Publications dans 2010
Actualité de R. E. Howard
 

Parodie et adaptation

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La première page des Chroniques de Chair et d'Acier (c'est le titre de l'album) de Pixel Vengeur (c'est le nom de l'artiste) est hilarante. Je me suis frotté les mains à l'idée de lire cette parodie de Conan. Et effectivement j'ai ri intérieurement et parfois même j'ai laissé s'échapper quelques hahas, et ce jusqu'à la troisième planche. Et là, je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant soixante pages, et ce n'était plus tellement réjouissant. Une fois que le lecteur a bien saisi le principe est-ce bien la peine de faire durer la plaisanterie ? Bref en fait, même si c'est bien dessiné, bien colorisé, pas mal écrit et tout : à quoi bon ?

Des parodies de Conan on en a déjà lu plein et le problème c'est que ça ne mène jamais nulle part. L'efficacité des écrits de R. E. Howard c'est leur naïveté. C'est direct et très bête et pourtant ça fonctionne. La mécanique mise en œuvre est tellement simple que chaque lecteur voit très bien la parodie qui pourrait jaillir à tout moment, à peine cachée derrière le rideau écarlate dissimulant l'autel du Sorcier Fou. Un exercice parodique qui est à la portée du premier rigolo venu mérite-t-il d'être couché sur le papier et imprimé ? Ne devrait-il pas être réservé à une soirée entre potes ou découpé en tranches de blog à la rigueur ?

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Pour ma part j'ai préféré de très loin la lecture de l'agréable et respectueuse mini-série centrée sur le personnage howardien de Solomon Kane. L'atmosphère est au poil. L'intrigue, quoique simple, est loin d'être crétine et le personnage idéalement saisi dans ses contradictions. Son partenaire d'aventure pour l'occasion, le truculent John Silent, permet de mettre en valeur toute la réjouissante (pour le lecteur, s'entend !) intransigeance de Kane. Les séquences d'action sont bien tranchantes, le final est sombre, le dessin est original... bref je la recommande à tout amateur (amatrice ?) de Fantaisie héroïque.

Si les couvertures de John Cassaday sont complètement à côté de la plaque, celle concoctée par Mignola pour le final est émouvante et intelligemment nostalgique.

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Les Chroniques de Chair et d'Acier, les aventures de Jérôme Fils de Crom, de Pixel Vengeur, Ed. Desinge & Hugo & Cie, 2010, 16,95 €.

Solomon Kane, Le Château du Diable, de Allie, Guevara et Stewart, Ed. Panini, 2009, 13 €

 
Carte postale
 

Salut AAAPOUM BAPOUM,

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Capetown, c'est beaucoup de soleil, de vent, de vins, de plages gigantesques, de galleries d'Art, de jardins botaniques, de routes sinueuses qui vous mènent vers des points de vue de toute beauté. Tintin y est considéré comme un promoteur de racisme et le point de vue des blancs d'Afrique encore les pieds pris dans l'histoire de la colonisation éclaire beaucoup le sujet. Les entendre remet bien en perspective la distance de celui qui vit au loin en Europe, insconscient de la puissance qu'exerce encore aujourd'hui la colonisation, et qui brandit toujours cette "époque" dans laquelle "replacer l'écriture"dès qu'on lui parle de placer une notice en ouverture de Tintin au Congo. "L'époque" n'est pas la même pour tout le monde.

J'ai rencontré Joe Daly, très sympa, trentenaire, fils d'auteur de livres pour enfant, un peu babos sur les bords, et paranoiaque comme peuvent l'être tout les habitants de Capetown (à raison, il faut croire). Il déssine cependant très bien et son point de vue sur l'écriture éclaire vraiment sur ce que c'est d'écrire aujourd'hui en Afrique du Sud. Les artisites, ici, brillants, nombreux, parmi ceux que j'aime le plus en ce moment (notamment le photographe Pieter Hugo) sont vraiment les pieds encimmentés dans le monde et l'époque. Ils sont concernés, et c'est vraiment exhaltant.

Pour notre part, on hésite à visiter un Township, divisés entre la peur d'une tentation amorale de voyeurisme (pas moi) et la nécessité de voir ce que ce monde produit de plus misérable. Capetown -contrairement à Mumbay par exemple où cohabitent côtes à côtes les bâtiments les plus luxueux et les bidonvilles- est une urbanisation à la Los Angeles, avec des quartiers fermement divisés et organisés par classes sociales. On verra, peut-être reussira-t-on à donner un cours de français dans une classe.

Bref, voici la fin de ma première carte postale numérique. Ce soir, je vais boire des bières avec le duo Bitterkomix. Je vous raconterai.

Bises à vous tous, et bon courage.

