Publications dans Comic
Goodnight, sweet prince
 
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Le chantre de la Fantasy moderne s'est éteint hier à 82 ans. Ses sublimes peintures de science fiction et de fantasy continueront d'orner des intrigues souvent incapables de rivaliser avec la qualité de ces couvertures. R.I.P Frank Frazetta.

À AAAPOUM, on a notre Conan. Il s'appelle David Doukhan, c'est un ami qui bosse pour Mad Movies, musclé comme un schwarzi par intermittence, quand il n'est pas blessé pour 2 ans. Voici ce qu'il dit de Frazetta sur Facebook, je ne vois guère plus bel hommage :

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"Alors oui, j'ai entendu beaucoup de niaiseries du type : “ah oui le mec qui dessine des gros muscles avec des filles à poil". Ils sont nombreux ceux qui ne voyaient dans son travail que l'expression des symboles directs de la puissance des forts, un étalage vulgaire et violent . Ceux-là m'ont toujours amusé. Ils n'ont jamais voulu extraire la vision qu'ils avaient de l'œuvre de leur propre cosmogonie. Frazetta était loin de ça... Oui les hommes sont athlétiques car ils vivent dans un monde physique et brutal, leur corps et à l'image de leur environnement."

 
Convention bd cine goodies 3-4 avril
 

Danse de salon

Dans une semaine jour pour jour, se tiendra la première convention dédiée aux comics organisée par la sympathique association BD CINE GOODIES.

Au programme une pléiade d'auteurs étasuniens comme dirait Vlad, viendront dédicacer quelques morceaux du patrimoine de la bande dessinée mondiale.

 Le plus simple serait que vous cliquez sur ce lien:

http://www.bdcinegoodies.com/

P.S: il y a de fortes chances que vous y croisiez un aaapoumien mondain dans son cosplay de Maus...

 
Wimbledon Green, le plus grand collectionneur de comics au monde.
 
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Green is the new black.

Nous avons reçu il y a peu d’excellents titres de bande dessinée alternative américaine parmi lesquels se trouvent La saga des Love & Rockets des frères Hernandez ou encore quelques délires hystérico-trash de Dave Cooper

 Bref, si tous ces titres mériteraient chacun de longs et élogieux articles dans ces colonnes, il y en a néanmoins un pour lequel cet exercice prend tout son sens, surtout dans une échoppe comme la notre : Wimbledon Green par Seth.

L'édition française est rigoureusement identique.

L'édition française est rigoureusement identique.

Pourquoi? Tout simplement car l’auteur canadien rend ici hommage aux collectionneurs les plus  acharnés de comics en dressant un catalogue de leurs tares les plus hilarantes jusqu’à celles les plus désespérées.

L’ouvrage fait grand luxe malgré son format ramassé (A5) qui évoque l’allure des carnets que vous collectionneurs transportez partout (sauf lorsque vous les oubliez dans nos rayons), remplis d’annotations kabbalistiques recensant votre collection. Les pages de garde sont d’ailleurs constituées d’extraits de vieux comics très rares, bien évidemment factices, qui sont justement au cœur des spéculations des personnages.

La couverture ne laisse que peu de doutes sur le sujet : Le plus grand collectionneur de comics du monde est un homme d’âge mur dont le nom est inscrit en lettres d’or et qui tel un colon pose noblement avant de partir en safari.

Le cartoonist attise la curiosité du lecteur avec un rythme semblable à Citizen Kane, à la lisière des genres : biographie, enquête policière, reportage… De nombreux mystères entourent ce personnage aussi  charismatique et érudit  que  sournois et avide. Seth découpe sa narration en multiples chapitres et la partage en autant de points de vue, souvent divergents.  Son but  véritable étant de retranscrire cet amour fétichiste des comics « golden age »  à travers une galerie de vieux garçons dont on devine l’odeur de papier rance. Son dessin s’accoquine volontiers avec celui des illustrés d’antan, une mise en abîme habile qui prend tout son sens lors des  lectures des parutions favorites de monsieur Green. Une sensation renforcée par les teintes sépia qui colorent l’ensemble des pages d’un voile désuet.

