Publications dans Patrimoine
Garth : le vagabond du temps
 

Un peu de science-fiction britannique

Les descendants d'extra-terrestres sont nombreux par ici. En Angleterre y'en a aussi. Garth est l'un d'eux. Cousin de coupe de cheveux de Luc Orient et Bruno Brazil, ce grand gaillard blond tient plus par ses origines de notre ami Superman. Il est  très fort, doué pour le combat et doté d'un solide sens pratique. Qualités utiles de tous temps. Ce qui tombe bien car Garth est atteint d'instabilité temporelle. Pour peu qu'il s'endorme, qu'on lui tape sur le crâne, hop, il se promène à travers le temps et l'espace. Sa conscience s'incarne dans d'autres existences, un peu comme dans cette série TV étrange, Code Quantum, sauf que Garth conserve son apparence et sa prestance. Il porte aussi bien le sous-pull lycra que l'armure de plates ou la chemise à jabot. Indépendament de ses escapades temporelles Garth ne rechigne pas à quelques aventures galactiques qui varient les plaisirs et les costumes.

Ses aventures parurent de manière quotidienne dans le Daily mirror. La première fois c'était en 1943 sous la plume de Steve Dowling. Dans les années 70 il fut repris par Frank Bellamy et Martin Asbury.

Disparu en 1976 Frank Bellamy est un grand nom de la bande dessinée anglaise qui avait aussi repris Dan Dare à la suite de son créateur, Frank Hampson. Les étroits strips quotidiens ne peuvent rendre totalement justice à son style élégant, mêlant dynamisme et réalisme, exploitant intelligemment la puissance  d'attraction des zones d'ombres. Néanmoins, le rythme soutenu de parution et la contrainte de l'espace qui limite les changements de cadre obligent Bellamy a soigner les contrastes et le découpage et stimulent son inventivité. Après la mort de Bellamy, Martin Asbury reprend le flambeau, avec la même recette mais dans un graphisme plus contemporain de son époque.

Chers lecteurs, chers clients, vous pourrez désormais découvrir ces perles de la culture populaire d'outre-manche dans nos échoppes.

En effet, à la fin des seventies, un audacieux nommé Pierre Charles se lança dans l'édition. Il publia trois tomes des aventures de Garth avant de réorienter  ses efforts vers la cinéphilie (Ciné Zine Zone). Si Pierre Charles a rejoint les astres (2003), les beaux livres qu'il avait confectionnés sont en partie restés sur terre avec comme objectif de reconquérir le monde. Ils ont élu Aaapoum Bapoum comme base d'opérations.

Ainsi vous trouverez chez nous:Garth : La guerre des Galaxies.

Ce volume contient 2 aventures. Dans Le démon dans la sphère (dessins de Bellamy) Garth est enlevé par un alien nabot sociopathe et chauve qui est prêt à faire cramer la terre. La Guerre des galaxies (dessins de Asbury) voit notre héros s'immiscer dans un conflit galactique dont le responsable est l'ignoble Volkan et son armée de robots.

Garth : Le gouffre dans l'espace.

Ce volume, sous une couverture qui évoque le travail de Frazetta pour Le Guerrier de Mars, contient lui aussi deux aventures. La première, La dame espagnole (Bellamy) voit Garth, corsaire de la reine Elisabeth aux côtés de Francis Drake, tomber amoureux d'une belle castillane. Une émouvante tragédie. Dans la seconde histoire, Voyage into time, Le Gouffre dans l'espace (Asbury), Garth est carrément aspiré par un trou noir. Résultat, les époques se mélangent dans un monde miroir.

Garth : Le grand massacre.

La couverture de cet opus est signée Michel Blanc-Dumont.  Ce recueil contient effectivement 2 histoires western de notre turbulent ami, dessinées par Bellamy. Dans la première il endosse la panoplie romantique de l'officier sudiste homme d'honneur que la défaite de Lee a jeté sur les routes de l'Ouest. Ici il joue les chaperons pour une troupe de prostituées optimistes. La seconde aventure, Le grand massacre,  nous montre un Garth essayant d'empêcher la bataille de Little Big Horn. Amant d'une belle indienne, il cherche a arrêter la spirale de la violence avec l'insuccès que l'on sait. Encore une belle romance dramatique.

