Publications dans Manga
LECTURES DE VACANCES
 

En vacances, on peut lire, c'est merveilleux.

Les Tuniques Bleues n°57 : Colorado Story de Lambil et Cauvin, DupuisC'est fou, la précédente fois que j'ai lu un Tuniques Bleues, c'était le n°53. Tu as à peine le temps de te retourner, d'installer deux trois étagères, et voilà que Lambil et Cauvin ont déjà pondu quatre albums. Je ne me rappelle plus du tout du contenu de Sang bleu chez les bleus mais je me souviens de m'être fait la réflexion que le dessin de Lambil n'avait pas bougé. Quatre ans plus tard on ne peut plus dire la même chose. Une grosse fatigue s'est abattu sur le vieil artisan et ici chaque vignette semble être un agrandissement d'un morceau de case du temps passé : trait un peu bancal, gras, composition malhabile, absence de détails, impression de vide. L'album se lit cependant sans difficulté et on le referme avec l'impression qu'il ne s'est pas passé grand chose. Longtemps annoncée, l'aventure n'arrive jamais. Ce n'est pas forcément un mal puisque des aventures, les deux bas-gradés fédérés en ont déjà vécues pas mal.Cette quasi-absence d'action et de rebondissements me laisse assez rêveur.

S'il n'y avait cette fameuse péremption des corps vivants, on pourrait imaginer que Lambil et Cauvin continuent ainsi pendant des siècles. Et qu'à chaque tome, insidieusement les deux compères se décalent progressivement et de manière quasi imperceptible du schéma initial. Spéculons : au 25e siècle, Cornélius Chesterfield et Blutch passeront des albums entiers à ne presque rien faire, cantonnés dans un fort. À la page 7 ils se lèveront pour aller saluer le drapeau "— Debout ! bête feignasse !", "— Je vois briller une telle exaltation dans votre œil bovin que je vous cède le passage avec plaisir, Sergent". Page 26 ils se rendront à la cantine : "— Alors Cornélius, vous n'avez pas faim ? Vous rêvez encore à Miss Applet..." scrognnntudju.

Ainsi petit à petit, les anti-héros de la guerre auront glissé dans un espace théâtral becketto-brechtien où le décor ira en s'effaçant, jusqu'à disparaître dans un nuage cotonneux. Réduits à l'état de spectres bégayants ils se rendront parfois compte qu'ils sont morts depuis longtemps. Ils se disputeront alors pour savoir depuis quelle aventure ils sont décédés, depuis quel moment a démarré ce changement d'état ?

Scalped tome 9 :  À couteaux tirés de Aaron et Guéra, Urban comicsJ'ai bien essayé de le faire durer celui-là, sachant que le tome 10, à sortir en février, serait le dernier de ce magnifique feuilleton. Aussi je me suis souvent arrêté, à la fin de chaque chapitre, je prenais le journal, j'allais jouer aux petites voitures, mais rien à faire, j'ai fini par le terminer. Excellent, sauf un chapitre assez inutile en début de recueil, correspondant au n°50 des fascicules originaux. Quand ils arrivent au 50e numéro, les étatsuniens se sentent obligés de fêter ça, alors ils invitent tout un tas d'artistes extérieurs à venir célébrer leur durabilité. Si la première partie de cet épisode 50, avec ses détails parfaitement horrifiques sur la technique du scalpage est très bien, si le choix d'Igor Kordey comme partenaire est assez naturel, les pleines pages signées par d'autres artistes (dont Jordi Bernet et Steve Dillon) sont assez inutiles. Mais cessons de pleurnicher pour quelques planches : eussions nous attendu un long mois comme les lecteurs initiaux pour avoir la suite, que la grogne eût été justifiée, mais nous avons eu bien des pages pour être, non pas satisfaits, mais transportés avec bonheur et angoisse. Un tome extrêment dense en rebondissements et action. Trahisons, revirements, surprises... Le rythme s'accélère dans la réserve Lakota de Prairie Rose (!) et cette magistrale série approche de sa conclusion, qu'on présume noire tant tout ce qui nous a été donné de traverser était loin du Village dans les nuages. À mon avis cette série est ce que les États-Unis ont produit de mieux, avec Locke & Key, depuis une décennie.

