Publications dans BD européenne
Mauvais genres : les classiques de la BD
 

À écouter

Sur France Culture, tous les samedi à 19h il y a Mauvais genres, l'émission de François Angelier. La session de la semaine dernière concerne particulièrement nos lecteurs, puisqu'elle était consacrée aux rééditions en intégrale des classiques de la BD des années 70. Au programme Olivier Rameau, Jerry Spring, Gil Jourdan...

On y apprend notamment que le dénommé "Festin" qui signait le scénario du Jerry Spring dessiné par Franz (un ouvrage honorable que nous vendons toujours rue Serpente) était en fait José-Louis Bocquet épaulé par Thierry Smolderen.

 
exégèse Giraud
 

Du Giraud a en avoir le tournis

Quand un girophile est ruiné et cherche comment se payer son prochain repas, il passe chez Aaapoum et voilà ce que ça donne...

On se rend compte que Giraud/Mœbius est sans doute l'auteur français qui a répondu au plus grand nombre d'interviews ! Et ce pour les supports les plus variés, des plus prestigieux aux plus confidentiels.

On remarque aussi que le geste viril de l'allumage de cigare séduit particulièrement les directeurs artistiques.

Diverses revues et fanzines, en vente à Dante. Prix variés.

 
Un chef, deux couillons et les zombies
 

À propos de Zombies, éditions Soleil

Pour avoir un bon récit de zombies et de survivants, il faut que les survivants fassent des erreurs, sinon on retombe dans la gestion prudente d'un quotidien en temps de pénurie. Ainsi une des qualités nécessaires à un bon scénario de ce genre consiste en de bonnes justifications des motivations qui amènent ceux qui avaient si bien survécu jusqu'ici à commettre une bourde délétère.

À l'aune de ce critère Zombies T.1 La Divine comédie, de Peru (scénario) Cholet (dessins) et Champelovier (couleurs), paru chez Soleil le 23 juin 2010, n'est assurément pas un bon album.

L'intrigue générale ne partait pas trop mal, malgré son titre ronflant, sa citation de Dante en quatrième de couverture, son dessin de débutant et ses dialogues aux effets trop attendus, scories d'une éducation où la littérature fut réduite à la lecture des slogans d'accroche sur les affiches de films étasuniens... seulement voilà, page 42, quasiment à la fin de l'album, arrive la motivation tant attendue qui justifiera la boulette et la tragédie finale...

Voyez sur l'extrait ci-dessus. Dans la première image, les deux gars au premier plan ont avisé un hangar de basketball fermé. Ils ont soudain vachement envie de posséder des ballons de basket... Ah la légèreté de l'humanité, son insouciance enfantine en période de crise, c'est touchant, c'est ça qui fait que nous resterons des êtres humains, alala !

Qu'importe que leur chef, le barbu à chapeau, accroupi juste derrière, leur ait dit deux planches avant "On évite de rentrer dans les maisons et on se concentre uniquement sur les rues". D'ailleurs que fait-il le leader, pendant que les deux couillons ouvrent tranquillement le gymnase ?

Il lit un des nombreux tracts dispersés tout autour du lieu... C'est à ça qu'on voit que c'est le chef, il a des poils et il réfléchit, il s'informe et observe. Dommage qu'il mette tant de temps à lire les quelques lignes qui disent que tout les infectés ont été enfermés dans le gymnase et qu'il ne faut surtout pas l'ouvrir. Pendant ce temps les deux couillons ont le temps de s'approcher de la porte, d'en soulever la barre de fermeture, etc... Faut dire que les prévenants citoyens qui avaient préalablement enfermé les infectés dans le fameux gymnase, auraient mieux fait de peindre vite fait un truc sur la porte, genre "Attention zombies", plutôt que de passer chez l'imprimeur faire tirer un tract que presque personne ne prend la peine de lire et qui en plus fait dégueulasse répandu sur le sol.

Zombies, T.1, un exemplaire en occaz à Serpente, prix 9€ (prix neuf : 13,50€)

 
La Brigade chimérique s'achève
 

Place aux jeunes…

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Deux héros familiers qui se serrent la paluche. Un petit clin d'œil sympatique dans le sixième et dernier tome de La Brigade Chimérique qui devrait paraître ces jours-ci.

Un feuilleton désormais achevé et recommandable dont le rythme de parution soutenu, 6 tomes en un an et un mois, devrait avoir fait le bonheur de tant de lecteurs qui chouinent et se lamentent à attendre la fin de séries médiocres.

