Publications dans 2008
MANGA MUSEUM
 

Par Stéphane

De passage pour trois jours à Kyoto, j'en ai profité pour visiter le Manga Museum. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un musée, mais plutôt une maison du manga, vivante et peu sacralisée, disposant de nombreuses bibliothèques et arpentée en tous sens par des cohortes d'adolescents déguisés, ou cosplayés comme on le dit désormais pour faire plus jeune. L'expo du moment était sur la bande dessinée à travers le monde, et l'on pouvait y découvrir un bon nombre de nos productions locales traduites en japonais. Un bien beau lieu, dont voici quelques clichés.

 
L'infirmière mystère !
 

La jeunesse a ses péchés que la vieillesse préfère sans doute oublier...

Une nuit de garde pour le docteur Anne, un blessé admis en urgence, il doit être opéré... Las, le professeur Dulin reste injoignable, Anne prend la décision de remplacer le chirurgien, risquant de provoquer la colère du grand patron de la clinique...

Et ce malgré la mise en garde de l'infirmière... Qui est ce mystérieux blessé ? Comment va réagir le professeur Dulin ? Anne gagnera-t-elle son estime ?

Ce récit de neuf planches, comportant de superbes a-plats couleurs so seventies, doté d'un suspense narratif équivalent à l'encéphalogramme d'une vache sous valium,  paru dans un magazine du début des années 70, est franchement dénué d'un quelconque intérêt fictionnel... Mais...Regardez attentivement cet extrait de l'histoire, examinez cette œuvre issue des mains d'un dessinateur débutant, considéré depuis, de façon unanime, tant par la profession que par les lecteurs, comme l'un des meilleurs auteurs franco-belges de ces trente dernières années.

Oui, mais lequel... Non ce n'est ni Zep ni Bilal...

 
Metal Brain 109
 

La liberté ou la mort

Faîtes gaffe on balance plein de gâcheurs (légers) dans cet article !

"La guérilla est l'avant-garde combattante du peuple (...), [elle] est appuyée par la lutte de masse des paysans et des ouvriers de la zone et de tout le territoire où elle se trouve. Sans ces conditions, on ne peut admettre la guerre de guérilla."E. Che Guevara in La guerre de guérilla : une méthode (1963).

Oui il est permis de lire le manhwa Metal Brain 109. Il est même possible de s'acheter la série complète (en 3 tomes bien épais) pour la somme totale de 6€. Maintenant que l'argument financier est balancé, avançons-nous vers le contenu.Le petit Gun vivait heureux avec son super-flic de père et sa belle femme au foyer de mère jusqu'au jour où cette dernière se prend une balle perdue lors d'un affrontement entre forces de l'ordre et "cyborgs" rebelles... Fou de douleur et soucieux de préserver l'équilibre de son rejeton, le père fait recréer sa défunte épouse sous la forme d'un cyborg haut de gamme. Kim Jun Bum peut dès lors exploiter ce canevas dans deux directions assez classiques. D'une part la question de la prise de conscience des machines,  de leur accès aux émotions et le problème de la reconnaissance de leurs droits. D'autre part la description d'une organisation sociale fondée sur l'oppression. Ces deux aspects étant liés par une mécanique implacable parfaitement tragique accentuée par un hymne à l'amour filial.

Lecture résolument adolescente, Metal Brain 109 (on peut se demander pourquoi "109" d'ailleurs, nulle mention n'étant faite de ce numéro au long des 700 pages) peut être perçu comme une introduction ludique aux univers d'Isaac Asimov et de Philip K. Dick, références incontournables et ici incontournées, ainsi qu'une tentative d'illustrer ce que donneraient les tactiques de guérilla dans un univers urbain et futuriste, la population des cyborgs se substituant à la classe ouvrière et le "Metal brain" (le front de libération des cyborgs) tenant lieu de "noyau combattant". C'est d'ailleurs dans cette veine d'exaltation de la résistance, dans l'hymne désespéré à la liberté, que Kim Jun Bum livre ses meilleures pages. Ainsi le tome 3 présente un trépidant crescendo vers l'inéluctable. Les cyborgs sont assiégés par les forces répressives... Un agent tueur a été infiltré parmi les rebelles pour en assassiner le leader charismatique. Des ex-amants séparés par la barrière de classe sont sur le point de se retrouver... pour un final très Duel au soleil. Comparé aux séquences d'action confuses du premier tome, le troisième témoigne d'une bonne progression de l'auteur (le travail, il n'y a que ça !). Dommage qu'il s'auto-sabote trop souvent par un humour à la con désarmorçant à l'excès les situations les plus noblement dramatiques. Je sais que c'est un procédé typiquement extrême-oriental, mais là, ça ne fonctionne pas.

