Publications dans Comic
Panini vainqueur
 

Des gros mots, du sexe, du sang et de la cervelle...Ahhh, Ils reviennent enfin

Fin des turpitudes qui animaient le monde de l'import de comic book. Depuis quelques mois maintenant les droits français de toutes les séries Vertigo, éditeur américain plutôt focalisé sur le lectorat adulte, étaient bloqués suite à des procès, cafouillages et autres embrouilles entre les différents éditeurs français, Semic, Delcourt, et Panini.

C'est Panini qui au final rafle la mise, et reprendra l'édition de ce que l'on peut sans aucune gène qualifier de meilleures séries américaines en cour. Y le dernier Homme, Sandman, Preacher, 100 bullet, Planetary... que du très bon.

Il n'y a plus qu'à espérer que, pour une fois,  il sélectionne un traducteur qui connaisse les règles élémentaires du français, et je ne parle même pas d'orthographe.

 
Pedro et moi de Judd Winick
 

Nous allons nous faire de nouveaux amis

par Vlad

Les gens mélangent tout. Pourtant, l’art et la communication c’est pas la même chose. Ça peut se confondre parfois, mais c’est pas pareil, sinon il y aurait un seul mot pour le dire. Par exemple est-ce que ça vous viendrait à l’idée de dire que telle ou telle édition du JT de 20 h était un chef d’œuvre ? Non personne ne se dit ça. A part peut être quelques techniciens pointus. Est-ce qu’il vous viendrait à l’idée de dire que tel ou tel tract glané en manifestation est une œuvre incontournable ? Non personne ne se dit ça. A part peut-être deux trois trotskistes pointus. D’une manière générale, pour le domaine des films et de l’écrit, les différences entre la communication et l’art sont bien comprises. Pourquoi donc, alors, tout le monde est-il frappé de cécité lorsqu’on aborde la bande dessinée ?

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Car la bande dessinée est un médium, un moyen d’expression, et avec on peut faire ce qu’on veut. De l’art, du distractif, de l’info (ou de la désinformation), ou tout ensemble. En tant que lecteur il suffit juste de ne pas confondre, de savoir à quoi on a affaire.

Il se trouve que beaucoup de lecteurs, de critiques et de libraires s’extasient depuis peu sur un livre extrêmement médiocre et, à force, ce concert d’éloges immérités fini par me taper sur le système. Le titre de ce livre édité chez Çà et là c’est Pedro et moi, d’un certain Judd Winick.

C’est un récit à caractère autobiographique dans le sens où il relate des événements vécus, ou plus précisément il parle de quelqu’un que l’auteur a connu. Judd Winick est un jeune étasunien. Au début des années 90 il a participé à une émission de télé réalité à San Francisco. Un genre de Loft nommé Real World. Là il a rencontré celle qui sera sa future femme et un nommé Pedro. Ce gars-là avait le SIDA. Judd et Pedro sont devenus amis. Pedro s’occupait avec opiniâtreté de la prévention contre la transmission de sa maladie. Pedro s’est battu, puis il est mort. C’est triste. Donc Judd il nous raconte ça et tâche par la même occasion de reprendre le combat de son ami. Son livre coûte 23 € pour environ 180 pages en noir et blanc. Sur ce prix, 1 € est reversé à Sidaction…

Somme toute un bouquin qui a de bonnes intentions, et dont on n’a pas envie de dire du mal. Sauf que de bonnes intentions et de bons sentiments ne ne font pas un bon livre.

Moi je le trouve très mauvais. Je m’explique succinctement ci-dessous …

1) Quiconque souhaite s’informer des risques du SIDA et de ses effets n’en apprendra rien de plus que dans n’importe quelle plaquette gouvernementale ou associative. En ce sens, avec ses digressions bavardes et son sentimentalisme ce livre est moins efficace qu’un tract ou qu’une conférence. L’argument qui pourrait être présenté pour le défendre sous l’angle de « c’est en bd pour toucher les gens qui ne s’informent pas » n’est pas recevable : le livre adopte la présentation d’une production « indépendante » qui n’est pas conçu pour attirer le grand public. C’est épais, verbeux et terne.

