Publications dans BD européenne
La véritable édition originale de Sato 2
 

Owari yokereba subete yoshi ?

Attention chers amis, la note qui suit fait partie de la rubrique "collectionnite". On ne rigole plus. Aaapoum Bapoum n'est plus que la petite boutique plus ou moins sympa, versée dans la solde et le pas cher pour tous, tenue par deux ignares goguenards. Non môssieur, désormais on est poitus rayon collection, on en connaît un bout, non mais !

La preuve dans ce qui suit.

Fait incroyable, nous sommes nombreux à croire posséder une édition originale des douzièmes aventures de Blake et Mortimer, Les 3 formules du professeur Sato, tome 2 : Mortimer contre Mortimer, alors qu'en fait nous n'avons que la première réédition. By Jove !

En effet, le BDM, ouvrage très respectable, se montre à son propos trop laconique : son "EO mars 90" n'est pas suffisant pour autentifier l'édition originale. Non, pour ce faire il faut se rendre à la dernière planche de l'album, en page 48.

Là réside deux preuves indiscutables qui permettent  de vérifier que vous possédez l'édition originale. La première se trouve dans la quatrième case. Le phylactère du commissaire Hasumi  évoque des "pratrouilleurs", faute qui sera "corrigée" lors de la première réimpression, très rapide, de l'album : le "r" excédentaire y sera simplement gommé, laissant la place à un petit espace et à des "p atrouilleurs".

La seconde preuve se trouve sous le mot FIN en bas de page à froite. L'édition originale inscrit, après le nom d'E.P. Jacobs, les noms de Bob de Moor et de P.S. Marssignac côte à côte, juste séparés par une barre transversale semblant les répartir à égalité sur les plateaux d'une balance. Il paraîtrait que c'est Bob de Moor lui-même qui s'en serait fâché et aurait obtenu de chasser le nom de Paul-Serge Marssignac, le coloriste avec lequel il ne s'entendait peut-être pas très bien, du générique de fin.

Pour les sceptiques, je précise que je tiens ces informations de Jean-Marc Guyard en personne. Jean-Marc Guyard, auteur de l'ouvrage de référence Edgar P. Jacobs, le baryton du 9e art, grand manitou de la fondation Jacobs, est celui qui a assuré la "direction littéraire" de Sato 2, entendez celui qui a supervisé le travail de Bob de Moor et s'est assuré qu'il était conforme aux esquisses de Jacobs.

Amis collectionneurs, vérifiez sur votre étagère si vous possédez la vraie édition originale de cette étonnante histoire en territoire nippon... Quel que soit le résultat de cette investigation, que ce soit pour se consoler ou pour se réjouir, la meilleure des choses à faire reste de se caler confortablement dans le fauteuil club qui trône dans votre bibliothèque feutrée et de déguster à nouveau cette histoire, accompagné d'un vieux whisky, dans la lumière oblique d'un soleil printanier, loin, si loin des rumeurs de la ville.

NB : selon la même source, il existerait un tirage confidentiel de l'EO de Mortimer contre Mortimer, tout au plus une cinquantaine d'exemplaires, qui serait cousus et non collés. M. Guyard étant profondément peiné à l'idée que le B&M qu'il avait supervisé soit le premier à ne pas être cousu, l'éditeur aurait consenti à cette petite excentricité  pour le satisfaire ainsi que ses collaborateurs...

PS : selon plusieurs témoignages de collectionneurs ayant acheté l'album à sa sortie, il semblerait que les deux versions aient été mises en vente simultanément. Ainsi le tirage de l'édition originale aurait été stoppée pour correction, puis relancé. Les exemplaires avec "fautes" auraient tout de même été mis en vente. Reste deux questions : à combien s'élève le tirage et qu'elle est la proportion d'albums non corrigés ?

 
Mérite Maritime de Dubois et Riondet
 

Une série injustement méconnue

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Ils fument un tabac gras à la fumée lourde, ont, au coin des lèvres, des cigares fait pour être mâchouillés longuement par des mâchoires carrées, et un couteau replié dans la poche arrière du jeans. Dans tous les ports, des femmes les attendent, femmes de pêcheurs, sœurs de matamores gominés, anciennes putes au cœur à la mesure de leur solitude, ils les retrouvent le temps d’une escale, le temps d’une embrouille.

