Publications dans Comic
Concours d'encrage
 

Ferez-vous mieux que Vince Colletta, l'encreur de Jack Kirby ?

Thor Pencils

Originally uploaded by Ape Lad

Bah oui. Ca critique à mort sur le aaablog. Y'en a qui osent dire qu'ils colorient comme des cochons les stagiaires non payés de Panini Comics. Mais qui ferait mieux ici ?

Alors je lance ce défi au vilain mécréant qui osa, à deux reprises, s'attaquer aux difficiles tentatives de rénover à moindre frais le patrimoine américain. Voilà un concours lancé sur Flickr il y a quelques jours.

Les premiers ont déjà postés leur travail.

Alors pourquoi pas vous? Bah oui, pourquoi pas toi ?

 
De la recolorisation du patrimoine (2)
 

Antimilitarisme chromatique

Ce qui fait la particularité des X-men de Claremont (qui reprend le titre Uncanny X-men à partir du #94 d'août 1975) c'est que c'est un groupe formé d'individus disparates mais pourtant soudés. L'uniformité n'est pas leur crédo. D'ailleurs ils n'ont plus l'uniforme de la première équipe. Ils ont des costumes différents. Chaque costume affirme l'individualité de chaque membre. Les différences et les divergences s'expriment. La mise en pratique de cet idéal n'est pas toujours commode, mais au final, ils sont plus forts ainsi. Leur fonctionnement est aux antipodes du militarisme. Cyclope, qui a l'esprit le plus responsable, s'efforce d'insuffler un peu de rigueur et d'organisation, mais au final il laisse beaucoup de marges de manoeuvre aux individus. Il n'est pas un autocrate. Son autorité est consentie et non subie. D'ailleurs il est prêt à abdiquer et le fait un temps.

Les X-men sont donc plus proches d'un groupe libertaire de guerilleros romantiques que d'une unité d'action bolchévique. C'est d'ailleurs la raison de leur succès. Cet état d'esprit est indissociable du contexte hippie de l'époque, né sur l'opposition à la guerre du Vietnam.

Lorsque nous lisions leurs aventures dans Spécial Strange, les couleurs étaient le reflet du contexte. Elles étaient à l'image des papiers peints et des moquettes d'alors, toutes en orange, marron, rose fuchsia, violet chatoyant. Les flux d'énergie étaient colorés et chaleureux. Comme je l'écrivais la semaine passée, les récentes intégrales sont très bien, mais les couleurs ne sont pas celles d'origine. Désormais le blanc et le bleu dominent. L'énergie est devenue froide et électrique. Une partie de la fantaisie est nettoyée.

Je ne pense pas que ce soit un syndrome bushien, c'est juste l'état d'esprit général qui a changé, nous ne sommes plus à la même époque. Si cette atmosphère froide et métallique seyait bien aux deux films de Bryan Singer, réalisés à l'époque du tout numérique, elle paraît incongrue quand elle est plaquée sur des dessins des années soixante-dix.

Ce reformatage n'a été appliqué que sur les deux premières intégrales (1975-1976 et 1977-1978), à partir de la troisième (1979) les trames initiales ont été reprises. Elles ne donnent pas du tout le même résultat car leur intensité, au lieu d'être en partie absorbée par du papier journal mat est  décuplée par le papier  désormais blanc chloré et glacé. En bref c'est criard... Mais c'est tout de même mieux.

La prochaine fois je ferai un topo sur le massacre de l'Incal par le "studio Beltran", à côté duquel, les petites libertés de Marvel paraissent bien gentilles !

 
Si Superman existait...
 

... il viendrait botter les fesses de notre fraichement émoulu président.

où l'on apprend sur le blog de Steph lastere (qui ne met que deux A sur trois à notre nom...le vilain) que N.S, notre illustre V.I.P à l'international, puise ses tirades les plus fulgurantes dans des bandes dessinées atlantistes (on dit aussi comic). A lire, c'est très très drole... d'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, on en vend et c'est une très bonne lecture.