2) C’est en effet atrocement mal dessiné, sans aucun souci de composition, avec des personnages interchangeables et des expressions stéréotypées. Avant de passer à la télé, l’auteur avait essayé de devenir bédéaste. Il n’y était pas parvenu. A voir ses dessins, on comprend pourquoi.

3) Sans la téléréalité pour faire connaître l’auteur, ce bouquin n’aurait jamais été publié ! C’est un peu comme si Loana avait écrit un livre… Ah… Ma grand-mère me dit qu’effectivement Loana a écrit un livre…

4) Ce récit n’échappe pas aux défauts hagiographiques de l’éloge funèbre : c’est toujours les meilleurs qui partent… Alalah ! Il était tellement parfait, et courageux et tout et tout. Un modèle pour nous tous, un petit saint. Même que quand Clinton a su que Pedro était mourant, il a lâché Monica, et il lui a passé un coup de fil. Et quand Pedro est mort le président a même ouvert les frontières à sa famille cubaine. Ils ont pu obtenir le statut de réfugiés politiques ! Car Pedro était un bon gars qui faisait des études et était bien intégré. God bless America ! Vendre du papier en faisant pleurer sur la mort de quelqu’un c’est puant. C’est un peu comme si la mère de Marie Trintignant avait écrit un livre… Ah… Ma grand-mère me rappelle que Nadine Trintignant a écrit un livre.

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5) Enfin il est intolérable desaccager une histoire pareille. Ce Judd Winick participe à une méga émission de TV réalité. C’est pas donné à tout le monde. Du jour au lendemain il devient connu. Personne ne voulait de ses bédés et après tout le monde en veut. Il se prétend créateur, donc observateur, et il a l’occasion de faire une super autobiographie et de mener une super réflexion sur la célébrité, la réussite et la notion de mérite… Et de toute cette belle matière... il ne fait rien. Impardonnable.

Les chefs d’œuvre que sont les Pilules Bleues et Maus ne doivent pas leur succès et leur renommée qu’à leur sujet bouleversant. Leur narration aussi est bouleversante. Art Spiegelman et Frederik Peeters rendraient même un caillou émouvant.

Ceux qui veulent vraiment aider la lutte contre le SIDAdevraient plutôt que d’acheter ce livre verser directement 23 € à une association spécialisée comme AIDES ou ActUp. Moi je suis un connard aigri et insensible, mais quand j’ai envie de pleurer un bon coup je regarde La petite maison dans la prairie, je lis pas Voici ! Enfin à l’heure où il est fréquent de pirater des disques pour pouvoir mieux payer des sonneries de portables il ne faut s’étonner de rien.

...

PS (7 juin 2006) : La couverture de l'édition américaine, trouvée sur le site de Winick, ne cherche pas, elle, à nous faire passer le bouquin pour autre chose qu'un sous-produit télévisuel.

 
Violent cases de Mc Kean et Gaiman
 

Voir les mots

Pour nous tous, les aficionados, les tarés du comic book, leurs deux noms se prononcent avec respect et vénération... Il y a encore une douzaine d'années leur initiales pouvaient nous servir de signe de reconnaissance. Nous pensions à eux avec délectation en ayant la certitude de faire partie d'une avant-garde éclairée de connaisseurs... Dave Mc Kean et Neil Gaiman. Depuis ces anglais sont un peu mieux connus du grand public. Et c'est bien normal, tant ils font partie de ceux qui ont accompagnés la bande dessinée dans la fin de son adolescence. Mc Kean est reconnu comme grand manitou du graphisme, il a été consacré dans nos chauvines contrées il y a quelques années par une exposition à Angoulême. Nous avons pu y admirer ses talents multiples de photographe, de vidéaste et de peintre. Quant à Gaiman, sa fonction d'écrivain s'est ajoutée à ses activités de scénariste pour lui offrir une reconnaissance plus vaste. Il demeure par dessus tout celui qui a sauvé l'industrie du comic book en le trempant à la source de la mythologie et de la littérature par l'intermédiaire de la série Sandman.

