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MORNING WOOD
 

J'en ai bien honte mais je confond régulièrement Ashley et Wallace lorsque l'on me parle d'un Wood. C'est attristant car ils n'ont pas grand chose en commun à part leur rareté sur le marché de l'édition français.

je suis, je peux l'avouer franchement, bien plus fan du premier que du second. Toutefois, c'était avant de tomber sur cette magnifique couverture de l'édition originale de Sally Forth!

Il en faut peu pour changer un homme.

Remarquez la finesse du placement des masses! Le travail fourni sur le chemin visuel imposé à l’œil du lecteur, la condensation de la scène! Comment ça, ce n'est pas le sujet?

Cette illustration, couverture du T2 paru en 1978 aux éditions du frometon, fait bien plus honneur à la série que celles des deux tomes les plus récents.

Les deux albums sus nommés (les plus récents donc), parus en 2000 et 2001 aux éditions hors collection et faisant suite à la série malgré une numérotation qui recommence du début, nous les soldons. Ces deux albums, malencontreusement numérotés 1 et 2 alors qu'ils sont en fait des tomes 3 et 4, vous pouvez les obtenir pour le petit prix de 10€ les 2. Parce qu'à Aaapoum,  nous ne pardonnons pas les grenouillages de numérotation.

Tssss, regardez moi cette couv'

Tssss, regardez moi cette couv'

Et bien entendu, nous venons aussi de récupérer les deux tomes originaux plus rares –dont les images précédentes sont tirées– qui, couplés aux deux soldés, forment un inévitable méga pack série complète à 49 euros.

Sally Forth est une BD issue de l'effort de guerre comme je les adore. L'exemple le plus emblématique du genre reste pour moi Male Call de Milton Caniff. Ce sont des Bds légères destinées à remonter le moral des troupes grâce à un érotisme simple et comique esquissé uniquement par de l'impudicité parfois volontaire et par l'inexorabilité du désir que tous les protagonistes ressentent envers le personnage principal féminin. C'est limite anagogique dans son ingénuité.

En tout cas, je dirais que dans mon cœur dorénavant, entre les deux Wood le rapport de forth s'est équilibré.

 
TONY STARK DE AIDANS
 

Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 13.

Ça commence comme un western spaghetti.On y trouve des personnages qui ont la tronche de Eastwood, Van Cleef, Bronson et peut-être même John Wayne et Kirk Douglas, mais c'est moins convaincant. Au bout de quelques planches on se rend compte que c'est en fait le tournage d'un film qui est brusquement interrompu par l'action surgissant dans la réalité. C'est le début des Voleurs de nuages, la quatrième aventure de Tony Stark, publiée en 1981. Oui, mettons les choses au clair immédiatement, il ne s'agit pas du moustachu, richissime fabricant et vendeur d'armes créé par Stan Lee en 1963, mais d'un autre moustachu étatsunien, qui lui se contente d'être une sorte de rancher de l'Ouest, écrivain de romans et homme d'action. Ce Tony Stark-là fut créé par Aidans (le dessinateur, entre autres de Tounga) et par Jean Van Hamme, en 1979 pour la revue Super As. Notons au passage que Van Hamme volait à peu près à la même époque le nom de Gandalf à Tolkien pour le fourrer dans Thorgal.

Voici donc à nouveau Eastwood (pour ceux qui ne suivent pas ce blog depuis des éons, vous pouvez sélectionner "Clint Eastwood" dans le menu déroulant des catégories dans la colonne de droite et vous verrez dans quel contexte s'inscrit cette présente note) . Cette fois-ci il est moqué, puisque l'acteur prête ses traits à un personnage acteur également, qui, s'il joue de féroces pistoleros, est dans la réalité un couard s'évanouissant face au danger. Cette irrévérence, quoique pataude, est sufisamment rare pour être référencée.

Sinon l'histoire, une variation bonhomme de SOS Météores dans le Grand Ouest, se lit sans intérêt réel ni déplaisir outrageant. Beaucoup de chevaux seront morts à la fin de la lecture, mais aucune patte de canard. Reste que le papier mat ivoire des éditions Hachette BD de l'époque est toujours un régal, car il offre un écrin velouté à ces oranges rosés qu'on ne retrouve plus de nos jours.

Tony Stark, régulièrement trouvable dans nos librairies, entre 7 et 15€ en fonction de l'état et des titres.

