Publications dans Patrimoine
La belle époque
 

Flickr aux trésors.

Par Stéphane de retour de vacances

Je vous l'avais dit qu'on trouvais parfois, voire souvent, des merveilles sur ce site. Aujourd'hui, c'est la collection de photo de Ray Aragon, animateur in the 50's dans les studios Disney. Noir et blanc, faciès naifs et enjoués, et layout épinglés sur les murs sont de rigeur. Un régal.

Et un petit rappel de ma passion des Disney de l'époque, on retrouve le post sur les dessins animés méconnus ici.

 
Tezuka au travail
 

Dans le coffre aux trésors Youtube, y a plus de richesses que dans celui des Pirates des Caraibes 2 (même si c'est pas dur).

Par Stéphane

Vous l'aurez compris, je n'ai pas trop aimé la nouvelle Johnnydeeperie. Alors pour les fans de mangas, voici un vieux reportage sur le père-parrain-créateur-grand-oncle c’est au choix du manga moderne, qui vous intéressera bien plus-croyez moi. Cliquez sur la vidéo de la première partie, que je poste en-dessous, pour accéder à Youtube et trouvez, dans la colonne de droite, les quatre morceaux suivants

 
Walt Disney et la sexualité
 

Voici deux courts-métrages de Walt Disney censurés depuis plusieurs années maintenant, et pour cause...

La première vidéo ci-contre, datant de 1946, s'attaquait à la difficile élaboration d'un manuel didactique à destination des jeunes filles en fleur, eut égard à leur découverte des problèmes d'écoulement mensuel.

Il récidivait en 1973 avec ce délicat manuel didactique chargé de bien clarifier les origines et les conséquences des maladies vénériennes. Le tout sans aucun, mais alors aucun, moralisme.

 
Le remake de Rock Mastard
 

Trois vies, une seule mort

par Vlad

Voilà un livre qui existe désormais sous trois formes. Pas de Deo Gratias pour Rock Mastard de Boucq et Delan a été publié une première fois en 1983 chez Futuropolis, dans une version en noir et blanc. En 1986 les éditions Bédéfil le rééditaient en couleurs. Cette année, le Lombard le ressort... Mais cette fois il a été entièrement redessiné par Boucq. Comme je ne suis vraiment pas convaincu par cette nouvelle mouture, je me suis amusé à la confronter à la précédente. Désolé, la vidéo est un peu longue (8 minutes)... Il faudrait vraiment que j'apprenne à parler aussi vite que De Caunes dans Rapido.

Ah... Au fait, il nous reste quelques exemplaires de 1986, à la boutique... Y'en aura pas pour tout le monde !

 
Deux bruits de couloir...
 

...à ne pas répéter trop fort, sinon je vais me faire taper sur les doigts.

Par Stéphane

I/ Le magnifique et volumineux ouvrage sur Little Nemo, respectant le format original de publication, et paru à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du Héros au U.S.A, est en cours de traduction pour le compte des éditions Delcourt. A paraître dans l'année.

II/Comic Cue, l'une des revues phares de la scène manga indépendante au Japon, paraîtra en version française à partir du mois de mai chez Kana (Dargaud). Un bien curieux mélange, cette association entre un leader du manga underground et un leader du grand public français, mais une délicieuse nouvelle pour tous amateurs d’images dérisoires différentes.

 
Offre spéciale !
 

Les ray-ban de Buck Danny

Les ray-ban de Buck Danny

Vidéo envoyée par aaapoum

Je peux plus les voir à la boutique ! Elles encombrent !

C'est dommage car il ya bien quelqu'un à qui elles feraient plaisir.

Aussi j'ai décidé que le premier client qui passerait en caisse en disant "Vive les faces-de-citron ! A bas l'impérialisme occidental !" pourrait repartir avec cette magnifique paire de Ray-Ban ayant appartenue à Buck Danny !

Le boitier porte quelques marques... Mais c'est fatal après plus de 50 ans d'aventures trépidantes.

 
Thorgal : un héros adultère
 

« Tu m’ennuies Thorgal »

Syriane, première case de La cage.

Par Vlad

Thorgal Aegirsson… Son histoire n’a pas disparu de toutes les mémoires. Ce récit est à ce point constitué d’emprunts divers et pétri de mythologie qu’il a fini par faire corps avec cette dernière.

