Publications dans BD Argentine
Revue de presse : courrier international n°1120
 
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À noter : un beau papier de Leila Guerriero, journaliste argentine, sur sa relation avec Mafalda de Quino. Initialement paru dans El País espagnol, il est traduit dans le Courrier international de cette semaine.

Un extrait :

"Comprendre qu'une mère pouvait douter de ses choix – et peut-être même les regretter – fut pour moi une découverte terrifiante. Parfois pendant que ma mère reprisait des chaussettes, lavait par terre ou faisait la vaisselle, je lui demandais : "Maman, qu'est-ce que tu aurais voulu être, toi ?" levant les yeux au ciel, elle me répétait : "Ah mon Dieu, cette petite ! T'as de ces questions !" Mon personnage préféré était Liberté – et toute sa mystérieuse famille –, mais aux yeux de ma mère, Liberté et toute sa famille étaient des tarés. Décidément, ce n'étaient pas des livres pour les enfants."

 
L'Éternaute : le coffret !
 

Le meilleur cadeau possible pour Noël 2011

Il vient d'arriver le fabuleux coffret Vertige Graphic contenant les 3 tomes de L'Éternaute de H. G. Oesterheld et Francisco Solano López. En supplément une brochure présentant un chapitre inédit que Solano dessina il y a quelques années pour le cinquantenaire du chef d'œuvre : La bataille de la Bibliothèque nationale. Chaque brochure du coffret est numérotée. Il y a 700 coffrets.

Ci-dessus, un détail de l'épisode inédit...

Que ceux qui ont déjà acheté les trois tomes séparément se rassurent. Il existe un tirage non numéroté du supplément, tiré à 1000 exemplaires. Pour notre part, et dans la limite de nos stocks (une centaine d'exemplaires) nous offrons ce supplément à nos bons clients amis de L'Éternaute qui nous présenteront les trois volumes... ou qui nous donneront une photo d'eux avec les trois volumes, posant devant leur bibliothèque.

Ci-dessus, nos exemplaires de La bataille de la Bibliothèque nationale

Ah oui détail important : le prix de ce coffret si attirant... 50 euros  ! Oui 50 euros ! Les trois volumes séparément sont en revanche toujours au catalogue et se vendent toujours 24 euros chacun. C'est donc le luxe à prix réduit que Vertige Graphic nous offre pour cette fin d'année. Ô joie !

 Petit détail chic, chaque exemplaire de chacun des tomes du coffret est différent des exemplaires hors coffret, car son code-barre est tamponné à l'encre argentée d'une silhouette que les lecteurs reconnaîtront.

 
disparitions
 

Francisco Solano López (1928-2011)

Et voilà, il a suffi que je parte en vacances pour que Francisco Solano López meure précisément ce jour-là, le 12 août... Et sur le blog d'Aaapoum Bapoum : rien ! Et pourtant ce dessinateur argentin figure en bonne place dans notre panthéon puisqu'il est l'auteur de la partie graphique de L'Éternaute, chef d'œuvre de la bande dessinée mondiale et de la science-fiction dont nous avons avec entrain soutenu la diffusion de la version française, éditée en 3 tomes chez Vertige Graphic. Le style de Solano López se caractérise par des visages très expressifs, des corps marmoréens envahissant les cases et un certain pointillisme dans l'ombrage.  Outre L'Éternaute, les lecteurs francophones ont pu lire de lui deux volumes d'Evaristo publiés il y a près de trente ans par Dargaud. S'il a un physique digne du Orson Welles de La soif du mal, le commissaire Evaristo n'en a pas toute la perfidie. Il promène son embonpoint musclé dans des affaires où il fait ce qu'il peut pour rester humain. Digne, mais sans excès. Précisons que c'était sur des scénarios de Sampayo.

Pour plus de détails sur sa biographie, un tour s'impose chez nos amis de BDZoom, où un article patrimonial érudit nous fut offert il y a peu et du vivant de Solano López, gloire à eux !

