Publications dans Manga
Si WIkipedia le dit, c'est peut être vrai
 

Les ravages du manga dans le monde.

Ceux qui papotent avec moi à la librairie, entraînant par ce simple geste une chute drastique du chiffre d'affaire de notre petite entreprise, savent que j'aime bien le manga. Un des thèmes que j'ai me le plus, c'est son influence culturelle, et les stratégies employées pour accentuer ce phénomène. Dans la série des nouveaux acquis à la cause, je voulais juste en présenter deux nouveaux. Je trouve que leur juxtaposition détonne. Alors dites moi ce que vous en pensez.

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Madonna, dans son clip Jump, selon Wikipedia s'inspirerait du costume de Mello, dans le manga Death Note. C'est vrai que ça paraît très probant.

Avant, les medias déclaraient que la chanteuse du groupe No Doubt, la jolie Gwen Stefani, suivait le sillon creusé par la déesse de la pop. Or maintenant on peut penser que les rôles s'inversent. En effet, la petite Gwen était la première star américaine à s'être inspirée du cosplay japonais dans son précédent album, notamment à travers ses costumes et son titre Harajuku girl...you've got a wicked style.

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En seconde position, parmi les récents nouveaux acquis à la cause manga worldwide, les ptites n'enfants irakiens. Il faut dire que Captain Tsubasa en personne, le Olivier de Olive et Tom en français, est venu leur porter de l'eau. C'est bien connu que le Foot est très populaire dans les pays pauvres. Bon j'arrête là, trop de cynisme tue le cynisme, même pour moi.

Petite Minute PUB (désolé, on est sous contrat): nous avons en stock pas mal de manga J'ai lu épuisés Captain Tsubasa, pour ceux qui sont à leur recherche, ainsi que des Jojo's Bizarre adventures, des Rokudenashi blues...etcetc

 
De quoi se détourner dix minutes du travail en ce lundi difficile.
 

Petites errances sur la toile et autres lectures inutiles

Par Stéphane

Je ne sais pas pour vous, mais le brouillard pesant de ce matin ne me motive pas trop. Et comme Vlad est parti en vacances pendant dix jours, il ne m'en faut pas plus pour me lever en me disant "oulala, aujourd'hui, je vais y aller molo" (N'en croyez rien patron, c'est de la blague! Juste un peu de stratégie marketing pour séduire le chaland) .Alors, si vous êtes dans ma situation, voila de quoi prendre du plaisir occulaire pendant au moins cinq à dix minutes. C'est un petit concours d'incrustation de personnages de dessins animés dans des toiles de grands maîtres. Vous verrez, le résultat est vraiment amusant. Quant aux anglophones qui s’intéressent au manga, voila un très bon article de C.N.N, daté d'hier, sur la place du manga dans la stategie culturelle japonaise à l'internationale. Toujours sur l'esthétique manga au Japon, le dernier Nicolas de Crecy, Le Journal d'un fantôme aux éditions Futuropolis, est un peu chiant mais très beau et parfois intéressant. Je vous met dans la suite l'ébauche de critique que j'en ai faite, et qui finira peut être dans la section bande dessinée de Chronicart si j'arrive à la terminer (simplifier diraient mes amis).

Journal d'un fantôme, Nicolas de Crecy, Futuropolis.

Longtemps, la bande dessinéeest restée une jeune pousse ignorée sur la branche esthétique del’arbre de la philosophie. Or l’ère de l’innocence est révolue.Depuis l’émergence récente de jeunes réformistes – auxquels lescritiques français en mal de référence n’ont su trouver d’autrepseudonyme que celui de « nouvelle vague »-, les idées fusent etse déchirent autour d’une conception artistique de la bande dessinée.Le beau, le sublime et tout le tralala deviennent monnaiecourante dans les interviews d’auteur, tandis que les disputes entredéfenseurs de la technique et chercheurs d’une essence suprême fontrage. A travers le Journal d’un fantôme, récit de voyagefictif et grotesque d’une étrange créature à l’autre bout dumonde, Nicolas de Crecy intervient en personne pour argumenter sa vision.