Le cambouis des machines et la rouille des tôles coincés à l’encoignure des ongles, ils vivent l’errance éternelle des marins, descendants d’Ulysse sur un cargo de fret.

A bord de « l’Amiral Benbow », se faire arnaquer par la vie est un lot commun, ça donne au moins une raison d’étancher sa soif. Combats de boxe truqués, pavillons de complaisance, boat people et marins embarqués de force, l’équipage croise sur sa route une humanité n’aspirant qu’à l’ailleurs, eux savent que tous les ports se ressemblent. Et ne comprennent le monde que loin de lui, face à l’immensité de la mer.

En une poignée d’histoires, servis par un dessin solide, épuré, le scénariste de  Simon du fleuve nous parle de nos existences de terriens par l’absence. Corto Maltese et le capitaine Haddock pourraient se croiser dans la cambuse de son cargo, et disserter à l’infini sur les trois sortes d’hommes existant : les vivants, les morts, et les marins.

Cette série, publiée dans le mensuel « A Suivre », a été retirée du catalogue Casterman depuis quelques années, une pierre de plus dans la tronche du débat sur la gestion de leur fond par les éditeurs… En attendant, Aaapoum Bapoum offre le mouillage à Mérite maritime, embarquement dock 23, ne vous laissez pas déstabiliser par les gueulantes du ‘pitaine, il est toujours ronchon et très à cheval sur la hiérarchie. La série est complète en trois tomes, qui sont en éditions originales (et pour cause, ils n’ont été imprimés qu’une fois). Le pack est à vendre pour 29 euros.

 
Inside Moebius Vol.3, Mœbius, Stardom
 

Par Stéphane, pour Vlad.

Un jour on coupe le cordon, un jour on coupe le ruban. Triste vie.

Anecdotiques,c'est certain, les carnets de Mœbius sont néanmoins loin d'être dénués d'intérêt. Ils s'insèrent à point nommé dans une démarche cohérente, celle d'un artiste massif, testeur fou de formes et inventeur d'un univers en béton armé,à la fin de son parcours et à l'heure du bilan.

C’est un immense raout bordélique où l'auteur, ses multiples alter ego, ses personnages et même l'actualité s'entremêlent en un récit qui, faute de mieux, se rapproche du journal intime. Mais le plus plaisant, même pour le fan, ne se trouve pourtant pas dans ce mausolée artistique érigé en avance.

Le désert B., lieu d’errance que Mœbius emprunte à Moïse, a bien des velléités de musée en devenir, mais il ne se fige pas pour autant. Au contraire, c'est le panache, la liberté créatrice avec laquelle il n'a jamais cessé de jouer, et la distance qui conduisent la lecture. Autant dire la jeunesse d'esprit, vivacité étincelante qui cohabite mal avec le corps maladroit du vieil homme (dessin) ; l'impossibilité de leur réunion est, finalement, le cœur de l'ouvrage.

Pour la première fois, lorsque pépé Mœbius ose ressortir au pimpant Gir l'éternel poncif de sa multiple personnalité, la boutade n'a plus cette teinte égotique des interviews accordées à Numa Sadoul. Elle illustre désormais l'âge qui ronge, les rêves inassouvis, et l'idée du temps passé. Un temps, implacablement, non mœbusien.

 
 
L'E dans l'O
 

De l'effet tragique de la disparition des secrétaires de rédaction

Cher Stéphane,

je te dois des excuses. Il y a quelques semaines je me suis moqué de toi presque injustement. Rappelle-toi, tu avais eu la naïveté de te laisser convaincre par tes amis de Chronic'art que Mœbius avait laissé un commentaire sur un de tes webarticles. Pour te convaincre du ridicule d'une telle supposition,  j'avais utilisé un argument massue : peut-on imaginer un seul instant que le vieux maestro ne sache pas écrire convenablement son pseudonyme ? En effet le commentaire était signé Moebius et non Mœbius... Alors que le mois dernier encore, à la radio avec Frédéric Taddeï, Jean Giraud répétait son attachement au E dans l'O. INCONCEVABLE... Et pourtant.

Cette discussion a rejailli de ma mémoire lorsque j'ai vu la couverture du dernier opus... Inside Moebius, tome 3 ! By Jove ! Ecrit en toutes lettres le nom de l'auteur... Sans E dans l'O. Vérification faite,  la même chose pour les deux précédents tomes.

