (éditions Panini, 11,20 €) en revanche, vous n'en trouverez pas chez nous aujourd'hui, mais vous pouvez toujours l'acheter chez nos voisins. Surtout s'ils sont fans de Superman.

 
Revue de presse : courrier international n°1120
 
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À noter : un beau papier de Leila Guerriero, journaliste argentine, sur sa relation avec Mafalda de Quino. Initialement paru dans El País espagnol, il est traduit dans le Courrier international de cette semaine.

Un extrait :

"Comprendre qu'une mère pouvait douter de ses choix – et peut-être même les regretter – fut pour moi une découverte terrifiante. Parfois pendant que ma mère reprisait des chaussettes, lavait par terre ou faisait la vaisselle, je lui demandais : "Maman, qu'est-ce que tu aurais voulu être, toi ?" levant les yeux au ciel, elle me répétait : "Ah mon Dieu, cette petite ! T'as de ces questions !" Mon personnage préféré était Liberté – et toute sa mystérieuse famille –, mais aux yeux de ma mère, Liberté et toute sa famille étaient des tarés. Décidément, ce n'étaient pas des livres pour les enfants."

 
Totendom tome 1 et 2, édition luxe, de Recht et Delmas
 

"—Les héros sont immortels !

— Mais les héros doivent-ils  être inconscients ?"

2 albums... 3 ex-libris

2 albums... 3 ex-libris

La prose grandiloquente de Gabriel Delmas est toujours jubilatoire et exaltée... Ici dans la postface du récit wagnérien mis en images par Robin Recht, il écrit :

"Gloire aux marges fangeuses de l'édition qui défendent la vérité de l'être humain et travaillent à remettre l'artiste sur le piédestal d'où il a été viré autrefois par les charlatans et les menteurs. Je ne fais pas de la putain de bande dessinée. Je fais avant tout du dessin et de l'écriture."

Les commerçants que nous sommes proposent à la vente en ce jour les tirages de luxe numérotés et signés des deux tomes de Totendom.

• Le tome 1 est accompagné de deux ex-libris numérotés et signés. L'un d'Alex Alice, cover artist de la série, l'autre de Robin Recht. Tirage : 300 exemplaires. Cette édition comprend, par rapport au tirage standard,  un cahier supplémentaire de 16 pages fort plaisantes de croquis et d'esquisses. Les 1er et 4e plats sont un peu frottés. 50 €.

Une dédicace de Robin Recht. Correcteur liquide blanc sur pages de gardes noires.

Une dédicace de Robin Recht. Correcteur liquide blanc sur pages de gardes noires.

• Le tome 2 fut tiré à 250 exemplaires. 125 réservés à la librairie Forbidden Zone à Bruxelles et 125 à la  librairie Boulevard des Bulles à Paris, désormais disparue. Un ex-libris numéroté et signé par Robin Recht est glissé à l'intérieur. De plus notre exemplaire, le n°43, est agrémenté d'une dédicace pleine page au correcteur liquide sur fond noir. Ce tirage bénéficie comme celui du tome 1, d'un cahier d'esquisses dont nous déplorons cette fois la maquette immonde et surchargée. 65€.

Avertissons tous de même nos clients que l'acquisition de cette variation fantastique sur Gilles de Rais ne connaîtra sans doute jamais de dénouement, comme tant d'œuvres de cet art si laborieux et long qu'est la bande dessinée...

Ces ouvrages seront à vendre rue Dante d'ici une heure.

 
Interview de Agnese Micheluzzi, à propos de son père.
 

Hier soir, lors du vernissage de notre exposition des planches d'Attilio Micheluzzi, nous avons accueilli sa fille, Agnès, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions. Elle entretenait avec son père une relation conflictuelle et devait quitter le foyer familial à 24 ans. Mais ses souvenirs sont chargés de nombreux et précieux renseignements. La retranscription qui suit est brute. 