Un être fait de dessinpart en stage au Japon, pays gavé de logo et d’icônes, dans le butd’en apprendre un peu plus sur l’utilité de l’esthétique. Lebut : se forger une forme. Drivé par son manager, si le petit êtreapprend bien les rudiments de l’épure, de la clarté et de l’efficacité,il sera alors capable, à son retour en France, de postuler à un emploid’icône publicitaire. Peut-être même un rôle suprême de mascottepour les futurs jeux Olympiques. Le rêve. Par malheur, son inclinaisonnaturelle pour une ligne fragile, et la fâcheuse tendance à se formeret se déformer en fonction de ses humeurs, compliquent l’apprentissage.Le challenge n’est pas gagné, d’autant plus qu’il croise un Nicolasde Crecy au discours particulièrement perturbant dans son avion deretour.

Si ce résumé ne manquerapas de rappeler le Bibendum céleste, du point de vue strictementidéologique, on retiendra de l’argumentaire de N.D.C. qu’il ressassebeaucoup, s’appuyant sans les nommer sur des concepts philosophiquestoujours pertinents mais un peu poussiéreux1. Heureusement,sa capacité à mettre en pratique ces théories fait très vite oublierle soliloque. Le lecteur affûté aura d’ailleurs compris que cetteaventure (de fiction) et son discours ne sont pas le vrai journaldu titre. Il faut  gratter, l’intérêt est derrière, dans lescroquis d’après nature rassemblés par N.D.C. durant ces voyages(autobiographie) pour alimenter le récit. Très drôle, ce renversementdes rôles, où l’image prime et le texte devient son illustration.

Alors, si les nombreuxchangements d’outils et variations de trait servent toujours la miseen scène, ils consignent surtout les mouvements d’humeur d’un dessinateuren voyage. Le romanesque cache sous sa croûte la cartographie émotionnelle,de l’émerveillement à la solitude dépressive –là est le vraisujet. Voilà donc la belle subtilité de cet album : Il y a deux journaux.Un fictif et grotesque, un vrai, dont celui d’un fantôme ; qui est-il? Le héros informe du récit en a bien l’apparence, tandis que lediscours veut convaincre qu’il s’agit du dessin, en tant qu’idéephilosophique. Peu convaincant, pour le lecteur, le si touchant fantômede ce récit restera la présence immanente et invisible qui anime lemonde : l’auteur. Alors, très cher Nicolas, montrez nous donc encorequi vous êtes et ce que vous avez vu.

 
Mangas lourdement pas chers
 

Et en plus ça roule...

par Vlad, publi-"reporteur"

La boutique a fait l'acquisition d'un magnifique présentoir à mangas sur roulettes d'une couleur attrayante, en harmonie avec la devanture de notre voisin. C'est magnifique. Seulement voilà, c'est bien beau la visibilité de nos produits, des "mangas à prix cassé, à prix discount, super pas chers", mais même à moitié prix (3,50 €, les 5 pour 15 €), les bouquins pèsent le même poids, et vu l'état de la marche pentue, sortir et rentrer le meuble, une fois plein, relève du travail herculéen. Alors moi, Vlad, qui ne suit pas aussi musclé que Stéphane, j'offrirai un manga du présentoir (ou je peux consentir une remise de 10 % sur un autre produit...) à tout client précautionneux qui se montrera volontaire à l'ouverture ou à la fermeture du magasin, pour m'assister dans cette tâche .

notule spécialement dédicacée à J. D., un gars précautionneux.

 
Hato, Toujours plus haut! de Osamu Tezuka
 

Depuis la naissance du blog de Cornelius, nous n’en avons que peu parlé. Normal, car dans le milieu des critiques de bande dessinée, suite à quelques articles je suis en passe de finir comme «suceur de bites undergrounds », dixit Vlad. Moi qui me méfie des églises, va-t-il falloir que je remplisse mon quota de XIII et de Largo Winch afin de montrer patte blanche de nouveau.

Par Stéphane

Suite aux discussions avec quelques-uns de nos clients fans de Tezuka, et déçus par Hato, je me  lance dans l’écriture de ce post. Le décryptage commence dans la suite, après ce petit résumé de l’intrigue.

Des jumeaux orphelins, éduqués dans l’amour et la fraternité par une femme serpent aux pouvoirs puissants, sont destinés à de grands projets, mais finissent par se faire face, divisés par la gouvernance de leur village natal. Les legendaires Remus et Romulus n’auraient pas fait mieux.