Baby-sitters tome 1 de Hari Tokeino, GlénatOn change totalement de registre pour cette série cherchant à se placer sous le dogme du "mignon". Ryuchi, un ado bien élevé et bienveillant, et son tout petit frère Kotaro, ont perdu leurs parents dans un accident. Désormais ils sont l'un pour l'autre leur seule famille. Oui, la larme vous vient à l'œil... C'est le principe. Les grosses ficelles de l'émotion sont ici fortement agitées. Ryuchi est même victime d'injustices (plutôt mineures) récurrentes. Ce brave gars n'en veut jamais à ceux qui le bousculent, au contraire, ils les comprend. Ryuchi et Kotaro sont donc accueilli pas la directrice d'apparence acariâtre d'une université. Vous avez bien noté le "d'apparence". Elle confie à Ryutaro un emploi de surveillant dans la crèche sise au sein de l'établissement, la crèche qui accueille donc les bébés des professeurs et du personnel. Grand frère idéal et attentionné, Ryutaro est un excellent choix pour ce poste. Les bébés sont ici traités comme des créatures d'une espèce presque distincte de l'humanité. Supposés extrêmement mignons, ils sont aussi très chauds et volontaires et ils ne font pas beaucoup caca. Il est un peu trop tôt pour se faire une opinion tranchée sur cette série. C'est souvent un peu balourd, mais j'ai été parfois ému. Il faut dire que je pleure devant la Petite maison dans la prairie, moi.

Btooom! tome 11 de Junya Inoue, GlénatNouvelle rupture de registre, avec la suite de ce shonen-up bien sanglant. Forcément, quand tu n'as que des grenades pour te défendre contre d'autres tordus, ça change un peu de la bataille de polochons. Là aussi on s'approche bien de la conclusion, ou du moins d'un cap important dans le développement de l'histoire. Ryota continue à se débattre pour constituer une équipe afin de mener à bien son plan d'évasion de l'île, mais le Dr Daté est décidément une véritable ordure. Les enjeux tactiques sont toujours clairement exploités dans cette série B tout à fait lisible. Les motivations des méchants organisateurs sont un peu moins convaincantes, mais on ne blâmera pas l'auteur de tenter d'inclure son aventure insulaire dans un cadre géopolitique anticipatif plus large. D'ailleurs un shonen-up supervisé par le Monde diplo serait sans doute moins distrayant. Enfin, dans la mesure où voir des êtres humains déchiquetés par des bombes puisse vous distraire. L'auteur développe d'ailleurs un peu sa réflexion et sa mise en abyme du spectacle, faisant de Btooom ! une curiosité hésitant entre voyeurisme et moralisme et dévoilant Junya Inoue comme un lointain descendant de Sam Peckinpah.Bonne fin d'année 2014.

 
WET MOON D'ATSUSHI KANEKO
 

On peut constater un certain assagissement chez Atsushi Kaneko. Les formes se désentrelacent, les plans vont en se distinguant les uns des autres et les intrigues se clarifient. Pour résumer :

1)      Au départ nous avons un dessinateur virtuose qui anime de concert tous ses fantasmes de fiction dans une sarabande démente. C’est le Atsushi période Bambi (éditions IMHO). Un Tarantino de papier enrobant toutes ses fusillades dans un graphisme psyché alors que retentit le rythme endiablé d’un punk-rock primitif… Un Tarantino qui aurait cependant troqué le glamour publicitaire pour une bonne dose de cauchemar suintant qui ne déparerait pas dans le frigo de Stéphane Blanquet. L’intrigue semble se résumer à une succession de combats, avant qu’une histoire ne se dévoile. Impossible à gérer sur le long terme, le dessinateur scénariste finit par la faire retomber in extremis sur ses pattes grâce à une pirouette acrobatique. Nous disions alors bravo.

2)       Atsushi change de cap… L’improvisation il a déjà donné. Il veut se sortir une histoire de la tête. Se montrer qu’il peut produire une œuvre structurée et longue, qu’il peut élaborer un plan et s’y tenir. Surviennent alors les 11 tomes de Soil (éditions Ankama) : Blam ! Blam ! Blam ! Écoutez comme ils paraissent avec régularité. Votre portefeuille pleure et la larme nous vient à l’œil en constatant que oui, c’est vrai, il y est arrivé ! Vu le départ il semblait impossible que cette histoire de famille disparue, de pyramide de sel extra-terrestre, de recréation de cérémonies magiques ancestrales, d’adolescents perdus pour la normalité et de ville qui se dérobe puisse jamais, mais jamais tenir debout. Et bien si, et s’est magnifiquement angoissant et criant d’une formidable lucidité sur les caractéristiques de notre espèce. L’œuvre s’adresse tout de même à des rationalistes capables d’admettre que l’on puisse changer le cours du destin en se couvrant de ketchup et en tapant très fort sur une marmite. C’était le Atsushi période "Lynch et Cronenberg ont lu Mircea Eliade". Nous disions toujours bravo.