Seth dresse un portrait  volontairement caricatural des maniaques de « l’ancien », mais nombre d’anecdotes sonnent  juste à quiconque baigne un minimum dans « le milieu ». Le souci du « sur-détail » offre une authenticité et trahit l’attachement de l’auteur pour cet univers dans lequel il est bien souvent acteur. Souvenez-vous des pages de son ami Joe Matt, où les deux compères arpentaient les échoppes les plus underground  afin de dénicher des pièces rares.

Alors, qui est Wimbledon Green? Ou plutôt, En quel genre de personnage mue celui qui est pris de la fièvre de la collection ? La réponse se trouve sur nos étagères.

Wimbledon Green, Seth.

Éditions du Seuil, couleurs, 128 p., 2006, 10€ chez Aaapoum au lieu de 21€, on peut dire que ça vaut le coup, d’autant que l’album semble épuisé en neuf.

 
Wimbledon Green, le plus grand collectionneur de comics au monde par Seth
 

Green is the new black.

Nous avons reçu il y a peu d’excellents  titres de bande dessinée alternative américaine parmi lesquels se trouvent La saga des Love & Rockets des frères Hernandez ou encore quelques délires hystérico-trash de Dave Cooper…

 Bref, si tous ces titres mériteraient chacun de longs et élogieux articles dans ces colonnes, il y en a néanmoins un pour lequel cet exercice prend tout son sens, surtout dans une échoppe comme la notre : Wimbledon Green par Seth.

Pourquoi? Tout simplement car l'auteur canadien rend ici hommage aux collectionneurs les plus  acharnés de comics en dressant un catalogue de leurs tares les plus hilarantes jusqu’à celles les plus désespérées.

L’ouvrage fait grand luxe malgré son format ramassé (A5) qui évoque l'allure des carnets que vous collectionneurs transportez partout (sauf lorsque vous les oubliez dans nos rayons), remplis d’annotations kabbalistiques recensant votre collection. Les pages de garde sont d'ailleurs constituées d'extraits de vieux comics très rares, bien évidemment factices, qui sont justement au cœur des spéculations des personnages.

La couverture ne laisse que peu de doutes sur le sujet : Le plus grand collectionneur de comics du monde est un homme d’âge mur dont le nom est inscrit en lettres d'or et qui tel un colon pose noblement avant de partir en safari.

Le cartoonist attise la curiosité du lecteur avec un rythme semblable à Citizen Kane, à la lisière des genres : biographie, enquête policière, reportage... De nombreux mystères entourent ce personnage aussi  charismatique et érudit  que  sournois et avide. Seth découpe sa narration en multiples chapitres et la partage en autant de points de vue, souvent divergents.  Son but  véritable étant de retranscrire cet amour fétichiste des comics « golden age »  à travers une galerie de vieux garçons dont on devine l'odeur de papier rance. Son dessin s’accoquine volontiers avec celui des illustrés d’antan, une mise en abîme habile qui prend tout son sens lors des  lectures des parutions favorites de monsieur Green. Une sensation renforcée par les teintes sépia qui colorent l’ensemble des pages d’un voile désuet.

Seth dresse un portrait  volontairement caricatural des maniaques de « l’ancien », mais nombre d’anecdotes sonnent  juste à quiconque baigne un minimum dans « le milieu ». Le souci du « sur-détail » offre une authenticité et trahit l’attachement de l’auteur pour cet univers dans lequel il est bien souvent acteur. Souvenez-vous des pages de son ami Joe Matt, où les deux compères arpentaient les échoppes les plus underground  afin de dénicher des pièces rares.

Alors, qui est Wimbledon Green? Ou plutôt, En quel genre de personnage mue celui qui est pris de la fièvre de la collection ? La réponse se trouve sur nos étagères.

Wimbledon Green, Seth.