 

En farfouillant dans la tonne de documents que je compile dans le but de débiter des infos géniales et passer pour un éminent savant dans le monde de la critique bande dessinée, j’ai dégoté cette citation de Tezuka.

«Les gens me demandent souvent, "Astro Boy est votre travail le plus représentatif n’est-ce pas ?" C’est est en parti vrai car, de par sa longueur, elle permet de jauger de mon évolution dans mon travail. Mais si l’on m’avait demandé, à la place, de citer ma création favorite, j’aurais répondu le Roi Leo, Hato, ou même certaines de mes nouvelles. Si j’ai vraiment pris du plaisir à écrire Astro Boy durant les deux trois premières années, les suivantes ne furent qu’une routine. Quant à l’après adaptation en série télévisée, continuer à écrire Astro, devenu phénomène monstrueux, me procura beaucoup de tristesse.» 

Hato, œuvre anecdotique dans la carrière de Tezuka, passée inaperçue même au Japon où elle fut diffusée dans un magazine peu populaire à l’époque (Com pour ceux que ça intéresse), est il est vrai loin d’être sa meilleure série. Cependant, la lecture de Hato est vraiment agréable, et  même passionnante pour ceux qui s’intéressent à la carrière de l’auteur ou au folklore japonais. A l’aune de ces deux augures, l'œuvre révèle de bien belles qualités.

Inspiré à Tezuka par la lecture de Taro du Dragon, vrai grand chef d’oeuvre de la littérature enfantine écrit par Miyoko Matsutani et traduit en français chez Magnard, Hato constitue la première et unique incursion de cet auteur dans l'univers des légendes japonaises –si l’on excepte Dororo, plus axé sur le yôkaï que sur les légendes. Ici, nombre d'épisodes mettent en scène des combats entre hommes et esprits, fées et autres bêtes, avec la plus tendre des naïvetés enfantines.

Comme le souligne l’éditeur Cornelius, la forme du récit est particulièrement originale pour l’époque. Composé de bulles mais aussi de commentaires hors-cadre, flottant dans la page, certains amateurs de bande dessinée y verront les prémices du roman graphiques tel qu’il sera défendu quelques années plus tard par Will Eisner, sur un autre continent. D’autres le rattacheront aux contes illustrés pour enfants, dont la tradition existe aussi sur l’archipel depuis des lustres. En tout cas, c'est innovant.

Coté scénario, Tezuka fait montre de thèmes caractéristiques dans ses œuvres à l’approche du tournant des années 70. D’un coté, sa conscience politique se précise, à mi-chemin entre l’unicité japonaise si chère à la pensée nationaliste nippone (attention, ne pas y voir le même concept que dans notre hexagone) et le communisme montant dans ce pays sous tutelle. Hato-maru, jumeau positif, incarne ainsi l’unicité du village face aux catastrophes naturelles et la révolte face aux oppresseurs et leur leader (le frère Taka-maru,devenu chef de guerre).

De l’autre coté, Tezuka témoigne des craintes qui saisissent la société japonaise à cette époque, s’apprêtant à renouveler le traité d’alliance nippo-américain qui a cours tout les dix ans. Comme dans Prince Norman, c’est le futur proche qui angoisse, le sentiment partagé d’avoir atteint les limites de la reconstruction et ne savoir comment aller encore plus de l’avant. Comme le dira le critique Japonais Jun Ishiko (assez célèbre) à propos de Hato en 1977, en référence à son titre japonais (Dove ! Envole toi au Paradis!) «Dove a atteint le ciel, mais désormais, comment faire pour qu’il apprenne à voler ?». Cette angoisse, les Japonais devaient bientôt apprendre à la surmonter.

 
On nous avait prévenu
 

Quand un père dit de son fils qu'il est mauvais, il faut le croire.

Le nouveau Ghibli est apparemment une merde.  C'est ce qui ressort des projos de presse japonaises, où le film est très mal noté (2,3/5). 

Le pire, c'est que la presse japonaise à l'habitude de se montrer plutôt emphatique. Une mauvaise moyenne est rare et généralement le signe d'une catastrophe. Donc Goro Miyazaki, fils du mondialement acclamé Hayo Miyazaki, ne semble pas avoir hérité du talent de son père.

En même temps, ça fait six mois que le célèbre paternel clame, à qui veut l'entendre et en particulier la presse people qui s'est régalée des phrases assassines, que son rejeton est bête comme un sabot, et qu'il s'oppose à se qu'il devienne réalisateur.

