Publications dans Les dessous de la bd
Nus pour de bonnes intentions

Dur d’imaginer que ce ne sont pas le goût du stupre et de la bibliophilie qui m’ont conduit à découvrir ce groupe de lectrices insolites : pour les plus hardis c'est ici.

Les "Naked girls reading" comme leur nom l’indique, est un groupe de femmes pratiquant la lecture publique dans le plus simple appareil, afin de rendre la littérature plus attrayante et glamour… une noble  cause au détriment d’une autre ?

Je ne pense pas que mon avis vaille grand-chose dans ce débat, surtout que je suis un partisan (mais pas pratiquant) des marionettistes de pénis…  

Ce qui m’a amusé dans cette découverte est d’imaginer mes camarades organiser ce genre de show : par exemple nos jeunes éphèbes filiformes que sont Alexandre et Igor pourraient très bien partager les dialogues d’un Yaoi devant un public de jeunes adolescentes hystériques ; ou le musculeux s ; du aaablog mimer les scènes épiques de la Saga de Den devant un parterre de post-nerd (vous savez les mecs de plus de 40 piges, branques de Conan, qui n’ont jamais connu la hype d’être des geeks, eux que l’on appelait cruellement dans leur jeunesse des ringards) la bave aux lèvres et les poings serrés à s'en blanchir les articulations.  

Mais là non plus, ce n’est pas sûr que la cause en sorte grandie…

Diane R. : la meilleure attachée de presse du monde
 
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"Il a connu l'exil. Ses ennemis vont connaître l'Enfer..."

En entrant chez Album® à côté, pour dire bonjour à Fox, j'ai été saisi par le mur de journaux qui est à l'entrée... Unanimes, ils acclament tous Le Banni, la nouvelle série de Rigide fantasy du Lombard.

Épatant. Et tout ça grâce aux talents conjugués de ces petits nouveaux que sont Tarumbana et Henscher. Comme quoi on peut percer sans être pote avec Sfar. Le mérite peut être récompensé. Et ça, c'est réjouissant et ça élargit l'horizon d'un type comme moi qui avait tendance à penser que les budgets publicitaires triomphaient trop souvent dans les salles de rédaction.

Oui, je trouve que mon tapis est classe.

 
Manara les pâquerettes
 

Chez Aaapoum Bapoum nous n'hésitons pas à clamer bien haut : la Saint Valentin représente le degré zéro du romantisme !

Non pas que nous soyons des célibataires aigris rongeant le frein de la misère affective, mais plutôt des allergiques du consumérisme agressif.

Le Déclic en calibre 80.

Le Déclic en calibre 80.

C'est pourquoi ce matin je fus pris de stupeur en ouvrant le courrier. Une lettre de la société Lovely Planet nous sommant de souscrire à leur nouveau produit : la célèbre télécommande du Déclic au cœur (?) de la bande dessinée de Milo Manara.

 Cette objet de la taille d'un bras d'enfant obèse est munie d'une télécommande que le partenaire est censé activer afin de provoquer, je cite le communiqué de presse : "des Ah ou des Oh".

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Toujours pour reprendre la petite note qui nous est parvenue "ce produit, lancé (faites gaffe!) en janvier et qui connaît déjà un grand succès, pourrait donc parfaitement compléter votre offre" (nous, on n'offre rien du tout d'abord !).

Je m'adresse donc directement à nos fidèles visiteurs : seriez-vous intéressés par cette immondice ? Devons nous en commander un carton plein ?

Vivement la fête des mères pour recevoir leur nouveau catalogue.