Kiss comics (1991-2011)

Cette revue espagnole de BD pornographiques vient de sortir son dernier et ultime numéro. Dans une courte interview pour le quotidien El País (reproduite ci-contre) son éditeur José Maria Berenguer explique que les ventes avaient chuté à 6000 exemplaires alors qu'à une époque il s'en écoulait facilement 30 000 sans compter les éditions dans d'autres pays... La faute à internet qui ferait que plus personne ne veut payer pour de la pornographie.

En Espagne ils auront donc eu 239 numéros. L'édition française, qui s'appela d'abord La Poudre aux rêves connut, elle, 115 numéros (de juin 1994 à mai 2003). Nos lecteurs tireront les conclusions qu'ils veulent sur les différences entre les habitudes de lectures des deux côtés des Pyrénées. Outre ses mérites masturbatoires évidents, cette revue eut le mérite de publier de grands auteurs, notamment Solano López...

Aaapoum Bapoum deale couramment les vieux stocks en parfait état de la version française de Kiss comics : du numéro 13 au numéro 115, au prix attrayant de 3€ pièce, encore que nos clients, fort gourmands, préfèrent de loin les acheter par lots de 10 au prix de 20 euros. Jouissance (solitaire ou pas) !

 
Adios Carlos Trillo
 

Que tristeza !

Un des scénaristes les plus prolifiques de la Bande dessinée est mort ce week-end. L'Argentin Carlos Trillo était l'un des plus grands feuilletonistes du neuvième art. Chez Aaapoum Bapoum nous avons toujours apprécié et défendu sa production. Il était aussi un homme fort aimable qui avait courtoisement répondu quelques questions que Kamil Plejwaltzsky et moi-même lui avions posées par mail en février 2009 pour le magazine Zoo. Ci-après la version intégrale de ce petit entretien. Si vous comprenez l'espagnol vous trouverez un entretien beaucoup plus complet sur le site tebeosfera, effectué par Manuel Barrero en 2002.

Vu de ce côté de l’Atlantique on a l’impression d’un âge d’or de la presse BD argentine aujourd’hui révolu. Que pouvez-vous nous dire du paysage de la BD argentine actuelle ?

Oui, bien sûr, nous avons eu une période de grande créativité que l'on pourrait diviser en deux étapes fondatrices. En 1945, dans l'immédiat après-guerre, deux revues, Misterix et Patoruzito, permirent à des dessinateurs de se distinguer. Ainsi Alberto Breccia, Eduardo Ferro, Roberto Battaglia (pour Patoruzito), Alberto Ongaro, Mario Faustinelli, Paul Campani, Alberto Battaglia et Hugo Pratt (engagé par l'éditeur Cesare Civita de Misterix) impulsèrent les grands changements stylistiques de la vieille BD argentine.

Ensuite, en 1957, pratiquement au moment du retour à la démocratie après un coup d'état militaire, sont apparus Tia Vicenta, le grand magazine d'humour politique de l'Argentine, ainsi qu'Hora Cero et Frontera, ces deux dernières étant des revues dirigées par l’auteur qui montait Hector Germán Oesterheld, le maître des scénaristes de notre pays !

L’influence de beaucoup de ces auteurs s’est prolongée durablement et après une intéressante tentative de la revue Skorpio de reprendre les auteurs commerciaux les plus en 1984 arrivera Fierro, revue plus expérimentale, moins « classique », enfin la crise mit un terme à la présence de la BD dans les kiosques.

Aujourd’hui, Fierro est de retour, il y a beaucoup de magazines autoproduits par leurs auteurs et nous avons quelques nouveaux dessinateurs qui travaillent intensément (bien qu’avec beaucoup moins de lecteurs) sur de nouvelles voies. Nous pouvons citer les dessinateurs Ippoliti, Juan Saenz Valiente, Lucas Varela, Pablo Túnica, Salvador Sanz, Gustavo Sala, et des scénaristes comme Diego Agrimbau, Fernando Calvi, et l’extraordinaire Pablo de Santis qui était déjà apparu dans les années 80 avec Fierro et qui a développé, de surcroît, une importante carrière dans la littérature.