éditions du Seuil, couleurs, 128 p., 2006, 10€ chez Aaapoum au lieu de 21€, on peut dire que ça vaut le coup.

 
Actualité de R. E. Howard
 

Parodie et adaptation

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La première page des Chroniques de Chair et d'Acier (c'est le titre de l'album) de Pixel Vengeur (c'est le nom de l'artiste) est hilarante. Je me suis frotté les mains à l'idée de lire cette parodie de Conan. Et effectivement j'ai ri intérieurement et parfois même j'ai laissé s'échapper quelques hahas, et ce jusqu'à la troisième planche. Et là, je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant soixante pages, et ce n'était plus tellement réjouissant. Une fois que le lecteur a bien saisi le principe est-ce bien la peine de faire durer la plaisanterie ? Bref en fait, même si c'est bien dessiné, bien colorisé, pas mal écrit et tout : à quoi bon ?

Des parodies de Conan on en a déjà lu plein et le problème c'est que ça ne mène jamais nulle part. L'efficacité des écrits de R. E. Howard c'est leur naïveté. C'est direct et très bête et pourtant ça fonctionne. La mécanique mise en œuvre est tellement simple que chaque lecteur voit très bien la parodie qui pourrait jaillir à tout moment, à peine cachée derrière le rideau écarlate dissimulant l'autel du Sorcier Fou. Un exercice parodique qui est à la portée du premier rigolo venu mérite-t-il d'être couché sur le papier et imprimé ? Ne devrait-il pas être réservé à une soirée entre potes ou découpé en tranches de blog à la rigueur ?

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Pour ma part j'ai préféré de très loin la lecture de l'agréable et respectueuse mini-série centrée sur le personnage howardien de Solomon Kane. L'atmosphère est au poil. L'intrigue, quoique simple, est loin d'être crétine et le personnage idéalement saisi dans ses contradictions. Son partenaire d'aventure pour l'occasion, le truculent John Silent, permet de mettre en valeur toute la réjouissante (pour le lecteur, s'entend !) intransigeance de Kane. Les séquences d'action sont bien tranchantes, le final est sombre, le dessin est original... bref je la recommande à tout amateur (amatrice ?) de Fantaisie héroïque.

Si les couvertures de John Cassaday sont complètement à côté de la plaque, celle concoctée par Mignola pour le final est émouvante et intelligemment nostalgique.

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Les Chroniques de Chair et d'Acier, les aventures de Jérôme Fils de Crom, de Pixel Vengeur, Ed. Desinge & Hugo & Cie, 2010, 16,95 €.

Solomon Kane, Le Château du Diable, de Allie, Guevara et Stewart, Ed. Panini, 2009, 13 €

 
Jack Kirby : New Gods et Mister Miracle
 

"Il dessine tellement mal qu'on a bien du mal à comprendre pourquoi vous aimez autant Jack Kirby. Néanmoins vous allez être contents, il revient le mois prochain".

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J'ai le souvenir d'une annonce de ce genre dans le Courrier des lecteurs d'un vieux Strange, que je n'ai pu retrouver par manque de temps. Cela fait des siècle que je n'ai pas posé le regard sur ce genre de rubrique ennuyeuse mais dans Strange, je ne la ratais jamais. De mémoire, je n'étais pas le seul. Pourquoi des mouflets s'intéressaient-ils autant aux avis de leurs camarades qu'aux aventures de leurs héros ? Difficile à dire, mais j'aime à penser que l'impact de ces figures héroïques curieuses, presque malades, était trop puissant. Il fallait nous confronter à d'autres points de vue pour se rassurer sur nos émerveillements et nos doutes. Ce que nous découvrions à travers ces pages, nul adulte ne pouvait le comprendre. Et le courrier des lecteurs était ce lieu de rencontre où chacun pouvait échanger avec quelqu'un qui le comprendrait. Il en était de même pour Jack Kirby. Ce dessinateur de génie, aucun adulte ne pouvait le comprendre, mais les enfants l'adoraient. Ils le réclamaient souvent et ce clivage esthétique entre générations ne manquait pas de se retrouver dans les pages du Courrier.

