Publications dans Cinéma
Aux armes !
 

Nouvelle catégorie néo-marxiste

Notre cher collègue Stéphane, le Tarantino de la rue Dante, se révèle sous son jour le plus prolétaro-chavezien, en qualifiant Tony Stark (le milliardaire marchand d'armes inventeur d'Iron Man dans l'univers Marvel) de "pourriture aristocrate capitaliste"  dans son commentaire de la bande-annonce du film Iron Man sur le site de Première.

 
Hiroshi Hirata, le chantre du manga historique
 

Comme le magazine Chronicart n'en a pas voulu, et que sur leur site internet je ne sentais pas pas trop ce format, c'est pour le aaablog. Je profite de la sortie de l'Âme du Kyudo pour faire un portrait de Hiroshi Hirata. Après notre rencontre, à l'Hotel Mercure non loin de la librairie, j'ai vraiment eu la conviction que cet homme avait pour but d'offrir une autre vision de l'Histoire.

Hiroshi Hirata, c'est le mangaka à l'ancienne. Le type qui n'entre pas en bande dessinée par passion, mais parce qu'il faut bien ramener à souper sur la table et que cela paie mieux que plombier (son premier métier). Inévitablement, ses débuts convainquent peu. Ecrasé, comme tous les aspirants artistes de l’époque, par l'ombre portée d'Osamu Tezuka, Hirata cachetonne dans de piètres contrefaçons de récits pour enfants. Par bonheur, il renonce assez vite au genre et se lance dans l'adulte. Un style unique se forge alors, nourri d'un puissant trait de pinceau, guidé par un geste proche de celui de la calligraphie. Un tracé tout en énergie, d'une perfection dans sa course que seuls un apprentissage et de répétitions acharnées vont parfaire. Cette rigueur, à rapprocher de celle que le samouraï entretient avec son sabre, permet l'insensé : une imagerie minutieuse et détaillée, pourtant ardue à obtenir avec un outil de cette épaisseur et une exécution rapide. Cette esthétique, en plus d'attester d'une expertise redoutable, participe à construire sa réputation. Il faut dire que sa scénographie complexe s’attarde, dans les moments de maniérisme les plus poussés, jusque sur les brins de paille qui débordent d’une sandale. Quarante années se sont depuis écoulées et fortune n'est toujours pas faites. Néanmoins, son nom rayonne parmi ceux des maîtres, il est devenu le chantre du manga historique réaliste.

Cette distinction, cependant, il ne la doit pas qu’à sa performance plastique. Les décors, tuniques et bâtiments sont évidemment mis en valeur par leur exactitude historique, mais cette fidélité, en définitive, beaucoup d'artistes la revendiquent. L’originalité remarquable chez Hirata est à chercher dans le mot, dans le respect des codes sociaux et le discours sur les mœurs de l’époque. Ses samouraïs, eux, ne flamboient pas. Ils endurent, pathétiques. Chose très rare, Hirata brosse des castes de sauvages soumises à l'autorité là où les confrères s'égarent encore dans la fantasme d'un Japon médiéval romantique, habité de guerriers raffinés dont l'élégance n'a d'égale que l'éthique ou la virtuosité.

Une vision critique

La reconnaissance du public vient véritablement de cette approche peu commune, où l’Histoire sert une critique de l'exercice du pouvoir, de l'oppression et de l'abus de ceux qui gouvernent, aujourd'hui encore. Plus particulièrement, il dénonce l'incapacité de son peuple à remettre en cause l’autorité, sa soumission passive devant l’étiquette et les systèmes de caste. Son message est clair : rien n’est immuable. En fait, il s'insère dans cette critique du système féodal mise en place par le célèbre cinéaste Masaki Kobayashi, tout d’abord dans la trilogie La condition de l’homme, puis surtout dans son Harakiri (seppuku en v.o), grand prix du festival de Cannes en 1963, qui contait la révolte d’un samouraï puis sa vengeance. Lorsque vous évoquez cette dernière œuvre à Hirata, il s’enflamme. Lui, qui ne répond jamais ouvertement aux questions, qui refuse toute assimilation artistique au point de ne citer que des manuels scolaires comme sources d’inspiration, explose au son de nom Seppuku. « Je l’ai vu plein de fois, je l’ai adapté en manga… ». De toute évidence, le chef d’œuvre du plus rebelle des cinéastes japonais de l’après-guerre (et dont l’insoumission brûlera les ailes) a spécialement marqué l’apprenti mangaka. Il lui a ouvert une voie et donné une âme. De manga en manga, l’ancien prolétaire, qui s’excusait de la médiocrité de ses premiers dessins juste parce qu’il les savait produits à l’aide de crayons et de papier de mauvaise qualité, creuse désormais le sillon de la révolte. Et ses samouraïs, dépeints comme des guerriers esclaves et maîtres à la fois, deviennent les rouages clés d’un échafaudage hiérarchiques qu’ils peuvent abattre à tout instant. Dès lors, le geste héroïque n’est plus celui qui consiste à trancher en deux un alter ego surentraîné et armé jusqu’aux dents. Il devient le courage, pour ce gradé de haut rang, d’admettre sa condition d’esclave et de se révolter. "Mais alors, cette chose que vous appelez "Honneur du Samouraï" n'est finalement rien d'autre qu'une façade!" dénonçait le héros de Seppuku à un supérieur avant de le mettre en pièces lors d’un combat final. Evidemment, at-on envie de répondre à la lecture des  mangas d'Hirata.