 
Si les poils continuent de pousser post-mortem, les zombis ne devraient-ils pas être barbus?
 

zombiness

Comme illustré dans de nombreuxromans de Dickens, la faim est une sensation qui tiraille son homme au point dele pousser à commettre des actes fallacieux. Il en est de même dans l'éditionde bande dessinée. L'un des derniers exemples repérés est cette hallucinante rééditionde Fragile de Stéfano Raffaele. Pourmémoire Fragile est une trilogieparue entre 2003 et 2005 aux éditions des Humanoïdes Associés, trois albumscartonnés dans la pure tradition formelle des bandes dessinées « d'chez nous ».L’histoire est celle d'un couple de zombis en goguette qui tente d'échapper àd'implacables exterminateurs. C’est plutôt fun et bien fichu même si le finalest assez confus…

Le travail de l'italien est assistépar celui de deux coloristes successifs: Dave Stewart (le gagnant de l’EisnerAward 2009 et non la moitié d’Eurythmix) sur le premier opus et CharlieKirchoff, un coloriste "maison" aux humanos. Je rends hommage ici auboulot de ces experts de la palette graphique car il semble que ce ne soit pasle cas de leur propre éditeur. En effet, cette réédition parue en juin surfesur un opportunisme éditorial sacrement culoté et n'hésite pas une seule secondeà évincer des éléments de l'édition précédente pour coller à l'air du temps.Dans sa conception, cette intégrale est proposée dans un format plus ramassé etla couverture s'est assouplie, les couleurs ont disparu remplacées par desniveaux de gris. Jusque là pas de quoi affoler son lecteur, habitué depuis desannées à voir ses anciennes séries réinjectées dans le circuit dans un formatplus compact. Mais là où peut dénoncer un quelconque abus est sur la couverturecar le titre est devenu Loving Dead(là vous commencez à tiquer!) et la maquette ressemble à s'y méprendre à lanouvelle référence de fiction zombiesque, le comics en noir et blanc: Walking Dead. Et oui, on essaye une fois de plus de nous vendre desœufs de lump pour du caviar! Et ça marche, je connais personnellement un grandnom de la critique de bande dessinée qui me certifia que le titre en questionétait une nouvelle livraison de la série de Adlard et Kirkman. Il y a descerveaux qui mériteraient d’être gobés comme des flambys. 

 
Fin d'Angoulême
 

Par Stéphane

De retour d’Angoulême, enmeilleur forme, bien qu’avec une petite allergie à l’œil (toujours la même) et un trousseau de clés en moins...

Le compte-rendu de mon boss à Chronic’art est sympathique et retranscrit bien l’ambiance en marge, calme niveau alcool et animé niveau débat. Sur la première page se trouve aussi la chronique du grand prix de l’année, que j’avais faite au moment de sa sortie, il y a presque un an déjà.

Me relire, ce que je fais peu, est amusant. J’y reconnais l’exact sentiment éprouvé à l’époque, en demi-teinte. Un moment d’autant plus marrant qu’un copain me reprochait justement d’en avoir dit beaucoup de bien voire d’avoir adoré, ce dont je m’étais défendu. Il est plaisant de constater que, pour une fois, je n’ai pas changé d’avis, moi à qui cela arrive si souvent.

Sinon, Angoulême fut pour moi sept débats, plus ou moins réussis.  Grand moment avec Linda Medley. Rigolo et super instructif avec Boulet et Trondheim sur les Blog. Au cœur du débat imprévu et plutôt houleux qui opposa Guy Delisle (Chroniques Birmanes) à Fredéric Debommy (Birmanie) , autour de l’idée de témoignage (José Munoz quitta la salle lorsqu’il  vit le dialogue se tendre vers la nervosité). En décalage complet avec les gars de L’Association qui, bien qu'appuyant leurs concept sur des référence sartistiques lorsqu'il sont à l'écrit (Eprouvette), se posent finalement bien moins de questions à l'oral, et se construisent étonnamment plus avec l'instinct et le ventre qu’avec la tête (note suite à des incompréhensions : l'instinct vaut largement l'intellect. Mon déplaisir venant de ma préparation tombant à coté de la plaque...)

Stressé face à Charles Burns (Heureusement que Ludovic Debeurme est bien plus zen). Il te fait comprendre en semi colère qu’il ne dira rien, avant de dire les choses à contre-cœur

(Genre moi : Dans vos livres, les personnages qui éprouvent du désir se sentent monstrueux. Pensez-vous que le désir est anormal ?