"Micheluzzi travaillait tout le temps. De 7 heures du matin à 8h le soir. Même quand il partait en vacances, il emmenait des planches. Il lui fallait en moyenne 2 mois pour dessiner un album de  48 planches, recherches et documentations comprises. Toutes les données objectives au sujet du Titanic, par exemple, sont issues de recherches. Imaginez sans Google le temps que cela demandait. Il aimait d’ailleurs à dire que l’écriture du scénario et la recherche documentaire prenait bien plus de temps que le dessin. En tant que père, en revanche, c’était un désastre puisqu’il n’avait pas de temps pour nous. Il faisait tout, seul, sans assistant, dans son bureau, à la maison. Tout ce travail-là était alimentaire, pour nourrir sa famille. Architecte en Lybie, il se retrouve soudainement au chômage, à 40 ans, suite au coup d’état de Kadhafi, et doit rentrer au pays sans travail, mais avec une famille à assumer.

Non ce n'est pas Agnese Micheluzzi, mais Michel Jans des éditions Mosquito... Qui assurait la traduction en y ajoutant son savoureux grain de sel. La photo fut bien prise par Agnese en revanche !

Non ce n'est pas Agnese Micheluzzi, mais Michel Jans des éditions Mosquito... Qui assurait la traduction en y ajoutant son savoureux grain de sel. La photo fut bien prise par Agnese en revanche !

Sa reconversion dans la bande dessinée ne se fait néanmoins pas par hasard. Son histoire avec la BD remonte à son enfance. Son père était général de l’aviation italienne et, gamin, il remplissait ses cahiers d’avions et de machines. A 18 ans, il a même dessiné une première bande dessinée qui n’a jamais été publiée. Parmi les inspirations dont je me souviens, je peux citer Milton Caniff qu’il adorait, Muñoz et Sampayo, Toppi avec qui il avait une relation d’admiration particulière, Battaglia et Pratt évidemment, et le Flash Gordon d’Alex Raymond…

Mais surtout, mon père aimait beaucoup le cinéma américain. Comme tous les gens de sa génération, il raffolait des comédies et des westerns. Leur fascination pour l’aventure et les militaires, qui leur a été souvent reprochée, soi-disant malsaine, admirative pour la cause militaire, était un héritage d’une enfance en temps de guerre. Ils avaient grandi avec les américains, et le cinéma hollywoodien entretenait ce fantasme de l’héroïsme issu de l’enfance. Cependant on ne peut pas dire que mon père soit pro militariste, ou qu’il flatte les mérites de la guerre. La guerre n’est qu’un contexte qui peut révéler les hommes, mais en aucun cas ils ne se sentent investis d’une mission.

On sentait également chez lui la nostalgie de l’exotisme. La vie qu’il avait vécue en Afrique avait été une vie aventureuse, avec de la place pour beaucoup d’aléas et d’exotisme. Son retour à la mère patrie dans des conditions de pauvreté était douloureux et il avait trouvé dans l’écriture de bande dessinée un moyen de sublimer et de compenser ces voyages du passé.

Sa carrière d’auteur  fut ainsi très courte, une vingtaine d’année. Une très petite partie seulement a été traduite en français. Captain Eric, par exemple, compte plusieurs centaines de planches. Micheluzzi  a écrit dans énormément de registres, comme le gore avec une histoire d’enfant qui tue le Père Noël et se sert de ses entrailles comme guirlandes. Des histoires de science fiction, et même un Dylan Dog pour les éditions Bonelli. Quant à Air Mail, si en France la série n’a pas été terminée, c’est parce que le 4ème volume a été perdu par Dargaud Editions.

Dans le milieu, il n’avait pas beaucoup d’amis car nous vivions à Naples, excentrés par rapport au monde de la bande dessinée. Il avait des amitiés d’estime, il correspondait avec Sergio Toppi, Hugo Pratt ou Andrea Pazienza par exemple. Mais sa seule vraie amitié était je crois avec l’éditeur Bonelli.