Car ce qui est exaltant dans cette histoire c'est le sérieux du parcours de son héroïne qui l'élève au rang de métaphore exemplaire. D'épouse-mère aimée, elle est reléguée au statut d'esclave et de femme battue. D'abord résignée devant l'injustice et croulant sous les mésaventures, elle finira par s'ébrouer et renaître en pasionaria. Si un chant funèbre embrase les derniers chapitres, la série ne se clôt pas sur le renoncement moraliste que l'on aurait pu redouter.

Une fois refermé l'ultime livre une question demeure : l'enfant Gun (que l'on suppose avoir autour de 10 ans) s'endormait-il déjà en palpant les seins de sa mère quand elle n'était pas encore cybernétique ?

 
Vitrine vaticane
 

Des barrières, des flics et des bédés : Le Quartier latin aujourd'hui.

Profitant de la venue du pape dans le quartier, j'ai -parfaitement opportuniste- hier soir disposé en vitrine la biographie de Bernadette Soubirous par Jijé, la vie de Jésus par le japonais Yoshikazu Yasuhiko (3 tomes couleurs, s'il-vous-plaît !) et enfin, trop méconnue des amateurs, la biographie de Karol Wojtyla par Sergio Toppi... Parue en 2001 cette œuvre est souvent ignorée des adeptes de Toppi, car très mal distribuée dans le circuit des librairies spécialisées BD. En revanche vous la trouverez facilement à La Procure ! Je ne sais pas si elle a déjà été réimprimée, mais l'exemplaire que nous possédons est bien une édition originale.

Mais... mais c'est quasiment miraculeux... tandis que je vous écris on me demande le Bernadette Soubirous et on me le réserve ! J'empoche joyeusement mes 5€ d'arrhes.

Bon. J'en reviens à Toppi. Le vieux maître s'exprime un peu sur son Wojtyla sur le site de Mosquito. Quand on pense que cette pièce n'est même pas intégrée à la bédétheque. Une bonne idée pour collectionneur : venir m'acheter mon EO pour être le premier à en créer la fiche dans la fameuse base en ligne.

Je regarde le ciel. Je ne vois pas la Vierge, mais il y a des hélicoptères.

Dans nos archives :L'apparition d'hier (3 août 2006).

 
Submergé...
 

...par la marée

Par notre correspondant rue Dante

Incroyable, je commence cette note tranquillou ce matin pour vous parler des quelques albums joliment dédicacés que je viens de récupérer... et depuis ça n'arrête pas. En direct du front je témoigne : il est impossible de vous décrire le quart de ce que je viens d'expertiser, les entrées et les sorties se faisant à un rythme assez frénétique.

Ainsi sur les fameux dédicacés j'en ai déjà vendus deux. Notons qu'il reste un très beau Labiano (un autre Matador 3, rappelez-vous il y a deux ans) et un beau Herenguel sur le premier Edward John Trelawnay (EO)(au passage, même si Lune d'argent est finie, le blog qu'il avait consacré à sa création en cours est un modèle du genre, qui mérite d'être exploré).

Notre rayon livres d'illustrations fantasy a été bien nourri également, avec, en vrac : Brantonne, Tim White, J. K.Potter, Josh Kirby...

Quelques albums futuropolis collection Copyright me furent également cédés par un auteur charmant mais dans le besoin : Abbie an' Slats, Le Spirit, Romeo Brown 2 (euh.. enchanté !), Li'l Abner.

Pour finir citons le Totentanz : La danse des morts du jeune Bézian, l'édition originale de 1986 chez Magic Strip. Un noir et blanc bien charbonneux, pas encore épuré, mais généreux.