3)      Et voilà comment on arrive à la nouveauté à paraître en janvier ! Wet Moon…chez Casterman (merci aux défricheurs qui ont précédé : vous avez vendu que dalle laissez donc faire les pros). D’abord c’est beau. Des aplats de noir viennent régulièrement structurer les cases. Auparavant l’aplat de noir était plutôt réservé aux scènes nocturnes. Il faut préciser qu’Atsushi n’a pas d’assistant, alors quand, au Japon, tu n’as personne pour te mettre du noir là où tu fais une petite croix, tu évites de faire des petites croix (je plaisante). Donc le dessin de Wet Moon est parfaitement équilibré, tout à fait lisible sans rien perdre de sa personnalité. Le découpage et la mise en scène y sont renversants (allez au pif : p. 86, p. 131, magnifique, non ?). La peur et l’angoisse montent en vous tandis que le sang vous cogne les tempes… Oui bien sûr mettez-vous un peu en condition, n’allez pas me lire ça sans investissement, au boulot en mâchouillant un burger tout en surveillant votre fessebouc !L’histoire ? Et bien… Sata, un jeune inspecteur, obsédé par la lune, voit la réalité se déliter à la suite d’un accident qui lui a laissé une cicatrice à la tempe. Que lui est-il arrivé ? Il ne sait plus bien… Sa mémoire n’est plus fiable et ses collègues ont l’air de conspirer. Pas facile d’enquêter dans ces conditions. Ah oui, nous sommes en 1966 et le Japon ne semble pas désespérer de participer lui aussi à la conquête spatiale. Quand je vous disais qu’Atsushi s’était assagi. Nous disons encore une fois : bravo !

C'est presque de façon désintéressée que je vous vante les mérites de Wet Moon (à l'heure actuelle c'est un excellent premier tome, on verra pour la suite, la série étant prévue en trois tomes je crois). Car vous ne trouverez vraisemblablement pas ce titre, à paraître le 8 janvier 2014, chez nous. Certes nous vendons encore les tomes 0 et 6 de Bambi, mais vous dire que vous pouvez les lire sans lire le reste de la série serait vraiment mensonger.

Wet Moon d'Atsushi Kaneko, à paraître le 8 janvier 2014 chez Casterman. 8,50 €. Code EAN : 9782203081482.

En 2012 nous avions reçu Monsieur Kaneko dans notre librairie, il en reste cette vidéo.

Bien que je sâche que le reste de la série est désormais dur à trouver, j'ai très envie d'acheter par correspondance sur le site d'Aaapoum Bapoum  (et je ne m'inquiète pas si c'est super long à charger !)

 
QUELQUES LECTURES DE NOVEMBRE
 

J'entendais par-ci par là "L'été des bagnoles" . Une rumeur de fond comme il y en a tant par ici... Je me suis dit, ce doit être un remake des Mange-Bitumes. Comme moi les bagnoles je m'y intéresse très peu, je n'ai pas creusé. Chez des amis, invité à prendre le thé, les voici qui me recommandent un petit bouquin à l'italienne avec une couverture texturée façon toile, édité par Çà et Là. Son titre : L'été des Bagnold. Bagnold !!! Pas bagnoles ! Ça change tout.

L'été des Bagnold est donc une bande dessinée faite par un anglais nommé Joff Winterhart qui narre la traversée d'un été par une mère et son fils de 15 ans. Le père a évidemment fui depuis longtemps et s'est mis avec une nouvelle femme plus jeune. Le fils de 15 ans devait passer ses vacances d'été chez son père, mais finalement ce dernier se dérobe une nouvelle fois et c'est encore avec Maman que Daniel va passer ses six semaines de vacances. J'ai trouvé ça très bien. Ma collègue Lady Stardust n'a pas tellement aimé, elle a dit, à l'instar de Patrick Batman quelques années avant à propos de Six feet under : "Ça va la vie quotidienne des autres ! Moi aussi j'ai une vie !". Moi je dois dire que j'apprécie plutôt de lire des histoires de vie quotidienne crédibles, parce que j'aime étudier leurs correspondances et leurs divergences avec la mienne.  L'estimable Géant Vert a fait dans le Rock&Folk de novembre une critique qui est élogieuse (c'est "le gros plan du géant") mais avec laquelle je ne suis pas d'accord : "ouvrage qui décrit de manière ultra-dépressive six semaines de la vie d'une mère célibataire et de son fils de quinze ans fan de Metallica". C'est sur l'adjectif "ultra-dépressif" que je tique. Il est vrai que je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était la dépression, mais je ne vois pas ce qu'il y a de dépressif là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas tout le temps en train de sautiller que l'on est dépressif, ni parce qu'on a un visage plutôt impassible comme certains asiatiques en donnent l'impression (oui car la mère de Daniel, Sue, semble être originaire d'un pays d'Asie où les Yankees stationnèrent pendant une guerre) qu'on est forcément au quatrième dessous. Certes L'été des Bagnold est parfois un peu triste, empli de la nostalgie des présents potentiels, mais c'est aussi souvent une œuvre très drôle.