Première partie d'une petite interview dans la suite, la fin sera postée avant la fin de la semaine.

Sur ces débuts : Avec ma mère et ma sœur à charge depuis la mort de mon père, je subsistais péniblement de mon métier de plombier. Jusqu’au jour où, rentrant du travail, je croise un ancien camarade d’école devenu dessinateur. Il me rappelle à quel point il appréciait mon dessin à l’époque, m’encourage à m’essayer au métier de dessinateur de bande dessinée en m’indiquant que, le manga devenant populaire, il y a de fortes chances que j’en vive mieux. Avec son soutien -il lui prêta les outils et le matériel nécessaire, présenta lui-même son travail à l’éditeur- je fus capable de commencer ma nouvelle carrière.

Sur ces premiers mangas :J’imitais comme tout le monde le style Osamu Tezuka. D’ailleurs, je n’avais aucune culture du media, à l’exception de quelques titres compulsés rapidement dans la salle d’attente du coiffeur. Je suivais les conseils de l’aîné (le sempai) qui m’avait introduit dans le milieu, lui aussi grand fan de Tezuka au point de porter comme son modèle un béret de travers. (voir le portrait ci-contre)

Sur ces influences : Comme mon soucis principal est le réalisme, je travaille le plus souvent avec des documents qui m’aident à approcher au plus prêt cette réalité. Je suis très bon client des libraires d’occasion (sourire intérieur de ma part), qui me guident précieusement dans mes recherches. D’ailleurs l’histoire de Satsuma, mon œuvre la plus connue (six volumes édités chez Delcourt), m’a été soufflée par l’un d’entre eux. En fait, dès que je dois aborder un nouveau titre, mon premier réflexe est de me diriger dans la région où va se dérouler l’action. Je m’installe alors dans les bibliothèques municipales et les librairies d’occasion pour compulser un maximum de documents historiques.

Sur son art : Souvent, l’on me fait des remarques sur mon dessin, notamment dès qu’il s’agit d’expliquer mes retards de livraison. Mais en fait, même si je dessine aujourd’hui moins vite qu’avant, ce n’est pas cette partie de la création qui me pose le plus de problème. Il m’est arrivé de dessiner plus de dix planches en une nuit. En revanche pour le scénario et le découpage, c’est bien plus ardu. Je dirais que 80% de mon temps de création est dévolu à l’écriture tandis que les 20% restant sont suffisant pour créer les images.

Sur son dessin :Pendant longtemps, la question a été de savoir si ce qui primait le plus dans l’acte du dessin était la qualité des outils ou la technique. Désormais je sais que ce n’est aucun des deux, c’est l’esprit.

Sur son message : Je ne suis pas un auteur à message, puisque cela m’obligerait à tronquer la réalité. En revanche, je choisi des sujets et des évènements historiques qui s’attachent à dépeindre la relation au pouvoir, qui questionnent les choix de nos dirigeants. Pensez-vous  que ces histoires du passé puissent susciter ce questionnement par rapport aux dirigeants d’aujourd’hui ? Oui, tout à fait.

Liens : l'interview copieuse et documentée de Julien bastide sur l'excellent site Du9

 
Amer Béton bientôt disponible
 

Une bonne nouvelle pour les 174 personnes nous ayant demandé de les prévenir si jamais on récupérait les trois tomes d'Amer Béton,  depuis longtemps indisponibles chez Tonkam :  la fameuse et très bonne série de Taiyô Matsumoto va enfin être rééditée  à l'occasion de la sortie de l'animé sur nos écrans (le 2 mai).

Cette fois-ci l'histoire sera présentée en un seul volume cartonné, vendu 27,50€, à paraître le 25 avril.

Où vont le monde de la bibliophilie et le métier de libraire d'ancien, s'ils rééditent à tour de bras, ces cochons ? Que ceux qui chercheront encore les éditions originales  n'hésitent pas à se manifester.

