Publications dans BD européenne
La Vallée des Merveilles de Joann Sfar
 

Par Stéphane, vraiment pas en forme le soir tombé, sniff

Le nouveau Joann Sfar, à sortir bientôt... Pas trop content de la chronique vidéo, mais la règle, c'est une prise, pas plus. Alors j'espère au moins qu’elles vous auront au moins un peu convaincu, ces images défilant sur fond de fulgurances autant prétentieuses que subjectives…Vous y verrez au moins de belles images.

PS: vous avez vu un peu les épreuves pas reliées des journalistes...c'est pas top glamour, mais au moins on lit gratos

Et surtout laissez des commentaires. J'hésite à prendre un appareil de meilleur qualité pour poursuivre dans cette voie.  Savoir si le procédé plait ou non m'aiderait grandement.

 
Consécration Méritée, Tintin débarque à Beaubourg
 

"Ça ne sert à rien, mille tonnerres, c'est de l'Art!"

Haddock dans Tintin & L'Alph Art.

Par Stéphane


Grande nouvelle, en avant-première mondiale sur le Aaablog :

Pour la rentrée prochaine se monte une exposition parisienne au Centre Georges Pompidou, intitulée "TINTIN".

J'en connais qui ce soir vont repeindre les murs de la maison Moulinsart d'une joie méritée, depuis le temps que la société milite pour la reconnaissance de son bébé comme patrimoine de l'Art.

Et vivement septembre, dans l'espoir que le commissaires et le scénographes soient à la hauteur.

 
L'étrangleur de Tardi
 

Qu'il est beau!!!

Par Stéphane

Il est arrivé Hier chez Aaapoum, mais ne sort que le 24 de ce mois dans les librairie...Héhéhé,  un peu vantard pour le coup le Aaablog, mais pas rat. Alors  je me suis coltiné pour vous la première présentation vidéo avec le son qui fonctionne (on doit avoir l'air bien nul en informatique, mais sachez que nous devons négocier chaque jours avec l'une des plus retorses machines qui m'est été donnée de connaître). Comme je papote pas mal  sur la vidéo (laborieusement mais je voudrais vous y voir à haute voix, seul dans une librairie, avec votre petite caméra à la main... On pense bien qu'on aura l'air con au premier client qui entre), le reste de la la chronique sera à endurer...pardon à écouter...

 
Avant-première: le nouveau C. Montellier
 

Voici donc en exclusivité quelques planches du prochain livre de Chantal Montellier à paraître en avril chez Actes Sud, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'explosion du réacteur nuclaire de la base de Tchernobil, en ex-URSS.

De prime abord, c'est un chef d'oeuvre qui va nous tomber dessus, sombre et documenté.

Les images dans "la suite"... et merci T.G.

cliquez sur les images pour les avoir en plus grand ou les enregistrer. ps: ces images ne sont pas encore finalisées... comme vous aurez pu le remarquer.

 
La planche ridicule du mois (au mieux)
 

Par Stéphane

Que c’est moche de mal vieillir.

Souvenez-vous, Les Eaux de Mortelune, les 7 vies de l’Epervier… des œuvres assez fortes qui semblent aujourd’hui lointaines. Encore plus lorsque l’on lit la toute dernière bande dessinée de M. Cothias, scénariste de son métier, intitulée Le sceau de l’ange. Je viens de finir cette besogne avec un plaisir pervers, l’objet atteignant un tel niveau de nullité qu’il en est devenu follement agréable. Un vrai moment de rigolade. Voici donc ma planche favorite, tellement ridicule qu’elle me fera sûrement l’année.

Cliquer sur l'image pour la voir en plus grand et l'enregistrer...

PS: Je jure sur l'honneur n'avoir ni retouché l'image, ni modifié le texte.

 
"Le marronnier" de la bande dessinée
 

Par Stéphane


En presse, "le marronnier" est un sujet bateau qu'une rédaction ressort à chaque fois qu'elle n’a rien pour remplir son journal (genre les francs-maçons pour Le Point ou Joann Sfar pour Télérama).

Aujourd’hui est le quatre-vingt-dixième anniversaire du commencement de la Bataille de Verdun. 21 février 1916, 7 h 30 du matin, les allemands engageaient la ville dans un des plus macabres et illustres fait de guerre de l’histoire du vingtième siècle européen. 10 mois de siège, un bilan humain terrible.