La rythmique implacable des saynètes de 6 cases nous fait passer par des émotions variées. Je n'ai pas lu de livre aussi sensible et avec lequel je me sente autant en phase depuis... Pepe de Carlos Gimenez ? Captain America de Brubaker et Epting ? Je ne sais plus et de toutes façons, c'est sans importance,  L'été des Bagnold est un très bon livre qui coûte 16 euros. Il paraît qu'on va l'avoir à la vente dans les jours qui viennent, mais j'allais écrire ce billet même si on n'en avait pas à vendre. Dans ce cas je vous aurais dit de l'acheter chez les libraires qui me l'ont conseillé (La Friche, rue Léon Frot à Paris).

Les éditions Dargaud ont fait traduire par le rock-critic Hugo Cassavetti Le Cinquième Beatles de Vivek Tiwary, Andrew Robinson et Kyle Baker. Il s'agit de la biographie en BD de Brian Epstein, manager inspiré de la carrière des Beatles, et non de l'histoire de George Martin ou de celle de Stuart Sutcliffe, autres pressentis pour le titre envié de cinquième. Ça se lit sans surprises, sans déplaisir, ni joie, comme tous ces biopics américains qui mènent tous au même point : l'homme dont on parle était grand mais incompris, ce qu'il a fait il le doit à la force de sa volonté, alors on doit être ému par les injustices qu'il a subies et par sa mort. Le scénariste proclame dans la postface que c'est l'œuvre de sa vie, j'espère bien pour lui qu'il se trompe. Les beatlemaniaques n'apprendront rien et les autres n'achèteront probablement pas cet album, correctement dessiné, avec même quelques trouvailles par-ci par là. Une occasion à 14 € vue dans la vitrine rue Serpente.

J'ai lu les 3 premiers tomes de L'Attaque des Titans de Hajime ISAYAMA, série sur laquelle l'éditeur Pika communique beaucoup. J'ai lu dans le prochain Zoo que c'était la série manga à retenir de 2013. Kaboom en parle comme "d'un des plus intéressants divertissements venus du Japon ces dernières années". Pour ma part je suis assez partagé sur ce truc. Je ne suis pas ébahi par la portée du propos, ni par la qualité des dialogues ou de la mise en scène. Ça ne tient pas tellement la route, la vraisemblance est ici un souci lointain et je n'ai rien compris au système tactique tri-dimensionnel que l'auteur a mis au point avec un pote ingénieur...

Reste que ces images de géants blêmes, à l'intelligence douteuse, au corps contrefait, errant dans les rues d'une cité lilliputienne abandonnée sont d'une grande force. Comme si elles reflétaient une peur ancestrale enfouie dans notre inconscient, attisée par la persistance de Goya et de Grossbouf. Je crois bien que j'en ai rêvé d'ailleurs. La simplicité de cette idée me suffit. Après, les atermoiements tactiques des personnages et leur survie éventuelle ne m'importent pas vraiment. On peut à l'heure actuelle trouver les 3 tomes rue Serpente, rangés à la lettre A de la section des 5 euros.

 
SOLDES MANGAS
 

Pour ceux qui ne sont pas abonnés à notre lettre d'informations (formulaire ci-contre dans la colonne de droite) et pour ceux qui ne nous suivent pas sur facebook, il faut tout de même que je l'écrive ici : nous organisons de petites soldes, et principalement sur notre rayons mangas.

J'ai pour l'instant sélectionné près de deux cents volumes qui sont vendus à 2€ pièce à l'entrée du magasin de la rue Serpente. Il y a aussi des mangas grand format au moitié de notre prix habituel. Quelques exemples :

• Black Butler tome 1 : 2 €

• Death note tome 3 : 2 €

• Strain tome 2 : 3,50 €.

Donc si vous avez encore soif de lectures pas trop chères en sortant de la Japan Expo, ou en y allant, n'hésitez pas à faire un saut par le quartier latin, qui bien qu'envahi par les banques et les agences immobilières recèlent encore quelques lieux propice au divertissement et à la joie. Et si comme moi vous n'allez pas à la Japan Expo et bien vous aurez plus de temps pour rester un moment dans notre boutique presque fraîche et presque rangée.

 
SÉRIES COMPLÈTES MANGA, LE FILON CACHÉ.
 

Comme les arpenteurs les plus assidus de notre boutique de la rue Serpente ont pu le constater, les structures d'exposition de livre au sein d'Aaapoum Bapoum sont mouvantes ces temps ci. Nous les rabotons, nous les modifions et je l'espère, nous les améliorons.