Au bénéfice du doute, je pense que la bande dessinée favorite de mon père était Petra Chérie, probablement parce qu’il avait vraiment une grande affection et une grande admiration pour les femmes, et surtout car il avait réussi à créer un personnage hors-normes pour l’époque.  Peut-être également parce qu’il avait transposé un peu de sa relation conflictuelle avec moi dans ce personnage, même si la plupart des sources d’inspiration venaient essentiellement du cinéma…

Sur son rapport au monde politique, je me souviens qu’il allait voter, conservateur généralement. Il était engagé, concerné, et n’avait aucune sympathie pour les extrémismes. Son idéal politique, ses histoires l’expriment, c’est la nostalgie de la Mittel Europa, ce monde qui n’a sans doute jamais existé. Chez lui cette nostalgie répond à l’amertume éprouvée face à la situation politique de l’Italie qu’il venait de retrouver après des années d’absence, et qu’il n’aimait guère. Par exemple, pour exercer son métier, en tant qu’architecte, il lui fallait obtenir une carte de membre partisane, et sur Naples c’était le socialisme. Son expérience personnelle l’a rendu très critique vis-à-vis du système politique italien. Il n’aimait pas non plus tout ce qui avait trait à la réclamation, lui qui était toujours dans la rigueur et la sobriété. Il a eu par exemple des échanges assez vifs avec des féministes italiennes des années 70 car il n’appréciait pas les revendications trop provocantes, qu’il assimilait à la vulgarité. Pour lui le féminisme c’était Petra, un personnage qui porte ses valeurs très loin dans l’action, mais discrète, voire secrète. Elle refuse la sujétion, elle est complexe, libre, mais voit plus loin que sa propre condition qu’elle assume avec une force naturelle.

Sur la fin de sa vie il commençait à se fatiguer de la bande dessinée car il en faisait beaucoup sous pression. Il a ainsi eu une petite activité de peinture à l’huile et parlait de se reconvertir dans le dessin sur tissu. Se prendre une maison en Ombrie, et peindre des motifs."

 
Ojingogo de Matthew Forsythe
 

Variations

Il y a quelques jours, nous recevions un petit stock d'un bouquin a tarif préférentiel. Un livre que je n'ai jamais lu, mais auquel Stéphane décelait du potentiel commercial dans nos rayons.  Patrick Batman s'enthousiasma aussitôt : "Incroyable ! 4€ de prix de vente public ! Dire que moi je l'ai acheté plein pot en import lors de sa sortie américaine ! Je l'adore ce bouquin !". Alors moi je dis à Patrick : "Ah super ! Tu veux pas écrire 800 signes dessus pour le blog ?".*

Avant-hier Patrick envoie donc un brouillon à S; du aaablog pour relecture et validation (Patrick est très formel). S; du aaablog s'exécute et réécrit à sa sauce le petit texte et le renvoie à Patrick. Lequel ne semble pas convaincu mais, vu le travail fourni par son compère, n'ose pas repasser dessus. Finalement je sais ce qui va se passer si personne d'autre n'intervient : le texte va être enterré et aucun de nos lecteur n'entendra jamais parler de Ojingogo (EAN : 9782353480166). Alors, aujourd'hui, grâce à moi vous n'aurez pas un, mais deux textes sur Ojingogo ! D'abord le texte de Patrick, puis la version modifiée par S; du aaablog. C'est quasi oulipien ce concept. Vous en apprendrez beaucoup sur les coulisses de la boutique et peut-être un peu sur le livre.