Après tout, junior fut tout d’abord engagé pour jardiner dans le Musée Ghibli, non pour faire des films. Miyazaki Hayao, génie créateur et bon juge de la nature humaine, mais mauvais père ; on peut pas cumuler toutes les qualités, ça serait trop injuste.

 

 
Tezuka au travail
 

Dans le coffre aux trésors Youtube, y a plus de richesses que dans celui des Pirates des Caraibes 2 (même si c'est pas dur).

Par Stéphane

Vous l'aurez compris, je n'ai pas trop aimé la nouvelle Johnnydeeperie. Alors pour les fans de mangas, voici un vieux reportage sur le père-parrain-créateur-grand-oncle c’est au choix du manga moderne, qui vous intéressera bien plus-croyez moi. Cliquez sur la vidéo de la première partie, que je poste en-dessous, pour accéder à Youtube et trouvez, dans la colonne de droite, les quatre morceaux suivants

 
XXTH Century Boy
 

Comme beaucoup de manga, XXth century boy fait référence à de nombreuses clés de l’histoire japonaise. Pour les français, il est très dur d’en comprendre le sens et la portée. Un petit décryptage s’imposait pour mieux cerner le vrai sujet de XX Century Boy. Alors que la série vient de se finir au Japon après 22 volumes

Par Stéphane

PORTRAIT : Naoki Urasawa est, avec Shuho Sato et Takéhiko Inoue (clin d’œil dans le volume 7), l’un des rares auteurs de manga de divertissement à mêler discours politique et philosophie humaniste, plutôt de gauche selon nos grilles de lecture française (si vous le désirez, télécharger le jolie petit abécédaire sur Urasawa publié dans le Chronicartde mai, coécrit par R. Brethes et moi, attention, il fait plus de 5mo).

Téléchargement 25Urasawa.pdf

THEME: XXth Century Boy parle, derrière son habit de polar, principalement du problème des Otaku (un phénomène de société japonais dont on discute beaucoup dans les médias de l’archipel, et dont le manga aime à parler par affinité). Le récit oppose de manière métaphorique les enfants devenus des otakus (la secte d’ami) à ceux qui ont su résister à ce mouvement de destruction social massif (la bande à Kenji). Le parcours de Kenji et ses amis sera d’apprendre à exploiter cette culture pour sauver le monde et fédérer l’homme, non l’isoler et le détruire comme le fait Ami.

1970 : Année clé de l’histoire japonaise, c’est l’univers dans lequel baigne l’enfant Kenji et ses amis dans les flash-back. Comme tous les dix ans depuis 1950, le Japon signe à nouveau dans la contestation populaire son accord avec les Etats-Unis d’amérique. Le peuple se soulève en partie, les universités font grèves, Kenji écrit le cahier des prédictions, l’incident nocturne dans l’école, qui provoquera bientôt la naissance d’Ami, a lieu. Mais surtout, c’est l’année de la première exposition universelle d’Asie ; Expo’70 (lien différent) sera ainsi pour une génération d’enfant le signal d’un futur différent, et reste à jamais le premier emblème de la culture Otaku à venir (la première génération d’otaku serait née dans les années 60 et se reconnaît à la visite de l’expo’70 enfant et à la découverte de La Tour du soleil (photo ci-contre)).

Tarō Okamoto : «Art is explosion» déclamait dans les années 80 le célébrissime artiste japonais Tarō Okamoto (1911-1996) dans une publicité télévisée pour les vidéocassettes Hitachi Maxwell. A l’époque, ce slogan fit de lui, du jour au lendemain, un emblème culturel majeur dans tout l’archipel. Pourtant, son travail créatif bénéficiait déjà d’une très forte reconnaissance grâce à La Tour du soleil, ce monument réalisé à l’occasion de la première exposition universelle d’Asie en 1970 à Osaka. Cette phrase, aux résonances profondes, met en avant le fait que la reconstruction d’une identité japonaise, après la défaite de la seconde Guerre Mondiale, est passée pour beaucoup par la création d’arts nouveaux. Le manga, et les cultures avoisinantes du dessin animé, jeu vidéo et quelques autres apparentées au monde de l’otaku, sont reconnues comme étant les formes les plus vives de cette manifestation. C’est pourquoi elles occupent une place centrale dans l’histoire du Japon moderne. Nombreux sont ceux qui pensent au pays du soleil levant que le manga est la première des conséquences de la défaite du Japon, de la domination américaine qui s’ensuivit, mais plus encore sont ceux qui voient dans le manga l’unique remède pour un pays et un peuple essayant de guérir du cauchemar insondable du bombardement atomique. Tarō Okamoto, en tant qu'emblême de la culture otaku, est ainsi au coeur de XXth Century Boy, que cela soit par le présence dans le récit de L'Expo' 70, de la Tour du Soleil, et plus encore pour le symbole de la secte d' Ami (voir la photo de Okamoto ci-contre, trés explicite)