Violent cases est le premier fruit (1987) de leur longue collaboration,  avant qu'ils ne deviennent mythiques. La lecture de ce récit, aujourd'hui que les horizons de la bande dessinée ont été considérablement élargis, n'est plus le choc thermo-nucléaire qu'il a pu représenter. Désormais il est courant de raconter en BD des histoires qui ne sont ni des farces, ni de l'aventure, ni des histoires de superhéros. De nos jours, il est courant de constater que la surface de la planche a éclaté, que les artistes utilisent des techniques mixtes pour travailler. Désormais débarrassé de son aspect innovant Violent cases vient d'être réédité en France par l'éditeur français de Gaiman, Au diable Vauvert. Et qu'est-ce qu'on retrouve ? Simplement une excellente bédé !

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Son titre étrange, que le traducteur rend par "les étuis à violents" dans le corps du texte, renvoit à cette image des étuis à violons dans lesquels les tueurs de l'époque de la prohibition étaient sensés transporter leurs mitraillettes... Est-ce que ça a déjà été fait réellement, où n'est-ce qu'un cliché, popularisé par les cartoons et les strips ? C'est tout l'intérêt de cette oeuvre que d'entremêler souvenirs, rêves et fantasmes. Le narrateur, qui ressemble furieusement à Gaiman jeune, nous relate ses souvenirs d'enfance autour d'un curieux ostéopathe qui aurait été celui d'Al Capone.

L'histoire elle-même serait sans portée aucune si elle n'était pas racontée dans la perspective de retranscrire l'impact des mots sur l'imagination enfantine. Le sujet c'est justement la création des images mentales. Il n'y a pas de bande dessinée qui ait mieux rendu la texture visuelle des souvenirs, la façon dont les figures  s'y déforment, s'amalgament et se disolvent. L'incroyable netteté de certains détails surnageant d'un océan de brume. Parallèlement, rarement scénariste aura trouvé des mots aussi justes pour retrancrire les associations d'idées et les peurs qui se forment dans la conscience sans repères d'une jeune existence. Le grand talent des auteurs c'est d'être parvenu à ce résultat en conservant une grande lisibilité, alors que tant de leurs successeurs, se risquant à de telles techniques et à de telles ambitions narratives, ont succombé à l'attrait d'un maniérisme surchargé et fastidieux. Le dessin de Mc Kean ne cherche pas à se démarquer des mots de Gaiman, au contraire, il les épouse. Ils forment un tout. On ne sait plus lequel est le commentaire de l'autre.  La planche et le texte fonctionnent donc comme un couple idéal. Par leur association, les auteurs nous offre un cadeau, ils nous réapprennent le sens de l'imagination : former des images à partir des mots. Quelle meilleure définition de la bande dessinée ?

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Détails techniques : La traduction (signée Michel Pagel) est la même dans cette nouvelle édition que dans l'édition Zenda de 1992 . Elle semble toujours très bien. On perd la préface d'Alan Moore mais on en gagne une de Gaiman lui-même. Les deux sont intéressantes. Les collectionneurs pourront parfois trouver chez nous l'édition Zenda qui, outre sa préface par le Maître de Northhampton, a le mérite d'être cartonnée (le prix aussi cartonne : 35 €).

 
Statu Quo
 

Rien ne se perd, rien ne se crée... rien ne se transforme.

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La politique éditoriale de l’industrie du comic Book se résume depuis des années à une devise : le Statu Quo. En quelques mots : chaque scénariste doit laisser le monde des superhéros dans l’état dans lequel il était au commencement. Ainsi Spiderman, Superman, Batman et consort ont pu traverser moult incidents graves sans que ceux-ci ne laissent de traces pour le futur. Un personnage meurt…il s’est peut être simplement volatilisé dans une autre dimension, pour mieux revenir un jour ou l’autre. Un autre perd ses pouvoirs. Ne serait-il pas simplement affaiblie par une quelconque maladie incurable…jusqu’à présent ? Bref, une seule chose est sûre dans le monde des superhéros : rien ne se modifie ad vitam eternam.

