Publications dans Février 2006
Surf est le nouveau nom de l'errance
 

Come into my world, comme dirait la belle Kylie Minogue dans le clip de Michel Gondry...

par Stéphane

Je n'erre plus sur internet mais je surfe, ce qui, peu ou prou, est la même chose à mon goût. A cause du AAAblog, ce  trou noir où mon temps libre s'évaporait en un clic, s'est encore agrandi.

En zieutant les origines de nos visiteurs à l'aide de Sitemeter, notre compteur espion de technologie cylon (les fans de Battlestar Galactica comprendront, le thème de l'errance étant parfaitement adapté à cette petite référence de geeks), j'ai découvert La Carcel de papel, un blog espagnol qui nous a rameuté un max de connexions de l'Espagne, et sur lequel on trouve plein d'infos sympas, comme la  bande annonce du nouveau film de Terry Zwigoff tiré d'un comics de Daniel Clowes, ou une interview croisée entre Joe Sacco et Art Spiegelman, sur un thème à la mode vous verrez, mais en anglais cependant...

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Bref, bon surf à vous aussi... bande de loosers matrixés

 
Comic, 2006, Février 2006Commentaire
Etymologie de l'Otaku
 

Mais d'où viennent tous ces geeks?

Par Stéphane

Otaku –que l’on peut traduire littéralement par « ta maison »- est un mot dérivé des habitudes des populations japonaises imprégnées de culture populaire. Dans ces groupes, - généralement dépeints comme des comités d'autistes vivant habillés en noir et lisant jour et nuit Karl Mar... ah non, merde, ça c'est Vlad... reprenons, autistes entourés de mangas, jeux vidéos, statues de filles nues et autres couillonades nippones (une peinture pas trop loin de la réalité ceci dit)-, les membres s’appellent entre eux à l’aide de la désignation Otaku au lieu d’utiliser les patronymes personnels. Le mot «maison» symbolise alors pour eux, non un quelconque sens de la famille ou même lien du sang, mais l’objet en lui-même, sa structure physique et son espace habitable. Cependant, le mot n’est pas exclusif à la culture populaire, si l’on en croit la célèbre critique japonaise Mari Kotani, qui s'est longuement penchée sur le sujet et dont est tiré le résumé qui suit.

D’après elle, le mot Otaku pénétra le vocabulaire des enfants de la culture populaire par le biais de leurs mères, femmes au foyer à plein temps dont l’existence fut définie par les maigres et uniques rôles d’épouse et de mère. Toi aussi, viens lire la suite et comprendre pourquoi tu bloques et tu débloques...

Ps: merci au site gauze.free.fr pour la photo

 Au début des années 60, le gouvernement japonais favorise l’expansion économique au détriment de la protection de la culture et des traditions nationales. Ce choix politique mène, rapidement, à la dissolution des usages de la vie en communauté, éloignant de nombreux individus de leurs familles – qui sont à cette époque de très grands groupes, constitués de plusieurs générations, vivants selon des habitudes et des traditions spécifiques à leur région d’habitation. Isolés pour la première fois, ces nouveaux japonais migrent dans les villes à la recherche d’emplois, et forment un nouveau type de cellule familiale que les sociologues dénommèrent par la suite « la famille nucléaire » -unité familiale restreinte constituée uniquement de « papa, maman, et moi ».  

L’inhospitalité de l’environnement urbain, où les terres sont rares et onéreuses, ne laissent à ces "familles nucléaires" que deux options pour se loger : acheter un terrain en lointaine banlieue pour y construire une petite maison dans leurs moyens, où vivre dans un danchi -complexe immobilier qui s’apparente dans notre société aux immeubles HLM (Souvenez-vous de la cité dans Rêves d'enfants D'Ôtomo Katsuhiro). Ainsi, de nombreuses familles choisissent la première option, déclenchant la plus grosse explosion démographique que va connaître la banlieue tokyoïte.

 

Dans ces foyers d’un nouveau type, les maris partent très tôt, le matin et en train, pour franchir l’immense distance qui les sépare de leur lieu de travail. Piégés par des crédits de plusieurs dizaines d’années, ces hommes restent tard le soir pour de nombreuses heures supplémentaires.