 
Derniers arrivages : première !
 

il est pas frais mon poisson ?

Attention, voici une nouvelle rubrique purement informative et commerciale. Il s'agit succinctement d'attirer l'attention de nos lecteurs-clients sur certains produits venant d'arriver dans nos boutiques. Pièce unique miraculeuse,  bizarrerie méconnues, série complète sympathique, etc. 

Cette rubrique ne constituera aucunement un catalogue exhaustif.

Pour notifier tous les ouvrages qui entrent dans nos stocks il faudrait deux employés à plein temps, et vous ne feriez plus de trouvailles surprenantes au milieu de nos rayons. Donc on ne vous racontera pas tout le programme. Prenez plutôt ces notes comme la bande-annonce de votre prochaine visite.à Dante, le 6 septembre 2008, la marée a déposée :

Murena 1 (EO) trrrrrès recherché à cause de sa couverture différente et des couleurs première mouture.

Murena 2 (EO)

Germain et nous (EO) 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14... qui a dit "on s'en fout ?" grrrr !

• Intégrale (monovolume sous emboîtage) La caste des Métabarons, un bon bloc de space-opéra freudien.

Conte Dracula de Guido Crepax, seconde édition italienne de cette adaptation inédite en français du livre de Bram Stoker.

• Toujours de Crepax, en EO et en français ce coup-ci : Emmanuelle, Le portrait fragmenté, La lanterne magique, Anita en direct, La loi de la pesanteur...

• Une collection complète du manga d'horreur ésotérique Inugami, le retour du dieu chien. 14 volumes vendus en lot.• Eisner : Big City 3 (EO).

• Ah... Et puis deux parapluies. Un noir, petit, et un grand à motif écossais.

 
Dédicace de Elbaz et Perriot (éditions de la Cerise)
 

Invitation gracieuse

Délaissant pendant une journée la préparation pharaonique du film d’animation Le Chat du Rabbin (par Joan « dessine moi un mouton pour l’Aïd » Sfar) Vincent Perriot et Grégory Elbaz nous feront l’honneur d’investir notre librairie pour une séance de dédicace.

Ils sont jeunes,talentueux et ils seront à Aaapoum Bapoum (14 rue Serpente) ce samedi 6 septembre dès 15 heures avec l’intention de vous dédicacer avec application leurs beaux albums.

Le livre Bix (éditions de la Cerise) de Grégory Elbaz est la biographie (à peine, mais alors à peine) romancée du jazz man du même nom. Ambiance feutrée et surréaliste au rendez-vous.

Notez bien qu’à partir de cette semaine et jusqu’à fin octobre vous pourrez découvrir le travail minutieux tout en nuance de gris du jeune dessinateur à travers une exposition de ses dessins originaux (au sens littéral du terme). Vous verrez à quel point nos murs en sont plus beaux ! Depuis toute notre librairie vit au rythme syncopé du Jazz ; des preuves ? Vous ne verrez plus notre ami Stéphane, parti à pied pour la Nouvelle Orléans ; Stanley scat plus qu’il respire, Vlad essaye de se mettre des oranges dans les bajoues pour imiter Louis Armstrong et Lady Stardust sniffe de la farine et parlecomme une Françoise Sagan épileptique.

Notre second invité, Vincent Perriot a quant à lui suscité une véritable émulation dans le milieu de la bande dessinée avec son premier livre Entre Deux(aussi aux éditions de la Cerise). Phénomène de l'été, son second ouvrage,  Taïga Rouge(collection Aire Libre) est sur toutes les lèvres et devant toutes les paires d’yeux…

Si ce n’est pas votre cas ? Rendez vous ce week-end afin de corriger le tir.

La fin de la séance de dédicace (et de l’après midi) devrait s’accompagner d’un apéritif convivial, agrémenté par une sélection musicale du sieur Elbaz tout de jazz diffus…

Nos rayons se sont enrichis de l’intégralité du catalogue des éditions de la Cerise, un éditeur amoureux de ses livres, véritable forcené dans cette industrie impitoyable et résistant artistique précieux.