Attention: quelques petits détails de l'intrigue du film XMEN 3 sont dans la suite.

Ce qui est amusant –ou pas c’est selon les goûts, c’est lorsque le régime industrio-artistique qui accompagne le genre se déporte avec lui sur les nouveaux supports, comme au cinéma. Le phénomène éclate au grand jour avec le récent X-men 3, épisode conclusif de la trilogie filmique qui au final, ne conclue rien du tout. C’est pourquoi la rage des novices –entendez cinéphiles- exulte sur les forums et les blogs. Derrière le générique de fin sont glissées une voire même plusieurs scènes annulant toutes les péripéties que le film s’est amusé à dérouler. En effet, les plus tenaces, ceux qui seront restés assis durant les longues minutes où défilent les noms des participants, auront eu l’occasion de découvrir l’une des soit-disant quatre scènes de fin alternatives qui complètent le film. la première, seul de sûre puisque j'ai eu l'occasion de la voir, dévoile Xavier vivant et allongé dans un lit, accompagné de sa femme Moira. Les trois autres, celles que je n'ai pas vues et qui restent pour l'instant à l'etat de rumeurs, sous-entendent fortement que Cyclope et Phoenix ne seraient pas mort, ou montre Mystique portant une valise contenant un antidote à la cure mutant. Bref, tout serait revenu comme au début du film, evidemment pour le cas où les résultats autoriseraient à lancer un nouveau cycle ou une suite. C’est Arnaud de Pulp’s qui va pas être content. Il avait parié avant la sortie du film avec le responsable d’album Comics que Cyclope allait mourir. Lui qui pensait avoir gagné une planche originale de Tim Sale…il se retrouve à devoir une statuette de Harley Queen. Et oui les gars, le Statu quo, c’est que dans les comics ou le cinéma. Dans la vraie vie une telle chose n’existe pas… et c’est tant mieux.

 
Le Super journal
 

Collectionneurs de tout poils, rendez-vous chez AAAPOUM dans un an pour les acheter une fortune.

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Trois numéros exceptionnels du légendaire journal où turbinent Clark Kent & Lois Lane, a.k.a le Daily Planet, seront distribués gratuitement dans les dix plus grandes villes de France entre le 24 mai et le 7 juin 2006. Ces trois parutions reviennent sur le mystère "du grand retour de Superman sur Terre" dans le film du 12 juillet, et tenteront d'expliquer rationnellement pourquoi ce surhomme, si talenteux au demeurant, s'obstine à enfiler son slip par dessus ses collants. Au menu également, plusieurs entretiens exclusifs de l’équipe du film. Distribué en version papier uniquement aux USA et en France, tous les numéros seront disponibles sur internet : www.dailyplanet.fr.

Chaque numéros sera tiré à un million d’exemplaires -au passage record de la plus grosse diffusion pour un journal gratuit en France- et distribué à Paris, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Strasbourg, Lille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes (sauf pour le premier numéro, allez savoir pourquoi). Rendez-vous est pris donc, pour les mercredi 24 mai, 31 mai, 7 juin.

 
Bande annonce Ghost Rider
 

Il portait des culottes et des bottes de moto, un blouson de cuir noir et une tête de mort en place de tronche.

C'est Kitsch, presque voué par avance à la nullité, mais au moins ça fait franchement rire à la vue de la bande annonce.

S'ils avaient su, les scénaristes sous acides qui, depuis un désert arizonien à la con, se sont dit : "Ah tiens, On a bien deux trois héros pour représenter les adolescents et les noirs, mais on a personnes pour les bikers bedonnants de la road 66", que leur imaginaire déviant débarquerait avec tant de sérieux sur les écrans ciné, je pense qu'il aurait arrêté la drogue.