Ce jour est donc le jour idéal pour vous conseiller DE NE SURTOUT PAS ACHETER le tout nouveau livre de Adam, Cady et Marchetti. La Tranchée, aux éditions Vents D’ouest, n’est qu’un énième récit de bande dessinée sur le sujet, sans saveur, ni projet graphique, tout au plus un vague fumet de poésie romantico-merdique sur la culpabilité, au texte empreint d’une légèreté que ne renierait pas un pigeon atteint de la grippe aviaire.

Vous l’aurez compris, le petit monde de la bande dessinée étant gavé d’oeuvres sur le sujet, nous n’aurons aucun mal à vous conseiller un équivalent de meilleure qualité, comme l’exceptionnel C’était la guerre des Tranchées de Jacques Tardi, ou plus récemment le subtil et comique Le roi cassé de Nicolas Dumontheuil.

 
OYEZ ! OYEZ ! braves gens
 

Par Stephane, depuis Ko Samui en Thailande, en pleine preparation de la Full Moon Party de ce soir...

Pour clore en beauté la première exposition de la librairie-galerie EN MARGE, nouvelle echoppe de bande dessinee franchement sympa, ouverte par mon ancien collegue Jean-Pierre le mois dernier, le Colonel Moutarde sera en dédicace ce

samedi 18 février de 15 H à 17 H !

Venez découvrir la réédition de Johnny-Rien-à-Foutre, à peine sortie des presses, et son dernier ouvrage aux éd. Milan, Grenadine et Mentalo, ainsi que les chouettes T-Shirts qui ont été réalisés spécialement pour l'exposition (http://shopmoutarde.canalblog.com/)

À samedi donc !

EN MARGE

librairie-galerie-musiques

92, rue Jean-Pierre Timbaud

75011 PARIS

tél. 01 77 10 78 12

 
Thorgal : un héros adultère
 

« Tu m’ennuies Thorgal »

Syriane, première case de La cage.

Par Vlad

Thorgal Aegirsson… Son histoire n’a pas disparu de toutes les mémoires. Ce récit est à ce point constitué d’emprunts divers et pétri de mythologie qu’il a fini par faire corps avec cette dernière.

Pour les lecteurs de ma génération et sans doute de la précédente, Thorgal, c’était la saga ultime. Dans les temps anciens les vieux avaient la Bible, les cours d’éducation latine et Georges Dumézil. Nous, à l’ère Giscardo-Mittérandienne on avait Thorgal. Ce type avait trop la classe. Il était super balaise avec une épée et à l’arc, sans avoir les deltoïdes boursouflés de Schwarzy. Toutes les meufs, TOUTES, étaient amoureuses de lui.

D’ailleurs c’est une fille, Shaniah, qui le souligne la première, dans le tome 5, Au-delà des ombres, où il réussit à revenir des Enfers ET à sauver son épouse (pas comme cette tapette d’Orphée) : «Décidément, la vraie chance des héros, c’est de plaire aux femmes, mortelles ou non».

La saga de Thorgal s’achève avec le tome 23, paru en novembre 1997 : le définitif La cage. Ce qui a été publié après en utilisant la renommée de la série n’est qu’usurpation. C’est comme le Dylan d’après l’accident de moto de 1966, ce n’est pas le même, il a été remplacé.

Je m’explique.

Indépendamment des péripéties narrées avec maestria par Van Hamme et Rosinski, il y a une autre histoire qui est racontée derrière les apparences. Une histoire qui trouvait son aboutissement dans La cage et qui, artistiquement, n’admettait pas de suite.

Thorgal, c’est l’histoire d’un homme partagé entre deux destinées, entre deux femmes, entre deux modes de vie. Une fois que c’est formulé, c’est évident. 

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La blonde et la brune.

La blonde Aaricia est vouée par les dieux (particulièrement par la déesse Frigg) à être la compagne de Thorgal (tome 7, p.32). Elle est l’épouse idéale. Elle est celle que Thorgal doit protéger, celle qui lui prépare ses repas et qui s’occupe des enfants. D’ailleurs ses rivales, les femmes qui convoitent Thorgal (et le lecteur sait à quel point elles sont nombreuses !) en donnent une caricature assez significative. Quelques exemples croustillants :

Shaniah (s’adressant à Thorgal dans le tome 4) :« Je te propose l’aventure et tu préfères rester accroupi à japper comme un chien battu aux pieds d’une bonne femme qui parvient tout juste à traîner son gros ventre entre la cuisine et son lit !»