Pour les lecteurs de ma génération et sans doute de la précédente, Thorgal, c’était la saga ultime. Dans les temps anciens les vieux avaient la Bible, les cours d’éducation latine et Georges Dumézil. Nous, à l’ère Giscardo-Mittérandienne on avait Thorgal. Ce type avait trop la classe. Il était super balaise avec une épée et à l’arc, sans avoir les deltoïdes boursouflés de Schwarzy. Toutes les meufs, TOUTES, étaient amoureuses de lui.

D’ailleurs c’est une fille, Shaniah, qui le souligne la première, dans le tome 5, Au-delà des ombres, où il réussit à revenir des Enfers ET à sauver son épouse (pas comme cette tapette d’Orphée) : «Décidément, la vraie chance des héros, c’est de plaire aux femmes, mortelles ou non».

La saga de Thorgal s’achève avec le tome 23, paru en novembre 1997 : le définitif La cage. Ce qui a été publié après en utilisant la renommée de la série n’est qu’usurpation. C’est comme le Dylan d’après l’accident de moto de 1966, ce n’est pas le même, il a été remplacé.

Je m’explique.

Indépendamment des péripéties narrées avec maestria par Van Hamme et Rosinski, il y a une autre histoire qui est racontée derrière les apparences. Une histoire qui trouvait son aboutissement dans La cage et qui, artistiquement, n’admettait pas de suite.

Thorgal, c’est l’histoire d’un homme partagé entre deux destinées, entre deux femmes, entre deux modes de vie. Une fois que c’est formulé, c’est évident. 

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La blonde et la brune.

La blonde Aaricia est vouée par les dieux (particulièrement par la déesse Frigg) à être la compagne de Thorgal (tome 7, p.32). Elle est l’épouse idéale. Elle est celle que Thorgal doit protéger, celle qui lui prépare ses repas et qui s’occupe des enfants. D’ailleurs ses rivales, les femmes qui convoitent Thorgal (et le lecteur sait à quel point elles sont nombreuses !) en donnent une caricature assez significative. Quelques exemples croustillants :

Shaniah (s’adressant à Thorgal dans le tome 4) :« Je te propose l’aventure et tu préfères rester accroupi à japper comme un chien battu aux pieds d’une bonne femme qui parvient tout juste à traîner son gros ventre entre la cuisine et son lit !»

Kriss de Valnor (dans le tome 11) :« Elle n’avait qu’à rester sur son île à tourner dans ses marmites. C’est tout ce à quoi elle est bonne d’ailleurs. »

Kriss encore (s’adressant à Thorgal dans le  tome 19) :« La vérité Thorgal de mon cœur, c’est que tu en avais assez de ta marmaille, de ton lit bien douillet et de ta marmite sur le feu tous les soirs. »

Les auteurs ne faisant rien pour démentir ou rectifier l’image de marque que lui collent ses détractrices, Aaricia passe effectivement le plus clair de son temps à fournicoter dans sa cuisine. Bien.

Et le beau Thorgal, qui fait mine de s’épanouir dans une vie de couple rangée, qui se rêve en bon père de famille, ça ne vous dérange pas un peu qu’il trouve toujours un moyen de se barrer pour des prétextes futiles ? Et surtout… Avez-vous remarqué qu’il n’était pas là à la naissance de son fils Jolan ? Et à la naissance de Louve ? Pas là non plus ! Généralement il en faut moins que ça pour que l’opinion publique ne vous range à jamais dans la catégorie des mauvais pères / mauvais époux !Mais peut-on vraiment blâmer Thorgal ? Il est vrai qu’il y a d’autres attraits que la paix de l’âtre dans le vaste monde…

Il y a notamment la brune Kriss de Valnor. Mademoiselle de Valnor est sans conteste le personnage féminin le plus attirant de la série. Celle qui capte l’attention sexuelle du jeune lecteur mâle… Il me semble que je suis d’ailleurs un témoin privilégié : en 1985, lorsqu’est paru Les Archers, j’avais 12 ans. Elle est jeune, belle, intelligente quoique cupide. Elle est la seule qui se place en égale de la gent masculine et non en vassale. Elle est surtout la femme dont on nous promet la nudité depuis fort longtemps, pour attiser notre désir et, par transitivité, renouveler notre intérêt pour la série.