 
LE BAVARD de BACILIERO
 

Le protagoniste principal du Bavard est un loser affligeant dont la zigounette se met soudainement à parler. Comme si ça ne suffisait pas, ladite quéquette est un c*nnard fini.

Voilà. Une intrigue pareille suffit à illuminer ma journée. Qu'il est beau le produit de l'imagination humaine.

À dire vrai, je suis pleinement convaincu qu'un jonc parlant -ou à qui on parle- est apparu à un moment quelconque (adolescence, soirée ivre, ennui total aux toilettes le matin...)  dans les délires amusés d'une grande partie de la masculinité mondiale. Il fallait bien dès lors propager le concept dans nos principaux médias d'expression. D'ailleurs certains sites d'information décrivent le sexe qui parle comme l'un des films pornographiques français les plus connus. Nous nous éloignons toutefois de la bistouquette pour aller visiter le coté d'en face.

Paolo Baciliero (ou Bacilieri selon bedetheque.com et les couvertures de ses ouvrages suivant) dessine bien. Il a même eu le droit à un album chez Mosquito, c'est dire. La tête de nœud du... et bien du nœud en question, justement, est  tordante.

Comment passer la barrière rebutante d'un abject zgegue difforme proférant des insanités? Étonnamment, de nombreuses façons qui emmèneront le personnage principal de Zob en Scylla. Attendez vous à pas mal de gros plans péniens, d'onomatopées pressantes (il y a un magnifique TPUMFTH en début d'album) et de cochoncetés verbales qui formeront un mélange tout à fait cocasse.

Le Bavard, Baciliero, Albin Michel (l'écho des savanes),  1988, 6€ 

 
Les BD se cachent pour mûrir
 

Aaapoumiens, aaapoumiennes,

Bonjour !

En ce samedi d'avril où le temps devient clément, la glace finit de fondre et une cascade d'EO déferle dans nos rayons. Les bacs nouveaux arrivages débordent et les libraires frétillent comme des carpes.

Après en avoir étalé partout, rendant la boutique inaccessible pour les non-acrobates, nous avons fini par en ranger dans les bibliothèques.

Pour ceux qui auraient raté l'avalanche, je viens de faire disparaître dans les rayonnages :

- Tintin, ils ont marché sur la lune 30€

- Tintin, Carnets de route : Amazonie et Tibet, 15€ chaque

- Bal de la sueur EO 20€

- Cité lumière, Ted Benoit 13€

- Sarane, Lax avec dossier libraire 30€

- Agence Hermès T1 12 €

- Les révoltés T1 et T2 EO , 15€ chaque

- Monsieur Jean, l'amour, la concierge EO 28€

- Cités obscures, Murailles de Samaris RE 1984 20€

- Femme piège avec faux libération 22€

- Bruno Brazil, orage aux aléoutiennes, 16€

- Kit carson, l'ami des indiens, RE1971, 15€

- Histoire d'un dessin animé, Lucky Luke, 20€

- Philémon, l'arche du A EO1976, 26€

- Passagers du vent T1, EO, 45€

- Intégrale du magazine Corto 1/2/3/4 : 16€

- Des réed brochées de corto maltesse, état divers, prix divers, titres divers

- Îles et elles, Loustal, 15€

- Nosferatu, la Nuit, Druillet. 15€ chaque

N'hésitez plus pour passer nous voir, et encore moins pour nous demander de l'aide dans vos fouilles archéologicomics.

Igor

 
Nadashinkage rouillé
 
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 La série Free fight passe de 6€ à 5€  et rejoint à ce prix sa grande sœur Tough.

Venez vite apprendre les arcanes du Nadashinkage Ryu car Stéphane peine à trouver des adversaires...

D'ailleurs il désespère tellement que nous vous proposons un petit pack des dix premiers tomes  à 40€ au lieu des 80 initiaux. Alors go, on s'y met!

 
JOE SACCO DANS LE BELIEVER 5
 

Oui il est arrivé la semaine dernière, le numéro 5 de la revue Le Believer, version française de la revue étatsunienne The Believer, dont nous avons déjà parlé en ces pages. Dans ce numéro daté «Printemps 2014» et sur le contenu duquel nous aurons peut-être l'occasion de revenir plus longuement, nos lecteurs seront particulièrement attirés par l'interview de Joe Sacco.Hélas une boulette dans la présentation vient un peu flétrir le bouquet.