Lui : Bien sûr que non, je ne suis pas un monstre.

RE moi : Parlez-moi alors de votre immense fascination pour Tintin (son prochain projet parlera de Hergé), c’est quand même étrange cette fascination pour un personnage qui n’éprouve jamais de désir.

Lui rictus : ah ! Puis parle longuement de ce fameux projet.).

Bref, du travail sympa, parfois délicat, parfois raté, mais toujours enrichissant. Pour en apprendre plus, faudra venir papoter dans le magasin, puis m’offrir un café chaud, car écrire c’est long et fatiguant... à bientôt de visu, bien que d'un oeil.

 
Le nouvelle cueillette Angoumoisine
 

Qui veut ma selection, qui veut...

Ouf, elle est plutôt bonne, équilibré et éclectique. C'est,depuis trois ans, un bon boulot qui est fait selon moi. Seul bémol, mais à prévoirdepuis le départ du spécialiste de l'équipe, Olivier Jalabert, aucun des chefsd'oeuvre du comic mainstream sortis cette année n'y est présenté. Pas parfait donc, mais c’estdéjà tellement mieux que les prix France mes fesses j'y connais rien, le prixde l'association des critiques de bande dessinée dont on se demande bien où estleur sens critique, etcetera.

Que ceux qui le veulent laissent leur palmarès en commentaire. Lepremier qui trouve le bon palmarès gagne 20 euros de bon d’achats dans leslibrairies aaapoum, juste pour le fun. Nous mettrons les notre dans la suitedès que nous y aurons réfléchi.

 
De l’autobiographie en Bd à la peoplelifiction des auteurs
 

Sfar system

Le commencement fut approximatif, usant de l’acide distancede la représentation animalière, Lewis Trondheim évoque des fragments de sa vie, dessinateur évoluant parmi ses semblables, mis en scène avec talent et humour. Hormis la valeur de l’œuvre, cela ne prêta en apparence que peu à conséquence. L’autobiographie en bandes dessinées au sein de l’Hexagone connaissait de nouveaux explorateurs, après les premières expéditions menées par Binet, « l’Institution », ou Gimenez, «Paracuellos», dans les méandres incertains des années 80. Il s’agissait à présent de creuser le quotidien, avec un outil peu utilisé dans nos contrées, encore que déjà patiné outre atlantique. Certains le nomme Art Séquentiel (ouais j’viens de relire l’intello binoclard Scott Mc Cloud, ça se voit ?).

Liste non exhaustive en vrac de ces voyageurs de l’intime immobile : Jean Christophe Menu, Fabrice Neaud, Marjane Satrapi, Frédéric Boilet, Joan Sfar, Riad Sattouf, Guy Delisle, David B.

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Souvenirs d’enfances, mise en abyme de la pratique du dessin ou interrogation des affres du créateur, une peinture précise de la normalité du jour après jour, tirant de son expérience personnelle, singulière, le multiple parlant au plus grand nombre, à chacun de nous.

A priori, là se trouve l’intérêt de ce genre fictionnel. Si on veut savoir avec qui le yorkshire de Madonna a chopé la myxomatose (Elton John ? Possible…) on ouvre « Poils de cul images des blondes », pas le dernier Crumb.

Seulement voilà, à force de lire leurs petites histoires, de se marrer aux anecdotes de beuveries dans les festivals, de regarder s’étaler en noir et blanc ou couleurs directes leurs coucheries et autres ivresses de l’onanisme, on s’est habitué à leur intimité, on a cru bien les connaître, et on a fini par ne plus voir qu’eux, non l’histoire racontée.