En 1985, donc, dans le tome 9, page 20, on a pu voir sa poitrine. En 1986, dans le tome 11, son postérieur galbé nous a été donné à voir (p. 30). Il aura fallu attendre 1993 et le nu intégral des pages 5,6 et 7 du tome 19, pour entrevoir sa toison diabolique. Le plus long strip-tease qu’il m’ait été donné de regarder ! Huit ans. Huit ans pour que la forteresse invisible ne le soit plus.

Thorgal en perd d’ailleurs lui aussi la tête. C’est dans cet épisode qu’il S’ARRANGE pour perdre la mémoire.

Et oui !

Vous le feriez-vous ? Demander aux dieux de perdre la mémoire sous le prétexte TORDU de protéger sa chère famille ? Alors que la seule personne qui est à proximité est une garce absolue parfaitement dépourvue de scrupules qui en veut à votre corps et à votre aura ? Okay… D’accord, je vois ce que vous pensez… Peut-être que vous le feriez, mais ne me faîtes pas croire que c’est pour le bien de votre chère épouse et de vos enfants, à l’autre bout du monde !!! Et voilà toute l’affaire : coincé entre son idéal conformiste et ses pulsions sexuelles de plus en plus incontrôlables, Thorgal a trouvé. Il lui a fallu du temps et moult aventures, mais il a trouvé l’unique moyen d’assouvir son désir sans avoir de scrupules ni problèmes de conscience. S’en remettant entre les mains de Mademoiselle de Valnor tout en s’offrant le luxe d’oublier les liens qui le rattachent à son passé, à ses engagements, à son rôle de héros… Il entrevoit un instant le bonheur.

Ce faisant il réalise un double fantasme du lecteur : d’une part, évidemment, faire l’amour avec Kriss, d’autre part dans la même perspective mais plus largement, mettre en pratique toutes ses capacités sans cette retenue frustrante, issue d’une morale dépassée : enfin Thorgal (sous le nom de Shaïgan) va piller, tuer, faire peur, et foutre sur la gueule de tous les minables à qui il épargnait la vie précédemment ! Ça ne dure pas plus de trois albums, mais qu’est-ce que c’est bon !

En plus on peut assister à partir du tome 20 à l’accomplissement du rôle de victime d’Aaricia : bannie, abandonnée dans la neige, tondue, marquée au fer rouge, fouettée, humiliée par sa pire rivale… Ahhh ! Mais ces développements mériteraient une autre notule !

Comme la morale et le bien doivent finalement triompher, on assiste dans le tome 22 à la recouvrance de la mémoire du héros. Il se rend compte de ce qu’il a fait, ça lui permet de prendre de belles pauses douloureuses au clair de lune devant l’océan agité. Ses forfaits accomplis il va retourner chez lui, la nourriture est quand même meilleure, et puis ses enfants sont là-bas. Et la transmission du patrimoine c’est important. De toute façon les maîtresses de cadres-supérieurs vous le confirmeront : ils finissent toujours par retourner chez bobonne : dans LA CAGE, symbole évident de ce que symbolise le mariage pour les auteurs.

Alors elle a mille fois raison, Aaricia, de tenter de culpabiliser un peu son bonhomme dans cet album magistral (tome 23) où pour la première fois depuis qu’elle est gamine (exceptions faites de quelques micro-événements dans le pays Qâ) elle prend des initiatives ! La boucle est bouclée. Il est revenu comme la chatte dans La femme du boulanger. Le cycle sous-jacent est arrivé à son terme.

Quel sens ça a de continuer la série ? Je mentirais si je disais que je n’ai pas lu certains des volumes qui sont parus depuis. Par respect pour des auteurs que j’ai adulés malgré leur indécrottable sexisme, je préfère considérer qu’ils n’existent pas.

Lire Thorgal au-delà du tome 23, c’est insulter Van Hamme et Rosinski. Ce n’est pas moi qui suis irrespectueux… Bien au contraire. Il vaut mieux imprimer la légende.

On me dit que Kriss est revenue, et même qu’elle est morte… Je n’écoute pas… Ils m’ont déjà fait le coup de Kriss vieillie une fois, je ne marche plus.