 
Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 3
 

L'oncle d'Irlande

Décidément, des nouvelles déclinaisons se dévoilent chaque mois à mes yeux et viennent enrichir notre corpus d'étude. Ma dernière trouvaille se trouve dans le tout à fait honnête et bien mené  polar d'Arnaud Guillois : L'Irlandais, histoire complète publiée en trois volumes chez Carabas entre 2004 et 2006.

L'auteur ne recherche pas dans ces pages une ressemblance parfaite, mais bien une évocation du personnage eastwoodien pour incarner l'oncle du narrateur.  Oncle Harry (un  prénom  qui n'est pas innocent) est donc la figure paternelle et salvatrice, le deus ex machina qui vous arrange les bidons quand ça va mal. Un ancien de l'IRA exhilé, reconverti en patron de bar... 

Personnage apparemment périphérique au premier abord, il se revèlera  de premier plan. Il est introduit ainsi par la voix-off du héros : "J'adore mon oncle. Son franc-parler. Ses gestes. Sa gueule d'acteur américain".

Citation bien appuyée pour convaincre ceux qui pensent que je suis dérangé à voir des eastwoods partout !

 
récurrence de la figure eastwoodienne : annexe 1
 

Cette note fait suite à notre précédent panorama.

Black is beautiful

par Vlad

Dans les années 80 les préjugés courants dans notre beau pays faisaient de Eastwood un facho raciste. Dans ce contexte, les quelques centaines de lecteurs qui en 1980 mirent la main sur l’album broché Sabre aux éditions Déesse ont dû sacrément halluciner. Même aujourd’hui l’effet produit est stupéfiant !

Pensez-donc : un Clint Eastwood noir dans une histoire d’apocalypse fantasy...  Sabre est une série courte écrite par Don McGregor et dessinée par Paul Gulacy. Gulacy est bien connu de nos clients parce qu’un certain nombre  de ses oeuvres sont passées par chez nous en solde (en vrac : Terminator : objectif secondaire, l’excellent Batman : ProieJames Bond : la dent du serpent, Star Wars : L’Empire écarlate).

Sabre est un héros du futur. Un rebelle individualiste résistant à l’oppression et cherchant à venger ses frères humains assassinés et à libérer ceux qui sont emprisonnés. Sur sa route, il rencontre l’amour, connaîtra la défaite et devra se surmonter. Sabre est un hymne un peu amer à la liberté et la puissance de la volonté, classique par son synopsis mais tortueux dans sa forme et son déroulement. On est guère loin de Conan... mais en beaucoup plus bavard.

Les récitatifs mangent littéralement la page (effet accentué par une traduction française approximative et calligraphiée à la truelle). Les personnages ne cessent de bavasser, y compris le traditionnellement mutique Eastwood, qui, vous l'avez compris, incarne le héros. Ces textes sont parfaitement hallucinants, on se croirait dans un détournement situationniste des seventies. Les personnages se traitent sans sourire de « mercenaire sanglant » ou de « technicienne glacée », ils ne cessent de philosopher : « j’ai vu les gens autour de moi convaincu que la carotte que l’on pendait sous leur nez était suffisante pour valoir le prix de leur individualité. Zut ces systèmes vidéo-sensoriels les ont drogué, plus que la télé avait fait à leur aïeux. Les coefficients intellectuels et les salaires s'élevant plus que le sens de l'horreur, ou l'idée de la dignité » (sic, j'ai laissé les fautes). Si vous ajoutez à cette logorrhée un décor de parc d'attraction dysney et un combat de galions pirates avec Kirk Douglas, vous aurez une idée correcte du degré d'exotisme loufoque que représente Sabre.

Graphiquement Gulacy n’est pas très en forme, sauf curieusement pour dessiner Eastwood dont il parvient à nous rendre crédible la négritude. Des années plus tard, dans L’empire écarlate, Gulacy recrachera une figure eastwoodienne (le général Antilles) sans jamais parvenir à en retrouver les traits. Sabre est donc une série OVNI, indispensable à toute eastwoodothèque qui se respecte.

Il est à noter qu'après Gulacy, la série a été reprise par d'autres dessinateurs, et parmi eux notons l'étonnante présence d'un de nos préférés, l'espagnol José Ortiz (Hombre, Burton & Cyb…) (Sabre #10,11,12,13,14). N'en ayant pas eu sous les yeux (la suite est inédite chez nous), je ne sais pas si les successeurs ont aussi cherché à reproduire Clint.

Un lien vers les couvertures américaines des fascicules originaux, "Sabre The most explosive hero in comics" !

 
Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 2
 

Dans l'ombre du pistolero

par Vlad

L'occasion est trop belle pour que je n'en parle pas.