Kriss de Valnor (dans le tome 11) :« Elle n’avait qu’à rester sur son île à tourner dans ses marmites. C’est tout ce à quoi elle est bonne d’ailleurs. »

Kriss encore (s’adressant à Thorgal dans le  tome 19) :« La vérité Thorgal de mon cœur, c’est que tu en avais assez de ta marmaille, de ton lit bien douillet et de ta marmite sur le feu tous les soirs. »

Les auteurs ne faisant rien pour démentir ou rectifier l’image de marque que lui collent ses détractrices, Aaricia passe effectivement le plus clair de son temps à fournicoter dans sa cuisine. Bien.

Et le beau Thorgal, qui fait mine de s’épanouir dans une vie de couple rangée, qui se rêve en bon père de famille, ça ne vous dérange pas un peu qu’il trouve toujours un moyen de se barrer pour des prétextes futiles ? Et surtout… Avez-vous remarqué qu’il n’était pas là à la naissance de son fils Jolan ? Et à la naissance de Louve ? Pas là non plus ! Généralement il en faut moins que ça pour que l’opinion publique ne vous range à jamais dans la catégorie des mauvais pères / mauvais époux !Mais peut-on vraiment blâmer Thorgal ? Il est vrai qu’il y a d’autres attraits que la paix de l’âtre dans le vaste monde…

Il y a notamment la brune Kriss de Valnor. Mademoiselle de Valnor est sans conteste le personnage féminin le plus attirant de la série. Celle qui capte l’attention sexuelle du jeune lecteur mâle… Il me semble que je suis d’ailleurs un témoin privilégié : en 1985, lorsqu’est paru Les Archers, j’avais 12 ans. Elle est jeune, belle, intelligente quoique cupide. Elle est la seule qui se place en égale de la gent masculine et non en vassale. Elle est surtout la femme dont on nous promet la nudité depuis fort longtemps, pour attiser notre désir et, par transitivité, renouveler notre intérêt pour la série.

En 1985, donc, dans le tome 9, page 20, on a pu voir sa poitrine. En 1986, dans le tome 11, son postérieur galbé nous a été donné à voir (p. 30). Il aura fallu attendre 1993 et le nu intégral des pages 5,6 et 7 du tome 19, pour entrevoir sa toison diabolique. Le plus long strip-tease qu’il m’ait été donné de regarder ! Huit ans. Huit ans pour que la forteresse invisible ne le soit plus.

Thorgal en perd d’ailleurs lui aussi la tête. C’est dans cet épisode qu’il S’ARRANGE pour perdre la mémoire.

Et oui !

Vous le feriez-vous ? Demander aux dieux de perdre la mémoire sous le prétexte TORDU de protéger sa chère famille ? Alors que la seule personne qui est à proximité est une garce absolue parfaitement dépourvue de scrupules qui en veut à votre corps et à votre aura ? Okay… D’accord, je vois ce que vous pensez… Peut-être que vous le feriez, mais ne me faîtes pas croire que c’est pour le bien de votre chère épouse et de vos enfants, à l’autre bout du monde !!! Et voilà toute l’affaire : coincé entre son idéal conformiste et ses pulsions sexuelles de plus en plus incontrôlables, Thorgal a trouvé. Il lui a fallu du temps et moult aventures, mais il a trouvé l’unique moyen d’assouvir son désir sans avoir de scrupules ni problèmes de conscience. S’en remettant entre les mains de Mademoiselle de Valnor tout en s’offrant le luxe d’oublier les liens qui le rattachent à son passé, à ses engagements, à son rôle de héros… Il entrevoit un instant le bonheur.

Ce faisant il réalise un double fantasme du lecteur : d’une part, évidemment, faire l’amour avec Kriss, d’autre part dans la même perspective mais plus largement, mettre en pratique toutes ses capacités sans cette retenue frustrante, issue d’une morale dépassée : enfin Thorgal (sous le nom de Shaïgan) va piller, tuer, faire peur, et foutre sur la gueule de tous les minables à qui il épargnait la vie précédemment ! Ça ne dure pas plus de trois albums, mais qu’est-ce que c’est bon !