Est progressivement remonté à nos oreilles au fil de ces métamorphoses le fait que nous croulions sous les packs de manga, ce qui asphyxiait notre rayon.   Le coeur lourd et la main pesante, nous avons dû nous résigner (du moins j'ai dû me résigner) à remiser une partie de nos séries complètes dans un endroit qui vous est désormais physiquement inaccessible.

Cet exil forcé se transforme aujourd'hui en tout autre chose: une offre exclusive. En effet, toutes les séries présentées plus bas ne sont plus mises en vente dans la boutique. La seule façon de vous en prévaloir est de commenter cet article, de nous envoyer un mail ou de nous la réserver sur Facebook.

A moins que cela ne soit précisé, toutes les séries listées ci dessous sont des séries ou collections complètes. La liste sera expressément modifiée à chaque changement de stock. Vous remarquerez que l'ordre adopté est alphabétique et que nombre de ces séries sont dorénavant épuisées!

A girls, 3T, 15€Bloody kiss, 2T, 10€Booking Life, 2T, 10€Ceux qui ont des ailes, 6T, 12€ (abimés)Chassés croisés, 2T, 28€Complex, 7T, 30€Croque Pockle, 3T 10€Di-gi charat, 4t, 14€Douze mois, 2T, 8€Emerging, 2T, 12€E's, 6T, 30€ en coursEscadrille des nuages, 4T, 20€Eternity, 5T, 15eFleur du sommeil, 2T, 8€Gente, 4T (le one shot ristorante paradisio est inclu), 25€Girlfriend, 5T, 25€Gonta, 5T, 15€Go west! 4T, 14€Guardian dog, 4T, 20€Jumbor Angzenbang, 2T, 10€Kamichama karin chu, 7T, 30€Kasane, 2T, 19€Kieli, 2T, 8€Last Quarter, 3T, 11€Légende de Raoh, 5T, 25€ venduMetamo kiss, 3T, 15€Mint na bokura, 6T, 30€Mitsuko Attitude, 5T, 25€ incomplet.Nora, 10T, 45€ (inclu la saison 2, surebrec)Nude fruits, 3T, 15€Nouvel Angyo onshi, 17T, 75€Opéra de Pekin, 3T, 15€Paradise Kiss, 5T, 35€Pretear, 4T, 14€RH+, 4T, 20€Samuraï rising, 4T, 13€Sanctum, 5T, 30€Someday's dreamers, 2T, 8€Soul drop, 3, 15€T'abuses Ikkô!, 7T, 30€Tokkô, 3T, 15€Umizaru, 12T, 40€Yonen Buzz, 4T, 12€Yuma, 2T, 10€

EDIT: Tout a été progressivement réintégré en rayon (ou vendu). En tout cas, la réserve secrète n'existe plus pour l'instant.

 
AU BORD DE L'EAU, ÉDITIONS FEÏ
 

Certains connaissent bien ce monument de la littérature chinoise qu'est Au bord de l'eau. Certains l'ont même lu. Il en existe même qui l'ont lu jusqu'au bout, si ce n'est en pléïade, du moins en folio (deux gros volumes).

Dans cette histoire médiévale toute une tripotée de brigands, d'horizons divers mais tous en opposition avec le pouvoir central, se rassemble dans des marécages et crée ainsi un bon grumeau de résistance au sein de l'Empire.

Certains sont d'origine noble, d'autres sont de basse extraction, d'autres viennent même d'ordres religieux. Ils ont comme point commun d'être plutôt coriaces en baston, d'êtres presque tous des hommes et surtout de ne pas aimer trouver des poils de cul dans leur potage. Ici en Europe, on trouve pas mal de tentatives d'adaptation de ces textes du XIVe siècle, dont une par Magnus et une autre par Morvan. Les Chinois ne sont pas restés en rade et eux aussi, ils ont fourni des versions illustrées de leur monument national. Publiées sous la forme de "lianhuanhua" dès le quatorzième siècle, en gravure sur bois. D'après ce que j'en sais les lianhuanhua sont une forme de narration assistée de dessins qui présente quelque cousinage avec notre bande dessinée, à ceci près qu'elles sont constituées principalement d'un dessin par page et soulignée d'un important récitatif.

Si l'on peut y trouver des phylactères, il semble bien que le texte prime et soit indispensable à la narration. Bénéficiant parfois d'un tirage très important, les lianhuanhua sont édités dans un petit format à l'italienne aisément transportable dans une poche de prolétaire. Au XXe siècle, dans la Chine communiste il y eut d'abord une première vague d'adaptations d'Au bord de l'eau dans les années 50, sous la responsabilité d'un certain Jiang Weipu.

