Publications dans Mars 2006
Le mystère du fil du l'araigné dévoilé
 

Par Stéphane, qui reprend les dépêches AFP comme tout le monde


Ce fil de deux microns supporte en moyenne unemasse d’un gramme, ce qui correspondrait, à plus grande échelle, un filde 1 à 2 millimètres supportant un poids de 65kg.

Si l’araignée reste stable au bout de son fil quoi qu’il arrive, c’est grâce aux étonnantes capacités du fil qu’elle utilise pour tisser sa toile. Souvent associées au dégoût pour le grand public, l’araignée et sa toile présentent des qualités physiques naturelles qu’une équipe de chercheurs du CNRS de Rennes a étudiées,notamment la très grande résistance du fil et ses propriétés de torsion.

Les scientifiques ont voulu comprendre pourquoi une araignée suspendue à un fil arrive à rester parfaitement immobile, au lieu de tourner sur elle-même comme un alpiniste au bout d’une corde.

Ce qui précédait et suit n'est pas une blague, mais bel et bien une découvertes scientifique révélée par le CNRS en début de semaine. Qui à dit qu'on devenait tout les jours un peu plus cons en lisant le aaablog.

PS: Ah oui, vous l'aurez sans doutes remarqué, j'en ai profité pour illustre l'article d'une PHOTO TOTALEMENT INEDITE DE TOBY DANS SON NOUVEAU COSTUME DE SPIDERMAN...

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Dans la revue "Nature" publiée jeudi, les chercheurs du laboratoire de physique des lasers détaillent les différentes expériences qu’ils ont menées pour reproduire les propriétés du fil de l’araignée, précise le communiqué du CNRS.

A l’aide d’un pendule de torsion auquel est fixé un fil relié à une masse de poids équivalent à celui d’une araignée, les chercheurs ont comparé les réponses dynamiques de différents types de fils (cuivre, Kevlar, Nitinol) à une rotation de 90 .

Si le filament de Kevlar (matière synthétique) se comporte de manière élastique, avec des oscillations atténuées, un fil de cuivre présente de faibles oscillations mais revient difficilement à sa forme initiale, et en ressort fragilisé.

Quant aux alliages tels que le Nitinol, ils possèdent des propriétés similaires, mais il faut que ce dernier soit chauffé à 90 C pour retrouver sa forme.

Seul le fil de l’araignée possède un haut coefficient d’absorption des oscillations, indépendant de la résistance de l’air,et garde ses propriétés de torsion au fur et à mesure des répétitions.Enfin, il revient complètement à sa position originelle.

Il s’agit d’un matériau dit "à auto-mémoire de forme",c’est-à-dire ne nécessitant aucune aide extérieure pour retrouver sa configuration initiale (ni chaleur ni pression).

Bien que très fin, le fil de l’araignée est "un matériau très résistant, le fil de vie de l’araignée, composé de protéines,d’acides aminés", a expliqué à l’Associated Press Olivier Emile, l’un des trois chercheurs auteurs de l’étude.

Ce fil de deux microns supporte en moyenne une masse d’un gramme, ce qui correspondrait, à plus grande échelle, un fil de 1 à 2 millimètres supportant un poids de 65kg, a-t-il précisé.

Autant de propriétés qui dépassent, selon le CNRS, "celles des fibres synthétiques les plus élaborées".

 
Les veufs connaissent-ils mieux l’amour ?
 

Quelques remarques et sentiments de lecture par Stéphane

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Mon bel amour se veut l'electrocardiographie des battements du couple, comme organe vital de l'amour. Pour la forme, une citation de Gide, suivie d'une tranche de vie de bande dessinée intimiste par Poincelet. Entre défunt romancier homosexuel et le bédéaste hétéro se dresse un dialogue, sur ce qui fonde les extrêmes d'une relation sentimentale, ces hauts et ces bas.

Très curieusement, Frédéric Poincelet cite les journaux intimes qu’André Gide a tenus après 1939 pour illustrer sa bande dessinée. Curieux en quoi ? En ceci que Gide devint veuf en 1938. Dans les pages de ces cahiers là -et contrairement à ceux qui précédèrent en décrivaient les années de son mariage blanc avec sa cousine-, il est un célibataire libéré des contraintes de l’union qui entame une nouvelle vie intime. Une situation en tous points inverse à celle qui traversent Frédéric Poincelet et ses proches dans le livre, empêtrés dans les aléas de la vie de couple. Il n’empêche, chacun des extraits de journaux choisis illustre à merveille la situation intime que l’auteur décrit ensuite en bande dessinée.