 

Pendant ce temps, dans ces cités pavillonnaires de banlieue comme dans les danchi, les femmes sont constamment seules, leurs maris enfermés au travail et leurs enfants la plupart du temps à l’école. Très vite, elles commencent à soulager leur solitude en nouant de relations fortes, presque intimes, avec leur voisinage, constitué principalement, comme vous vous en doutez, de femmes dans la même situation. Un mot se popularise alors, pour parler de ces fréquents rapports : Otaku. Confinées dans ces cités pavillonnaires ou dans ces HLM, on peut assister à ce genre de conversation :

 

« Otaku a récemment acheté une télé couleur ? Et Taku pense aussi à acheter un réfrigérateur… »

 

Ici, Otaku fait référence à une autre femme au foyer (le O étant un préfixe honorifique), et taku à soi-même. Utilisant à tout va ce pronom ne se référant à personne, les femmes se vantaient les unes les autres de la réussite matérielle de leur famille tout en construisant un tissu de relations humaines et fragiles.

 

En contrepartie, imitant l’absence de rapports entre leurs parents, les enfants très vite commencèrent eux-mêmes à s’éloigner, privilégiant les rapports avec les camarades d’écoles vivants dans la même situation, avec lesquels ils partagent les passions pour la télévision et les magazines jeunesse. Leur chambre se remplit de manga, anime, tokusatsu… tout une foule d’objets incarnant cette nouvelle culture populaire que leurs parents ne comprennent pas, et dont il sont exclus.

 

Voila comment, de la femme abandonnée, le mot Otaku s’est déplacé comme un héritage aux enfants des « familles nucléaires », symbolisant leur solitude, leur repli et leur amour inconditionnel pour la culture populaire issue de cette période de folle course à la réussite économique.

 

 

 
Avant-première: le nouveau C. Montellier
 

Voici donc en exclusivité quelques planches du prochain livre de Chantal Montellier à paraître en avril chez Actes Sud, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'explosion du réacteur nuclaire de la base de Tchernobil, en ex-URSS.

De prime abord, c'est un chef d'oeuvre qui va nous tomber dessus, sombre et documenté.

Les images dans "la suite"... et merci T.G.

cliquez sur les images pour les avoir en plus grand ou les enregistrer. ps: ces images ne sont pas encore finalisées... comme vous aurez pu le remarquer.

 
Dur dur de rire de soi...
 

Par Stéphane

Suite aux récentes caricatures du prophète Mahomet, parmi les réactions musulmanes les moins connues, il y celle des leaders iraniens appelant leurs dessinateurs coreligionnaires à faire du gag antisémite, histoire de communiquer un peu leurs désagréments et leurs vexations au monde juif -une petite vengeance un poil mesquine, mais dont au fond émerge une idée qui me plait bien : et si demain les guerres ne se faisaient qu’à coup de dessins.


Bref, pas démonté pour deux sous par l’annonce, deux jeunes graphistes juifs israéliens ont décidé de riposter en prenant les devants, encourageant les dessinateurs juifs du monde entier à devancer les musulmans et faire eux-même ces dessins comiques pour les publier ici.

L’idée a défendre est claire : un peuple fort est un peuple qui sait avant tout rire de lui.
Si l’idée est franchement géniale, quelques semaines après l’annonce je dois reconnaître que le résultat me déçoit. Non seulement peu de dessins sont parus, mais la plupart du temps il sont assez inoffensifs, évitant jusqu’à présent la cible unique, évidente et initiale de ce concours lancé par les iraniens : le génocide. J’en déduis qu’il est vraiment dur de rire de sa religion et de ses tabous, plus que beaucoup ne le pensent. Enfin tout n’est pas noir, et ce matin un premier dessin plus saignant vient d’apparaître (même si l’on reste encore bien loin de la virulence et de la gratuité des dessins danois).

Attendons de voir ce que va donner cette initiative intelligente.

 
La planche ridicule du mois (au mieux)
 

Par Stéphane

Que c’est moche de mal vieillir.

Souvenez-vous, Les Eaux de Mortelune, les 7 vies de l’Epervier… des œuvres assez fortes qui semblent aujourd’hui lointaines. Encore plus lorsque l’on lit la toute dernière bande dessinée de M. Cothias, scénariste de son métier, intitulée Le sceau de l’ange. Je viens de finir cette besogne avec un plaisir pervers, l’objet atteignant un tel niveau de nullité qu’il en est devenu follement agréable. Un vrai moment de rigolade. Voici donc ma planche favorite, tellement ridicule qu’elle me fera sûrement l’année.

Cliquer sur l'image pour la voir en plus grand et l'enregistrer...

PS: Je jure sur l'honneur n'avoir ni retouché l'image, ni modifié le texte.

 
"Le marronnier" de la bande dessinée
 

Par Stéphane


En presse, "le marronnier" est un sujet bateau qu'une rédaction ressort à chaque fois qu'elle n’a rien pour remplir son journal (genre les francs-maçons pour Le Point ou Joann Sfar pour Télérama).