 
X-MEN 3, la critique
 

C'est le dernier, c'est l'apocalypse, c'est -de- la merde

Par Stéphane

Le Mutant, on le sait, n’est plus un humain. C’est une allégorie. Une image, ou une incarnation, des angoisses et des peurs qui hantent notre espèce et notre civilisation - et dont certaines relèvent de la nuit des temps. Dans ces conditions, il n’est pas idiot de voir en Charles Xavier, le leader à roulettes des X-men, une expression fantastique du combat, et même de la victoire, de l’esprit sur le corps. Dans Magnéto, l’alter ego du mal, incarnation du combat, et même de la victoire, de l’animé sur l’inanimé, de l’homme sur l’industrie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce génie du mal est né dans les camps de concentrations nazis. Pour cette raison, chacun de leurs gestes et de leurs paroles a des résonances politiques et sociales et est porteuse d’un message. Pour cette raison toujours, il n’est jamais superficiel de gratter les couches de latex et de superpouvoirs afin de percer le sens caché des images colorées que les comics nous donnent à voir.

Celui pour qui cette introduction n’est pas totalement superflue ou pompeuse ne pourra pas s’émerveiller du spectacle X-men 3. Non seulement car la réalisation est bien moins brillante que celles des deux premiers opus, mais surtout car il sommeille, pour la première fois de cette trilogie filmique, sous le vernis des héros un discours politique que les français ont pris l’habitude de nommer «pro-bushien». Je m’explique dans la suite, sans gâcher trop l'intrigue en plus.

Dans les deux premiers films de Brian Synger, les valeurs de labande dessinée sont peu ou prou conservées. Le Mutant incarne « l’autre », l’exclu social. D’ailleurs, les divergences qui opposent Xavier et Magnéto autour de l’intégration, dans la bd de l’époque comme dans le premier film, ne sont pas sans rappeler le débat qui opposa Martin Luther King à Malcolm X. Quant à la scène du coming out du mutant adolescent dans le deuxième volet cinéma, elle permettait d’étendre la métaphore de l'exclusion aux problèmes plus récents. Mais ce nouvel opus dirigé par Brett Ratner quitte le cœur idéologique qui depuis toujours anime la série X-men, et se déporte sur un débat plus actuel, largement diffusé dans les produits 20th Century Fox tel que le feuilleton télévisé 24 heures. Celui du mal nécessaire chère à l’Amérique moderne. Vision d’une démocratie.

Si, comme le dit je ne sais plus quel philosophe, «La Démocratie se doit de na pas utiliser les méthodes qu’elle condamne », alors il s’agit bel et bien d’une démocratie à la noix qu’essaie de nous vendre X-men 3. Or cette vente est le sujet central du film, l’intrigue et les héros étant tout entier instrumentalisés pour nous convaincre que ce compromis, la peine de mort dans la démocratie, est nécessaire et viable.

Pour ce faire, le dernier opus lave tout d'abord les héros de leurs anciennes valeurs et leur en offre de nouvelles, jusqu’à présent inédites dans l’univers des X-men. Magnéto, contrôlant le métal pour mieux détruire de l’intérieur le manufacturé, donc l’industrie, donc le monde capitaliste (je ne rêve pas vous le verrez vous-même), n’est plus maintenant ce leader des exclus en colère. Il est devenu froid comme la glace, calculateur, semble cacher derrière son combat social un master plan de destruction totale, considère le monde comme un échiquier, et appelle ces soldats par des noms de pion (le fou, la tour,…). Bref, l’incarnation non plus du révolutionnaire enragé par l'inégalité, mais du dictateur froid et calculateur. Il instrumentalise tout pour mener à bien ses projets de gloire personnels, là où avant il menait une armée rebelle contre le pouvoir en place. Que de changement, Sadam es-tu là ?

Face à lui, Charles Xavier, Jésus Christ à roulette, crucifié qui laisse derrière lui une église de fidèles (ou une école de mutant c’est selon). Le mot d’ordre, esprit d’équipe. Foi religieuse et mode d’organisation démocratique… hum ça me rappelle quelque chose mais quoi… ah mais bon sang de bien sûr, c’est l’Amérique.