Il faut préciser que chacun de ces beaux livres, de grand format (24 x 32cm), est broché avec soin et bien imprimé, avec des aplats noirs bien noirs. De plus pour les amateurs des années Métal Hurlant, les deux premiers contiennent chacun une histoire du regretté Jean-Claude Gal, l'orfèvre du noir et blanc, le James Dean de l'heroïc fantasy ! Il signe aussi la couverture du premier tome.

Ces ouvrages ont dû avoir un tirage ne dépassant pas les 3000 exemplaires et auront bientôt 30 ans. Jusqu'à présent et en dehors de nos échoppes ils ne sont trouvables que difficilement, ce qui justifie leur cote BDM de 12 euros chacun, ce qui est bien en dessous de ce qu'on pouvait trouver çà et là sur le net. Et bien chez nous vous pourrez vous procurer  les trois tomes réunis sous un magnifique blister aaapoumien au prix incroyable de 3 euros ! Oui les TROIS GARTH POUR 3 € !

 
Décalcomanix : Dick Matena
 

Knut le viking

Dick Matena est un auteur hollandais né en 1943 qui a eu son petit succès il y a 30 ans. Pour faire vite, il a collaboré à Métal Hurlant et a signé certains scénarii de la série Storm, que les amateurs de péplums galactiques connaissent bien. J'ai découvert il y a peu qu'avant de développer son trait réaliste synthétique, sorte de Berthet des ténèbres mâtiné de Montellier, le jeune Dick avait donné dans l'uderzite.La toute première fois qu'il dessine une histoire de son cru, il invente les aventures d'une communauté viking. Un petit village côtier, des indigènes forts en gueule, un sorcier, un apprenti barde, des armées traîtresses les entourant et complotant contre eux... Knut le Viking est né (1973) et tout nous paraît étrangement famillier.

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A travers la fascination du jeune Dick pour Uderzo c'est notre propre imprégnation qui s'étale le long de ces planches. Que nous soyons corses ou hollandais, depuis notre plus jeune âge nous avons respiré Uderzo. La grammaire des gestes qu'il a mise en place a durablement marqué notre inconscient visuel.  Les démarches et les expressions qu'Uderzo a créés ont influencé notre façon de voir nos congénères.

Tel père tel fils s'intitule ce premier et unique épisode, aveu évident d'une filiation surprenante, mais assumée. Elle serait difficile à nier, il y a même des sangliers !

Ce n'est certainement pas une lecture indispensable, mais il est intéressant de voir comment un style se décline. Matena pratique le Uderzo deuxième période (disons de Astérix le Gaulois à Chez les Goths), mais en le baroquisant un chouia. Il ne peut s'empêcher d'ajouter quelque fioritures et détails et n'arrive pas à atteindre la lisibilité de son modèle. Ici les plans ont tendanceà se mêler ce qui rend la lecture plus laborieuse. Un défaut que le Hollandais saura corriger dans la suite de sa carrière (certaines de ses planches ultérieures paraîssent même parfois un peu vides).

Knut le viking fut édité en France en 1980 par les éditions du Triton, sous la responsabilité de Fershid Bharucha, toujours lui.

 
Cleet Boris
 

"Tintin au pays du spleen..."

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A l'occasion de la sortie de son nouvel album, Cleet Boris, Hubert Mounier à la ville, est interviewé ici. Très bonne interview, qui donne l'occasion de repasser le film de sa carrière, entre musique et bande dessinée, Ligne claire et Tcha tcha tcha.

Chez Aaapoum, on adore, l'occasion de rappeler que nous avons, pour ceux qui en cherchent, quelques uns de ses livres désormais introuvables, notamment le Temple de la paix de la collection Atomium. Surtout bon réveillon à tous.

addendum récent: A noter la présence fréquente en rayon de la maison de pain d'épices, narrant sa vie avec tendresse et honnêteté.