Aujourd’hui est le quatre-vingt-dixième anniversaire du commencement de la Bataille de Verdun. 21 février 1916, 7 h 30 du matin, les allemands engageaient la ville dans un des plus macabres et illustres fait de guerre de l’histoire du vingtième siècle européen. 10 mois de siège, un bilan humain terrible.

Ce jour est donc le jour idéal pour vous conseiller DE NE SURTOUT PAS ACHETER le tout nouveau livre de Adam, Cady et Marchetti. La Tranchée, aux éditions Vents D’ouest, n’est qu’un énième récit de bande dessinée sur le sujet, sans saveur, ni projet graphique, tout au plus un vague fumet de poésie romantico-merdique sur la culpabilité, au texte empreint d’une légèreté que ne renierait pas un pigeon atteint de la grippe aviaire.

Vous l’aurez compris, le petit monde de la bande dessinée étant gavé d’oeuvres sur le sujet, nous n’aurons aucun mal à vous conseiller un équivalent de meilleure qualité, comme l’exceptionnel C’était la guerre des Tranchées de Jacques Tardi, ou plus récemment le subtil et comique Le roi cassé de Nicolas Dumontheuil.

 
Petite histoire du grand Texas
 

Dallas et dynasties...

par Vlad

Cette semaine j'ai lu un livre qu'un ami m'a offert à... Noël. Oui, moi aussi j'ai des piles de livres qui s'accumulent sur ma table de nuit. Il s'agit de Petite histoire du grand Texas écrit par Grégory Jarry et dessinée par Otto T., publiée par les éditions flblb (12€).Je ne connaissais pas ces auteurs (visiblement des piliers de flblb) et je n'avais pas entendu parler de cet ouvrage...sorti l'été dernier.  Pourtant il faut croire que de vrais libraires l'avaient vu passer puisque l'exemplaire qui est désormais en ma possession porte un ex-libris de la librairie Super-héros... (Ah ! ils sont forts de l'autre côté de la Seine !). Il n'est jamais trop tard pour dire du bien d'un livre. Même s'il n'a pas eu besoin de nous vu qu'il est désormais indisponible ! Des hordes de salopards altermondialistes semblent en effet avoir rafflé toutes les premières éditions à des fins de propagande anti-impérialiste ! Misère !Tout d'abord ce livre est plaisant par son apparence : c'est un bel objet, fabriqué avec soin, doté d'une belle impression en bichromie, d'une format à l'italienne atypique mais maniable et d'une couverture malicieuse. En ces temps de standardisation effrénée, c'est à mes yeux un atout. Certains au vu du dessin diront que leur fille de trois ans en fait autant. Je leur dirai alors que je vais monter un maison d'édition pour signer un contrat d'exclusivité avec cette gamine. Ah ! Je me rappelle la tête de mes amis lorsque je leur conseillais la lecture de Trondheim il y a plus de dix années ! ("Lewis Trondheim... Il est aujourd'hui le premier !")

Le titre indique clairement le contenu : un historien qui se présente comme texan malgré son patronyme surprenant (Mohammed Ben Youssef) raconte l'histoire de son pays devant une caméra. Le point de vue de ce distrayant manuel historique est, au vu des dernières évolutions de la situation mondiale, de considérer que les Etats-Unis (et par conséquent le reste du monde) sont une excroissance du Texas...

Le dispositif est assez simple : le texte de la conférence est dactylographié en haut de chaque planche, tandis que les dessins s'imposent en commentaires jamais prévisibles.C'est donc trois histoires différentes du Texas (le véritable berceau de l'humanité) qui vont se dérouler sous nos yeux sur 7 chapitres et environ 70 pages (elles ne sont pas numérotées et je ne vais quand même pas les compter !). Le texte est une propagande patriotique, raciste et décomplexée, parfaitement révisionniste comme nous y ont habitués les tenants du pouvoir étasunien (politique et militaire) que ce soit à l'encontre des rouges ou des terroristes. Le dessin, patient travail d'épure suggestive, se charge de rétablir une vérité historique, forcément synthétique et outrancière, mais dont la pertinence s'impose. La troisième histoire est celle qui naît de la confrontation de ces points de vue antagonistes.