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Jack Kirby, à présent, est un dieu pour tout le monde. Nul n'oserait contester cette esthétique unique, cette capacité à doubler chaque personnage, chaque geste, d'une dimension grotesque qui n'ôte pourtant rien à la puissance dramatique de l'action. Chez Kirby, l'improbable tient lieu de réalité incontestable, l'élastique devient dur comme la pierre. On pourrait parler pendant des heures  des personnages, des machines foldingos, des délires spatio temporels, des poings fermés d'une taille incroyables, des perspectives et des proportions faussées à dessein, des postures de Dieux grecs, de la composition des pages, des effets de matière.... beaucoup l'ont fait et mieux que moi : je vous invite à utiliser internet…

À Aaapoum, on a en ce moment deux livres particuliers de J. Kirby : Mister Miracle et New Gods.

 Dans ces ouvrages, Kirby essayait de fonder un nouvel univers, en marge des vieilles légendes, peuplé de héros invincibles dotés de pouvoirs, avec des rivalités entre planètes comme enjeux. Autant le dire, rien de nouveau, puisque c'est surtout une forme de revanche sur Marvel et sur Stan Lee que cherchait à prendre le dessinateur, tout juste parti chez le principal concurrent DC Comics. Son ambition, créer une œuvre totale qui lui appartiendrait, avec son nom sur la couverture ; un chef d'œuvre capable d'être réédité et relié plus tard, ce qui ne se pratiquait pas du tout à l'époque. Il lance alors de concert quatre séries, dont les deux que nous vendons en magasins. S'il a accès aux noms les plus fameux de la galaxie des super-héros, Superman notamment, il n'en fait presque pas usage. Son œuvre travaille à rester en marge, totale.

Force est de reconnaître que ce n'est pas le cas. New Gods, Mister Miracle, mais également Forever People ou la reprise de Superman's pal Jimmy Olsen fondent une tétralogie qui ne marquera pas les annales. Sans cadre, Kirby peine à s'incarner. Les récits manquent de sérieux, les enjeux tombent un peu à plat. Mais ce n'est franchement pas grave, au contraire. Cette innocence qui caractérise la beauté naïve des récits de Kirby trouve de très belles illustrations et l'ensemble, à défaut d'ampleur, exhale un charme incroyable.

Mais surtout, c'est pour la beauté des dessins qu'il faut lire Mister Miracle et New Gods. Quelle claque! Adossé aux meilleurs encreurs de sa carrière, Vince Colletta et Mike Royer, animé par la volonté d'en découdre avec le succès, Kirby laisse là l'un de ses plus beaux travaux graphiques (avec Démon). Et même si les éditions françaises, tristement, sont en noir et blanc, la maestria est telle qu'elle s'accommode finalement assez bien de ce traitement.

New Gods,éditions Bethy, 336 pages, épuisé, 35 euros.• Mister Miracle, La liberté ou la mort, éditions Vertige Graphic, 246 pages, 7 euros.

 
Un jour vous serez livrés en rollers
 
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Pas par nous, mais par le Captaincollectoys !

Un de nos clients se lance dans le webcommerce, mais espère bien pouvoir mettre sur pied un service de livraison à roulettes (en rollers quad à l'ancienne s'il vous plait, pas en rollers blade de tarlouzes)...

Transport écologique pour figurines qui le sont sans doute moins.

Si vous êtes branchés par les "Toys", les statuettes, les peluches, les costumes de super-héros et les projets loufoques vous aurez sans doute des choses à vous dire et des affaires a réaliser.

www.captaincollectoys.com

PS : ça y est Gérard, j'ai parlé de toi.

Les milliers de lecteurs du aaablog vont te dépouiller de ton précieux stock.

Encouragements amicaux.

 
La Genèse, Robert Crumb, édition luxe...
 