L’Homme au centre du monde. Le fugace au centre de l’Homme.

Des faiseurs d’images réalistes, photographes ou dessinateurs, il est deux races. Ceux attirés par l’Homme, ceux attirés par le monde. Frédéric Poincelet fait partie de la première espèce. Chacun de ses livres place l’humain au centre du débat. Pas une case sans corps ou sans morceau de chair. Pas une case où cette matière humaine ne soit au centre. La plupart du temps, le trait découpant le monde externe meurt dès que l’on s’éloigne de quelques centimètres autour des corps (seuls les moments de solitude laissent au monde vide le loisir de s’étendre, comme pour mieux décrire le sentiment d’abandon qui éprend les personnages). Il s’agit bel et bien de capturer l’Homme, le proche ou l’aimé, et ne capturer que lui. L’extraire quelques instant du monde pour le figer sur la page. Peut-être peut-on pousser l’interprétation de cette démarche esthetique un peu plus loin. Plus que d'appréhender l’individu dans sa globalité ou dans son essence, on éprouve le sentiment que l’enjeu du dessin est surtout de discerner les moments ou détails délicats qui témoignent de ce que l’auteur aime en lui et en l’autre, et par ce geste se réapproprier ou figer dans le marbre cette essence à l'origine des sentiments. Pour être plus clair, plus que saisir celui qu’on aime, ce qui compte serait de saisir ce que l’on aime en lui. (chapitre téléchargeable Download P._113-126_mba_red.pdf pour illustrer, gracieusement offert par les éditions ego comme X)

«Du rassasiement des désirs peut naître, accompagnant la joie et comme s'abritant derrière elle, une sorte de désespoir» Gide toujours, mais de mon préféré Les Faux monnayeurs.

Voila un sentiment très présent et fort dans l’œuvre de Gide, que partage avec lui Frédéric  Poincelet. Celui de la dualité de l’amour, de joie et désespoir mêlés. Le travail de maquette sur le dédoublement du titre Mon bel amour a d’ailleurs, immédiatement après la lecture du livre, fait écho dans mon esprit à la citation de Gide que je reprends en titre. Une impression appuyée par la fragilité du dessin de Poincelet (qui d’ailleurs dans ce nouveau livre a beaucoup gagné en subtilité, tendant vers un réalisme dont le détail adoucit les effets doloristes), et par la typographie utilisée pour inscrire le nom de l’auteur sur la couverture (sorte de canevas qui se découd, évoquant l’usure des choses, et par extension symbolique la tenture de Pénélope, emblème de l'effort dans l’amour par excellence).

 
Pour guérir le Lupus.
 

Quelques pistes et notes de lecture en pagaille et à froid de AAApoum et BApoum (ne demandez surtout pas qui est qui, nous même ne le savons pas).

PS: les images arrivent bientôt, le temps de scanner.

1. couvertures


Et si le Lupus n’était plus une maladie de peau, mais une maladie de l’âme. C’est ce que semblent annoncer les couvertures des trois premiers volumes. Sur les plats, deux personnes, Lupus et Tony, Lupus et Saana, côte à côte. Immobiles, ils ne communiquent pas, et ne se regardent que rarement. Leurs yeux sont tournés vers un lointain inaccessible ; leurs pieds à chaque fois butent contre le bord d’un précipice, d’une rivière, de l’espace, qui semble les empêcher d’avancer, même d’un pas. Chaque nouvel album, nouvelle étape, consistera donc à traverser cet abîme, ce vide incommensurable qui sépare du futur tout comme de l'individu qui se tient à côté. Si loin, si proche.



Sur le quatrième plat des deux premiers volumes, un personnage vient rompre l’isolement du couple : Saana secoue sa serviette, Nyargance jette un regard inquiet vers le premier plat. Des éléments perturbateurs, dont chaque bousculade vaut mieux que l’isolement. Mais au dos du troisième album, personne, un lit vide, et c’est tout (symbole d’une sexualité impossible). La solitude, celle qui pèse comme une prémonition tout au long de l’intrigue, se rapproche. Mais quelle crainte imprègne Lupus ? La peur d’être seul, ou celle de se découvrir une aspiration profonde à la misanthropie ?