 
Revue de presse : artpress 340
 

Circuits de légitimation

Un portrait de Aline Kaminsky par son compagnon, Robert Crumb, orne la couverture du artpress du mois de décembre. Un entretien avec le maître de la hachure sauve en effet un indigent dossier BD dans la revue de l'art contemporain...

Il est amusant de comparer ses propos sur le marché de l'art avec ceux de Philippe Druillet qui lui fait suite.

Crumb : "Le but de mon art, c'est la chose imprimée. Pas la planche originale.  (...) ça ne m'excite pas vraiment d'exposer et tout ça."

Druillet : "Nous nous sommes battus pendant trente ou quarante ans pour arriver au marché de l'art et aux salles de vente."

artpress n°340, décembre 2007, 6,40€

 
Giraud et la peinture de l'Ouest américain
 

Avis aux amateurs de radio et de westerns

Dimanche après-midi, sur France Culture, l'émission Tout un monde était consacrée à l'exposition "La mythologie de l'Ouest dans l'art américain" au musée des Beaux-arts de Rouen (jusqu'au 10 janvier 2008). A ce propos la parole y est largement donnée à Jean Giraud, qui s'exprime sur son admiration pour les peintres Catlin, Remington et Russell...

Il vous reste un petit mois pour écouter l'émission sur le site de France Culture  et quelques jours pour la podcaster...

 
Victor De la Fuente (2)
 

Un peu d'archéologie

Il y a peu j'évoquais Victor de la Fuente... Parfaite coïncidence, quelques jours plus tard me tombe entre les mains une vieille revue (Athanor n°1 mensuel, décembre 1977) contenant un court entretien avec ce maître espagnol. Je me jette dessus, car les documents le concernant sont rares et je constate avec un certain amusement que l'entretien est réalisé par un jeune Mourad Boudjellal (vous savez celui de Soleil et du Rugby club toulonnais). Boudjellal est en effet le rédacteur en chef de ce fanzine de qualité dont je ne sais pas s'il a donné lieu à d'autres numéros.

Dans de ce trop court entretien, on apprend notamment que Mathai-dor aurait été orienté pour plaire au régime franquiste, pour compenser des Haxtur qui était susceptibles de l'avoir froissé... Va falloir les relire éclairés ainsi. On y voit aussi que De la Fuente a toujours eu beaucoup de mal a se faire payer convenablement. Ainsi, interrogé sur sa participation à L'Histoire de France en BD (Larousse), il répond :

"Ah ça ! C'est une autre histoire. J'ai arrêté à cause des difficultés avec la maison d'édition. celle-ci ne respectait pas les huit pour cent de droit d'auteur que l'on donne généralement, mais au lieu de ça, nous donnait 1% à diviser en six personnes. C'est absurde et nous ne pouvions accepter, car c'est immoral et c'est un précédent très dangeureux pour tous les professionnels que d'accepter une chose de cette nature."

Egalement au sommaire de ce numéro d'Athanor, un article sur Pellos et la reproduction de quelques planches de son œuvre de science-fiction nommée Atomas, apparemment introuvable en dehors de sa publication en épisodes dans la revue Mon Journal en 1948...

 
Victor De la Fuente
 

Les maîtres du pinceau

A Aaapoum Serpente, un déballage massif de vieillesrevues de BD (3€, des vieux Fluide,Echo, Métal, A suivre…) m’a permis de me replonger dans l’évocation d’un amourde jeunesse.

C’est au détour de pages d’Okapi, hebdomadaire pour la jeunessede 8 à 12 ans édité par Bayard presse, que je suis tombé amoureux du trait deVictor de la Fuente. C’était Cœur de Fer, récit dans le style arthurien où ilfallait que le héros ait expédié une aventure à chaque planche.