Y'en aura pas pour tout le monde.

Nous avons reçu, hier, l'édition luxe de la Genèse, reliée plein cuir et marquée à l'argent, limitée à 200 exemplaires, numérotés et signés, accompagnés d'une estampe en taille-douce reprenant l'image expurgée de l'édition courante (Le serpent tentateur pinçant le téton d'Eve), avec un prix de vente de 250 euros.

D'après BDSpirit, qui diffuse le livre, l'équivalent américain se serait retrouvé épuisé en moins de deux jours et s'arracherait sur Internet pour la coquète somme de 2000 dollars. Amateurs, soyez avertis.

Ci-dessous, la critique publiée dans Les Inrockuptibles par Stéphane et quelques photographies.

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Ilfaut, avant toute chose, surmonter la vision d'un Robert Crumb respectueuxdevant Dieu. Vingt ans auparavant, cette tête de proue de lacontre-culture américaine n'aurait pas su entrer dans ce texte autrement quepar la porte de l'impolitesse, animé de gaudriole et de transgression (il avaitpar ailleurs pris l’habitude de parodier des dévots habités par la bêtise etune religion plus simpliste que les mécréants qui s'en sont détournés). Rien,vraiment, ne laissait supposer une adaptation de la Genèse qui soit bienveillante. Alors il faut se faire une raison :peut-être est ce là l’éternel succès d'une éducation américaine pour laquellela bible échappe à toute critique ? D'autant plus que le poids de l'âge se faitpeut-être sentir sur l'écriture.

Cetteadaptation de la Genèse, en effet, au delà de tout intérêt pour le texte,témoigne surtout de cela, d'un état avancé de la vie où la colère et la révoltefont place à une expression apaisée. Pour le reste, Crumb appliquetoujours au récit ce traitement qu'il appliquait jusqu'alors à son dessin,c'est à dire la recherche d'un sentiment qui, derrière le masque, s'exprime parla nuance. Un émoi, fragile et précis à la fois, qui pourrait se résumer à ceconseil donné à son fils dans le documentaire qui lui était consacré : « trouve ce qui t'émeut dans cette personne,et surligne le légèrement ».

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Legeste décélère et gagne en minutie, le trait s’écourte et se multiplie en unematière minérale, l’imaginaire s’adosse à la longue tradition iconographiquesur le sujet divin… mais ces changements esthétiques ne peuvent empêcher l’humanitémythologique de cette Genèse de ressembler à celle, grossière et naine, que Crumb s’estamusé à dépeindre au long de sa vie. Les prophètes grimacent, les corps s’enlacent avec passion, la vieillesse se fait mesquine et la nudité frontale, sensuelle, sans jamais susciter le désir. La Genèse trouve unechair, incarnée, bouillonnante, respectueuse des dogmes mais nettoyée de toutenaïveté, plus encore de la béatitude. 

Car unefois encore, Crumb confirme cette capacité magique à produire des portraits dont le caractère exagéré accentue, non pas une dimension caricaturale,mais au contraire  le réalisme. Son dessin, qu'il soit au service d’êtrescharismatiques comme aujourd'hui, ou orduriers comme hier, amplifie cettequalité jusqu'à une forme de satire qui va curieusement convoquer, dans unmouvement contraire, la beauté de leur condition humaine. Magnifique paradoxe,mais c’est à cette dualité esthétique, ce don qui permettait à Crumb  hierde représenter ses pires fantasmes sexistes et racistes sans susciter ni colèreni dégout, que la Genèse doit aujourd’hui, dans une application inverse, cesupplément de corps et d’humanité.

La Genèse, édition luxe, scribes anonymes et Robert Crumb(Denoëlgraphic), 220 pages,  200 ex. N°/signé + estampe, 250 €

 
Une "idée cadeau" : The Authority de Warren Ellis, Bryan Hitch, Frank Quitely...
 

Vu dans notre vitrine de la rue Dante :

Créée par Warren Ellis, The Authority est une des meilleures séries américaines de super héros de la dernière décennie.