2. Frustration et communication



Lupus illustre bel et bien la difficulté à communiquer. Entre amis, entre parents, entre amoureux même pas amants. La mort de Tony marque la découverte puis l’échec dans le premier volume. A partir du second tome, plusieurs scènes illustrent la route vers un apprentissage de la parole. Parmi les plus comiques, notons par exemple le t-shirt réactif de Saana, qui répond à sa place en deux temps trois mouvements, parmi les plus tragiques, le vieil homme replié dans l’autisme qui retrouve un début d’activité laborieuse au contact de la jeune héroïne. Ce genre de symbole inonde la série, à vous d’en trouver quelques autres. Enfin, le troisième volume marque le retour aux sources du problème –station spatiale, lieu de la chute du rêve familial-, et aide à percer les origines de cette infirmité sociale. Un père sans visage, sans parole.





3. Métaphysique.



Quelque chose transcende l’Homme dans Lupus, mais quoi ? Est-ce le désert humain qui isole les personnages sur les couvertures, mais sert en même temps de refuge où échapper à l’écrasante civilisation ? Est-ce une Mère Nature aux multiples visages ? (D'un côté elle est étrange, inaccessible et inquiétante un peu comme celle d'Aldébaran de Leo,  une source d’angoisse pour l’Homme qui a rompu avec elle, d'un autre côté elle est riche, florissante et sexuée, source d’émerveillement et d’inspiration.  Elle est un bain sensoriel qui témoigne du mélange d’envie et d’appréhension devant la reproduction et les besoins primaires. La baise est une pulsion et une menace. ) Est-ce cet univers infini qui nous contemple depuis son obscurité, lieu d’angoisse et d’inconnu ? Ou est-ce enfin la vie, incompréhensible sujet qui discerne toujours un chemin détourné pour prospérer, quel que soit l’hostilité du milieu ? Ah la la, ce sacré Lupus et sa sexualité contrariée.

4. Résignation et optimisme : Lupus volume 4.



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Sur la couverture, Lupus est maintenant seul, le désert humain qui s’étend depuis les premiers volumes touche ici son apogée. Tout n’est pas sombre pour autant. Le sol ne se dérobe plus à ses pieds. Il y a un lac, et un passage de terre derrière qui augure la possibilité d’avancer, d’envisager le futur. Le jeune homme porte un costume cravate, au quatrième plat dépasse le nez de sa voiture, tout est dit.

Sans trop déflorer l’intrigue, qu’apprend cet ultime volume :

Le chapeau blanc qu’arborait fièrement Tony lors du premier volume appartenait à Lupus lorsqu’il était enfant. L’acte de la coupe de cheveux est chez Frederik Peeters le symbole d’un amour, et son résultat préfigure la réussite ou l’échec de la relation à venir (miroir de la scène dans les pilules bleues). La vie trouve vraiment toujours le moyen de prospérer, quel que soit l’hostilité du milieu (les quatre couvertures misent bout à bout résonnent). Le dialogue n’est pas le seul moyen d’expression (voire le travail de Peeters sur les vêtements et leur valeur sémiotique, et dire que tout le monde clamait que « l’habit ne fait pas le moine »). Enfin, note finale parmi les plus agréable : la famille n’est pas fatalement celle du sang, dixit le petit garçon au nez de son père, au yeux de sa mère, et au chapeau de… Lupus.

5. Références.


Lupus est nimbé de références multiples et variées, tournant tout de même pas mal beaucoup autour du cinéma de Kubrick. L’hôtel spatial vide et les errances du héros pourront faire penser à Shining, de même que les scènes au bar de la station ou Lupus seul dialogue dans le vide. L’espace infini et son silence, le reflet de la planète sur la vitre du casque de cosmonaute, la confrontation finale entre Lupus et son père, que l’on peut facilement considérer comme un double en plus vieux, sont autant de scènes aux échos de 2001, L’Odyssée de l’espace. Parfois, quelques images à l’intertexte symbolique apparaissent sur le robot télé -M le Maudit dans le troisième album, une que je n’ai pas été capable de reconnaître dans le quatrième (une BD à 5 euros offerte à ceux qui donnent la réponse en commentaire). Enfin, la promenade spatiale ou ouverture du volume 4 est un hommage comique aux aléas du capitaine Haddock dans On a marché sur la Lune, ne serait ce que par la proximité esthétique des combinaisons dans les deux séries.

6. Pourtant, sous le beauté du récit et la justesse de certains de ses thèmes…


… se dresse un discours parfois déplaisant. Car que dit l’histoire de Lupus si l’on s’attache à certains aspects du scénario.