Incroyable ! Le nom du créateur est bien répété 19 fois dans tout l'album en typographie d'imprimerie  (dont trois fois rien que sur la couv', bonjour le culte) sans jamais être orthographié correctement. C'est de la démence. Surtout que Stardom, qui a édité ces carnets de luxe, est bien la propre maison d'édition de Jean Giraud et de sa compagne Isabelle, ils le répètent suffisamment. Petite maison gnagnagna artisanat gnagnagna...

Alors Stéphane, je te prie d'accepter mes excuses. J'avais raison : Mœbius n'a pas laissé de commentaire sur ton article - qu'est-ce que tu veux qu'il en ait à foutre de Blain et de surfer sur chronicart.com ?-  mais en revanche j'avais utilisé un mauvais argument, même s'il paraîssait convainquant.

Désolé.

 
Récurrence de la figure eastwoodienne, annexe 3
 

L'oncle d'Irlande

Décidément, des nouvelles déclinaisons se dévoilent chaque mois à mes yeux et viennent enrichir notre corpus d'étude. Ma dernière trouvaille se trouve dans le tout à fait honnête et bien mené  polar d'Arnaud Guillois : L'Irlandais, histoire complète publiée en trois volumes chez Carabas entre 2004 et 2006.

L'auteur ne recherche pas dans ces pages une ressemblance parfaite, mais bien une évocation du personnage eastwoodien pour incarner l'oncle du narrateur.  Oncle Harry (un  prénom  qui n'est pas innocent) est donc la figure paternelle et salvatrice, le deus ex machina qui vous arrange les bidons quand ça va mal. Un ancien de l'IRA exhilé, reconverti en patron de bar... 

Personnage apparemment périphérique au premier abord, il se revèlera  de premier plan. Il est introduit ainsi par la voix-off du héros : "J'adore mon oncle. Son franc-parler. Ses gestes. Sa gueule d'acteur américain".

Citation bien appuyée pour convaincre ceux qui pensent que je suis dérangé à voir des eastwoods partout !

 
Des images, toujours des images
 

De la bande dessinée, de la science fiction, et la vie du quartier

Depuis l'ouverture de notre nouveau magasin, le blog s'est mis à la lettre d'information, promotions et autres publicités. Car il ne faut pas croire, mais ouvrir un truc pareil ça coute un fric fou.

Là il faut qu'on rentabilise un minimum notre prose. Donc, la publicité fera désormais partie de la vie de cet espace.

Mais bon, ce blog, à l'origine, se devait d'être aussi un lieu dans lequel les deux vendeurs se feraient rire l'un l'autre, s'échangeant leur coup de cœur et leur coup de gueule, tout en faisant profiter la communauté de tarés qui vient chercher des éditions originales dans leur grotte.

Or rien de tout cela ne va changer.Pour aujourd'hui, j'ai une magnifique collection d'illustrations de science fiction à vous proposer sur Flickr,  un cadeau pour les fans de manga ero guro et de jolie fille à tatouage (J.B ce lien est pour toi qui a cette si belle affiche collector punaisé comme un sagouin sur ton mur).

Enfin, quelques photos de mon cru sur le dispositif 9M2, lancé à coté de AAAPOUM, au niveau de l'Hotel de ville, évènement auquel participaient Jacques Tardi et Cabu. Le livre est déjà un  futur collector.

 
Bonne lecture à petit budget
 

Seconde chance...

L'actuel système de surproduction fait que certains ouvrages délicats passent quasiment inaperçus malgré leur qualité intrinsèque. Ils disparaissent sans avoir trouvé leur public. Heureusement tous les livres ne se retrouvent pas pilonnés. Certains éditeurs préfèrent solder quelques titres. Ainsi parmi les "nouveautés" que nous avons déballées en quasi exclusivité parisienne pour la nouvelle boutique de la rue Serpente se trouvent quelques ouvrages du Cycliste.

Hier soir j'ai ainsi pu lire Tante Lydie et moi de Christian Barranger, mis en couleurs par Bernatets. Une histoire d'amitié transgénérationnelle. Pas très bien éclairée lors de sa sortie visiblement : ni la bédéthèque, ni la BDthèque ne la répertorient (m'enfin les collectionneurs vous étiez où ? c'est fou ça !).