De la Fuente est un maître du dessin réaliste et un dieu del’encrage au pinceau. Ses traits sont toujours précis sans jamais être figés.Les masses d’ombre sont parfaitement réparties pour sculpter la lumière. Lesombres ne sont pas chez lui un remplissage aléatoire et fastidieux, elles sontla matière même dont sont constituées les formes, les structures sur lesquellesles corps peuvent s’appuyer pour se mouvoir. Comme chez le Gillon de la belleépoque, les formes ne sont pas artificiellement détourées, elles émergent del’ombre.

Victor jubile à dessiner des rochers, des corps enmouvement, des chevaux. C’est un dessinateur de plans larges, de vuesd’ensemble. Cette manière de rester assez loin de ses personnages, alliée aucaractère réaliste du dessin, qui semble traiter les personnages comme desexcroissances du relief géographique, sefait bien souvent au détriment de l’émotion, mais est idoine pour dépeindre lamajesté de la nature ou pour entrer dans les détails tactiques d’une scèned’action.

Haggarth, publié en deux sessions (de mai à octobre 1978 et de juillet à décembre 1979) dans le toutjeune magazine (A suivre…), est sans doute le sommet de cet art. Hélas jamaisrepublié en album, du moins à ma connaissance (tiens, voilà un boulot pour leséditions Mosquito), cette histoire de fantasy, mêlant Jack Vance et Robert E.Howard est un joyau du noir et blanc.

L’histoire, prometteuse, souffre de développements inaboutis ou esquissés . L’impressionque De la Fuente se moque un peu de la trame est assez forte. Unehistoire dessinée par De la Fuente s’avère toujours plus plate que ce qu’ellelaissait présager au feuilletage. Les moyens qu’il met en marche paraissentsouvent disproportionnés en regard de ce qui semble être raconté. « Quoi,tout ce talent pour ça ? Cette inventivité du cadrage, cette richesse dela mise en page, ce travail magique sur les ombres… Tout ça pour cette petitehistoire qui s’arrête là où elle devrait commencer ? ». C’est quel’intérêt n’est pas dans l’histoire prise dans son ensemble, mais dans la péripétie,dans la cavalcade. Chaque scène vibre de la joie ludique du créateur qui vitchaque instant de ce qu’il dessine. S’il était général, Victor serait un piètrestratège mais un génial tacticien. Victor est chaque pierre, chaque pli devêtement, chaque ornement, chaque ride que caresse son pinceau. Il faitl’amour avec le papier et je vous conseille de partager son plaisir.

 
Hiroshi Hirata, le chantre du manga historique
 

Comme le magazine Chronicart n'en a pas voulu, et que sur leur site internet je ne sentais pas pas trop ce format, c'est pour le aaablog. Je profite de la sortie de l'Âme du Kyudo pour faire un portrait de Hiroshi Hirata. Après notre rencontre, à l'Hotel Mercure non loin de la librairie, j'ai vraiment eu la conviction que cet homme avait pour but d'offrir une autre vision de l'Histoire.

Hiroshi Hirata, c'est le mangaka à l'ancienne. Le type qui n'entre pas en bande dessinée par passion, mais parce qu'il faut bien ramener à souper sur la table et que cela paie mieux que plombier (son premier métier). Inévitablement, ses débuts convainquent peu. Ecrasé, comme tous les aspirants artistes de l’époque, par l'ombre portée d'Osamu Tezuka, Hirata cachetonne dans de piètres contrefaçons de récits pour enfants. Par bonheur, il renonce assez vite au genre et se lance dans l'adulte. Un style unique se forge alors, nourri d'un puissant trait de pinceau, guidé par un geste proche de celui de la calligraphie. Un tracé tout en énergie, d'une perfection dans sa course que seuls un apprentissage et de répétitions acharnées vont parfaire. Cette rigueur, à rapprocher de celle que le samouraï entretient avec son sabre, permet l'insensé : une imagerie minutieuse et détaillée, pourtant ardue à obtenir avec un outil de cette épaisseur et une exécution rapide. Cette esthétique, en plus d'attester d'une expertise redoutable, participe à construire sa réputation. Il faut dire que sa scénographie complexe s’attarde, dans les moments de maniérisme les plus poussés, jusque sur les brins de paille qui débordent d’une sandale. Quarante années se sont depuis écoulées et fortune n'est toujours pas faites. Néanmoins, son nom rayonne parmi ceux des maîtres, il est devenu le chantre du manga historique réaliste.