M’ENFIN !!! Aaricia, tu es une princesse viking, merde ! UNE PRINCESSE VIKING ! Pourquoi tu t’es fourvoyée avec ce lâche qui n’assume pas ses choix ? Avec ton tempérament, si tu m’avais choisi on aurait pu faire de grandes choses, nous aurions régné sur les océans, nos noms auraient été murmurés avec admiration et crainte sur tous les continents ! Aaricia, pourquoi as-tu choisi ce lourdaud ? Tu n’étais pas faite pour les marmites ! D’ailleurs je ne suis pas plus moche que lui… Surtout que ça fait un moment qu’il est mal dessiné…

Lire aussi dans nos colonnes La fin justifie le moyen à propos du tome 29.

 
Mad et Gloria
 

Et si j'étais Jane Birkin ?

par Vlad

Lorsque l'on est libraire on dispose d'un horizon de lectures illimité ; lorsque l'on est libraire dans le cinquième, on peut, pour peu qu'on ait un peu d'entregent, lire tout ce que l'on souhaite quasiment au moment où on le souhaite. Dans ce cas la liberté ne consisterait-elle pas à choisir de s'immerger dans  ce que l'on aurait a priori aucune raison de lire ?

C'est précisément ce qui m'a conduit aujourd'hui à ouvrir "Mad et Gloria : Le mystère de la patinoire". Un truc qui normalement n'aurait dû se produire que si j'étais né au milieu des années quarante de l'autre côté de la Manche... Un bouquin pour Jane Birkin ou David Bowie, rien que ça.Edité par Dargaud en 1958 dans la collection "Line", il s'agit de la reprise en album des épisodes parus publiés dans la revue du même nom (Line, "le journal des chic filles") depuis 1955.

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Mad et Gloria, curieuse traduction de la série anglaise Wendy and Jinx dessinée par R. Bailey sur des histoires de Valerie Hastings. Comme vous pouvez vous en douter nous avons affaire à des histoires théoriquement destinées à un public purement féminin.

C'est apparemment au début des années cinquante que les éditeurs anglais pensent à segmenter leur lectorat par sexe, inventant ainsi en quelque sorte le shojo manga britannique en quadrichromie.  La couleur y tient effectivement un rôle de premier plan et est particulièrement soignée. On comprend à contempler les magnifiques grandes cases qui ouvrent chaque épisode que les éditeurs aient  choisi  Mad et Gloria pour la première page de Line.

Mad et Gloria, deux collégiennes britanniques, au comportement mature et appliqué, au corps élancé et sportif, l'une brune piquante, l'autre blonde diaphane. Leur esprit est vif et concentré sur des énigmes d'importance : qui est la mystérieuse correspondante de Dorothée ? Qui a oublié de fermer le robinet du gymnase ? Qui cherche à causer du tort à la jolie monitrice de la patinoire ? Qui a saboté les cables de la bicyclette ?

L'histoire n'a guère d'attrait sans être réellement ennuyeuse. C'est visuellement que la série a de l'impact. Néanmoins, il est quasiment certain que l'intérêt que j'ai trouvé à la lecture de cette enquête est bien différent de celui que pouvait éprouver Jane Birkin.

En revanche on peut pronostiquer sans risques qu'il se rapproche de celui qui s'éveilla en Serge Gainsbourg lorsqu'il découvrit la jeune anglaise. C'est ce qu'il exprime par "Gainsbourg et son Gainsborough" dans 69, année érotique : le trouble sexuel et le trouble artistique étroitement imbriqués.  Qui de nos jours pourrait dessiner des jeunes filles d'une innocence lucide aussi compacte ? Quel lecteur pourrait d'ailleurs y croire ? Les modèles de la féminité ont bien évolués et leur sensualité est plus arrogante.

Cette mise en situation qui consiste à choisir en dehors de ses prédilections pour élargir son champ de liberté ("imaginons que j'ai été Jane Birkin") me rappelle une autre situation de lecture contrainte il y a plus de 20 ans qui présente de troublantes similitudes avec l'expérience d'aujourd'hui...

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J'étais en vacances chez des amis de mes parents au coeur de la Castille torride. Dans la grande maison pleine de fantômes il n'y avait guère de livres en français excepté quelques Alice de la bibliothèque verte (encore un truc de 1955 !).

Je me souviens avoir ouvert ces livres avec un air dubitatif et d'avoir été happé, frémissant d'être initié aux mystères de Vénus que je devinais touffus, bien que leur intérêt essentiel m'échappât encore.Mon dieu... qu'est-ce que je vais lire demain ? ... Bigre, je ne vois que Sky Doll 3 bis ou Golden City...