Une fort agréable surprise : le graphisme et les couleurs sont soignés, lisibles et plein de détails signifiants. La typographie s'harmonise parfaitement avec le dessin (j'y tiens : de nos jours, c'est très rare). Les personnages sont parfaitement crédibles, même dans leurs aspects les plus fantasques. Cette bande dessinée se révèle une chronique de mœurs contemporaine, émouvante sans ostentation. Et pour 3€...  Ce serait vraiment ballot de ne pas venir se la procurer chez nous et d'ainsi passer une excellente soirée.

Moi en tous cas j'ai découvert un auteur... Certes avec un peu de retard, mais pourquoi vivre dans l'urgence ?

 
De quoi se détourner dix minutes du travail en ce lundi difficile.
 

Petites errances sur la toile et autres lectures inutiles

Par Stéphane

Je ne sais pas pour vous, mais le brouillard pesant de ce matin ne me motive pas trop. Et comme Vlad est parti en vacances pendant dix jours, il ne m'en faut pas plus pour me lever en me disant "oulala, aujourd'hui, je vais y aller molo" (N'en croyez rien patron, c'est de la blague! Juste un peu de stratégie marketing pour séduire le chaland) .Alors, si vous êtes dans ma situation, voila de quoi prendre du plaisir occulaire pendant au moins cinq à dix minutes. C'est un petit concours d'incrustation de personnages de dessins animés dans des toiles de grands maîtres. Vous verrez, le résultat est vraiment amusant. Quant aux anglophones qui s’intéressent au manga, voila un très bon article de C.N.N, daté d'hier, sur la place du manga dans la stategie culturelle japonaise à l'internationale. Toujours sur l'esthétique manga au Japon, le dernier Nicolas de Crecy, Le Journal d'un fantôme aux éditions Futuropolis, est un peu chiant mais très beau et parfois intéressant. Je vous met dans la suite l'ébauche de critique que j'en ai faite, et qui finira peut être dans la section bande dessinée de Chronicart si j'arrive à la terminer (simplifier diraient mes amis).

Journal d'un fantôme, Nicolas de Crecy, Futuropolis.

Longtemps, la bande dessinéeest restée une jeune pousse ignorée sur la branche esthétique del’arbre de la philosophie. Or l’ère de l’innocence est révolue.Depuis l’émergence récente de jeunes réformistes – auxquels lescritiques français en mal de référence n’ont su trouver d’autrepseudonyme que celui de « nouvelle vague »-, les idées fusent etse déchirent autour d’une conception artistique de la bande dessinée.Le beau, le sublime et tout le tralala deviennent monnaiecourante dans les interviews d’auteur, tandis que les disputes entredéfenseurs de la technique et chercheurs d’une essence suprême fontrage. A travers le Journal d’un fantôme, récit de voyagefictif et grotesque d’une étrange créature à l’autre bout dumonde, Nicolas de Crecy intervient en personne pour argumenter sa vision.

Un être fait de dessinpart en stage au Japon, pays gavé de logo et d’icônes, dans le butd’en apprendre un peu plus sur l’utilité de l’esthétique. Lebut : se forger une forme. Drivé par son manager, si le petit êtreapprend bien les rudiments de l’épure, de la clarté et de l’efficacité,il sera alors capable, à son retour en France, de postuler à un emploid’icône publicitaire. Peut-être même un rôle suprême de mascottepour les futurs jeux Olympiques. Le rêve. Par malheur, son inclinaisonnaturelle pour une ligne fragile, et la fâcheuse tendance à se formeret se déformer en fonction de ses humeurs, compliquent l’apprentissage.Le challenge n’est pas gagné, d’autant plus qu’il croise un Nicolasde Crecy au discours particulièrement perturbant dans son avion deretour.

Si ce résumé ne manquerapas de rappeler le Bibendum céleste, du point de vue strictementidéologique, on retiendra de l’argumentaire de N.D.C. qu’il ressassebeaucoup, s’appuyant sans les nommer sur des concepts philosophiquestoujours pertinents mais un peu poussiéreux1. Heureusement,sa capacité à mettre en pratique ces théories fait très vite oublierle soliloque. Le lecteur affûté aura d’ailleurs compris que cetteaventure (de fiction) et son discours ne sont pas le vrai journaldu titre. Il faut  gratter, l’intérêt est derrière, dans lescroquis d’après nature rassemblés par N.D.C. durant ces voyages(autobiographie) pour alimenter le récit. Très drôle, ce renversementdes rôles, où l’image prime et le texte devient son illustration.