En effet, voulant bien faire, le rédacteur indique le titre français des œuvres de Joe Sacco, mais s'emmêle sérieusement les pinceaux. En effet les deux tomes de Palestine (1993 et 1996 aux EU) furent en effet initialement publié en français par Vertige graphic en deux tomes en 1996 avant d'être réédité par Rackham en un seul volume en 2010. Ainsi Gaza 1956, édité par Futuropolis en 2010 (Footnotes in Gaza, 2009 aux EU) est bien un autre récit, bien distinct de Palestine et nullement la réédition du tome 2 de Vertige Graphic, sous titré, Dans la bande de Gaza ! Aussi dans le corps de l'interview, quand l'on y parle de Palestine, dans la bande de Gaza, c'est la plupart du temps de Gaza 1956 qu'il est question...Cette confusion est évidemment regrettable, mais ainsi éclairés, nos vivaces clients sauront surmonter la difficulté, car Le Believer demeure une excellente revue.

Le Believer #5, éditions Inculte, code EAN : 9791091887113, 15 €.

 
GUARDIAN DOG
 

Les japonais et la difficulté de l'obligation humoristique

L'auteur l'avoue d'entrée de jeu, son histoire aurait dû être une comédie sentimentale centrée sur le personnage principal. On voit tous ses efforts pour intercaler de l'humour entre les scènes d'action mais on sent aussi que le scénariste s'est assez vite retrouvé emporté par son récit. Dès la jaquette du premier tome il espère "pouvoir revenir au plan initial". Je ne dévoile rien de grave en avouant qu'il n'y arrivera jamais vraiment mais en échange, il nous propose diverses situations qui n'auraient pas forcément trouvé leur place dans une telle comédie.

Genko Kurosaka est un lycéen absolument banal. C'est très important d'être banal dans la vie, ça permet de vivre tout un tas de choses excitantes à la première occasion. D'ailleurs! Un alien en plein délit de fuite décide un beau jour de fusionner avec lui au détour d'une rue. Je vous l'avais dit, soyez banal. Cet alien-là a visiblement fait deux ou trois broutilles pas très nettes car il est poursuivi par une espèce d'agent de police spatial sexy -au statut finalement un peu plus trouble- qui semble prendre la traque très à cœur.  Sans rentrer dans les détails croustillants (qu'il vous faudra découvrir par vous même), je peux vous dire qu'elle fait partie d'une espèce supérieure dont le rôle est de réguler par la violence l'apparition de parasites sub-spatiaux phagocytant agressivement de pauvres autochtones surpris .

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6 yeux, l'alien du début coincé dans le lycéen banal -oui, il n'a pas de nom et la société a basé la construction de son identité sur une particularité physique dont tout le monde a dû se moquer quand il était petit, à l'instar de nos "feuilles de chou" ou "dents de cheval". Ça vous dirait de vous appeler Petites Narines, vous?- et Ishtar, la fliquette (Observer est en fait le terme exact) qui peine à trouver des tenues appropriées, vont finalement cohabiter. Ishtar étant une extraterrestre, elle a comme de juste du mal à s'habituer à nos coutumes et sans surprise  plus spécifiquement à habitudes vestimentaires. 

Quelle est donc cette chose qui point dans les environs du caleçon du héros? C'est le ressort humoristique bien entendu et Genko Kurosaka / 6 yeux devra éviter à tout prix qu'il se tende trop devant cette impudique. Voila de quoi assurer à l'auteur son lot de situations scabreuses et de gêne corporelle. Pourtant, c'est d'un autre personnage que viendront les avances les plus soutenues et si finalement l'auteur ne se prive pas, il n'arrive pas non plus à en faire l'élément prépondérant de son récit. Le cœur de l'histoire est centré sur divers affrontements qui nous préparent tous un peu plus à l'arrivée des grandes révélations. L'auteur alterne entre ces deux types de péripétie de façon très cyclique, faisant apparaître chaque interlude humoristique comme un moment de repos grâce à des changements de rythme très marqués, parfois peu naturels. Une grande constante demeure: le personnage principal profère pas mal d'âneries. Il se place rapidement sous l'égide artificiellement fraternelle d'un inconnu encore pire que lui mais mystérieux et puissant. Et pseudo-pervers. Une figure qui nous manquait.

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J'aurais bien aimé vous parler d'une autre série, Tetsuwan Birdy, en parallèle mais c'est impossible car bien que l'intrigue repose aussi sur la fusion entre une entité extraterrestre et un lycéen, les deux séries n'ont pas grand-chose en commun. Je me contenterai donc de notifier ici que nous profitons de cet article pour passer Tetsuwan Birdy de 5€ à 3.5€ dans nos rayon et que de ce fait, notre pack collection complète de 11 volumes voit aussi son prix diminuer de 50€ à 33.5€. Profitez-en.