 Ce n’est pas pour rien que Soleil a tenté un journal d’articles et d’interviews plus « léger », abondamment illustré non de dessins mais bien de photos, prises sur le vif, essayant de saisir la star sommeillant chez l’auteur de Bd. Choper l’état d’esprit, les demandes inconscientes du public est la marque d’un éditeur compétent s’pas. Manque de pot, les dessinateurs se débrouillent très bien tout seuls, qui mieux qu’eux pouvant maîtriser les images de autopeoplelifiction. Quand ce n’est pas leur compagne s’y roulant avec délectation.

 Exemple au hasard (mais alors vraiment au hasard l’exemple. Sarcastique moi ? Jamais) : «fraise et chocolat 2 le retour de sa verge dans mon fion ou son écume à la rencontre de ma vague parce que la poétique orientale sexuelle c’est trop classe ». Soit un lourd prémisse de cette tendance, l’argument en est simple, classique en un sens, un couple, lui mûr et mature, elle dans l’espérance pétillante de la jeunesse, s’aiment et adorent baiser ensemble. Elle narre cela en naïveté fraîche, pleine d’une pudeur exhibitionniste, car ce vécu est bien trop puissant pour ne pas le partager avec le monde.

 En soi, on aime ou aime pas, qu’importe (Pardon ? Une appréciation négative semble transparaître de mon propos ? Etrange, un aaapoumien est d’une objectivité sans failles, c’est un critère de recrutement, si, si, regardez Vlad)[1]. Non, si un tic agite pensivement mon sourcil gauche c’est en constatant que le protagoniste mâle en question est un auteur connu, principalement pour ses ouvrages autobiographiques (Encore qu’on ait déniché une série historique de jeunesse à base de romaines dénudées, tout se trouve chez Aaapoum Bapoum)[2], où il découvre que les Français ont un super pouvoir avec les japonaises, je vous laisse deviner lequel. Et là, bardaf, la question s’abat avec toute la légèreté d’un carnet de Sfar sur le crâne d’un représentant fourguant son troisième office de la semaine (Mais non ça n’a aucun rapport avec Fox…)[3] : en quoi le fait de savoir le nom de cette personne, et donc sa notoriété (A la mesure du milieu, relative quoi), apporte quoi que soit à l’histoire ?

 A part flatter l’instinct mortifère du voyeurisme (Et accessoirement m’énerver) ?

 Aucune création de sens n’influe cette tendance : les états d’âmes des « stars » s’étalent sans recul, sans lecture distanciée, sans ce travail de transposition fictionnelle qui fonde l’autobiographie. Même le matériau brut précédant la construction d’une œuvre branchée sur le direct du vécu a disparu... Il ne subsiste que la plus plate apparence du quotidien.

 Tous n’en sont pas là (Attention, note d’espoir et final positif en vue, la chèvre, le chou, tout ça). Un Sattouf s’amuse énormément de ça en présentant ses conversations avec des archétypes de dessinateurs, le format utilisé, strip à l’américaine, renforçant la parodie, et Gaudelette trace discrètement le visage d’une autobiographie au vitriol tendre de l’humour, usant d’un second degré salvateur d’émotions (Comment ça je deviens emphatique quand j’aime ?). Et Joe Matt repointe son museau et ses kleenex, Moebius décortique ses peurs et son imaginaire, tous prouvant que le sujet importe peu, la manière de l’exposer et ce qui l’étaye fait la différence.

 Les couches du petit dernier nous intéressent quand le propos n’est pas la marque des langes, mais plutôt les relations parentales et les réminiscences de notre enfance, entre autres. Reste à expliquer ça aux auteurs, facilement persuadés par les éditeurs que le moindre gribouillis sur leur intimité a valeur de patrimoine public.

Illustration extraite de Mes problèmes avec les femmes, Robert Crumb, Ed. Cornélius, 2007.

[1] Cette parenthèse est un exemple parfait de peoplelisation, ironique certes mais tout de même.

[2] Non, ça c’est de la publicité habilement glissée mine de rien, je vous ai déjà causé de la première série de Davodeau ? Vaut vraiment le coup celle là.