Cette distinction, cependant, il ne la doit pas qu’à sa performance plastique. Les décors, tuniques et bâtiments sont évidemment mis en valeur par leur exactitude historique, mais cette fidélité, en définitive, beaucoup d'artistes la revendiquent. L’originalité remarquable chez Hirata est à chercher dans le mot, dans le respect des codes sociaux et le discours sur les mœurs de l’époque. Ses samouraïs, eux, ne flamboient pas. Ils endurent, pathétiques. Chose très rare, Hirata brosse des castes de sauvages soumises à l'autorité là où les confrères s'égarent encore dans la fantasme d'un Japon médiéval romantique, habité de guerriers raffinés dont l'élégance n'a d'égale que l'éthique ou la virtuosité.

Une vision critique

La reconnaissance du public vient véritablement de cette approche peu commune, où l’Histoire sert une critique de l'exercice du pouvoir, de l'oppression et de l'abus de ceux qui gouvernent, aujourd'hui encore. Plus particulièrement, il dénonce l'incapacité de son peuple à remettre en cause l’autorité, sa soumission passive devant l’étiquette et les systèmes de caste. Son message est clair : rien n’est immuable. En fait, il s'insère dans cette critique du système féodal mise en place par le célèbre cinéaste Masaki Kobayashi, tout d’abord dans la trilogie La condition de l’homme, puis surtout dans son Harakiri (seppuku en v.o), grand prix du festival de Cannes en 1963, qui contait la révolte d’un samouraï puis sa vengeance. Lorsque vous évoquez cette dernière œuvre à Hirata, il s’enflamme. Lui, qui ne répond jamais ouvertement aux questions, qui refuse toute assimilation artistique au point de ne citer que des manuels scolaires comme sources d’inspiration, explose au son de nom Seppuku. « Je l’ai vu plein de fois, je l’ai adapté en manga… ». De toute évidence, le chef d’œuvre du plus rebelle des cinéastes japonais de l’après-guerre (et dont l’insoumission brûlera les ailes) a spécialement marqué l’apprenti mangaka. Il lui a ouvert une voie et donné une âme. De manga en manga, l’ancien prolétaire, qui s’excusait de la médiocrité de ses premiers dessins juste parce qu’il les savait produits à l’aide de crayons et de papier de mauvaise qualité, creuse désormais le sillon de la révolte. Et ses samouraïs, dépeints comme des guerriers esclaves et maîtres à la fois, deviennent les rouages clés d’un échafaudage hiérarchiques qu’ils peuvent abattre à tout instant. Dès lors, le geste héroïque n’est plus celui qui consiste à trancher en deux un alter ego surentraîné et armé jusqu’aux dents. Il devient le courage, pour ce gradé de haut rang, d’admettre sa condition d’esclave et de se révolter. "Mais alors, cette chose que vous appelez "Honneur du Samouraï" n'est finalement rien d'autre qu'une façade!" dénonçait le héros de Seppuku à un supérieur avant de le mettre en pièces lors d’un combat final. Evidemment, at-on envie de répondre à la lecture des  mangas d'Hirata.

Première partie d'une petite interview dans la suite, la fin sera postée avant la fin de la semaine.

Sur ces débuts : Avec ma mère et ma sœur à charge depuis la mort de mon père, je subsistais péniblement de mon métier de plombier. Jusqu’au jour où, rentrant du travail, je croise un ancien camarade d’école devenu dessinateur. Il me rappelle à quel point il appréciait mon dessin à l’époque, m’encourage à m’essayer au métier de dessinateur de bande dessinée en m’indiquant que, le manga devenant populaire, il y a de fortes chances que j’en vive mieux. Avec son soutien -il lui prêta les outils et le matériel nécessaire, présenta lui-même son travail à l’éditeur- je fus capable de commencer ma nouvelle carrière.