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En revanche, je peux vous parler un peu de la série Parasite car un personnage central nous fait le plaisir d'offrir au détour d'une scène d'action une simili réflexion sur la notion d'identité (et la façon dont elle peut perdurer même à travers une assimilation). Cette pensée se retrouve assez promptement remplacée par des révélations musclées de plus grande ampleur mais l'affiliation est palpable. En effet, comme dans Parasite, l'organisme spatial doit en temps normal prendre totalement possession du corps de son hôte, tuant de cette façon sa conscience et ingérant son identité pour mieux l'utiliser. Logiquement, quelques exceptions se présentent. Que faire alors lorsque l'hôte reste conscient ou que les deux esprits se mélangent trop?  Cette ligne scénaristique ne fait pas long feu mais permet à la fin du récit de gagner un tantinet en profondeur narrative.

Cette fin combine encore de nouveaux éléments, qui ont fait le succès de séries comme Fullmetal alchemist ou Mirai nikki, mais je  ne m'appesantirai pas plus sur ses qualités. Pourquoi? Car hélas, vous ne pourrez pas l'obtenir dans le pack que nous vous proposons en ce moment. En effet, la série comprend 4 tomes tandis que notre pack n'en contient que 3, c'est fort ballot. Mais ça ira. Vous ne serez pas plus frustrés que si vous attendez la prochaine saison de votre série télévisuelle favorite. (Ce qui n'est pas rien tout de même, je le concède.) Le récit est justement découpé en trois pseudo-arcs: la résolution de la toute première rencontre qui permet d'asseoir les bases scénaristiques du récit puis les diverses révélations qui, en apothéose, se concluent au bout du tome trois pour aboutir au combat final, conclusif au possible . Donc vous obtenez toutes les réponses. Ne restera plus qu'à constater si le héros arrive à mettre la pâtée à qui de droit, ce qui est plus facile à gérer qu'un cliffhanger  malvenu.

Guardian dog, ki-oon, 3T, 9€! Au lieu de 22,50€ à l'origine ou 5€ par tome en temps normal dans nos rayons.

 
LOCAS ET PALOMAR de Jaime et Gilbert HERNANDEZ
 

LA VIDA SUPER LOCA

Créatures qui ne connaissez pas la série des Love and Rockets des frères Hernandez, vous avez de la chance : de nombreuses heures de lectures bouleversantes vous attendent. Je pourrais vous inonder sous les anecdotes élogieuses pour flatter l’importance historique de ces deux séries que sont Locas et Palomar dans le mouvement de la bande dessinée underground américaine. Je pourrais également m’emballer dans un discours féministe, histoire de rappeler la beauté irradiant dans chacun des gestes de ces héroïnes exceptionnellement fortes. Je pourrais enfin vous décrire par le menu les multiples finesses de cet univers de femmes hispaniques aux nombreux personnages et innombrables ramifications, bondissant dans le passé, le futur, le Mexique, l’Amérique… sans le moins du monde égarer ses lecteurs.

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Le fait est qu’il faudrait trop de place pour faire un éloge exhaustif de ce qui nourrit leurs lectures. Alors je préfère me concentrer sur ce qui domine les miennes : le fatalisme par rapport au malheur.

Le malheur est le poumon de la vie mexicaine, la joie est son foie et le courage son cœur. Le lecteur suit ces jeunes femmes traverser sans fléchir des péripéties qui laisseraient tant d’autres sur le carreau. Viol, meurtre, emprisonnement, misère, famine, injustice… chacune d’entre-elles passe au travers avec la désinvolture de ceux qui ne voient rien d’anormal à cela, de ceux dont le quotidien est tant nourri d’horreurs qu’il n’y a jamais eu d’autres formesde vie imaginables.

De cette quiétude face à l’horreur, de cette résistance naturelle nait une émotion étrange. Au début sourde, car le lecteur se trouve affecté par la distance installée par les personnages. Lui aussi se laisse gagner par cette curieuse indifférence. Du moins en apparence, car le décalage fait inconsciemment son travail. L’émotion, traîtresse, grossit en fait discrètement à mesure qu’avance le récit. Et à un moment, comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, un drame totalement anodin pour le protagoniste va brutalement le submerger.