AMI : est l’incarnation de l’otaku. Désincarné, il vit dans un monde de fantasmes liés à l’enfance et au dessin animé. Il rêve d’un New type (thème de la nouvelle humanité chèr au manga). Il n'est pas difficile de voir, dans la secte d'ami, une transposition fantasmatique de la secte Aum. Cette dernière se revendiquait en partie du boudhisme, mais aussi des cultures otaku. Elle reste cééèbre pour l'organisation de nombreux attentats, dont un très traumatisant au gaz sarin dans le métro Tokyoïte en 1995, qui fit une quinzaine de morts et plus de 5000 bléssés.

KENJI : l’anti Otaku. Il a quitté les rivages de l’enfance, oublié cette culture pour passer à l’age adulte. Il incarne l’anti-Otaku parce qu’il s’occupe de sa petite nièce (donc il tisse du lien social) et fonde à sa manière une famille. Il travaille aussi dans un convini familial, autre signe de résistance à la culture otaku qui, elle, se fédère fortement autour de la chaîne américaine Seven/Eleven.

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YABUKI JOE : Pseudo de Kenji, tiré de la série Ashita no Jô (Le Joe de Demain) de Tetsuya Chiba, malheureusement non publiée en France pour le moment. Dans les années soixante, Joe est ce marginal solitaire et boxeur virtuose qui refuse le modèle de vie de son époque. La fin de cette décennie marque en effet l’ancrage de la société japonaise dans une prospérité économique faisant passer au second plan les plaies de la pollution industrielle ou d’une urbanisation ravageuse. Pour les japonais qui refusent d’abandonner leur passé tout comme pour ceux qui voit la tutelle américaine et ses dérives quotidiennes d’un bien mauvais œil, Joe se présente –et demeure aujourd’hui encore- dans nombres d’esprits le modèle parfait du antihéros. C’est pourquoi Kenji choisit ce nom.

L’un des plus célèbres évènements de l’histoire du manga reste la mort du boxeur Tôru Rikiishi, adversaire célèbre, relatée le 22 février 1970 (et oui toujours la même année) dans un épisode ultime concluant plusieurs semaines de combat acharné, au rythme de la parution du magazine qui prépubliait Ashita no Jo. Sous la pression des lecteurs atterrés, la maison d’édition Kôdansha se trouva contrainte d’organiser une cérémonie funéraire en l’honneur de ce héros virtuel. Ces huit rounds épiques avaient tenu en haleine la jeunesse de l’époque – en particulier ceux qui s’étaient engagés dans les mouvements étudiants militant contre le renouvellement du traité de sécurité qui lie Amérique et Japon, retrouvant dans le personnage de Joe un modèle de liberté. Fin février, la tension est à son comble. “Rikiishi est mort !” Au lycée Azabu, l’un des établissements les plus prestigieux de Tôkyô, ce cri est lancé à la cantonade, faisant se vider les salles de classe… pendant ce temps, kenji et sa bande construisent leur base secrète...

 
Vivement demain
 

La voiture, c'est démodé...

Dérivé de l’anglais «mechanical», le terme Mecha (MEKA) fait référence aux robots, géants ou non, armes mécaniques, et d’une manière générale tout véhicule ou objet tournant autour de la machine, comme les bon vieux vaisseaux spatiaux d’Albator ou les implants biomécaniques top techno de Ghost in The Shell.

Si pour beaucoup d’occidentaux ce genre de vision relève de la fantasmagorie rigolote, il faut savoir qu’au Japon, ce genre de concept est au contraitre pris très au sérieux. On ne rigole pas avec le cyber.