Vu que vous êtes au moins le Grand Oncle de la BD argentine, avec vos presque quatre décennies de production, comment en caractériseriez-vous les spécificités par rapport aux autres mondes de la BD (Extrême orient, Europe, Etats-unis ?)

L’Argentine, pays d’immigrés (italiens, espagnols, juifs d’Europe Centrale, etc.) a développé, au théâtre, au début du XXe siècle, un genre que l’on a appelé  “sainete” et qui, d’une certaine façon, porte la trace des façons de parler, des changements de coutumes, des comportements des groupes étrangers à peine descendus des bateaux. Roberto Arlt, un de nos grands écrivains, a synthétisé des années après dans sa littérature, la folie de ce mélange inexplicable de races et, probablement, la BD doit aussi avoir un rapport avec ces antécédents.

La BD humoristique argentine, surtout, puisqu’elle a toujours raconté ce qui nous arrivait depuis l’intérieur, fut un fidèle témoin des changements sociaux et politiques. La BD d’aventures, elle, a un peu plus tourné le dos au pays, mais il suffit de se rappeler L’Eternaute, de Oesterheld et Solano Lopez pour voir à travers ses 50 ans de succès, comment on doit raconter une grande histoire sur les événements dans ce pays.

Certains thèmes sont récurrents dans l’ensemble de votre œuvre. Ainsi pourquoi la corruption occupe-t’elle une place aussi importante dans votre œuvre ? Dans « Spaghetti Brothers », par exemple, la jeune génération bien que préservée de la corruption semble être en proie à un certain désenchantement. Pourquoi votre regard est il si fataliste ?

La corruption est si énorme en Argentine que l’on ne peut faire autrement que l’observer tous les jours. Je me vois plus ironique que fataliste, mais il est possible que notre fatale condition humaine m’ait amené à montrer de trop nombreuses fois que le bien ne triomphe jamais.

Vos œuvres se caractérisent aussi par une extrême violence des rapports hommes / femmes et par une vision de la sexualité vécue à travers le prisme du danger, de la prédation ou d’une certaine obsession morbide... Est-ce une démarche consciente de votre part ?

L’Argentine est un pays machiste, pas le pire de l’Amérique Latine, mais nous sommes entourés de relations de pouvoir en ce qui concerne la sexualité (entre autres). Moi, en général, lorsque j’écris, je veille surtout à ne pas perdre le fil de la trame, à créer une histoire qui en premier lieu m’intéresse beaucoup moi-même. Le reste est ce que l’on met de soi dans ce qu’on écrit et qui fait la plupart du temps partie de ses goûts, de sa personnalité, de sa vision du monde, non ?

Vous avez manifesté lors de notre rencontre votre attachement pour le personnage de Frank Centobucchi, le flic des Spaghetti Brothers. Que représente-t-il pour vous ?

Frank est, en réalité, le curé, un personnage charmant dans son exercice brutal de la foi. Heureusement qu’il n’a jamais été évêque car il ressemblerait à ces types monstrueux que l’on voit en Espagne et en Italie, par exemple. Mais, bien sûr, sa conduite est si linéaire, il est tellement direct et possède si peu d’aptitudes au dialogue qu’il n’aurait jamais pu arriver à obtenir un poste dans la hiérarchie de l’Eglise. Le Centobucchi flic - Tony - est le seul à être conscient qu’il est un véritable perdant, et c’est probablement pour cela qu’il a toute ma sympathie.

Votre attachement au cinéma est palpable dans toute votre œuvre : nombreux hommages au muet, une causticité fleurant Buñuel et parfois des situations qui évoquent les grandes heures du cinéma italien. Quel est l’apport du cinéma sur votre univers ?