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Par exemple lorsque Luba, l’une des figures de proue de Palomar, se drogue, mais se drogue au point de détruire sa jeunesse, son sublime corps de femme et son tempérament de battante qui lui permet de se sortir de tout, lorsque ce personnage que le lecteur aime et suit depuis bientôt cinq livres menace de ne plus être celle pour laquelle il a déjà tant tourné de pages, pensez-vous que la mise en scène devienne larmoyante, ou du moins dramatique? Non, pas le moins du monde. Quelques étoiles dessinées autour de sa cheville dansante et tout est dit : de cette fausse allégresse qui l'anime sous l'emprise de la drogue, de la poésie des frères Hernandez qui illustre le malheur comme d'autres le quotidien, et de ce monde trop humain où la souffrance relève toujours de l'option, mais la douleur, elle, est inévitable.

• PALOMAR 1 et 2, Gilbert Hernandez, édition du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).• LOCAS 1 et 2, Jaime Hernandez, éditions du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).

le 30 avril 2010 à Aaapoum Bapoum

09/03/2014Hélas, mille fois hélas, la manne se tarit et nous venons de recevoir nos tous derniers exemplaires de ces séries. Une fois que ceux-ci vous seront vendus, notre stock s'en trouvera définitivement épuisé. Nous n'en aurons plus! Sauf si l'un d'entre vous, insatisfait de sa lecture, décide de nous rapporter ses propres tomes. Mais nous savons pertinemment que ça n'arrivera pas. Alors c'est sûr. Palomar et Locas se raréfient. Or, vous le savez bien, un cheval bon marché est cher. Le prix et le mode de vente de ces deux séries s'en retrouvent donc bouleversés comme suit: 

PALOMAR, T1 & 2 en pack, 25€LOCAS, T1 & 2, en pack, 30€À côté de ça, nous avons encore quelques nouvelles histoires de la vieille Palomar à 5€ pour compléter.  

 
PRI PRI
 

 Princess Princess est un shojo de Mikiyo TSUDA publié en France par feu la maison d'édition Kami en 2007.  L'auteur est tout à fait connu pour sa propension à intriquer des garçons entre eux mais ce coup-ci, la série n'entre pas vraiment dans la catégorie des Boy's love (amour charnel masculin), flirtant à peine avec le genre.

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Lady stardust a feuilleté la série et moi je vais m'y mettre sous peu alors je ne peux pour l'instant vous en donner qu'un résumé sommaire.

"Tooru Kouno a décidé de quitter le foyer de son oncle estimant qu’il était préférable pour lui d'être indépendant. Il s'inscrit alors dans un établissement scolaire réservé aux garçons. Tooru est un très beau garçon. C'est pour ça que des élèves viennent lui demander de se joindre à ce groupe là-bas, qui n'est composé que de beautés... Il apprend que le lycée a un fonctionnement particulier : tout joli garçon doit se travestir en princesse à chaque événement qui s'y passe, pour apporter un soutien à leurs camarades, mais aussi de la beauté à sa vie virile.Au début récalcitrant, il changera vite d'avis en découvrant que les Himes (nom des princesses) ont certains avantages. Il se décidera donc à en devenir une, au même titre que Yuujirou & Mikoto, deux des princesses de établissement avec lesquelles il se liera très vite d'amitié..."

nous dit manga-news.

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Si on élague un peu, on comprend que le héros est un bel éphèbe qui intègre un établissement de garçons. Face à la meute de jeunes hommes - frustrés de ne pas pouvoir délicatement reluquer de fraiches demoiselles - , l'équipe dirigeante a décidé d'institutionnaliser le travestissement de certains lycéens. Ceux-ci sont triés sur le volet en fonction de la délicatesse de leurs traits et bénéficient en échange de certains avantages. Ils subissent toutefois un certain niveau d'attention, pas forcément facile à gérer. D'où le piquant de ce titre, j'imagine, qui est classé en comédie et humour selon le même site web.

Et c'est vrai que même si la source d'humour est tout à fait convenu, ça a l'air suffisamment bien mené pour que ce désagrément s'estompe.