Malheureusement dans les années soixante la récession succédant au Grand bond en avant et le virage programmatique de la Révolution culturelle sonnent le glas de cette production tournée vers la Chine ancestrale. Il faudra désormais attendre la mort de Mao pour que la thématique des Brigands du marais soit à nouveau bien vue au comité central. Les originaux des années 50-60 ayant été détruits, Jiang Weipu reprend tout à zéro, et réunissant une nouvelle équipe artistique, reprend l'adaptation du chef d’œuvre.

C'est donc ces versions que les éditions Feï vous proposent désormais d'acquérir en français dans un assez luxueux coffret toilé bleu.

Cet écrin contient 30 petits fascicules (des lianhuanhua, donc) de 14,9 cm de long sur une hauteur de 11,4 cm (masse et épaisseur variables). Chaque livret correspond à un chapitre du livre et est confié à une équipe artistique différente. Les dessinateurs sont tous de bon niveau et se permettent parfois d'exprimer leur sensibilité propre. Ils ont en commun une grande maîtrise de la circulation des blancs.

Oui, en dehors des couvertures, les récits sont en noir et blanc.C'est d'ailleurs la partie graphique qui emporte ici l'adhésion. L'adaptation consistant surtout à retrancher du texte et des péripéties. La lecture des ces fascicules se rapproche plus de celle d'un livre illustré que de celle d'une bande dessinée telle qu'on l'entend de ce côté-ci du monde depuis que les phylactères et les récitatifs ont enterré les massives adjonctions de textes sous chaque vignette.

Pour nourrir la réflexion de nos lecteurs voici la première page du premier livret :

Et voici la page correspondante dans le folio (début du chapitre II)

Je ne vais pas ici me livrer à une analyse de l'adaptation, d'autant que je n'ai eu le temps que de lire vite fait quelque fascicules et que ma lecture du premier folio date d'une douzaine d'années. Ici c'est juste un blog, pour les articles de fond, voyez l'université ou le site du9.

Le coffret est d'une dimension assez imposante, il prend sur une étagère l'équivalent de 8 ou 9 Blake et Mortimer. Toutefois présenté de face sur le devant d'une étagère assez large, il devrait produire son petit effet sur vos invités. C'est également un cadeau de Noël fort efficace, de ceux qu'on reçoit avec émotion, qu'on palpe après s'être soigneusement essuyé les doigts du gras de foie qui pourrait encore s'y trouver. On le considère avec respect en se disant qu'on lira ça avec soin dans son fauteuil club lorsqu'on aura le temps et un fauteuil club. Même s'il ne sera jamais vraiment lu, pendant des années la simple vision de son épais dos azur vous réconfortera et vous plongera dans des rêveries extrême-orientales, faites de roseaux oscillants, de falaises vertigineuses plantées de quelques épineux saillants et tordus, de montagnes émergeants de rizières brumeuses... Et lorsque la dernière tablette de lecture rendra l'âme dans un hoquet plaintif et hululant face à l'impulsion électro-magnétique annonciatrice de la fin des temps, vous brandirez fièrement dans votre poing gigantesque et puissant le monumental coffret, relique scintillante d'un temps où l'on aimait les beaux objets.

Chers clients, pour que vous ayez une vision précise de la taille de l'ouvrage, nous avons fait appel à Gino. Où plutôt à une fève en forme de Gino. Gino est le sympathique serveur du restaurant À la bonne fourchette, l'établissement des parents de Tom-Tom et Nana (éditions Bayard). Il n'a évidemment rien à voir avec les brigands chinois, mais c'est tout ce que j'avais sous la main. Gino fait environ 2,2 cm. Vous le verrez ci-dessous successivement sur les folio (gallimard) et sur le coffret Feï.

Au bord de l'eau, coffret réunissant 30 fascicules plus un livret de présentation, EAN : 9782359660845. 79 €. Tirage annoncé par l'éditeur : 2000 exemplaires. En vente à Aaapoum bapoum et aussi sur www.aaapoumbapoum.com.

 
2001 NIGHTS STORIES DE YOKINOBU HOSHINO
 

Le monolithe de Noël

Dans quelques jours les éditions Glénat sortent un coffret que vous aurez peu de chances de trouver chez nous avant un moment. Tiré à seulement 2001 exemplaires, cet épais bloc de science-fiction qui réuni deux beaux volumes format A4 (ce qui pour du manga est assez grand) est en effet vendu 99 €. Chaque exemplaire est accompagné d'un ex-libris numéroté et signé, agrémenté au dos d'un autenthique dessin original d'Hoshino – pour ce que nous en avons vu, en général un visage féminin de trois quart assez élégant. Dans ces conditions il est probable que ses acquéreurs ne le revendent pas immédiatement et que l'éditeur en distribue relativement peu. Aussi si vous voulez lire cette œuvre assez rapidement il vaut mieux aller l'acheter ailleurs que de l'attendre chez nous. Mais... est-ce que ça en vaut la peine, et d'abord qu'est-ce que c'est que ce truc ?