Il me semble toujours que mon “univers”, s’il existe, est davantage en rapport avec mes lectures qu’avec le cinéma. Le film noir policier américain, le roman latino-américain de ce qu’on a appelé le “boom” des années 60 et 70, les « esperpentos » de Valle-Inclán, les récits de Roberto Arlt (mais aussi de Borges et de Cortázar) et en effet mes périodes de fréquentation des ciné-clubs, mon amour du cinéma italien d’après-guerre, ont certainement leur importance.Je distoujours que ma BD préférée est Little Lulu, par ce génie nommé John Stanley, et que si quelqu’un m’a influencé dans mon enfance, c’est Carl Barks. Je pense que si l’on fait une grande salade avec toutes ces choses et qu’on y ajoute les surprises plus récentes de ma vie de lecteur et de spectateur (le film Caché, de Haneke, ou Carver, ou le premier Mc Ewan), le résultat de ce que je reçois d’autrui commence à prendre forme, et se reflète dans ce que j’écris.

Beaucoup de lecteurs en France vous ont découvert avec la série fleuve Cybersix, dessinée par le regretté Meglia. Nous n’en connaissons pas la fin. Son enfant est toujours aux mains de Von Reichter, Lucas Amato toujours emprisonné par les terroristes... La fin existe-t-elle et comment peut-on faire pour la lire ?

Oui, la fin existe. Si l’on avait continué la chronologie telle qu’on la connaît en France, il devrait y avoir 24 albums de Cybersix et non 12. Mais l’éditeur a décidé d’interrompre la série et la fin n’a toujours pas été publiée parmi vous jusqu’à présent. Cybersix perd Lucas Amato, mais réussit à récupérer son petit enfant, enfin... Il s’agit d’une fin définitive, qui clôt l’histoire.

Un certain nombre de vos travaux récents semblent avoir été conçus directement pour le marché européen... Ce que vous avez fait avec vos compatriotes pour Strip Art Features de Ervin Rustemagic (ERKO en France), pour la collection Ligne Rouge de Casterman ou pour Albin Michel. Si c’est bien ça, comment s’est passé la ou les rencontres ?

Ce n’est pas tout à fait ça. Tout dépend sous quel angle on considère les choses: par exemple, Sick Bird (Bird en France !) comprend trois volumes et constitue une seule longue histoire avec de petites sous-fins dans chaque album. La différence, peut-être, avec par exemple Spaghetti Brothers c’est que le support initial n’est pas une revue hebdomadaire qui publie 8 pages et demande une fin ou une semi-fin pour chaque histoire courte, mais un long récit pour lequel il faut du suspense, des émotions et une fin.

J’ai fait pour Casterman Wilson sur la demande de Walter Fahrer et nous avons réalisé les trois albums de rigueur que l’on nous avait demandés. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’une histoire très travaillée, avec de la paranoïa et des personnages sinistres. Ensuite, toujours pour Casterman, nous avons commencé Anton Blake, une sorte de détective des sentiments, mais cette série est restée inachevée car l’éditeur décida de l’interrompre (probablement pour ventes insuffisantes, je suppose). Il existe un second album terminé d’Anton Blake qui n’a jamais été publié en français et qui éclaire l’histoire du personnage ainsi que son intérêt pour les sentiments, toujours sous l’inspiration de la merveilleuse saga d’Antoine Doinel de François Truffaut...

Dans votre production pléthorique y a-t-il une ou plusieurs œuvres dont vous regrettez l’absence de traduction en français ?

Quelques-unes... Surtout deux que nous avons faites avec Cacho Mandrafina, Peter Kampflo sabía et El caballero del piñón fijo.

 
L'éternaute, nouvelle édition mexicaine
 

Avis aux collectionneurs compulsifs :

L'éditeur mexicain RM a publié il y a peu une nouvelle édition de L'Éternaute qui se veut conforme à la publication originale dans l'hebdo d'Hora Cero, c'est-à-dire avec titrailles et résumé à chaque épisode, traces de son origine feuilletonesque gommées logiquement dans les ultérieures éditions en albums.

L'occasion pour les curieux de comparer avec notre édition française (Vertige Graphic) forgée à partir des originaux !

La couverture mexicaine, signée Jorge Alderete, artiste né en Argentine et vivant au Mexique,  partage les aficionados.