Gess se montre d'ailleurs désormais bien à l'aise dans ce rythme et ce dernier épisode est graphiquement épuré de certaines lacunes expéditives qu'on pouvait encore trouver dans les premiers chapitres.

Bravo. C'est presque dommage que ce soit fini. Pour les amateurs de jeu de rôle cependant, l'histoire ne fait que commencer.

La Brigade Chimérique, 6 tomes aux éditions de l'Atalante, 48 pages chacun, 11 € chacun, format comic.

Histoire de Serge Lehman et Fabrice Colin, dessins de Gess, couleurs de Céline Bessonneau.

 
Un préjugé confessé

"I love mainstream" comme ils disent dans le fanzine Chronic'art

Mes amis et mes collègues vont pouvoir se moquer de moi, mais je dois bien reconnaître que j'ai apprécié le Zombillénium d'Arthur de Pins que j'ai trouvé dans nos rayons hier. Je l'avais emprunté pour bien m'énerver avant de dormir, histoire de faire des rêves stressants, mais étrangement, j'ai été entraîné dans cette lecture et j'ai ri à voix haute deux fois. Il y a un petit esprit Croqu'monstres (un dessin animé de mon enfance, qui n'est pas celle de mes jeunes collègues bercés avec Dragonball) et "Sammy et Scooby" qui m'a bien plu. La première partie de l'album est vraiment très agréable et les dialogues y sont efficaces. C'est un peu plus confus sur la fin, mais c'est honnête.

Le hic c'est que vous ne pourrez plus trouver cet ouvrage dans nos rayons avant un moment car Patrick Batman et Alexandre qui détestent tous deux Arthur de Pins veulent le lire.

Créature de Cleet Boris, éditions Soleil
 

Dans la solitude des champs de ruines

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Au début des années quatre-vingt, Cleet Boris était, aux côtés de son ami Yves Chaland, un des tenants de la ligne claire post-moderne. Puis il fut amené à délaisser la BD au profit de sa carrière de musicien. Les années 90 le virent délaisser à peu près tout au profit d'une autodestruction anisée. A l'approche du nouveau millénaire, remettant le pied à l'étrier, notamment grâce à sa collaboration avec David Scrima sur

Superhéros, Cleet se consacre à un très vieux projet. Depuis qu'il est enfant il invente les aventures d'un personnage quasi-immortel qui a traversé les âges. Il est temps de les transférer sur papier. Toujours prêtes à financer un coup à moindre coût, les éditions Soleil sont partantes pour éditer ce retour à la BD de la figure de proue de L'Affaire Louis Trio. Ainsi en 2003 parait ce qui est présenté comme le premier tome d'une nouvelle série.

Le succès ne surgissant pas, ce sera malheureusement le seul épisode paru. Les lecteurs connaissent bien la chanson.

Heureusement, ce tome, brillante introduction, se tient parfaitement dans son isolement, à l'image de son charismatique héros, figure sombre et solitaire se dressant dans le vent glacé. Cleet Boris nous régale en effet au passage d'une vigoureuse relecture de l'histoire de la créature du Docteur Frankenstein. Les lecteurs attentifs du classique de Mary Shelley savaient déjà le scientifique parfaitement salaud, bigot et inconséquent, nous le découvrons ici de surcroît dément et mythomane.

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Créature est un beau projet, au dessin fort de séduisantes arêtes et aspérités, empli de souvenirs de gravures et du désir de se surpasser. La narration est fluide, la voix-off de bonne tenue avec son lot de poésie et de sentences remarquables ("Rire... Le propre de l'homme, avec une haleine fétide.").

C'est un livre que je défendais déjà alors qu'il n'était pas soldé à 3 € dans nos échoppes. Et ça c'est un argument massue.

Créature, tome 1 : chimères, de Cleet Boris, Soleil, 2003. 3 €.

 
Diane R. : la meilleure attachée de presse du monde
 
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"Il a connu l'exil. Ses ennemis vont connaître l'Enfer..."

En entrant chez Album® à côté, pour dire bonjour à Fox, j'ai été saisi par le mur de journaux qui est à l'entrée... Unanimes, ils acclament tous Le Banni, la nouvelle série de Rigide fantasy du Lombard.

Épatant. Et tout ça grâce aux talents conjugués de ces petits nouveaux que sont Tarumbana et Henscher. Comme quoi on peut percer sans être pote avec Sfar. Le mérite peut être récompensé. Et ça, c'est réjouissant et ça élargit l'horizon d'un type comme moi qui avait tendance à penser que les budgets publicitaires triomphaient trop souvent dans les salles de rédaction.