Sur ces premiers mangas :J’imitais comme tout le monde le style Osamu Tezuka. D’ailleurs, je n’avais aucune culture du media, à l’exception de quelques titres compulsés rapidement dans la salle d’attente du coiffeur. Je suivais les conseils de l’aîné (le sempai) qui m’avait introduit dans le milieu, lui aussi grand fan de Tezuka au point de porter comme son modèle un béret de travers. (voir le portrait ci-contre)

Sur ces influences : Comme mon soucis principal est le réalisme, je travaille le plus souvent avec des documents qui m’aident à approcher au plus prêt cette réalité. Je suis très bon client des libraires d’occasion (sourire intérieur de ma part), qui me guident précieusement dans mes recherches. D’ailleurs l’histoire de Satsuma, mon œuvre la plus connue (six volumes édités chez Delcourt), m’a été soufflée par l’un d’entre eux. En fait, dès que je dois aborder un nouveau titre, mon premier réflexe est de me diriger dans la région où va se dérouler l’action. Je m’installe alors dans les bibliothèques municipales et les librairies d’occasion pour compulser un maximum de documents historiques.

Sur son art : Souvent, l’on me fait des remarques sur mon dessin, notamment dès qu’il s’agit d’expliquer mes retards de livraison. Mais en fait, même si je dessine aujourd’hui moins vite qu’avant, ce n’est pas cette partie de la création qui me pose le plus de problème. Il m’est arrivé de dessiner plus de dix planches en une nuit. En revanche pour le scénario et le découpage, c’est bien plus ardu. Je dirais que 80% de mon temps de création est dévolu à l’écriture tandis que les 20% restant sont suffisant pour créer les images.

Sur son dessin :Pendant longtemps, la question a été de savoir si ce qui primait le plus dans l’acte du dessin était la qualité des outils ou la technique. Désormais je sais que ce n’est aucun des deux, c’est l’esprit.

Sur son message : Je ne suis pas un auteur à message, puisque cela m’obligerait à tronquer la réalité. En revanche, je choisi des sujets et des évènements historiques qui s’attachent à dépeindre la relation au pouvoir, qui questionnent les choix de nos dirigeants. Pensez-vous  que ces histoires du passé puissent susciter ce questionnement par rapport aux dirigeants d’aujourd’hui ? Oui, tout à fait.

Liens : l'interview copieuse et documentée de Julien bastide sur l'excellent site Du9

 
Le coup du bol
 

Collectionnite, encore une fois

Il me faut aujourd'hui rendre hommage à Pierre E., qui bien qu'il n'achète plus rien chez nous ou presque, aime toujours venir discuter et boire un Perrier dans notre échoppe de la rue Dante.

Grâce à lui j'ai découvert qu'il y avait eu une réédition en 1987 du Bol maudit de Bilal avec des couleurs différentes de l'EO de 1982...

Les spécialistes ne manqueront pas de préciser que le Bol maudit de 1982 n'est lui-même qu'une réédition augmentée de L'Appel des étoiles (Ed. Minoustchine, 1975 et 1977).

 
Concours d'encrage
 

Ferez-vous mieux que Vince Colletta, l'encreur de Jack Kirby ?

Thor Pencils

Originally uploaded by Ape Lad

Bah oui. Ca critique à mort sur le aaablog. Y'en a qui osent dire qu'ils colorient comme des cochons les stagiaires non payés de Panini Comics. Mais qui ferait mieux ici ?

Alors je lance ce défi au vilain mécréant qui osa, à deux reprises, s'attaquer aux difficiles tentatives de rénover à moindre frais le patrimoine américain. Voilà un concours lancé sur Flickr il y a quelques jours.

Les premiers ont déjà postés leur travail.

Alors pourquoi pas vous? Bah oui, pourquoi pas toi ?