En plus on peut assister à partir du tome 20 à l’accomplissement du rôle de victime d’Aaricia : bannie, abandonnée dans la neige, tondue, marquée au fer rouge, fouettée, humiliée par sa pire rivale… Ahhh ! Mais ces développements mériteraient une autre notule !

Comme la morale et le bien doivent finalement triompher, on assiste dans le tome 22 à la recouvrance de la mémoire du héros. Il se rend compte de ce qu’il a fait, ça lui permet de prendre de belles pauses douloureuses au clair de lune devant l’océan agité. Ses forfaits accomplis il va retourner chez lui, la nourriture est quand même meilleure, et puis ses enfants sont là-bas. Et la transmission du patrimoine c’est important. De toute façon les maîtresses de cadres-supérieurs vous le confirmeront : ils finissent toujours par retourner chez bobonne : dans LA CAGE, symbole évident de ce que symbolise le mariage pour les auteurs.

Alors elle a mille fois raison, Aaricia, de tenter de culpabiliser un peu son bonhomme dans cet album magistral (tome 23) où pour la première fois depuis qu’elle est gamine (exceptions faites de quelques micro-événements dans le pays Qâ) elle prend des initiatives ! La boucle est bouclée. Il est revenu comme la chatte dans La femme du boulanger. Le cycle sous-jacent est arrivé à son terme.

Quel sens ça a de continuer la série ? Je mentirais si je disais que je n’ai pas lu certains des volumes qui sont parus depuis. Par respect pour des auteurs que j’ai adulés malgré leur indécrottable sexisme, je préfère considérer qu’ils n’existent pas.

Lire Thorgal au-delà du tome 23, c’est insulter Van Hamme et Rosinski. Ce n’est pas moi qui suis irrespectueux… Bien au contraire. Il vaut mieux imprimer la légende.

On me dit que Kriss est revenue, et même qu’elle est morte… Je n’écoute pas… Ils m’ont déjà fait le coup de Kriss vieillie une fois, je ne marche plus.

M’ENFIN !!! Aaricia, tu es une princesse viking, merde ! UNE PRINCESSE VIKING ! Pourquoi tu t’es fourvoyée avec ce lâche qui n’assume pas ses choix ? Avec ton tempérament, si tu m’avais choisi on aurait pu faire de grandes choses, nous aurions régné sur les océans, nos noms auraient été murmurés avec admiration et crainte sur tous les continents ! Aaricia, pourquoi as-tu choisi ce lourdaud ? Tu n’étais pas faite pour les marmites ! D’ailleurs je ne suis pas plus moche que lui… Surtout que ça fait un moment qu’il est mal dessiné…

Lire aussi dans nos colonnes La fin justifie le moyen à propos du tome 29.

 
mickey mickey de Mezzo et Pirus
 

Une violence immobile

Après Reservoir Dogs, le polar n'a plus été le même.

Ça ne veut pas dire que Tarantino ait été l'inventeur du "néo-polar".

Quelque chose devait être dans l'air. D'ailleurs le tome 1 des Désarmés de Mezzo et Pirrus était sorti avant.

En revanche mickey mickey (Delcourt, 1997) dont je vais parler aujourd'hui est sorti après. Ce sombre joyau fait indéniablement penser au célèbre film et pourtant il s'en démarque par sa radicalité esthétique.

( Attention : cette notule révèle des éléments de l'histoire).

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La scène d'ouverture de mickey mickey présente la même situation que celle de Reservoir Dogs : autour d'une table, des truands discutent. Deux différences notables néanmoins : chez Mezzo et Pirus, on sait dès le départ qu'ils sont vraiment barges et, en revanche le point de vue, lui,  est résolument calme :  c'est un plan fixe là où Quentin faisait tournoyer sa caméra.

L'ellipse qui nous conduit à l'après foirage du casse est une scène très tarantinienne, avec un homme qui agonise, son sang se répandant au fur et à mesure de l'action. L'utilisation des flash-backs est une autre similitude, sans oublier l'otage dans le coffre de voiture. Sauf que les Français ont encore une fois épuré... Pourquoi déplacer les truands ? La banque c'est très bien comme décor !

Dans mickey mickey il n'y a que deux lieux, la banque et la planque dont on ne voit que le bord de la piscine et le garage attenant. Deux ellipses narratives importantes structurent le récit. Or ce sont les réelles scènes d'action que les auteurs ont supprimées : le casse et la fuite. Là où Tarantino le strip-teaser ne résistait pas à la tentation des flash-backs pour nous donner à voir l'action, Mezzo et Pirus n'en montrent que les traces : traînées de sang sur le sol, chaise renversée : au lecteur de reconstituer la trame.