Entre les deux, arrive une nouvelle valeur idéologique, la nihiliste Jean Gray, dite Phœnix pour les intimes, qui revient d'entre les morts avec la tête à l’envers. La salope aime maintenant le sexe cochon, veut coucher à tout va. Pire, elle est devenue ultra balaise, la plus balaise du monde même, et du coup elle a plus de valeur morale. Tout est un jeu pour elle. Et qu’est ce qu’on aime faire lorsque l'on est taquin, je vous le donne en mille, on est nietzschéen et on détruit tout. Bah ouais, comme ça, pour le fun. Après tout c’est Nietzsche qui le dit : l’antéchrist est surtout un gros rigolard j'men foutiste.

Alors d’un coté, y’a Sadamagnéto, qui fait semblant de pleurnicher car on lui laisse pas de place, mais qui en fait est un méchant avec des projets d'invasion pas sympa. De l’autre, Professeur Bush qui dit que bon, bah des fois faut savoir renier quelques principes moraux pour le bien de la communauté. Et enfin Jean Gray, le mal absolu, donc sans solution réelle pour lui échapper, ou sans solution molle en tout cas. Bref, il faut un martyr pour en finir.

Déjà, je ne vous en dis pas plus, mais Xavier arrive à convaincre son équipe de martyrs (Serval en particulier) qu’il faut savoir utiliser le mal pour gagner quand on n'a plus le choix. Ca, c’est pour la sale gueule de Magéeto. Enfin, il arrive à convaincre son équipe (Serval toujours), que parfois il faut tuer pour sauver le monde.

Mais je vous ai gardé le meilleur pour la fin : un joli gratin d’excuses à vomir : «Tuer, c‘est dur et ça rend triste, très très triste. Faut pas croire que c’est facile, et qu’on le fait de gaîté de cœur. Ah ça non. Entre le tué et le tueur, c’est bel et bien ce dernier qui est à plaindre, car il porte maintenant tel un martyr le poids sur ses épaules d’un meurtre pour sauver notre humanité.»

Bon, beh bon film les gars. Moi je n’y retourne pas.

 
Daredevil, par Maleev & Bendis
 

Bon anniversaire, ange ou demon ?

Par Stéphane

Ça commence à se savoir dans l’industrie du comic book, Brian Michael Bendis restera le scénariste américain le plus doué de ce début de XXIeme siècle. Powers, où les aventures d’un duo de policiers dans un monde envahi de superhéros. Alias, récit de la réinsertion d’une superhéroïne qui abandonne le port du costume à la suite d’un drame violent. Autant de terribles chefs d’œuvre au traitement adulte, et auxquels s’ajoute la reprise du célèbre Daredevil. Une série à laquelle Vlad et moi avons converti nombre de nos clients, jusqu’au Saint patron Jacky qui, samedi dernier, s’eclipsait une petite heure de la boutique en emportant le nouveau recueil que je venais fraichement de m’acheter. Si vous trouvez qu’il y a un champ lexical du religieux particulièrement développé dans les lignes que vous venez de parcourir, c’est normal. Daredevil et le Christ ont un tas de choses en commun. Bon sujet, non, pour un lundi de paques?

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Pour mesurer le travail de Bendis sur cette série, il faut remonter un peu dans le temps. En 1980, le "diable rouge de Hell’s Kitchen", comme le nomment ses ennemis, prend sous la plume de Frank Miller une toute nouvelle dimension : création d’un lien entre port du masque et idéologie –ici religieuse-, et d’un autre entre port du costume et déviance psychotique. Je n’en dirais pas plus à ceux qui ne l’ont pas lu, mais lorsqu’il abandonne la série, DD, comme le nomment les intimes, a des allures d’icône au sens pieux du terme, oscillant entre martyr condamné au deuil et justicier menacé par la déchéance du faux pas amoral. Une vision qui perdure jusqu’aujourd’hui et que l’adaptation cinématographique, médiocre, retranscrivait bien.