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L'auteur réussit en France à survivre à la chute de Kami car sort chez Kaze (Il a fait Kami- Kaze, héhé) début 2010 le one shot Family complex puis la série the days of revolution en 2T à la fin de la même année. Entre ces séries ont aussi été publiés divers yaoi de son cru. Les deux titres que je viens de citer, que vous pourriez considérer comme des séries dérivées  (camouflées car aucun élément d'affiliation n'est mentionné sur leur couverture) ont en fait été dessiné bien avant Princess Princess et sont même de profondes racines du récit. L'auteur l'avoue bien volontiers: ayant du mal à créer de nouveaux personnages de toutes pièces, il prit le parti d'intégrer son tout nouveau récit dans un univers déjà connu de ses lecteurs. La décision de lire ou ne pas lire ces tomes additionnels  ne chamboulera pas votre appreciation de PRI PRI (petit surnom officieux choupinou donné par les fans)  mais ne vous étonnez pas de constater une dégradation de son style au fil des spin-offs si vous persévérez. Ou un retour aux sources, si vous préférez.

 Princess princess, 6T, Kami, 5€/unité ou 30€ pour la série complète en pack rue Serpente EDIT: Et voila, j'ai lu la série. Son rythme scénaristique est bien géré. Les différentes problématiques posées à ces jeunes gens obligés de se travestir surfent sur les clichés habituels mais l'auteur, en surfer aguerri, ne tombe pas de sa planche narrative et les enchaine sans s'y appesantir, évitant les redondances écœurantes de séries plus longuettes. Il revient peu sur les sujets déjà abordés, préférant en soulever d'autres pour finir avec un panorama assez complet des désagréments qu'auraient pu vivre de réels protagonistes. Et c'est drôle. Le trio principal est suffisamment bigarré pour que les décalages humoristiques fonctionnent régulièrement.  Mikiyo Tsuda profite aussi de ses précédentes séries pour donner une bonne profondeur à ses personnages, subtile grâce aux révélations voilées qui parsèment le récit en faisant référence de façon naturelle aux aventures familiales préalables des personnages.Le tome Princess princess + n'est pas à négliger car poursuit efficacement le récit même après la conclusion de l'histoire principale.

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VAMPIRE QUE ÇA TU MEURS.
 

 Vampires est une série de deux albums qui recueille de nombreuses histoires courtes sur le thème -assez évidement- des vampires. S'intercalent entre ces histoires des illustrations exclusives souvent assez marquantes.

En introduction du premier volume une histoire étonnante de Joann Sfar qui appuie très fort sur la grosse parodie américaine. Elle est plutôt réussie et fera pouffer les amateurs éclairés de Batman mais ne donne pas du tout le ton du panel. En conclusion du second volume une histoire peinte de Fabrice Neaud qui ne fait comme à son habitude pas dans la dentelle quand il s'agit de dépeindre la pulsion homosexuelle mais la mélange avec finesse au récit vampirique malgré un choix narratif très... frontal. Entre les deux: une majorité de récits surprenants (ça n'est jamais vraiment gagné dans un recueil) et si les auteurs n'ont pas la possibilité d'opérer de grands chambardements du mythe, ils prennent efficacement le parti d'en jouer en arrivant à le travestir avec inventivité.  Tels les auteurs d'un Eerie moderne, les participants à ces deux ouvrages collectifs mettent l'accent sur le détournement et le twist final. Lorsque l'histoire n'est pas une parodie c'est un pastiche et nombre des récits de la série ne manquent pas d'humour.

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   Si nous devions citer tous les auteurs prestigieux qui apparaissent au détour de chaque page, vous seriez vite noyés. [1]Selon mes petites préférences je pourrais choisir de mettre en avant la belle illustration de Mike Mignola ou l'histoire méta-vampirique un peu balbutiante mettant en scène une chasseuse de suceurs de sang qui, à cause d'un quelconque Dracula, loupe son casting pour jouer... Buffy la chasseuse de vampire. Pour le reste, à vous de le découvrir rue serpente.

Vampires, 2t, éditions Carabas, 2001 et 2002, épuisé, 25€

Si toutefois vous restez attaché au vampire romantique ou que par  un hasard incroyable vous sortez comme moi d'une séance de Only lovers left alive, vous préférerez vous pencher sur les deux tomes de la série Blood qui fera surement l'objet d'un article plus tard mais que vous pourrez trouver en attendant rue serpente.

[1] Lauffray, Talbot, LLoyd, Bacchalo, Mignola, Edwards, Springer, Sevestre, Yoann, Sfar, Alice, Wendling, Gianni, Pion, Caza, Recht, Parel, Marazano, Neaud, Wendling à nouveau, Hubert, Duprat, Morvan, Buchet, Moynot, Chabouté, Bengal, Carré, Rossi, Lacroix, Johanna, Macé, Tarquin, Delmas, Druillet, Recht again, Labiano, Vervisch. On vous avait prévenu.