Source : La Cárcel de Papel

 
Hergé s'inquiéta pour Oesterheld
 
https://www.flickr.com/photos/gianfrancogoria/1540639369/Originally uploaded byGianfranco Goria

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Gianfranco Goria

Les visiteurs de l'exposition sur Oesterheld  au Musée de l'automobile (!) de Turin en février 2002 (Donde está Oesterheld ? Il fumetto argentino desaparecidopurent découvrir entre autres documents, cette lettre d'Hergé adressée au sanglant président argentin, Leopoldo Galtieri...

Comme quoi on peut avoir une réputation de bourgeois réac et cependant se soucier du sort de guerilleros d'extrême-gauche.

 
L'Apocalypse c'est demain
 

Sortie du troisième et dernier tome de L'Éternaute

Jeudi 28 janvier 2010

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Dès la première heure (c'est à dire la onzième en langage aaapoumien), vous pourrez enfin acquérir la suite de cette fabuleuse histoire de science-fiction écrite par Hector Germán Oesterheld et dessinée par Francisco Solano López entre 1957 et 1959.

Œuvre magistrale dont nous n'avons eu de cesse de vous vanter les mérites depuis plus d'un an, avec un certain succès. Comme vous êtes des lecteurs de goût vous saurez faire abstraction de l'atroce couverture que nos amis de Vertige Graphic ont réussi à concocter, sans doute pris de boisson ou en pleine crise de panique pré-angoulême...

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Qu'importe après tout puisque l'intérieur est magnifique, la plupart des planches originales ayant été retrouvées et l'impression des noirs étant bien plus soutenue que dans le tome 2.

Préparez-vous à de grands moments de lecture : rebondissements inattendus, rythme toujours aussi haletant, péripéties détaillées, atmosphère incomparable, voilà vraiment une série apocalyptique dont la qualité peut rassembler des publics variés et exigeants.

Ceux qui attendaient que l'histoire soit entièrement publiée pour s'y jeter n'ont plus aucune excuse.

Dans nos archives :

L'Éternaute tome 1

L'Éternaute tome 2

L'Éternaute le film

 
L'Eternaute : mini film en préparation
 

Il s'appelle Nevada

Tandis que la production du film argentin inspiré de notre bd de SF favorite connaît les complications auxquelles on pouvait s'attendre, une équipe de fans et d'ambitieux cinéastes débutants s'activent depuis août 2008 à réaliser un court film mettant en images et sons leur univers vénéré quoique morbide.

Comme toujours avec ce genre de projets sans budget ça prend des plombes, mais ça avance, ça avance. La preuve, depuis hier ils ont mis un teaser en ligne. Une minute trente. Notez la volonté affichée d'innover scénaristiquement et l'hommage prévisible, presque inévitable, mais toujours jouissif de la bande son au grand John Carpenter...

Le texte dit :

La même neige

La même ville

De nouveaux héros

Résistent

Et un éternel voyageur

Revient


Pour suivre l'avancée du projet, le blog de Nevada.

 
"Che" réédité chez Delcourt
 

À paraître le 9 septembre 2009

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C'est avec une joie certaine que nous saluons la réédition de Che, la biographie en bande-dessinée dessinée par Alberto Breccia et son fils Enrique, scénarisée par Hector G. Oesterheld (Mort Cinder, L'Eternaute, Sergent Kirk...) et qui valut à ce dernier, ajoutée à son engagement politique chez les Montoneros, d'être enlevé et assassiné par la dictature argentine. Immense succès en Argentine, ce livre (1968)  fut rapidement interdit lorsque la dictature s'installa.

Belle initiative des éditions Delcourt que de rendre à nouveau cette pièce historique disponible pour le lectorat francophone... mais dans le Planète Delcourtque j'ai sous les yeux il y a comme un méchant grumeau ; il est écrit : "2009, la première édition française grand public de Che paraît chez Delcourt.