[3] Deuxième exemple de peoplelisation. Vous connaissez pas Fox ? Tsssssssss…

 
Les jaunes se ressemblent tous…
 

Et leurs bandes dessinées aussi.

Par Stéphane

Aujourd’hui, je peste. Et méchamment.En surfant ce matin, je tombe sur la critique de Femmes de réconfort. Je suis un poil agacé comme à chaque fois queje vois un ouvrage coréen classé dans le rayon de la bande dessinée japonaise.Mais bon, le livre m’avait intéressé et par curiosité, je me décide à lire ce qu’enpense mon confrère. Je ne dépasserai pas le sixième mot. Je suis arrêté, outrépar la définition donnée à Manwha… (manga coréen).

Je suis non seulement outré parcette définition typique du mépris –inconscient- de l’occidental moyen noyédans son héritage colonial, mais plus encore parce que cette chronique estsignée de Didier Pasamonik, un homme relativement, et même logiquement vu son terrain de prédilection, sensible aux problèmes d’identitéculturelle. Comment un homme qui dédie la plupart de son temps critique à lareconnaissance de la culture juive dans le neuvième art, quelqu’un qui nouspondrait un papier sanglant sur son site si un crétin venait à classer FaridBoudjellal parmi les auteurs juifs, peut à son tour manquer d'autant d’intérêt, oumême de considération, pour d’autres cultures ?

Le « manga coréen », concrètement,ça n’existe pas, bien que l’on puisse deviner trois approches possibles pour comprendrela logique qui sous-tend cette -tentative de- définition.

1) la dialectique : Ca pourraitdire, si l’on se réfère aux définitions officielles, une bande dessinéejaponaise écrite en Corée. Ce qui est bien évidemment faux, et même vulgairedans ce cas précis, puisque Femmes de Réconfortest le témoignage de Coréennes prostituées par les japonais durant la guerre. Plusmauvais timing pour un tel amalgame ne saurait être choisi.

2) la colonialiste : engros, les jaunes… vous connaissez le reste

3) La complaisante : leslecteurs de bande dessinée, ils sont sympathiques bien qu'un peu cons. Il faut les aider un peu car rien n'est moins sûr qu’ils sachent où placer la Corée sur un planisphère.

Alors, Didier, pourquoi mangaCoréen… ? Un certain mal à se défaire du charme discret des vieux BuckDanny ou tout simplement la conscience d’un affaissement du niveau intellectueldu bédéphage moyenne classe ?

Et pourquoi pas bande dessinée coréenne ? Personnellement je ne dis jamais que je vais voir un movies Hollywoodien, ni même un le dernier 映画 de Kurosawa.Il ne me viendrait jamais à l’esprit de dire que je vais lire un Shishosetsu de Tanizaki de même que je n’évoquepas l’œuvre d’Hemingway en terme de novel.L’’import systématique des vocables étrangers est une bêtise propre et uniquementpropre à la bande dessinée, qu’on se le dise, et qu'on arrête

 
Les alliés objectifs de la librairie
 

par Vlad

Malgré les plans numériques de la croissance des débits et l'ébauche du e-livre, notre métier à encore de beaux jours devant lui. Les beaux livres et les bandes dessinées seront sans doute les derniers bastions à succomber. Et l'avantage par rapport à un support aisément multipliable, c'est que pour avoir une œuvre en deux exemplaires, il faut la racheter.

Ce préambule étant établi, nous allons passer en revue quelques uns des facteurs qui peuvent pousser les amateurs de bédés à acheter plusieurs fois le même livre dans le cours de leur existence.

1) Les mères et leur soif de rangement.

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La mienne n'aurait jamais fait ça, mais apparemment les mères des autres le font couramment. De nombreux clients viennent en effet nous trouver pour nous dire qu'ils recherchent telle ou telle collection de leur enfance que leurs mères aurait "balancée" ! Quand on leur présente la collection convoitée (peut être  précisément la même, sait-on jamais...) à son prix actuel, on décèle un pli mauvais dans le coin de la bouche de l'acquéreur et on peut deviner la noire rancœur revancharde à l'encontre de sa génitrice. Quand cette dernière est encore vivante on peut aisément conjecturer que le rejeton va se faire un plaisir d'aller lui présenter le ticket de caisse : " Regarde un peu le prix de ce que tu as jeté !".