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Elle est jouissive et novatrice. Son ton est joyeux et inquiétant.

Warren Ellis et son successeur Mark Millar sont parvenus à ré-insuffler des enjeux dans une saga super héroïque qui est à la fois extrêmement délirante et réaliste dans sa vision désenchantée de nos sociétés.

Un groupe de super héros dans un super vaisseau spatial aux pouvoirs défiants l'imagination décident de prendre leur destin en main et d'arrêter de servir la soupe à l'ONU et à la super-puissance étasunienne (que de "super" dans cette note !). Désormais ils agiront dans l'intérêt de l'humanité et non pas de ceux qui dirigent actuellement la société... Forcément cette conception qui tient à la fois d'Auguste Blanqui et du Bolchévisme en collants ne va pas plaire à tous le monde... Que se soient aux envahisseurs venus d'autres mondes, aux dictateurs locaux ou à la CIA...

Les aventures de ces sympathiques mais dangereux zozos se révèlent vite captivantes. Notamment parce qu'après nous les avoir fait aimer, les scénaristes nous font vite comprendre qu'ils sont vraiment en danger et qu'ils ne vont pas forcément s'en sortir.

Le pack visible ci-dessus dans la photo réunis les onze fascicules très durs à trouver qui commencent la série (épisodes #1-16 de la numérotation américaine). En effet, la suite est parue  directement en semic books... Seules les éditions Soleil avaient réédité en grand format le début de la série (#1-8), mais sans poursuivre l'aventure plus loin. Ainsi les fascicules si alléchants de la photo sont l'unique moyen de lire en français les épisodes américains 9 à 16...

Par ailleurs ces fascicules contiennent la mini-sérieJenny Sparks, le personnage central du premier cycle de The Authority.

Pour ma part, après le départ de Mark Millar de la série à la fin du cycle "Brave New World", j'ai décroché, il m'a semblé que les nouveaux scénaristes n'apportaient rien de nouveau et n'avaient pas grand chose à dire.

 
Rose et Isabel de Ted Mathot, éditions Akileos
 

Deux walkyries dans la guerre de Sécession

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Elles sont deux, elles sont sœurs. Elles sont à la recherche de leurs trois frères engagés dans l'armée de l'Union et qui ne donnent plus de nouvelles. Elles arpentent le front, armées d'arcs et de flèches de leur fabrication (gosh !), chourent des uniformes de la fédération pour circuler  plus facilement et foutent gravement sur la gueule de tous les confédérés qui se mettent en travers de leur route.

Il y a une bonne dose de film de sabre hongkongais dans ce western bédéïque ourlé de fantastique : scènes d'action virevoltantes en apesanteur, forte charge émotionnelle démonstrative et bien sûr personnages féminins redoutables et flamboyants.

Pour qui accepte de quitter le réalisme pour un terrain mi-mythologique mi-magique habituellement plus balisé par l'Heroic fantasy, cet épais volume de format carré offre de bons moments de divertissement. On sent que l'auteur, Ted Mathot (qui semble travailler chez Pixar) est investi avec sincérité dans cet univers et qu'il aime ses personnages. Il planche d'ailleurs actuellement sur une suite axée sur la fille d'une des deux sœurs.

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De toutes façons, moi j'ai toujours un a priori positif sur les bouquins carrés et en bichromie. Alors si en plus on y voit des colts et que l'histoire est complète, je suis suffisamment content pour passer outre la pointe de moralisme à l'américaine qu'on peut déceler çà et là...

Ah oui, au fait, ce bouquin n'est pas une nouveauté, il est sorti début 2008 et est passé plutôt inaperçu.

Rose et Isabel de Ted Mathot, 192 pages, bichromie, traduction non créditée, 23 € (mais si vous cherchez bien chez Aaapoum Bapoum vous pourrez de temps en temps en trouver d'occasion, c'est l'avantage des livres qui ne sont pas à la mode).