On pourrait parler ici d'une esthétique de la violence statique par opposition aux "chorégraphies" des films d'actions :  statisme des cadrages ; violence de l'agonie tout en lenteur de Max, tandis que les poissons de l'économiseur d'écran défilent ; statisme d'une réclusion parfois double (Susan, bouclée dans les chiottes au sein de cette banque où ils sont tous coincés).

La violence statique est une violence qu'on ne montre pas en acte, mais dont on constate les résultats. On voit les corps, les blessés, mais on ne voit pas Max se prendre sa balle, on ne voit pas l'extincteur écrabouiller la tête de Mickey le jeune. Certes, on voit Buzz tirer la seconde balle dans la jambe de Miguel, mais en si gros plan que l'image en devient presque abstraite (p.24). Lorsque Max dégomme le flic du plafond, il y a justement le plafond, qui fait écran entre le tueur et la proie (pp. 40-41, magnifiques). On m'objectera que page 25 on voit Buzz flinguer Mickey le jeune et que page page 44 on voit en partie gicler la tête du flic. Cela est vrai ; en fait la violence statique ne réside pas que dans l'ellipse ou le hors-champ. L'esthétique de Mezzo et Pirus peut montrer les éclaboussures de sang, mais ne montre pas de mouvements rapides, pas de déplacements graciles, pas de ralenti nous montrant la beauté des corps en mouvement... car si on examine les deux exemples cités ci-dessus on s'aperçoit que dans les deux cas Buzz liquide des hommes quasiment morts et en tous cas allongés, que se soit au sol ou... au plafond !

Loin d'être un album magistral (la narration y est tout de même un peu alambiquée) mickey mickey peut apparaître comme un manifeste esthétique. Comme si les auteurs avaient  souhaité épurer le néo-polar dont ils auraient anticipé les dérives futures, tout en se faisant une bannière éclatante de la plus grande des contraintes bédéïque : l'immobilité.

Des chemins artistiques se sont croisés. Tarantino allant vers la prouesse érudite déshumanisée qu'est Kill Bill et les Français vers le chef d'œuvre cosmique qu'est Le roi des mouches, dont il faudra absolument reparler dans ce blog.

 
Le Péril jaune
 

A propos de "Fils de Chine " de Gillon

par Vlad

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  Au début des années cinquante, alors que le Camarade Staline était encore parmi nous, Paul Gillon dessinait dans les pages de Vaillant, le magazine du PCF pour la jeunesse. Il y cosignait alors avec Roger Lecureux une épopée chinoise retraçant le combat des partisans de Mao, la Longue Marche, la guerre civile et la victoire sur les troupes de Tchang Kaï-Chek. Ces pages ont été regroupées en 1978 par Jacques Glénat, dans un album intitulé Fils de Chine.

Ce qui apparaît d’emblée à la lecture de cette vigoureuse propagande, écrite et dessinée avec puissance et style (j’écris ça sans ironie) c’est l’influence démente qu’avait Alex Raymond sur le jeune Gillon (environ 25 ans à l’époque). Jusqu’à la calligraphie de la signature, le jeune français reproduit avec brio le style de l’américain, créateur de Flash Gordon.

Par son allégeance formelle Gillon produit un miracle, dont la portée politique est bien plus importante que la simple hagiographie maoïste : sous nos yeux ébahis, le symbole du « péril jaune » tel que les Américains ont appris à le redouter, le terrible Empereur Ming… est désormais du côté des bons !

Que cette démarche est été consciente ou non, c’est une révolution des mentalités qui est ici à l’œuvre. Utiliser les codes de l’ennemi pour les retourner, s’approprier ses armes et les utiliser à d’autres fins, c’est ce qu’ont toujours fait les rebelles et c’est ce qu’ils feront toujours. Tout le contraire de messieurs Van Hamme et Benoît lorsqu’ils trouvent opportun de truffer leur « Etrange rendez-vous » de stéréotypes racistes nous ramenant cinquante ans en arrière ! 

Merci à Fabio, qui n’a pas voulu me céder à vil prix cet album, mais qui a bien voulu me le prêter !