Parfois ce sont les livres qui font l'Histoire"... Outre le style pompeux utilisé, il est regrettable que le rédacteur de cette réclame ait négligé de rappeler que la première édition française fut éditée en janvier 2001 par les éditions Fréon... et ait pensé s'en tirer par l'emploi des termes "grand public", d'un grand mépris pour les petits éditeurs courageux.

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Cette façon d'arriver après la bataille, après que le terrain a été défriché par d'autres et de planter le drapeau de la Conquête n'est ni chevaleresque ni guevaresque.

Dans nos archives, sur un sujet voisin, vous pouvez lire

cette petite pique

contre Casterman, ça change.

 
L'éternaute tome 2
 

"Et le sol continuait à trembler

comme si aux alentours galopaient des géants."

En refermant ce deuxième tome de L'Éternaute vous êtes partagé entre deux sentiments : angoisse et émerveillement. Votre cœur est éprouvé par cette longue lecture qu'il vous a été impossible d'interrompre. Si vous avez commencé avant de vous coucher, la nuit est maintenant bien installée. La ville est silencieuse. Il va peut être se mettre à neiger. L'aube se lèvera-t-elle ? Sera-ce le dernier jour de l'humanité ?

Quel dommage que disparaisse une civilisation capable de produire de tels joyaux littéraires.

L'omniprésente voix-off — celle de Juan Salvo — vous aura entraîné aux confins de la peur dans le plus implacable des suspens. Tel le héros, pour échapper à la folie il vous aura fallu aller de l'avant. Juan Salvo,  (dont on ignore encore à ce stade du récit comment il en est venu à s'appeler "l'éternaute") n'a pas le temps de dormir : vous ne dormirez pas non plus.

Rares sont les récits de la bibliothèque du neuvième art qui possèdent cette capacité de dévorer leur lectorat. Oui, ce n'est pas le lecteur qui en avale les pages, c'est bien le livre qui mange le lecteur. Son univers déborde, Oesterheld et Solano López vous l'assènent avec constance et persuasion et, insidieusement, vous y êtes : à l'intérieur du livre, avec la neige fatale et les monstres. Ce qui est loin d'être rigolo mais d'une beauté mortelle, comme le disent les protagonistes dans le tome 1. Ce qui apparaissait, lors d'un feuilletage superficiel, côté texte, comme une abondance de récitatifs un peu désuète et, côté dessin, comme un sobriété un peu dépouillée se révèle être un redoutable arsenal de guerre narratif.

Ceux qui n'ont aucune idée de ce que peut bien raconter L'Éternaute, je  vais les renvoyer à ma chronique locale du tome 1. Ceux qui étaient des nôtres en janvier savent bien de quoi il retourne, mais seront certainement surpris par le rythme de ce deuxième tome. Si le premier contenait un huis-clos durable, cette suite est une avalanche de péripéties pourtant enchaînées avec logique et sans précipitation. À la 23e page vous serez tout simplement halluciné de constater qu'il vous en reste près d'une centaine d'ici à la quatrième de couverture et touché par tant de générosité feuilletoniste : dire qu'avec ces 23 pages un Corbeyran nous aurait vendu une multi-série sur 3 niveaux et ce bienveillant Joann nous aurait proposé un bottin...

Familliers de la version Breccia, sachez que vous entrer là en territoire complètement inconnu : rien de ce qui va se dérouler n'est évoqué dans les 8 dernières pages de la version 1969.

L'Éternaute, tome 2,

116 pages, noir et blanc. Couverture cartonnée.

24 €.

Parution jeudi 9 juillet 2009

Oui, vous avez bien lu. Amis du carton réjouissez-vous : c'est bien en HARD COVER comme disent les yankees, que paraît ce tome 2. C'est la faute à tous ces libraires de neuf qui ont chouiné que c'était fragile en broché, que ça se tenait pas... et patati et patata. Du coup 4€ de plus (ce qui reste tout de même très raisonnable). Pour l'occasion, le tome 1, dont le premier tirage est pratiquement épuisé, va lui aussi bénéficier d'une réédition cartonnée.