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Pour le plus grand plaisir des lecteurs avides de scénarii ambitieux et matures, Bendis approfondit le traitement pour la première fois en presque vingt ans. Il s’agit maintenant de confronter l’avocat justicier à de nouveaux démons en conservant cet équilibre précaire – la fine ligne rouge à ne pas fanchir- en toile de fond. Et de tester les limites, quitte à provoquer la rupture. Plus sombre et ambiguë que jamais, porté par le dessin au photoréalisme urbain et crade de Maleev, la série peut sans embarras prétendre au titre du meilleur comic mainstream en court de parution. Ça tombe bien, ce dixième volume sorti jeudi dernier (sixième en vrai car le cycle de Bendis commence au tome 4) marquait aux USA les 40 ans du héros.

 
Le mystère du fil du l'araigné dévoilé
 

Par Stéphane, qui reprend les dépêches AFP comme tout le monde


Ce fil de deux microns supporte en moyenne unemasse d’un gramme, ce qui correspondrait, à plus grande échelle, un filde 1 à 2 millimètres supportant un poids de 65kg.

Si l’araignée reste stable au bout de son fil quoi qu’il arrive, c’est grâce aux étonnantes capacités du fil qu’elle utilise pour tisser sa toile. Souvent associées au dégoût pour le grand public, l’araignée et sa toile présentent des qualités physiques naturelles qu’une équipe de chercheurs du CNRS de Rennes a étudiées,notamment la très grande résistance du fil et ses propriétés de torsion.

Les scientifiques ont voulu comprendre pourquoi une araignée suspendue à un fil arrive à rester parfaitement immobile, au lieu de tourner sur elle-même comme un alpiniste au bout d’une corde.

Ce qui précédait et suit n'est pas une blague, mais bel et bien une découvertes scientifique révélée par le CNRS en début de semaine. Qui à dit qu'on devenait tout les jours un peu plus cons en lisant le aaablog.

PS: Ah oui, vous l'aurez sans doutes remarqué, j'en ai profité pour illustre l'article d'une PHOTO TOTALEMENT INEDITE DE TOBY DANS SON NOUVEAU COSTUME DE SPIDERMAN...

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Dans la revue "Nature" publiée jeudi, les chercheurs du laboratoire de physique des lasers détaillent les différentes expériences qu’ils ont menées pour reproduire les propriétés du fil de l’araignée, précise le communiqué du CNRS.

A l’aide d’un pendule de torsion auquel est fixé un fil relié à une masse de poids équivalent à celui d’une araignée, les chercheurs ont comparé les réponses dynamiques de différents types de fils (cuivre, Kevlar, Nitinol) à une rotation de 90 .

Si le filament de Kevlar (matière synthétique) se comporte de manière élastique, avec des oscillations atténuées, un fil de cuivre présente de faibles oscillations mais revient difficilement à sa forme initiale, et en ressort fragilisé.

Quant aux alliages tels que le Nitinol, ils possèdent des propriétés similaires, mais il faut que ce dernier soit chauffé à 90 C pour retrouver sa forme.

Seul le fil de l’araignée possède un haut coefficient d’absorption des oscillations, indépendant de la résistance de l’air,et garde ses propriétés de torsion au fur et à mesure des répétitions.Enfin, il revient complètement à sa position originelle.

Il s’agit d’un matériau dit "à auto-mémoire de forme",c’est-à-dire ne nécessitant aucune aide extérieure pour retrouver sa configuration initiale (ni chaleur ni pression).

Bien que très fin, le fil de l’araignée est "un matériau très résistant, le fil de vie de l’araignée, composé de protéines,d’acides aminés", a expliqué à l’Associated Press Olivier Emile, l’un des trois chercheurs auteurs de l’étude.

Ce fil de deux microns supporte en moyenne une masse d’un gramme, ce qui correspondrait, à plus grande échelle, un fil de 1 à 2 millimètres supportant un poids de 65kg, a-t-il précisé.

Autant de propriétés qui dépassent, selon le CNRS, "celles des fibres synthétiques les plus élaborées".