C'est la grosse opération Marvel de début février, annoncé depuis des mois. La préquelle de La tour sombre, le fameux cycle de fantasy du maître du fantastique et du suspens,  Stephen King.

Dark Tower, The Gunslinger Born, va nous retracer en 7 épisodes la jeunesse de Roland le Pistolero. Ce n'est donc pas King lui-même qui scénarise (comme cela avait été annoncé au début)  mais Peter David. Déception chez les fans de l'écrivain, réjouissance chez les supporters de Hulk.

Au dessin Jae Lee, aux couleurs Richard Isanove. Deux complices qui n'ont pas hésité à rendre hommage (on ne va pas écrire plagier quand une image est aussi connue) à la célèbre photo de Josey Wales.Notons que le grand Glenn Fabry l'avait déjà utilisée pour une couverture de Preacher special, The saint of killers #1.

Pour la variant cover, Quesada non plus n'a pas lésiné sur la citation du fameux renégat hors-la-loi incarné par Eastwood en 1976.L'utilisation de l'icône indéboulonable leur est d'autant plus aisée, que le texte de King lui-même y fait appel dans le premier volume de la saga. Je n'ai pas les livres à portée de main, mais je me souviens que le personnage du gamin, apercevant une photo de Clint devant un cinéma, lui trouve une grande ressemblance avec le Pistolero.

Bon tout ça à l'air bien sympa. Je n'ai lu que les trois premiers romans du cycle, mais je peux les conseiller : c'est vraiment au-dessus du reste de la production de l'écrivain. On verra si cette préquelle bédéïque vaut le coup ou si ce n'est que du business.En attendant vous pouvez toujours vous procurez le sketchbook gratuit (couverture ci-contre) avec des crayonnés de Jae Lee et une décomposition du travail d'Isanove.  Chez Pulp's en face ils en ont plein... Arno aurait eu la vélléité d'aller en distribuer à la sortie du RER, alors il en avait commandé des kilos.

Merci à la Pulp's team.Lire également :Récurrence de la figure eastwoodienne : vanités des vanitésRécurrence de la figure eastwoodienne, annexe 1 : Black is beautiful

 
Le film de Miguelanxo Prado
 

De profundis

Trailer de "De Profundis"

Vidéo envoyée par jeremyfox

Il a fallu 5 ans de travail à Prado et à son compère musicien Nani García pour que sorte aujourd'hui sur les écrans espagnols leur film d'animation De profundis. Au vu de quelques extraits le produit final a l'air magnifique, moderne et artisanal à la fois. Même si l'approche comptable ne permet guère d'évaluer la qualité artistique, il faut savoir qu'environ 20 000 dessins ont été exécutés "à la main" avant d'être retouchés par ordinateur.

Décrit par El País comme "un voyage maritime dans la zone secrète de l'être humain, dans les fonds suggestifs et turbulents de la mer et de la psyché", ce long métrage (80 min) promet d'être contemplatif. Prado avertit d'ailleurs les impatients : "celui qui n'est pas capable de rester 15 minutes face à la mer, il vaut mieux qu'il n'aille pas voir le film".

Ici, on a plutôt hâte d'aller s'y baigner, si jamais il traverse les pyrénées.

source : l'excellent site bédéïque espagnol La cárcel de Papel.

 
Le Surfeur d'argent.
 

L'envers du décor est parfois plus intéressant. Souvent même.

Par Stéphane

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Voici quelques clichés du tournage des 4 Fantastiques épisode 2. Bon pas de bol, sur les photos il est tout vert car il a la gerbe. Mais vu les galipettes que les techniciens lui font faire, pas étonnant que la pizza d'hier soir ait du mal à passer.

En espérant que le second opus soit largement, mais alors largement meilleur que le premier. On peut toujours rêver, non?

 
Nos Clients sont des futures Stars
 

"Mon succès est assuré, quoique encore dans l'avenir" écrivit selon la légende De Nerval à son père dans sa lettre de suicide.

Par Stéphane

Voici la bande annonce d'un documentaire à venir sur le geek. Mais qu'est ce qu'un geek me direz-vous? et bien, tout d'abord, le geek n'est pas un nerd. Le geek est quelque chose d'imprécis mais de l'ordre du fan compulsif, du  collectionneur fou, de l'être un peu trop replié dans son propre univers parallèle. Ce n'est donc pas un hasard si certains de nos clients apparaissent dans la bande annonce (et encore, je suis pas sûr d'avoir reconnu tout le monde). En tous cas pour en savoir plus, regardez la bande annonce ou rendez-vous sur le wikipedia ou sur le blog du geek où j'ai trouvé la video.