6.1./ Tous dans le rang… La révolte ne mène nulle part et est l’apparat de l’immaturité. L’adulte, lui, ne cherche ni à fuir, ni à se révolter, mais fait la paix avec son destin afin d’être, sinon totalement épanoui, au moins à sa place dans l’ordre naturel des choses. Le monde, d’ailleurs, paraît beaucoup plus serein une fois ce constat accepté.

6.2./ Ce cheminement ne peut s’accomplir sans la réconciliation avec le père. Tony, on le comprend au début du quatrième opus, déprime non seulement car son père est mort, mais surtout parce cette mort laisse à jamais en suspend leur conflit et la violence de leur relation. C’est un être condamné au tourment et à l’exclusion qui entame le voyage avec Lupus, d’où sa mort peut-être, seule issue à un être qui n’a plus aucune chance de s’épanouir.

6.3./ Mais surtout, point le plus détestable dans Lupus, la vision de la femme selon F. Peeters, qui fantasme et établit des variations sur une figure bien connue des archétypes féminins, la « femme enfant ». Faussement forte, c’est par elle que le malheur arrive. Immature, emmerdeuse, capricieuse, manipulatrice, allumeuse et sainte-nitouche, dans le besoin constant d’être sauvée ou prise en charge par le sexe dit fort, et incapable d’assumer ses responsabilités. Ce personnage mérite des baffes à longueur d’albums, il faudrait lui dévisser la tête… Seulement, Lupus lui se complait dans son rôle de souffre-douleur, il se rachète une bonne conscience dans le sacrifice. Il ne couchera pas avec elle, ne vivra pas avec elle, il en fait son deuil et traîne sa rancœur et sa passivité pour notre plus grand énervement. Il se laisse utiliser et nous renvoie une image détestable, celle de notre propre situation d’impuissance de lecteur. Personne ne viendra nous aider, aucun Bertrand Cantat ne viendra dans la station corriger cette emmerdeuse et expliquer la vie à Lupus. Le seul qui aurait pu le faire s’appelait Tony et il est mort. D’ailleurs il n’est pas innocent de la part de l’auteur de faire coucher Saana avec l’incarnation de la figure virile et bourrue (le militaire) tandis qu’elle se refuse à la figure moins affirmée de Lupus. En bonne créature du Serpent, elle manipule les hommes et utilise le meilleur de chacun d’eux, sans s’impliquer réellement.C’est une vision sexiste de la femme (qui revendique d’ailleurs à haute voix les taches ménagères comme soulagement de l’esprit, alors que l’homme lui fait de la mécanique).

Par sa position centrale, et surtout par ses ressemblances avec le personnage féminin des Pilules bleues, elle semble incarner davantage qu’elle même. La tentation est forte de voir à travers elle ce que Peeters pense des femmes. Un constat peu nuancé les autres figures féminines représentées que sont les mères : protectrices, étouffantes, à la relation sans enjeu (seul le rapport au père compte pour Tony et Lupus), dans le dolorisme passif, et surtout au foyer… évidemment.

 
Les professionnels de Carlos Giménez
 

Une utopie fraternelle

par Vlad

Aux pires heures de la bande dessinée européenne l’œuvre de Carlos Giménez luisait comme un noir joyau, préfigurant les horizons nouveaux qu’allaient défricher une nouvelle génération lors de la décennie suivante.

Outre les chefs d’œuvre que sont Bandolero et la trilogie Paracuellos-Barrio-Muñecos, Giménez nous a légué les trois volumes impérissables de Les professionnels, sur lesquels je vais aujourd’hui m’attarder. Le dessinateur y relate la vie d’un studio de bandes dessinées dans la Barcelone des années soixante. Comme l’indique le préambule «Cette série ne prétend pas être une autobiographie (…) mais toutes les anecdotes qui s’y trouvent racontées sont rigoureusement authentiques». Il est évident que l’auteur puise directement dans son expérience vécue la matière de ses planches. C’est précisément en cela que sa démarche est novatrice et ouvre des perspectives pour l’avenir alors incertain de la bande dessinée. Certes, la prépublication dans Fluide Glacial impose un certain rythme, un certain format, la nécessité de chutes drolatiques et une bonne dose de salacité, néanmoins en s’affranchissant des exigences thématiques habituelles de l’humour et de la fiction et en se tournant vers sa propre histoire (qui fait d'ailleurs en partie corps avec celle du médium) Giménez fait un pas de géant. Rappelons au passage que son Paracuellos inspira alors Binet pour L’institution, qui demeure, à ma connaissance, la première autobiographie française, avant les Mune Comix de Menu, et les Approximate Continuum Comix de Trondheim.