 
De la recolorisation du patrimoine
 

Tous des sagouins !!!

Depuis quelques années les éditions Panini nous gratifient d'intégrales nous permettant de nous replonger  dans l'histoire des super héros Marvel, ou de la découvrir. Ainsi sont sorties notamment les Fantastic Four et Spider-man, qui reprennent leurs aventures depuis les origines. Excellente initiative.

Adaptations des intégrales américaines, ces épais volumes en reprennent les couleurs. Ces couleurs ont été refaites, à mon goût grossièrement. Ce que nous pouvons donc lire ce sont des pages "relookées" tant bien que mal pour un supposé goût du jour. De mon point de vue cette démarche est critiquable, surtout dans le cadre d'un travail d'exhumation du patrimoine. Il y a dans cette entreprise de "coup de jeune" matière à un interminable débat. Mais le plus gros problème c'est que le boulot a été bâclé et exécuté de manière stupide. Les pages de ces intégrales fourmillent d'erreurs grossières et témoignent du peu de soin apporté à ce travail par Marvel (Panini n'assumant que la traduction).

Dans l'exemple suivant, tiré du FF#12,  on voit bien que les coloristes n'ont pas pris le temps de comprendre la case... Mélangeant ainsi allègrement la main et la ceinture du soldat, confondant les bandoulières et le col de la veste. Cet exemple, significatif, n'est pas isolé.

Je ne sais pas si les couleurs seventies des éditions LUG étaient conformes aux éditions américaines (il faudrait que j'aille demander à Arno-de-chez-Pulp's-en-face de me descendre de son étagère le FF #7 VO qui trône à 175 €), en tous cas elles étaient plus chaleureuses.

En revanche on peut remarquer sur l'image, qu'au moins les intégrales nous permettent de découvrir les planches dans leur complétude. Chez Fantask, pour les mettre au format qui leur convenait, ils avaient l'habitude de tronçonner tout le bas du premier strip de chaque planche !

Désolé pour le flou du côté gauche de l'image extraite du Fantask, mais une reliure à 200 €, j'avais pas envie de la flinguer à coup de scan applatissant...

 
Balles perdues de David Lapham
 

Malédiction éditoriale

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Imaginez une série noire en BD qui dresse un panorama des Etats-Unis depuis les seventies, ou du moins un panorama de ses marges les plus dérangeantes. Le tout impeccablement découpé, dialogué avec tranchant, dans un noir et blanc de circonstance. Un panorama fait de dizaines de nouvelles se situant à différentes époques, dans lesquelles on recroise des personnages à différents âges. Imaginez que cette œuvre parle de la façon dont la violence contamine la société, comment elle marque les gens et les destins. Imaginez une œuvre digne de la cruelle concision d’un William Irish, de la verve d’un Tarantino, et de la vigueur d’un Scorsese.

Si une telle comédie humaine criminelle existait en BD, cela créerait un raz-de-marée chez les libraires, non ?

Et bien NON.

Car cette série existe.

Elle se nomme Stray Bullets, Balles perdues.

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Et Stray Bullets est une série maudite en France. Commencée en 1995 par un encore jeune artiste américain, David Lapham, cette série noire a déjà connu deux débuts de publication par chez nous. La première par Dark Horse France en 1996, la seconde par Bulle Dog en 2001. Ces deux maisons ayant mis successivement la clé sous la porte, les quelques lecteurs français en sont restés à l’épisode 7 (sur les 32 publiés aux Etats-Unis). On peut facilement comprendre pourquoi tant d’amateurs sont passés à côté des Balles perdues... Les Editions Bulle Dog leur avaient réservées une si déplorable présentation... Bulle Dog, une des rares maisons d’édition à penser que l’intelligence doit se cacher, mettait un point d’honneur à faire du moche avec du bon.