Oui, je trouve que mon tapis est classe.

 
Va te faire voir chez les Grecs avec Rébétiko
 

Les grandes douleurs sont muettes

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Il y a deux ans mon vieil associé exhumait, avec l'esprit carabin qu'il a parfois en sortant du sauna, un catalogue de

violences faites aux testicules

trouvées dans la bande dessinée. Il convient d'ajouter à ce répertoire le fabuleux exemple ci-contre, tiré de

Rébétiko de David Prudhomme. Situé en ouverture de double-page, en haut à gauche donc, ce coup de pied surprend à la fois la victime et le lecteur...

Décontenancé aussi bien par cette vive réaction que par l'aspect singulier du cadrage.

Une des nombreuses et discrètes réussites de cet album, tout à fait recommandable et qu'on a déjà vu par trois fois d'occasion dans nos rayons (heureusement pour les moins fortunés, certains primo-lecteurs ont très mauvais goût, ce qui permet de trouver des pépites sur le marché de seconde main).

Rébétiko, de David Prudhomme, Ed. Futuropolis, 2009, prix neuf : 20 €.

 
Actualité de R. E. Howard
 

Parodie et adaptation

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La première page des Chroniques de Chair et d'Acier (c'est le titre de l'album) de Pixel Vengeur (c'est le nom de l'artiste) est hilarante. Je me suis frotté les mains à l'idée de lire cette parodie de Conan. Et effectivement j'ai ri intérieurement et parfois même j'ai laissé s'échapper quelques hahas, et ce jusqu'à la troisième planche. Et là, je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant soixante pages, et ce n'était plus tellement réjouissant. Une fois que le lecteur a bien saisi le principe est-ce bien la peine de faire durer la plaisanterie ? Bref en fait, même si c'est bien dessiné, bien colorisé, pas mal écrit et tout : à quoi bon ?

Des parodies de Conan on en a déjà lu plein et le problème c'est que ça ne mène jamais nulle part. L'efficacité des écrits de R. E. Howard c'est leur naïveté. C'est direct et très bête et pourtant ça fonctionne. La mécanique mise en œuvre est tellement simple que chaque lecteur voit très bien la parodie qui pourrait jaillir à tout moment, à peine cachée derrière le rideau écarlate dissimulant l'autel du Sorcier Fou. Un exercice parodique qui est à la portée du premier rigolo venu mérite-t-il d'être couché sur le papier et imprimé ? Ne devrait-il pas être réservé à une soirée entre potes ou découpé en tranches de blog à la rigueur ?

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Pour ma part j'ai préféré de très loin la lecture de l'agréable et respectueuse mini-série centrée sur le personnage howardien de Solomon Kane. L'atmosphère est au poil. L'intrigue, quoique simple, est loin d'être crétine et le personnage idéalement saisi dans ses contradictions. Son partenaire d'aventure pour l'occasion, le truculent John Silent, permet de mettre en valeur toute la réjouissante (pour le lecteur, s'entend !) intransigeance de Kane. Les séquences d'action sont bien tranchantes, le final est sombre, le dessin est original... bref je la recommande à tout amateur (amatrice ?) de Fantaisie héroïque.

Si les couvertures de John Cassaday sont complètement à côté de la plaque, celle concoctée par Mignola pour le final est émouvante et intelligemment nostalgique.

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Les Chroniques de Chair et d'Acier, les aventures de Jérôme Fils de Crom, de Pixel Vengeur, Ed. Desinge & Hugo & Cie, 2010, 16,95 €.

Solomon Kane, Le Château du Diable, de Allie, Guevara et Stewart, Ed. Panini, 2009, 13 €

 
Tardi, le Trou d'obus, tirage de tête dédicacé
 

Quel excellent ouvrage  que

Le trou d'obus de Tardi !

Déjà le tirage normal (1984) est fort intéressant, avec son petit théâtre à monter soi-même, deux planches cartonnées à découper, qu'en général les collectionneurs ne découpent pas.

Mais ici c'est le tirage de tête dont il s'agit... qui en plus d'être numéroté et signé, est accompagné d'une planche authentiquement mise en couleurs au pochoir, selon la tradition des images d'Épinal.

La cerise sur le gâteau c'est la dédicace dont Tardi a orné la page de titre. Je la présente ici pour ne pas avoir à ouvrir la vitrine, puis la pochette pour satisfaire la légitime curiosité des clients potentiels. Oui trop de manipulation nuit à la perfection.

Vous remarquerez que prudent et prude je n'indique aucun prix dans cet espace consacré à la réclame.