Les livres de Vincent Perriot et Grégory Elbaz seront donc en vente à la librairie, neufs évidemment. Si vous venez avec votre exemplaire préalablement acquis ailleurs, soit, mais sachez qu'il vous faudra tout de même nous acheter un autre livre des éditions de la Cerise pour obtenir une dédicace. Voilà ce qui s'appelle promouvoir les petites maisons d'éditions !

 
Joe Kubert (2) : Abraham Stone
 

Un p'tit gars de Pennsylanie

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Abraham Stone marque un certain retour de Joe Kubert dans la création, au début des années 90, après une bonne décennie où il avait surtout consacré ses efforts à son école de dessin, la Kubert School Cartoon and Graphic Art.

Cette œuvre témoigne d'une volonté de s'éloigner des récits de genre où l'auteur avait brillé (guerre et super-héros). Visiblement armé de nouvelles préoccupations Kubert s'oriente vers des terres plus sociales et réalistes. Abraham Stone est un jeune américain du début du siècle dernier. Un petit gars de la campagne de Pennsylvanie venu à New York sur les traces des assassins de sa famille. Ses investigations l'amènent à intégrer la pègre de l'East Side. Il ne tarde pas à découvrir les liens qu'elle entretient avec un certain capitaliste ferroviaire... Une aventure très "Will Eisner" en somme, le comique et la distance en moins (un lecteur a-t-il déjà trouvé une trace d'humour dans un bouquin de Kubert ???).

Cette inclinaison thématique s'accompagne d'un changement de format. Kubert a conçu les aventures d'Abraham Stone pour le marché européen, et plus précisément pour son ami Erwin Rustemagic des éditions alors yougoslaves Strip Art Features. 3 albums de 48 planches, donc. Les éditions Glénat accueillirent dans leur collection "Vécu" la première de ses aventures (t1 : Rat des villes). Par la suite Abraham Stone semble avoir été à Hollywood (t2 : Radix Malorum) et dans le Mexique de Pancho Villa (t3 : The Revolution), mais ces deux aventures n'ont jamais bénéficié d'une sortie album francophone. Il semble pourtant qu'elle furent au moins partiellement publiées dans USA magazine.

Tel quel, le tome 1 se suffit à lui-même. Une histoire de vengeance, simple, efficace, avec de belles scènes de pluie et des méchants vraiment méchants. Kubert ne fait pas dans la dentelle, mais son manichéisme allié à la fluidité de la narration assure un grand confort de lecture. Sa joie de dessiner est indéniable et entraînante. Une ardeur qu'il aura un peu perdue sur le travail de commande Tex, dont nous reparlerons dans ces colonnes.

Abraham Stone, T.1 Rat des villes de Joe Kubert, 1992, Glénat. Un album qui comme la plupart des tomes 1 demeurés sans successeurs se trouve assez facilement en occasion.

Dans nos archives : Joe Kubert (1) : Face au Viêt Công.

 
Un jour férié mais pas trop...
 

Ou comment une vierge s'envoyant en l'air justifie un changement d'horaire

Ni pour la naissance de Napoléon, ni pour le décès de Macbeth, encore moins pour l'anniversaire de Ben Affleck, ni même pour celui d'Alain Juppé et de Régine Deforges, peut-être un peu pour l'avènement de Pierre Dac ou en mémoire de Walter Scott...

Dans tout les cas, ce vendredi 15 aout 2008, les boutiques Aaapoum Bapoum connaîtront une légère adaptation d'horaires.Dante et Serpente, même combat, seront ouvertes de 12h à 19h.

Ainsi, entre deux messes, une grasse matinée ou une sieste, il sera possible de baguenauder à loisir dans nos rayons. Mieux encore, en gage de soutien à ceux restant sur Paname en ce long pont estival, le pack de "Magdalena", l'arme secrète du Vatican contre les vampires, Ed. USA,bénéficiera d'une remise de 5€ (vingt euros les deux tomes au lieu des vingt-cinq euros habituels), pour toutes les personnes nous glissant d'un air dévôt la phrase "Je vous salue Marie Madeleine".

Le reste du week-end retrouvera une normalité de bon aloi, tant au niveau des horaires que des prix... Encore qu'il reste à prouver la possibilité d'accoler l'adjectif normal à l'espace temps Aaapoumien.