Le texte de Patrick :

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Ojingogo est nouvellement arrivé dans nos deux magasins!  C'est avec un plaisir que j'espère communicatif, que nous vous proposons ce qui constitue clairement l'une des meilleures affaires que vous pouvez réaliser chez nous en début d'annéeL'histoire débute comme un safari photo lovecraftien puis continue comme une balade cartoonesque surréaliste. Le genre de déroulé envoutant où la forme prend le pas sur le fond; le plaisir visuel du dessin substituant aux mots leurs caractères explicatifs. A défaut de piger toutes les transitions entre les séquences, on navigue de surprises en découvertes, l'esprit reposé à travers les planches libres de toutes cases, c'est agréable comme une ivresse médicamenteuse ou un sommeil éthylique.Alors oui le livre est publié sous la collection Petit Lézard donc prioritairement destiné aux minots, mais évidemment nous avons peu de lecteurs sur ce blog en bas age vu que Vlad balance articles sur articles sur Conan, Druillet et tant d’œuvres d'une violence inouïe.Et puis typiquement Ojingogo est un œuvre qu'on s'achète ou offre à des adultes. Les amateurs d' esthétiques pop proche de Jim Woodring ou Junko Mizuno ou les bidules hype comme les Qeeset devraient se ruer sur nos piles.Enfin l'argument imparable c'est bien sur son prix excessivement accessible, 4€ au lieu des 14€ à l'office.

Le texte de S; du aaablog :

Ojingogo, c’est clairement l'une des meilleures affaires que vous pouvez réaliser chez AAAPOUM en début d'année. Non seulement ce conte excentrique offre une excellente lecture, mais en plus son prix est fracassé (4 euros au lieu de 14).

 L'histoire débute comme un safari photo dans lequel les animaux exotiques ont fait place à une créature tentaculaire typiquement lovecraftienne.  Sauf que  le danger s’avère rapidement grotesque. Commence  alors  une autre balade, plus onirique, en compagnie de la petite photographe hystérique et de son compagnon le poulpe. Le déroulé de l’aventure envoute comme n’importe quelle promenade dominicale au milieu d’un décor égorgeant de créatures insolites. C’est un monde inconnu qui vous est donné à découvrir ; et à examiner d’autant plus attentivement que le dessin est conçu pour se substituer totalement à la parole. Les créatures et héros expriment pourtant fortement leurs émotions, eux qui justement naviguent de surprises en découvertes.

Alors oui, Ojingogo est publié sous le label Petit Lézard, ce qui sous-entend destiné aux minots. Mais vous vous doutez bien qu’un blog comme le notre, perpétuellement alimenté en violence par un Vladimir amoureux de Conan et Arzach, on ne perdrait pas de temps à vous parlerde ce livre s’il n’était pas susceptible de vous faire tripper.

Typiquement Ojingogo est une œuvre qu'on achète ou offre aux adultes. Les amateurs d’esthétiques pop proches de Jim Woodring, Junko Mizuno, ou des bidules hype comme les Qeeset vont se ruer sur nos piles.

Alors qu’ajouter de plus, si ce n’est que ce bouquin a fait un flop surprenant en France alors qu’il a connu un succès démentiel en Amérique du Nord et reçu nombre de prix.

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Exposition Micheluzzi du 6 Avril au 26 Avril chez AAAPOUM BAPOUM
 

Pour fêter dignement la réédition de Titanic aux éditions Mosquito, la Galerie Maghen organise une exposition vente. Une première, vraisemblablement, puisque les originaux restent introuvables dans le circuit habituel des ventes aux enchères et autres galeries. La dernières fois que des planches furent présentés, c’était justement dans notre libraire, à l’occasion de la réédition de Marcel Labrume, mais elles n’étaient pas à vendre.

C’est donc un événement pour beaucoup, l’occasion unique d’acquérir une pièce de l’un des grands maîtres de la bande dessinée italienne.

Pour l’occasion, nous nous adossons à l’événement pour exposer une nouvelle fois une douzaine de planches originales, mais celle-ci non offertes à la vente.