S; du aaablog

 
Tardi, le Trou d'obus, tirage de tête dédicacé
 

Quel excellent ouvrage  que

Le trou d'obus de Tardi !

Déjà le tirage normal (1984) est fort intéressant, avec son petit théâtre à monter soi-même, deux planches cartonnées à découper, qu'en général les collectionneurs ne découpent pas.

Mais ici c'est le tirage de tête dont il s'agit... qui en plus d'être numéroté et signé, est accompagné d'une planche authentiquement mise en couleurs au pochoir, selon la tradition des images d'Épinal.

La cerise sur le gâteau c'est la dédicace dont Tardi a orné la page de titre. Je la présente ici pour ne pas avoir à ouvrir la vitrine, puis la pochette pour satisfaire la légitime curiosité des clients potentiels. Oui trop de manipulation nuit à la perfection.

Vous remarquerez que prudent et prude je n'indique aucun prix dans cet espace consacré à la réclame.

 
Manara les pâquerettes
 

Chez Aaapoum Bapoum nous n'hésitons pas à clamer bien haut : la Saint Valentin représente le degré zéro du romantisme !

Non pas que nous soyons des célibataires aigris rongeant le frein de la misère affective, mais plutôt des allergiques du consumérisme agressif.

Le Déclic en calibre 80.

Le Déclic en calibre 80.

C'est pourquoi ce matin je fus pris de stupeur en ouvrant le courrier. Une lettre de la société Lovely Planet nous sommant de souscrire à leur nouveau produit : la célèbre télécommande du Déclic au cœur (?) de la bande dessinée de Milo Manara.

 Cette objet de la taille d'un bras d'enfant obèse est munie d'une télécommande que le partenaire est censé activer afin de provoquer, je cite le communiqué de presse : "des Ah ou des Oh".

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Toujours pour reprendre la petite note qui nous est parvenue "ce produit, lancé (faites gaffe!) en janvier et qui connaît déjà un grand succès, pourrait donc parfaitement compléter votre offre" (nous, on n'offre rien du tout d'abord !).

Je m'adresse donc directement à nos fidèles visiteurs : seriez-vous intéressés par cette immondice ? Devons nous en commander un carton plein ?

Vivement la fête des mères pour recevoir leur nouveau catalogue.

 
Quizz éclair
 

KRAAAAKKAT

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Une nouvelle devinette qui devrait amuser au moins Ro et Ivan...

À quel maître de la bande dessinée mondiale peut-on attribuer les deux cases ici présentées ?Chauffez vos esprits et vos arguments pour gagner une surprise.

 
Hergé s'inquiéta pour Oesterheld
 
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Gianfranco Goria

Les visiteurs de l'exposition sur Oesterheld  au Musée de l'automobile (!) de Turin en février 2002 (Donde está Oesterheld ? Il fumetto argentino desaparecidopurent découvrir entre autres documents, cette lettre d'Hergé adressée au sanglant président argentin, Leopoldo Galtieri...

Comme quoi on peut avoir une réputation de bourgeois réac et cependant se soucier du sort de guerilleros d'extrême-gauche.

 
Jack Kirby : New Gods et Mister Miracle
 

"Il dessine tellement mal qu'on a bien du mal à comprendre pourquoi vous aimez autant Jack Kirby. Néanmoins vous allez être contents, il revient le mois prochain".

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J'ai le souvenir d'une annonce de ce genre dans le Courrier des lecteurs d'un vieux Strange, que je n'ai pu retrouver par manque de temps. Cela fait des siècle que je n'ai pas posé le regard sur ce genre de rubrique ennuyeuse mais dans Strange, je ne la ratais jamais. De mémoire, je n'étais pas le seul. Pourquoi des mouflets s'intéressaient-ils autant aux avis de leurs camarades qu'aux aventures de leurs héros ? Difficile à dire, mais j'aime à penser que l'impact de ces figures héroïques curieuses, presque malades, était trop puissant. Il fallait nous confronter à d'autres points de vue pour se rassurer sur nos émerveillements et nos doutes. Ce que nous découvrions à travers ces pages, nul adulte ne pouvait le comprendre. Et le courrier des lecteurs était ce lieu de rencontre où chacun pouvait échanger avec quelqu'un qui le comprendrait. Il en était de même pour Jack Kirby. Ce dessinateur de génie, aucun adulte ne pouvait le comprendre, mais les enfants l'adoraient. Ils le réclamaient souvent et ce clivage esthétique entre générations ne manquait pas de se retrouver dans les pages du Courrier.