Mais derrière tout malheur il y a quelque chose de positif... Et les habitués de ce blog savent bien où l’on va en venir... Evidemment ! Chez AAAPOUM BAPOUM, vous pourrez découvrir cette excellente série à peu de frais : 12 euros le pack des deux tomes parus (qui correspondent aux épisodes américains 1 à 6, soit près de 200 pages, tout de même !). Il est important de savoir que, même s’il est déplorable que la suite ne soit pas traduite, chaque épisode est une nouvelle qui peut s’appréhender individuellement. Les plus courageux pourront toujours se procurer les épisodes plus récents en anglais, par exemple chez Pulp’s en face !

Pour achever de se laisser convaincre, ceux qui le souhaitent peuvent lire cette sympathique chronique sur Bulledair.com

 
Des images, toujours des images
 

De la bande dessinée, de la science fiction, et la vie du quartier

Depuis l'ouverture de notre nouveau magasin, le blog s'est mis à la lettre d'information, promotions et autres publicités. Car il ne faut pas croire, mais ouvrir un truc pareil ça coute un fric fou.

Là il faut qu'on rentabilise un minimum notre prose. Donc, la publicité fera désormais partie de la vie de cet espace.

Mais bon, ce blog, à l'origine, se devait d'être aussi un lieu dans lequel les deux vendeurs se feraient rire l'un l'autre, s'échangeant leur coup de cœur et leur coup de gueule, tout en faisant profiter la communauté de tarés qui vient chercher des éditions originales dans leur grotte.

Or rien de tout cela ne va changer.Pour aujourd'hui, j'ai une magnifique collection d'illustrations de science fiction à vous proposer sur Flickr,  un cadeau pour les fans de manga ero guro et de jolie fille à tatouage (J.B ce lien est pour toi qui a cette si belle affiche collector punaisé comme un sagouin sur ton mur).

Enfin, quelques photos de mon cru sur le dispositif 9M2, lancé à coté de AAAPOUM, au niveau de l'Hotel de ville, évènement auquel participaient Jacques Tardi et Cabu. Le livre est déjà un  futur collector.

 
Si C.N.N le dit, ça doit être vrai.
 

Jeunes gens, si vous lisez Civil war, stoppez ici net, la suite n'est pas pour vous.

Par Stéphane

Qu'apprends-je de bon matin, sirotant mon café devant La Matinale tout en faisant ma petite revue de presse internationale (ça fait ultra sérieux de dire ça, j'adore), sur le site de C.N.N, puis repris par the Wired.... (Je cache pour les malheureux qui louchent et qui ne voudraient pas savoir).

C'était donc ça, le "super rebondissement de la mort qui allait perturber le monde Marvel à jamais"et dont nous menaçait le big boss éditorial Quesada dans les moult interviews à suspense qu'il dispensait à la presse.

Ouais, bof. C'est pas aussi important que l'ouverture d'un second Aaapoum Bapoum rue Serpente, mais ça, les medias traditionnels ont du mal à s'en rendre compte (pas vrai Bayrou? hein). Dans tout les cas, les Etats-unis sont en deuil.

Nous aussi, compatissons à notre manière...

Vlad ramène l'étiqueteuse, y a plein de comics  dont faut augmenter les prix à la cave, apparemment ça devient collector...  Jusqu'à ce que ce héros du monde libre ressuscite! Bah ouais, Joe Q., tu croyais quoi?

À trente ans, on me la fait plus.

 
De quoi se détourner dix minutes du travail en ce lundi difficile.
 