Alors, si les nombreuxchangements d’outils et variations de trait servent toujours la miseen scène, ils consignent surtout les mouvements d’humeur d’un dessinateuren voyage. Le romanesque cache sous sa croûte la cartographie émotionnelle,de l’émerveillement à la solitude dépressive –là est le vraisujet. Voilà donc la belle subtilité de cet album : Il y a deux journaux.Un fictif et grotesque, un vrai, dont celui d’un fantôme ; qui est-il? Le héros informe du récit en a bien l’apparence, tandis que lediscours veut convaincre qu’il s’agit du dessin, en tant qu’idéephilosophique. Peu convaincant, pour le lecteur, le si touchant fantômede ce récit restera la présence immanente et invisible qui anime lemonde : l’auteur. Alors, très cher Nicolas, montrez nous donc encorequi vous êtes et ce que vous avez vu.

 
Thorgal 29 : la fin justifie le moyen
 

Acharnement thérapeutique

par Vlad

Le sacrifice, tome 29 de la saga familialeThorgal est présenté à grand renfort publicitaire comme la fin du cycle écrit par Van Hamme. Le doute est entretenu sur son ou ses successeurs et sur leur domaine de travail... D'autres Thorgal... ou un cycle consacré à son fils, Jolan ? Le dessinateur Rosinski, après avoir fait mine de vouloir arrêter, se déclare prêt à continuer, à condition que se soit en couleurs directes. La couleur directe est d'ailleurs le principal argument de vente de cet album. Sur un forum bédéïque que je fréquente, nombreux sont les lecteurs qui s'extasient devant la performance du dessinateur-peintre. Certes les harmonies chromatiques sont plus pêchues que par le passé, mais ce virage technique est surtout une astuce de la part d'un vieux routard pour masquer sa difficulté croissante à pousser ses crayonnés et à assurer un encrage aussi prestigieux que par le passé (tares bien visibles sur le précédent épisode, le pathétique Kriss de Valnor). Ce que ne parviennent pas à farder ces touches de peinture, c'est l'incapacité — qui relève de la répulsion inconsciente— de Rosinski à retrouver les traits de son héros. Thorgal change ainsi de tête à chaque page, pour finir totalement méconnaissable et difforme sur l'ultime case, maladresse qui achève de saborder l'émotion souhaitée .

Les incohérences scénaristiques, elles, sont tellement omniprésentes qu'on se demande si elles ne font pas partie d'un exercice de style nihiliste, et le recours quasi-systématique au deus ex machina comme moteur de progression de l'action est  diablement lassant.

Merci messieurs, il était temps d'arrêter ! On pourrait même être satisfait de cet épisode en considérant qu'il vaut mieux que les deux précédents, s'il n'y avait les deux cases rédhibitoires que je vous laisse découvrir dans la suite...

Messieurs Rosinski et Van hamme, comment des auteurs peuvent fairevivre une situation aussi ridicule à un personnage qu'ils ont créé etqui les a accompagnés pendant 29 tendres années ?

Que nos amis qui n'ont pas encore lu cet épisode se rassurent, notre pataud héros n'aura bien sûr aucune bosse et conservera la totalité de ses dix doigts malgré ses expériences hasardeuses avec son épée. Au passage, ce serait pas mal de la faire correctement aiguiser... Mais il est vrai que les bons artisans se font rares.

 
Le retour du noir
 

Laissez tomber une bonne idée, il y aura toujours quelqu'un pour la ramasser

Rappelez-vous, il y a quelques mois, je me réjouissais ici de l'arrêt des dos noirs chez Delcourt... Et bien c'est désormais aux amoureux de la sobriété linéaire de faire la fête. Les dos noirs sont de retour... Chez Glénat qui donne un coup de neuf fort original à sa collection Grafica.

La preuve sur la photo ci-dessus des deux dos de La loi du Kanun, une série qui démarrait excellemment il y a un an et qui se poursuit avec moins de relief aujourd'hui (pour des raisons indépendantes de la maquette !).