Comme son titre l'indique cette œuvre fait référence au film de Kubrick et de Clarke, 2001 l'Odyssée de l'espace, sorti sur les écrans en 1968 et qui marqua profondément l'imaginaire des spectateurs de l'époque (monument qui, cela dit en passant, n'a pas pris beaucoup de rides plus de 40 ans après). Au milieu des années 80, Yokinobu Hoshino et son éditeur décident de rendre hommage au long métrage à travers une série de nouvelles. Le temps de 6 histoires l'exercice sera mené avec une efficacité réelle. L'auteur japonais parvient à décliner des situations du film avec le même souci de vraisemblance. On est en pleine SF hard science. Les vaisseaux, les capsules, les scaphandres sont bien dans la même veine que dans le Kubrick. C'est en quelque sorte fatal, puisque de toutes façons ils puisent également dans les mêmes sources et s'inspirent des recherches et développement des agences spatiales réelles.

Dès la septième histoire, Hoshino sent la limite du système et s'il garde le même tempo, il s'éloignera délibérément du carcan imposé poar son modèle initial. Les 13 autres nouvelles aborderont donc les 4 siècles à venir de la colonisation de l'espace.

Le dessin, digne produit d'une école réaliste japonaise où s'abreuvent aussi bien Otomo, Hôjô, qu'Ikegami et Taniguchi, est très maîtrisé et élégant. Si les personnages sont frappés par une trop grande standardisation, le style froid d'Hoshino colle très bien à la description des mécaniques volantes et des glaciaux espaces sidéraux. Des posters dépliants et de nombreuses pages couleurs accentuent des effets spectaculaires déjà abondants. Leur naïveté pompière heurtera probablement les sensibilités les plus austères mais réjouira les autres.

À moins qu'elle ne soit un premier contact avec le genre, cette œuvre ne devrait changer la vie de personne, mais elle demeure une bonne référence bédéïque en science-fiction. Je ne dirais pas un incontournable, mais plutôt un bon classique jusqu'ici inédit en France. D'Hoshino, nous n'avons d'ailleurs jusqu'à présent qu'eût droit au Trou bleu, chez Casterman en 1996. Les éditions Glénat comblent donc une lacune et se voit justement sélectionnées pour le prix du patrimoine à Angoulême 2013.L'objet est joli, les livres ont une prise en main agréable, le paier est épais et l'impression est de qualité – je l'écris en gras car c'est important et rare.

2001 Night Stories de Yukinobu Hoshino, coffret réunissant deux volumes, ex-libris n° et s. 99€.

2001 Night Stories de Yukinobu Hoshino, coffret réunissant deux volumes, ex-libris n° et s. 99€.

Donc pour conclure je vous dirais que si vous gagnez au moins 2500 euros par mois et que vous aimez la science-ficition, l'achat de ce coffret est tout à fait valable. Si vous gagnez 1800 euros par mois et que vous voulez faire très plaisir à quelqu'un qui aime la science-fiction, alors c'est aussi valble. Sinon... c'est peut-être un investissement un peu excessif.

Pour info il semble que le sous-titre étrange "version d'origine" soit une concession aux éditeurs japonais pour qui cela signifierait en français quelque chose comme "la version telle que l'auteur l'aurait toujours voulue".

Il est vrai que le français du Japon n'est pas exactement le même qu'ici.

 
BICYCLE 3000 DE O SE HYUNG
 

Sordide sans tonitruance

Un fait divers sordide comme notre espèce est assez propice à façonner est à l'origine de cette bande venue de Corée. Elle commence par une garde à vue et dès les premières pages le lecteur aura compris toute l'histoire, que nous ne développerons pas ici. Une histoire si simple que même le bouleversement chronologique n'arrive pas à la brouiller.

Le dessin, assisté de photographies manque considérablement de puissance mais la mise en scène est fluide et élégante. Un peu démonstrative dans l'affichage de sa retenue, mais elle fonctionne bien sans exiger un investissement démesuré du consommateur. L'auteur a sans doute voulu compenser l'inexpressivité de ses personnages (un jeune homme simplet et une jeune fille dont la discrétion frise l'effacement) par une narration limpide. Ainsi c'est une bonne petite dose de glauque facilement assimilable qui est à votre portée en une heure de lecture. On referme le livre un peu plus triste qu'avant, c'est donc que quelque chose est survenu. Je vous le recommande, en plus ça sort aujourd'hui, vous pouvez toujours l'acheter chez nos voisins, ou espérez en voir en occaz dans pas trop longtemps chez nous.