Ceux qui ne connaissent pas encore le dessin de Giménez peuvent déjà saliver à l’idée de son noir et blanc précis, nerveux mais souple. Il y a des expressions humaines qui n’existent que sous sa plume. C’est un grand directeur d’acteurs. Grâce à son talent un dialogue peut s’étaler sur plusieurs pages sans être ennuyeux. Sur ses planches s’agite et discute toute une faune de personnages uniques et truculents, des tarés magnifiques tels qu’en décrivait Henry Miller dans Le tropique du Capricorne ou dans Sexus.

À travers la vie du studio «Creaciones illustradas» c’est toute la société espagnole qu’il nous décrit par effet de contraste. Entre le studio où s’activent jour et nuit les dessinateurs et l’extérieur où règne le franquisme se joue une opposition savoureuse. Le monde extérieur, pétri de respects des convenances, de religiosité et de moralisme, englué dans ses frontières et peu réceptif à la modernité trouve dans le studio son contraire. La communauté des dessinateurs, souffrant des mêmes affres quotidiens, et l’imaginaire, collectivement marqué par les paysages étendus de l’âge d’or de la bande dessinée américaine, forment un lieu où peuvent s’épanouir toutes les audaces, la pire régression infantile et toutes les impudeurs verbales et physiques. Une sorte de microsociété défouloir où chacun peut étaler ses frustrations sans aucun souci de la bienséance et de la respectabilité. Un lieu où les masques tombent. Un avant-goût de la « Movida » d’après la chute du franquisme.

Par ses récits, Giménez nous fait partager son humanisme un brin désespéré et nous laisse les clés de la survie dans un monde âpre. Ses personnages parfaitement humains (et en ce sens souvent capables des pires cruautés envers leurs compagnons d’infortune) laissent libre court à leurs pulsions dans le cadre d’une communauté, si ce n’est choisie, du moins consentie et dont le ciment est l’humour. Il y a là-dessous une utopie fraternelle telle qu’on ne peut la voir fleurir que dans les meilleurs films de prison. Un espace restreint où la camaraderie est le seul salut.

Ah… Au fait c’est surtout terriblement drôle, j’ai relu ce matin quelques passages, dont l’histoire intitulée La folle nuit. Après m’être bidonné tout seul j’ai couru à la boutique transmettre mon enthousiasme à Stéphane. Si jamais Arnaud-de-chez-Pulp’s-en-face nous fait chier on sait désormais comment tout ça va se terminer.

 
Signes avant-coureurs de la crise (3)
 

Par Stéphane

Deux tentatives de subtilisation de mon "téléphone caméra high tech top moumoute", en moins de trente secondes, m'ont contraint à ne pas trop faire le mariole. N'empêche, il est plaisant de voir ce cortège d’acnéiques rageurs grimper la rue Dante en gueulant, sautant sur les voitures, et tenter de faire un tour de passe-passe avec mon téléphone dernier cri (offert tout de même). Car après tout quoi de plus normal, j'agite un signe extérieur de richesse, parle avec le téléphone de la boutique d'une main, filme avec l'autre, et surtout....j’ai plus de 26 ans et un CDI. C’est apparemment surtout ça qui fout les boules aux jeunes de nos jours...

PS: c'est marrant car à la fin on peut croire que je me mange un coup dans la gueule.

 
V pour vent ou pas
 

Stéphane introduce Julien Welter (L'Express, Score, Ecran Large, et directeur général de la branche française de la Pop Corn Movies institute of Paris)

Le nouvel Alan Moore filmé est-il une daube, à l'image de toutes les précédentes tentatives d'adaptation, ou non. C'est ce que dévoile Julien Welter, ami d'école et critique cinéma de son état, en donnant à un peu à boire du bon contenu aux lecteurs du aaablog un peu désert faute d'actu, on s'en excuse quand même.

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Difficile d’évoquer l’adaptation de la bd culte d’Alan Moore sans effectuer ce constat préalable : avant même sa sortie, V pour Vendetta le film, était jugé déceptif. Par les bédéphiles d’abord qui vécurent le désaveu de l’auteur anglais (l’histoire complète est sûrement disponible quelques clics plus loin) comme une confirmation de leur crainte la plus profonde, une trahison de l’œuvre originale. Par les cinéphiles ensuite qui savent le producteur Joel Silver capable du pire quand il manipule un réalisateur de paille ; James McTiegue étant un illustre inconnu venu de l’assistanat, on comprendra aisément la désillusion. Impossible donc pour quiconque tentant de parler du long-métrage de passer outre l’étiquette « bâclage hollywoodien », ce qui complique grandement la tâche critique lorsqu’il s’agit d’évoquer la bonne surprise qu’est V de Vendetta,El Filmo (l’hispanité était une vaine tentative d’égayer les cœurs….).