Petites errances sur la toile et autres lectures inutiles

Par Stéphane

Je ne sais pas pour vous, mais le brouillard pesant de ce matin ne me motive pas trop. Et comme Vlad est parti en vacances pendant dix jours, il ne m'en faut pas plus pour me lever en me disant "oulala, aujourd'hui, je vais y aller molo" (N'en croyez rien patron, c'est de la blague! Juste un peu de stratégie marketing pour séduire le chaland) .Alors, si vous êtes dans ma situation, voila de quoi prendre du plaisir occulaire pendant au moins cinq à dix minutes. C'est un petit concours d'incrustation de personnages de dessins animés dans des toiles de grands maîtres. Vous verrez, le résultat est vraiment amusant. Quant aux anglophones qui s’intéressent au manga, voila un très bon article de C.N.N, daté d'hier, sur la place du manga dans la stategie culturelle japonaise à l'internationale. Toujours sur l'esthétique manga au Japon, le dernier Nicolas de Crecy, Le Journal d'un fantôme aux éditions Futuropolis, est un peu chiant mais très beau et parfois intéressant. Je vous met dans la suite l'ébauche de critique que j'en ai faite, et qui finira peut être dans la section bande dessinée de Chronicart si j'arrive à la terminer (simplifier diraient mes amis).

Journal d'un fantôme, Nicolas de Crecy, Futuropolis.

Longtemps, la bande dessinéeest restée une jeune pousse ignorée sur la branche esthétique del’arbre de la philosophie. Or l’ère de l’innocence est révolue.Depuis l’émergence récente de jeunes réformistes – auxquels lescritiques français en mal de référence n’ont su trouver d’autrepseudonyme que celui de « nouvelle vague »-, les idées fusent etse déchirent autour d’une conception artistique de la bande dessinée.Le beau, le sublime et tout le tralala deviennent monnaiecourante dans les interviews d’auteur, tandis que les disputes entredéfenseurs de la technique et chercheurs d’une essence suprême fontrage. A travers le Journal d’un fantôme, récit de voyagefictif et grotesque d’une étrange créature à l’autre bout dumonde, Nicolas de Crecy intervient en personne pour argumenter sa vision.

Un être fait de dessinpart en stage au Japon, pays gavé de logo et d’icônes, dans le butd’en apprendre un peu plus sur l’utilité de l’esthétique. Lebut : se forger une forme. Drivé par son manager, si le petit êtreapprend bien les rudiments de l’épure, de la clarté et de l’efficacité,il sera alors capable, à son retour en France, de postuler à un emploid’icône publicitaire. Peut-être même un rôle suprême de mascottepour les futurs jeux Olympiques. Le rêve. Par malheur, son inclinaisonnaturelle pour une ligne fragile, et la fâcheuse tendance à se formeret se déformer en fonction de ses humeurs, compliquent l’apprentissage.Le challenge n’est pas gagné, d’autant plus qu’il croise un Nicolasde Crecy au discours particulièrement perturbant dans son avion deretour.

Si ce résumé ne manquerapas de rappeler le Bibendum céleste, du point de vue strictementidéologique, on retiendra de l’argumentaire de N.D.C. qu’il ressassebeaucoup, s’appuyant sans les nommer sur des concepts philosophiquestoujours pertinents mais un peu poussiéreux1. Heureusement,sa capacité à mettre en pratique ces théories fait très vite oublierle soliloque. Le lecteur affûté aura d’ailleurs compris que cetteaventure (de fiction) et son discours ne sont pas le vrai journaldu titre. Il faut  gratter, l’intérêt est derrière, dans lescroquis d’après nature rassemblés par N.D.C. durant ces voyages(autobiographie) pour alimenter le récit. Très drôle, ce renversementdes rôles, où l’image prime et le texte devient son illustration.

Alors, si les nombreuxchangements d’outils et variations de trait servent toujours la miseen scène, ils consignent surtout les mouvements d’humeur d’un dessinateuren voyage. Le romanesque cache sous sa croûte la cartographie émotionnelle,de l’émerveillement à la solitude dépressive –là est le vraisujet. Voilà donc la belle subtilité de cet album : Il y a deux journaux.Un fictif et grotesque, un vrai, dont celui d’un fantôme ; qui est-il? Le héros informe du récit en a bien l’apparence, tandis que lediscours veut convaincre qu’il s’agit du dessin, en tant qu’idéephilosophique. Peu convaincant, pour le lecteur, le si touchant fantômede ce récit restera la présence immanente et invisible qui anime lemonde : l’auteur. Alors, très cher Nicolas, montrez nous donc encorequi vous êtes et ce que vous avez vu.