184 p. EAN : 9782505015642, Kana, collection Made in, 15€ neuf.

 
RENCONTRE AVEC ATSUSHI KANEKO
 

"Si je n'avais pas raté la fac, je ne serais pas devenu mangaka."

Au mois de janvier de cette année, nous avions eu la chance d'accueillir Atsushi Kaneko, un excellent illustrateur et un mangaka étonnant, dont nous apprécions aussi bien Bambi (6 tomes chez IMHO) –série B punk, frénétique et délirante– que Soil (11 tomes chez Ankama), –fantastique psychanalyse lynchienne d'une ville nouvelle ou rien n'est ce qu'il paraît être.

Grâce à la traduction en direct d'Aurélien Estager, Atsushi Kaneko a pu répondre aux questions de ses lecteurs présents ce jour là.  La vidéo dure un petit quart d'heure et a été enregistrée à l'initiative de Faustine et Nicolas, qui en plus d'être nos clients depuis longtemps sont aussi les valeureux animateurs de la section manga du site planetebd.com. Merci à eux, qui ont captés ces instants malgré l'état grippal qui les accablait et qui nous ont autorisé à diffuser ces images sur notre blog.

Atsushi Kaneko à Aaapoum Bapoum from Aaapoum Bapoum on Vimeo.

Après avoir répondu aux questions avec un naturel notable pour un mangaka, l'artiste a travaillé jusqu'à l'épuisement sur des dédicaces pour nos clients. Merci à lui et aux éditions Ankama et IMHO.

Le son n'est pas très fort, ce doit être ma faute –je suis nul en compression de vidéos– mais vous n'avez qu'à pousser le volume de votre home cinéma.

 
ÉDITIONS IMHO : SOIRÉE DE RENTRÉE CHEZ AAAPOUM
 

Hello les amis.

Vous avez raté la soirée Pepito de Bottaro avec les éditions Cornélius?

Pas grave, on accueille la soirée de rentrée des éditions I.M.H.O., le jeudi 20 septembre à partir de 18h, rue Serpente. Non moins de 5 nouveautés seront présentées ce soir-là,  dont deux titres mis en vente en avant- première exclusivement pour la soirée, alors que leur sortie officielle est pour le 4 octobre.

Voici le menu :

Anamorphosis de Shintaro Kago succède à Fraction, second volume de sa trilogie de l’horreur. Les nouvelles s’y succèdent tel un catalogue des visions qui hantent les cauchemars de cet auteur dont beaucoup pensent qu’il est fou. Description et extrait sur le site de l’éditeur. Extrait et présentation éditeur

Palepoli de Usamaru Furuya :Après Litchi Hikari Club et quelques autres livres plus ou moins violents et sombres dans la collection Sakka, voici Palepoli, l’une des premières œuvres de Furuya, déjà obsédé par la culture populaire tout autant japonaise qu’occidentale. Extrait et présentation éditeur

Tohu Bohu de Shin’ya Komatsu : Série de situations surréalistes, ce recueil d’histoires plonge dans des univers fantasmagoriques peuplés de personnages extravagants capables de contrôler le temps ou de parcourir le ciel sur des bicyclettes volantes…  autant d’invitations au voyage et à la poésie. Extrait et présentation éditeur

Et en vente exceptionnelle en avant-première le 20 septembre, avec une parution annoncée le 4 octobre.

Promenade dans la ville de la boîte à Biscuit de Rokudai Tanaka : Un magnifique recueil de nouvelles dont le dessin naïf et joyeux contraste avec la tristesse sous-tendue par cet univers médiéval fantastique travaillé par l’angoisse de la guerre. Le sucre et la gourmandise y traversent les images comme une métaphore d'une légèreté indispensable pour supporter l’existence. Autant dire que les amateurs de poésie naïve et de détresse pudique seront ravis. Extrait et présentation  éditeur

Blue de Naoki Yamamoto :A l’époque, Asatte Dance était l’un des tous premiers mangas publiés en Français. L’insuccès nous a privés des autres livres de cet auteur vraiment très doué pour tisser des liens psychologique entre sexualité et rapports sociaux. Extrait et présentation éditeurDe nombreux critiques de bande dessinée seront présents pour cette présentation, ainsi que l’éditeur. Vous pourrez discuter avec la crème de la profession.

Comme à l’accoutumée, boissons alcoolisées ou non et petites collations donneront à cette présentation professionnelle un petit côté cocktail convivial.

Bref, ça va être sympa, détendu et en bonne compagnie. On compte sur vous pour venir nombreux.