Le livre se permet également, par ce procédé, de nous faire rire à trois reprises :- Par le texte, qui tenant à la fois de Bart Simpsons et de Pierre La Police est assez irrésistible ("les Espagnols mangeaient de la paëlla, une nourriture infecte avec des bouts de coquilles de moules").- Par le dessin dont la tournure extrêmement synthétique produit de petites marionnettes gesticulantes, ce qui souligne avec pertinence les ressorts du comique (outrance et répétition mécanique).- Et évidemment par le décalage soigneusement réglé entre le discours et sa supposée illustration, ce qui est un procédé bédéïque fort connu (mais ignoré de E. P. Jacobs), mais utilisé ici avec gourmandise.

Un ouvrage à la fois drôle, beau et atypique, qui plus est réellement fort instructif d'un point de vue historique... Et en plus indisponible : un rêve de collectionneur. Dépêchez-vous, il doit bien en rester sur quelque provincial rayonnage.

 
Le Château dont personne ne parle
 

Par Stéphane

De retour de Thailande, je découvre que 1. Le Château Ambulant de Miyazaki est enfin sorti en DVD, 2. personne n'a fait d'analyse un peu sympa sur le film, histoire d'éclairer un peu le visionnage ou d'enrichir le catalogue d'anecdotes des fans. Ni Animeland, qui fait un papier limite pourri, ni Les Cahiers du cinéma, personne...Bref, c'est bibi qui s'y colle pour sa première journée de travail à AAAPOUM. A peine une journée après son retour, le bronzage s'en va et les neurones se remettent en route, lentement quand même. Donc ne criez pas trop fort si l'analyse qui suit n'est pas des plus géniales... je suis en convalescence.

Adapté du roman jeunesse éponyme écrit en 1986 par Diana Wynne Jones, le film animé Le Château ambulant suit globalement le scénario original tout en altérant les enjeux initiaux. La version de Miyazaki se recentre copieusement sur la quête des protagonistes pour ce que l’on peut appeler un hypothétique «sens de la vie», quête qu’il accorde particulièrement avec les préoccupations du Japon d’aujourd’hui. Voici donc les trois thèmes centraux à travers lesquels Le maître japonais dresse son état des lieux.

  1. Toute guerre est insoutenable et, quelque soit la justesse ou la validité de sa cause, brise l’âme. Howl se transforme ainsi d’un gentil et brave jeune homme en monstre incontrôlable, sorte de kamikaze flottant sur un paysage rappelant étrangement Tokyo sous les bombes. Autre point important : le conflit dans le film se déclenche et s’interrompt par le simple claquement de doigt d’une poignée de personnes importantes (les élites). La guerre n’a pas de sens réel, et ses soldats n’ont pas de but à poursuivre. Par extension, le désir vorace et omniprésent du Japon de se doter à nouveau d’une armée glorieuse est clairement contestable, plus encore le soutien récent au conflit en Irak. En contrepartie, l’inaction, l’absence de prise de position, et surtout la retraite en terre paisible, s’accompagne aussi d’un puissant sentiment de culpabilité. Entre perdre son âme dans un acte sans sens et culpabiliser depuis sa retraite dorée, Howl illustre un dilemme qui, comme je l’expliquerai plus loin, vient des traumatismes infantiles de l’auteur.

  2. Personne ne peut vivre isolé ou coupé du monde. Le film flatte notre besoin essentiel d’une communauté, et encourage à créer soi-même cet environnement ou cette famille si l’on en est dépourvu. L’isolationnisme japonais à l’échelle internationale tel qu’il est pratiqué depuis des centaines d’années est certes pointé dans un premier temps, mais c’est surtout l’amplification et une certaine forme de normalisation, à l’intérieur de l’archipel, des phénomènes sociaux modernes de l’otaku (fan qui soulage son autisme par un repli consumériste dans le divertissement) et du shut-ins(près d’un million de jeunes refusent de sortir de leur chambre ou d’entrer en contact avec leur proches) qui sont visés. La société japonaise est depuis quelques années, et dans une certaine mesure, en proie à un mouvement de repli sur soi. Plus grave encore, elle commence à accepter et intégrer ces dérives comportementales. Howl est l’illustration de ce phénomène. Au contact de Sophie, il s’épanouira. Et alors qu’auparavant il cherchait à fuir ces obligations militaires, le magicien solitaire trouve dans sa relation avec la jeune fille une raison suffisante pour se jeter corps et âmes dans les ravages de la guerre. Rapidement cependant, les feux du combat consument les bonnes intentions et Howl mue en une machine de combat démoniaque.

  3. Enfin, le bonheur ne se trouve ni dans la jeunesse, ni dans la vieillesse, mais quelque part entre les deux, dans ces échanges incessants entre les âges. Par ce système, Miyazaki réhabilite l’acte de vieillir, soulage les angoisses d’une société effrayée par la croissance exponentielle de sa population du troisième âge, et réunit au creux du mêmes corps des couches de générations qui s’opposent parfois avec violence.