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Jack Kirby, à présent, est un dieu pour tout le monde. Nul n'oserait contester cette esthétique unique, cette capacité à doubler chaque personnage, chaque geste, d'une dimension grotesque qui n'ôte pourtant rien à la puissance dramatique de l'action. Chez Kirby, l'improbable tient lieu de réalité incontestable, l'élastique devient dur comme la pierre. On pourrait parler pendant des heures  des personnages, des machines foldingos, des délires spatio temporels, des poings fermés d'une taille incroyables, des perspectives et des proportions faussées à dessein, des postures de Dieux grecs, de la composition des pages, des effets de matière.... beaucoup l'ont fait et mieux que moi : je vous invite à utiliser internet…

À Aaapoum, on a en ce moment deux livres particuliers de J. Kirby : Mister Miracle et New Gods.

 Dans ces ouvrages, Kirby essayait de fonder un nouvel univers, en marge des vieilles légendes, peuplé de héros invincibles dotés de pouvoirs, avec des rivalités entre planètes comme enjeux. Autant le dire, rien de nouveau, puisque c'est surtout une forme de revanche sur Marvel et sur Stan Lee que cherchait à prendre le dessinateur, tout juste parti chez le principal concurrent DC Comics. Son ambition, créer une œuvre totale qui lui appartiendrait, avec son nom sur la couverture ; un chef d'œuvre capable d'être réédité et relié plus tard, ce qui ne se pratiquait pas du tout à l'époque. Il lance alors de concert quatre séries, dont les deux que nous vendons en magasins. S'il a accès aux noms les plus fameux de la galaxie des super-héros, Superman notamment, il n'en fait presque pas usage. Son œuvre travaille à rester en marge, totale.

Force est de reconnaître que ce n'est pas le cas. New Gods, Mister Miracle, mais également Forever People ou la reprise de Superman's pal Jimmy Olsen fondent une tétralogie qui ne marquera pas les annales. Sans cadre, Kirby peine à s'incarner. Les récits manquent de sérieux, les enjeux tombent un peu à plat. Mais ce n'est franchement pas grave, au contraire. Cette innocence qui caractérise la beauté naïve des récits de Kirby trouve de très belles illustrations et l'ensemble, à défaut d'ampleur, exhale un charme incroyable.

Mais surtout, c'est pour la beauté des dessins qu'il faut lire Mister Miracle et New Gods. Quelle claque! Adossé aux meilleurs encreurs de sa carrière, Vince Colletta et Mike Royer, animé par la volonté d'en découdre avec le succès, Kirby laisse là l'un de ses plus beaux travaux graphiques (avec Démon). Et même si les éditions françaises, tristement, sont en noir et blanc, la maestria est telle qu'elle s'accommode finalement assez bien de ce traitement.

New Gods,éditions Bethy, 336 pages, épuisé, 35 euros.• Mister Miracle, La liberté ou la mort, éditions Vertige Graphic, 246 pages, 7 euros.

 
Le meilleur livre Cornelius 2009
 

Shohei Kusunoki, La Promesse et autres histoires.

Traduit du japonais par Satoko Fujimoto et Eric Cordier, 272 pages, 24 €

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Cequi distingue le drame de la tragédie, c’est la notion de destin. Commentclasser, dès lors, ce recueil de nouvelles qui oscille entre les genres pouroffrir une peinture du malheur dans ce qu’il a de plus nu. Un samouraï entre dans une auberge pour s’abriter de la pluie et se trouve pris à partie par unartisan à peine sorti de l’adolescence.

Deux parents impuissants languissentaprès l’opération qui guérira ou non leur fils. Une icône en bois dérivant aufil de l’eau s’agace à voix haute (animisme japonais oblige) qu’un rat la prenne pour une embarcation de fortune. C’est la rencontre de l’adversité, sansraison morale ou force supérieure. Sans issue également, pour ces êtres ballotés par un destin qu’ils aspirent, secrètement, prendre en main.

Aucun n’y parviendra, pour sûr, puisque telle est la tradition des auteurs, tel Shohei Kusunoki, qui illustrent la question de la chance et des hommes depuis la nuit des temps. Il émerge, néanmoins, toujours une grandeur chez ces êtres quirésistent au sort, qui l’endurent. Une dignité transportée pour beaucoup par la grâce d’un trait délié et lumineux, flattant les expressions et ces moments où le poids du destin se fait si lourd qu’il est sur le point de les effondrer.

Mais il n’y parvient pas. Reste l’éclat noir d’une fatalité, peut-être japonaise, pragmatique donc injuste, sans erreur à punir et sans dieu pourl’ordonner.

 
Le bain du pistolero
 

Un nain vaut mieux que deux Rosita

Quel dommage que le nain de L'Homme des hautes plaines ait été remplacé par Rosita (Wanted tome 2, planche 44).Girod, le dessinateur qui passa sa jeunesse a imiter Giraud pour finir par remplacer Swolfs... Voilà qui donne à penser.

On a un tome 5 de Wanted en rayon à Dante. 20€. Je sais qu'il y a pas mal de gens qui le cherchent.