Les rejetons oublient généralement de se rappeler que lorsqu'ils ont quité la cellule familialle, la fameuse collection de Strange leur paraissait tout autant insignifiante et encombrante qu'à leurs parents, sinon, il l'aurait emportée et non pas stockée à la cave de ces derniers pour dix ans.

2) L'inconstance des relations amoureuses.

Lorsque l'on aime, on ne compte pas, on partage tout. Les passions de l'un rejaillissent parfois sur l'autre, dans un grand souci de communion. A l'heure de la rupture il faut alors partager la bibliothèque... Douleur. On s'aperçoit parfois que les livres de l'ancien conjoint finissent par nous manquer plus que ce dernier...  Parfois, l'autre, révélant toute sa mesquinerie est parti avec vos propres livres (mes copines n'auraient jamais fait ça). Il faut alors les "racheter". Vive les ruptures.

3) Les inondations.

Ah... l'humidité des caves et la fonte des neiges sont de précieux alliés du libraire. Toutes ces collections précieusement stockées à la campagne en zone inondable, réduites en l'espace de quelques jours à une bouillasse multicolore et malodorante ! Attention : cet allié peut se retouner contre le libraire : à Aaapoum, par exemple, dont une partie de la réserve se trouve à la cave, nous redoutons la prochaine "crue du siècle" de la Seine, qui ne devrait pas tarder...

Je sens qu'il à matière à compléter cet aperçu. Au prochain épisode donc.

 
Lectures d'octobre
 

Quelques petits potins ramenés de mes errances numériques

Par Stéphane

PLAGIAT : Tout d'abord, la dénonciation de plagiat est à la mode en France depuis la sortie du dernier Eprouvette (tiens d'ailleurs, certains articles sur le plagiat était repris du comics journal non?). Cornelius l'éditeur en a abordé quelques uns sur son blog, ( Un dossier sur Daniel Clowes auquel j'ai collaboré -aaaaaahhh que c'est bon pour l'ego- et une bande dessinée par Blanquet). Mais tout ça c'est un peu du n'importe quoi. Le problème est de distinguer la ligne qui sépare le plagiat de l'inspiration. Et moi, je n'y arrive pas clairement. J'ai l'impression que tout le monde plagie un jour ou l'autre quelqu'un, comme pour se  nourrir. Je dirais même qu'un homme qui n' a pas plagié est juste un homme qui ne s'est pas fait prendre. Encore une preuve, Bob Kane, oui oui, Bob Kane le créateur de Batman était lui-même un plagieur éhonté. La demonstration en image, 1, 2, 3, 4. Regardez en bas du lien numéro un pour d'autres exemples de plagiat (ou taper swipe swiper swiping sous Google).

Mise à jour du 12/10:
1- Les
"influences" de Roy Lichtenstein, artiste plagiaire ou intertextuel, c'est selon.
2- Grâce au site animenews, j'apprends ce matin que plagiat en japonais se dit pakuri , au moment même ou une accusation de pakuri tombe à l'encontre de la série D Gray Man,
ici et (lui est à droite), commencée d'ailleurs ce mois ci chez l'éditeur Glénat.

IMMIGRATION: juste une petite bande de quatre pages en ligne, en anglais malheureusement, sur le thème de l'immigration aux U.S.A, déssinée par Peter Bagge, artiste dont le En route pour Seattle vient d'être édité cette année chez Rackam.

APPRENDRE A DESSINER LES VISAGES : grâce à Scott Mc Cloud, encore une fois, et cette géniale avant-première de son prochain livre technique sur la bande dessinée.

Au fait, je remercie encore une fois Boing Boing, sinon ce billet serait du plagiat.