Une autre analyse, centrée sur l’auteur, est possible. Dans le feu de la guerre, l’âme de Howl se fourvoie et le héros se transforme en monstre, mécanique. L’égarement cinématographique d’un réalisateur au sommet de sa gloire serait l’image cachée derrière la métaphore ? Après tout pourquoi pas. Si les derniers films de Miyazaki sont splendides, acclamés, force est de remarquer qu’ils se sont vidés de leur substance et ressassent les mêmes thèmes avec cette pointe de monotonie qui est la marque d’un automatisme.

Seule issue, pour le héros et par écho le réalisateur, revenir dans le passé pour se retrouver à nouveau. Mais les chances sont faibles et les conséquences sinistres. Le trauma infantile et initiatique de Howl, qui dès lors conditionne sa vie, évoque l’expérience personnelle du maître japonais, lorsqu'enfant il fuit avec sa famille Tokyo et les ravages des bombardements pour rejoindre la campagne, à l’aide d’un camion. Chez tous deux, l’enfance explique la conduite de l’adulte. Plusieurs fois par le passé Miyazaki a évoqué candidement la culpabilité et le traumatisme qu’il a ressenti lorsque sa famille refusait d’aider les familles piétonnes suppliantes de prendre au moins leur enfants avec eux en stop. Pas une seule fois ils n’ont accepté. De plus, il est hanté par cette époque de sa jeunesse où, militant et engagé, il agissait en étant persuadé que les idées pouvaient changer le monde.

On peut donc voir en filigrane, se greffer dans le film les angoisses du maître japonais, et entrevoir, au fûr et à mesure que le film progresse, un autoportrait critique de sa carrière. Nés tous deux du traumatisme (la solitude pour Howl, la culpabilité pour Miyazaki), égarés par les feux (du succès pour le réalisateur, de la guerre pour le magicien), le film se conclue par une incitation  à un "retour aux sources", afin de renouer avec soi-même (la contestation féroce de la guerre pour l’un, le pacte des relations humaines entamé avec son amitié pour Calcifer pour l’autre). Et Miyazaki, après quelques films plus mécaniques que viséraux, commandés par un succès international grandissant et l'abscence cruelle de descendant potentiel après la mort de son disciple préféré plus que par un réel desir cinematographique (combien de fois a-t-il annoncé sa retraite avant de se retracter par obligation pour son studio), de revenir enfin au cinéma avec l'envie et le ventre, un hymne et une idéologie à defendre: s’il doit continuer à vivre dans un pays défait, qui s'obstine à refuser toute implication politique dans la guerre, alors il ne lui reste d’autre choix que de faire des films.

 
L'ordre règne (2)...
 

A la carte....

Je suis en train de venir à bout d'un travail de jeune titan. J'ai établi la liste des tirages de tête, portfolios et autres bizarreries plus ou moins numérotées et signées, en tous cas à tirage limité que nous détenons, qui sont à vendre et qui, faute de place, ne sont pas forcément exposées à la vente.

Les prix et l'état y sont indiqués, ainsi que l'année de parution et l'éditeur.Désormais, vous pourrez la consulter en boutique ou même sur simple demande par e-mail vous la faire envoyer chez vous. C'est pas encore parfait, il reste quelques éléments à combler, mais vous pouvez dès aujourd'hui en recevoir une version de travail.

Je me suis régalé à fouiller la cave. On a vraiment des trucs extras et des trucs invendables...

Voire des trucs extras ET invendables.

 
OYEZ ! OYEZ ! braves gens
 

Par Stephane, depuis Ko Samui en Thailande, en pleine preparation de la Full Moon Party de ce soir...

Pour clore en beauté la première exposition de la librairie-galerie EN MARGE, nouvelle echoppe de bande dessinee franchement sympa, ouverte par mon ancien collegue Jean-Pierre le mois dernier, le Colonel Moutarde sera en dédicace ce

samedi 18 février de 15 H à 17 H !

Venez découvrir la réédition de Johnny-Rien-à-Foutre, à peine sortie des presses, et son dernier ouvrage aux éd. Milan, Grenadine et Mentalo, ainsi que les chouettes T-Shirts qui ont été réalisés spécialement pour l'exposition (http://shopmoutarde.canalblog.com/)

À samedi donc !

EN MARGE

librairie-galerie-musiques

92, rue Jean-Pierre Timbaud

75011 PARIS

tél. 01 77 10 78 12