En fait, le Japon est bien plus passionné par les robots que n’importe quel autre pays à travers le monde. C’est une fascination ancrée dans la culture et l’imaginaire du peuple tout entier, qui discerne dans cet objet du futur l’un des éléments à venir les plus importants pour la sauvegarde de l’humanité. Preuve de l’importance de cet engagement, le sujet robotique concerne désormais tout autant le commerce que la recherche scientifique et l’industrie. En effet, les entreprises de pointe nipponnes planifient aujourd’hui très sérieusement d’en construire et d’en commercialiser à terme plusieurs à utilité publique. Honda est d’ailleurs tellement à la pointe de cette recherche qu’aucune société ne semble capable aujourd’hui de la concurrencer, et sa démonstration du robot modèle Asimo en 2000 à ébahi même les plus incrédules.Au Japon toujours, on compte aussi plus d’une cinquantaine de concours par an autour de la création de robots, impliquant les meilleures écoles et universités scientifiques de l’archipel, et dont le plus célèbre est retransmis sur la chaîne nationale NHK.

Un vrai rendez-vous spectacle qui fait vibrer le Japon tout entier, un peu comme le Superbowl chez nos amis yankee en quelques sortes (mais pas tout a fait non plus, question de culture je pense)Enfin, dernière grande annonce en date, le gouvernement japonais vient d’annoncer au début du mois qu’il espérait envoyer des machines de type Gundam dans l’espace d’ici à 2010. J’espère que j’aurai la chance d’en piloter quelques-uns avant de mourir.

 
Le moe à la mode
 

Lorsque le mot est moe, peut-on se permettre de faire des jeux sans passer pour un méprisant scribouillard?

Moe est  le nouveau mot à la mode dans l’archipel.Littéralement il signifie «bourgeon en floraison» etsécrit en japonais à l’aide du kanji moeru, (caractère chinois utilisé généralement pour désigner le verbe «s’enflammer»). Le terme fut en effet l’un des néologismes le plus utilisé au Japon en 2005, si l’on en croit certaines instituts de sondages japonaises. Signe important de cette tendance, de prime abord réservé exclusivement aux mondes clos des otaku, le terme passe désormais dans le langage courant. Plus de 30% des japonais avouent désormais connaître ce mot, et le pourcentage s’accroît grandement lorsque l’on réduit les classes d’âges des sondages au moins de trente ans. Intriguant non ? Alors qu’est ce que le moe ?

Un concept encore flou, qui désigne à la fois une pseudo-relation sentimentale avec une icône virtuelle, plutôt impubère et féminine, le fétichisme pour les figurines dérivées de ces personnage, mais aussi le courant esthétique très spécifique utilisée pour générer ces dites icônes.La passion amoureuse n’y est pas exclue du moe, mais n’en est pas vraiment le cœur et s’exprime de façon minoritaire. Non, le sentiment du moe se développe plutôt autour de la fraternité protectrice, celle d’un grand frère humain à une petite sœur fantasmée, et semble plus destinée à palier le manque affectif et la solitude de l’otaku qu’à assouvir une sexualité imaginaire.

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Devant l’explosion phénoménale du mouvement et sa forte convergence vers un type unique de physionomie, le moe s’est aussi rapidement transformé en une tendance esthétique, qui domine radicalement ces derniers temps dans le monde de l’otaku. Certains disent d’ailleurs qu’aujourd’hui, il ne fait pas bon se promener à Akihabara, quartier de prédilection des otaku, si l’on n’est pas dans le moe. Alors, à quoi reconnaît-on le moe ?

Si l’on part du schisme esthétique originel qui remonte au milieu des années 80, le moe s’oppose à Nausicaa, personnage de Hayao Miyazaki, dont les descendants modernes peuvent aussi bien être les petite filles qui continuent d’emplir les longs métrages animés du maître (Chihiro par exemple), comme la commissaire Motoko Kusanagi de la série Ghost in the shell, ou la Angel Heart de Tsukasa Hojo. L’esthétique moe dérive des personnages tels que Urusei Yatsura. Et ses descendants modernes sont plutôt Sailor Moon, le personnage culte de Rei dans la série Evangelion, ou encore plus récemment toute la galerie de protagonistes féminins des séries Negima et Love Hina de Ken Akamatsu.