L’une des 25 aventures de Petra Chérie en intégralité sera donc exposée dans les murs d’AAAPOUM BAPOUM : la Montagne noire. Dans cette nouvelle  à l’atmosphère glaciale, la belle Petra, en fuite vers L’Europe de l'est, trompe une nouvelle fois la mort. Le travail graphique est, peut-être, un peu moins impressionant que dans les planches exposées la dernière fois. Néanmoins, les retouches très nombreuses offrent ici un bel aperçu de l’entendement du dessinateur. Certaines planches manifestent également une très intérressante utilisation de l’onomatopée (caractéristique majeure de la narration chez Attilio Micheluzzi) pour dynamiser le récit. Mais le plus impréssionnant reste le travail graphique au service d'une atmosphère paranoiaque, provoquée par un danger invisible.

Correctif : Le vernissage aura lieu le Vendredi 6 Avril, en la présence exceptionnelle d'une des filles d'Attilio Micheluzzi qui viendra répondre aux question sur son père et son œuvre, au 14 de la rue Serpente, à partir de 18h. Venez prendre un verre avec nous et papoter bande dessinée entre deux biscuits apéritifs. Les toutes dernières nouveautés des éditions Mosquito seront également présentées...

La critique de Pétra Chérie sur le blog

 
Le Believer n°1, éditions Inculte
 
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Du neuf pour les vieux JUB ?S; du aaablog m'en avait parlé. Avant je ne savais même pas que ça existait. Comme beaucoup de choses. The Believer est donc une revue culturelle nord-américaine qui existe depuis une décennie. Chacune de ses couvertures est dessinée par un certain Charles Burns. Son angle d'attaque semble être le même que  Les Inrockuptibles d'il y a 20 ans... Rock, littérature, attitudes sans attachés-cases, contre-culture désormais dominante.Voilà que les éditions Inculte se proposent de traduire et d'éditer les pages les plus pertinentes de cette revue. Ainsi la semaine dernière est paru le n°1 de ce qui espère devenir un trimestriel. The Believer devient donc en français Le Believer. L'aspect austère de la maquette des 128 pages me séduit assez.Au sommaire de ce numéro 1 il se trouve une interview qui nous intéresse au premier chef et qui devrait interpeller notre clientèle.  7 pages sont consacrées à Daniel Clowes. Pour l'instant c'est la seule chose que j'ai lue et je l'ai trouvée très bien. Trop courte mais bien. Je suis content de constater que Daniel Clowes voit son œuvre de la même façon que moi. Il y exprime avec humour, de fort belles choses et un point de vue que ne doit pas partager Enki Bilal :

" Ce que j'ai tellement envié en regardant le film se faire [Ghost World], c'est la facilité avec laquelle on peut changer l'histoire au montage. C'est comme écrire un roman : on peut déplacer des paragraphes, supprimer des personnages, continuer sans cesse à modifier. Avec une bande dessinée on ne peut pas faire ça, c'est impossible. Les cases sont organisées en grille de telle façon qu'on ne peut pas les déplacer ou insérer autre chose, sans quoi la page entière s'effondre."


Le sommaire semble contenir d'autres pages intéressantes, mais dans l'urgence propagandiste dans laquelle je me trouve, je me dois de vous informer avant de tout lire.Le garçon qui nous a déposé les revues nous a gratifié d'une fort élégante affiche, assemblant une foule de portraits d'auteurs dont la revue américaine a parlé. On peut ainsi y voir la tête de Lovecraft juste au-dessus de celle de Nick Cave, et ça, c'est un signe qui ne trompe pas : l'entreprise mérite d'être soutenue.Vous pourrez acheter le Believer chez nous. Son prix est de 15€.Également au sommaire : Don deLillo, Greil Marcus, Harry Matthews, Nick Hornby...EAN : 9782916940762http://www.inculte.fr/Le-Believer-01Par ailleurs il semble bien qu'il y ait demain une soirée de lancement de la revue à la librairie parisienne le Monte-en-l'air demain soir jeudi 29 avril 2012...http://www.facebook.com/events/135194596609700/