Car petit miracle il y a et il découle directement du comic book. Comme si le matériaux source, par sa force et sa densité, avait réussi à résister aux outrages du système des studios pour insuffler un plus à ce produit cinématographique. In fine et malgré tout, la vision intemporelle et novatrice d’Alan Moore, apporte en effet un assainissement salvateur au récit du tout venant hollywoodien. Laissons de côté l’idée d’un renouveau stylistique, la mise en scène paresseuse tente le rapprochement vers la bd par les pires moyens (voir les petits tourniquets d’air des couteaux de V ajoutés en image de synthèse, un sommet de ringardise) et ne réussit qu’à donner l’impression d’un Londres totalitaire de carton (on est très loin ici d’un Sin City de Robert Rodriguez et Frank Miller). C’est l’histoire de V, héros anar affublé d’un masque souriant, qui constitue le principal intérêt parce qu’il continue une redistribution des cartes de l’héroïsme initiée par M. Night Shyamalan (Incassable) et suivi par Ang Lee (Hulk). Le héros moderne n’est plus désormais scindé entre la machine à sauver le monde sans regard interne (voir Bruce Willis dans Armageddon ou Le Cinquième élément…) et le sauveur à échelle moyenne doté d’une psychologie (voir le même acteur dans les aventures de John MacLane). Désormais, et V en est la continuité, il agit à grande échelle tout étant astreint à incarner l’humanité. Il n’est plus le mythique sauveur mais bien le miroir de notre possible valeur morale ou politique égarée. Un renvoi incessant à notre propre champ d’action qui s’est vu remis en cause dès notre entrée dans ce millénaire.

Evidemment, le public bédéphile n’y apprendra rien - l’audace de ces récits dessinés a sur ce point déjà dépassé et depuis longtemps les scénariis ballots d’hollywood - et n’y verra sûrement qu’une trahison (ce qui n’est pas totalement faux). Translater V, du rôle d’idée (l’anarchie en l’occurrence) ayant pris corps pour se répandre par l’action dans l’esprit des gens à celui de personnage ayant subit le totalitarisme et engageant une revanche teintée d’idéal politique, c’est évidemment rabaisser et amenuiser les desseins d’Alan Moore. Mais bon, l’ère politique actuelle méritait peut-être un peu plus de chair et de clarté que de philosophie. Et en cela V pour Vendetta est également une bonne surprise. Car l’histoire s’adapte parfaitement aux tourments actuels même si par ces truchements, il trahit. Le film puise dans l’œuvre d’Alan Moore pour en être un écho réaliste, comme toutes les variations modernes autour du Dracula de Bram Stoker le sont par rapport à l’œuvre originelle, mais possède son aura propre, celui d’un halo de notre conscience post-11 septembre qui est indispensable à découvrir.

 
Le remake de Rock Mastard
 

Trois vies, une seule mort

par Vlad

Voilà un livre qui existe désormais sous trois formes. Pas de Deo Gratias pour Rock Mastard de Boucq et Delan a été publié une première fois en 1983 chez Futuropolis, dans une version en noir et blanc. En 1986 les éditions Bédéfil le rééditaient en couleurs. Cette année, le Lombard le ressort... Mais cette fois il a été entièrement redessiné par Boucq. Comme je ne suis vraiment pas convaincu par cette nouvelle mouture, je me suis amusé à la confronter à la précédente. Désolé, la vidéo est un peu longue (8 minutes)... Il faudrait vraiment que j'apprenne à parler aussi vite que De Caunes dans Rapido.

Ah... Au fait, il nous reste quelques exemplaires de 1986, à la boutique... Y'en aura pas pour tout le monde !

 
Quand on aime...
 

...on ne compte pas le nombre de ses post.

Par Stéphane

Yunagi no Matchi

Yunagi no Matchi

Depuis quelques jours je suis tombé sous le charme du Pays des cerisiers, comme vous avez pu le voir dans la petite chronique vidéo qui se trouve un peu plus bas. Et bien, j'ai reçu hier soir la couverture par mail. Elle est splendide, et rechauffe mon coeur des souvenirs de la lecture. Je vous la confie, en avant-première.