Publications dans Comic
LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE
 

Je parcours assez intensivement le aaablog ces temps -ci. Je n'ai pu m’empêcher de noter quelques articles visuellement très riches axés sur divers interactions anatomiques intimes étonnantes.

Grand écart facial et latéral à la fois

Grand écart facial et latéral à la fois

Le premier s'attaque au bustes féminin sous la pression tandis que le second se plait au micro événement plein de fureur et de douleur qu'est la rencontre pied/couille. Il existe même un addendum au second article proposé par un troisième larron! C'est dire si nous nous concentrons sur les effets corporels importants.

Coïncidence rigolote, j'ai posté il y a peu sur cette plateforme de partage d'informations- qui me fatigue de plus en plus à cause du gouffre d'oubli dans lequel chaque statut plonge le précédent, aussi rigolo et inventif soit-il - un petit dossier contenant quelques images thématiques semblant convenir ici.

Je porte ma jambe droite en bandoulière

Je porte ma jambe droite en bandoulière

Dans un premier temps, j'avais constaté, comme tout un tas de lecteur de Spider-man, que les dessinateurs affiliés à ce super héros profitaient de sa flexibilité, de ses pouvoirs et de sa souplesse pour oser... de grandes expériences d'agencement anatomique.

Pour l'instant rien de réellement étonnant. 

 La vraie raison de l'ajout de cet article de blog réside dans les deux dernières couvertures. La première, vous l'avez aperçue d'entrée de jeu. Le dessinateur (je n'ai pas vraiment cherché son nom ni l'apparition d'origine de cette illustration) trouve tout naturel de vous montrer les cacahouètes d'un spidey ballotant. En effet il n'y a pas grand chose à mater, m'ont dit quelques lecteurs, mais vous constatez à son allure de gangsta bras levés et jambes écartées qu'il y prend un petit plaisir, le spidey. Et tout cela mène à cette incroyable couverture de Docteur Octopus année un sur laquelle spider-man balance agressivement son bassin  (fesses comprises) à la tronche du pauvre doc qui risque bien de se prendre une étrange prise de catch. L'illustration littérale de l'expression américaine "You can kiss my ass!"  j'imagine.

doc oc

doc oc

Conclusion hative: spider man est un pervers en pâte à modeler. 

Existe-t il une réelle propension de spider-man à exhiber cette entrecuisse svelte et souple dont il pourrait être si fier? J'ai pu découvrir le contenu de tout cet article en rayon rue serpente. J'imagine fort bien que spidey récidive en de maintes occasions loin de mes yeux prudes. Si vous avez des propositions indécentes trônant dans vos étagères, je suis preneur.

PLOT TWIST!RETOURNEMENT FINAL! 

Torse à la place du pénis

Torse à la place du pénis

 
 
 
JOE SACCO DANS LE BELIEVER 5
 

Oui il est arrivé la semaine dernière, le numéro 5 de la revue Le Believer, version française de la revue étatsunienne The Believer, dont nous avons déjà parlé en ces pages. Dans ce numéro daté «Printemps 2014» et sur le contenu duquel nous aurons peut-être l'occasion de revenir plus longuement, nos lecteurs seront particulièrement attirés par l'interview de Joe Sacco.Hélas une boulette dans la présentation vient un peu flétrir le bouquet.

En effet, voulant bien faire, le rédacteur indique le titre français des œuvres de Joe Sacco, mais s'emmêle sérieusement les pinceaux. En effet les deux tomes de Palestine (1993 et 1996 aux EU) furent en effet initialement publié en français par Vertige graphic en deux tomes en 1996 avant d'être réédité par Rackham en un seul volume en 2010. Ainsi Gaza 1956, édité par Futuropolis en 2010 (Footnotes in Gaza, 2009 aux EU) est bien un autre récit, bien distinct de Palestine et nullement la réédition du tome 2 de Vertige Graphic, sous titré, Dans la bande de Gaza ! Aussi dans le corps de l'interview, quand l'on y parle de Palestine, dans la bande de Gaza, c'est la plupart du temps de Gaza 1956 qu'il est question...Cette confusion est évidemment regrettable, mais ainsi éclairés, nos vivaces clients sauront surmonter la difficulté, car Le Believer demeure une excellente revue.

Le Believer #5, éditions Inculte, code EAN : 9791091887113, 15 €.

 
LOCAS ET PALOMAR de Jaime et Gilbert HERNANDEZ
 

LA VIDA SUPER LOCA

Créatures qui ne connaissez pas la série des Love and Rockets des frères Hernandez, vous avez de la chance : de nombreuses heures de lectures bouleversantes vous attendent. Je pourrais vous inonder sous les anecdotes élogieuses pour flatter l’importance historique de ces deux séries que sont Locas et Palomar dans le mouvement de la bande dessinée underground américaine. Je pourrais également m’emballer dans un discours féministe, histoire de rappeler la beauté irradiant dans chacun des gestes de ces héroïnes exceptionnellement fortes. Je pourrais enfin vous décrire par le menu les multiples finesses de cet univers de femmes hispaniques aux nombreux personnages et innombrables ramifications, bondissant dans le passé, le futur, le Mexique, l’Amérique… sans le moins du monde égarer ses lecteurs.

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Le fait est qu’il faudrait trop de place pour faire un éloge exhaustif de ce qui nourrit leurs lectures. Alors je préfère me concentrer sur ce qui domine les miennes : le fatalisme par rapport au malheur.

Le malheur est le poumon de la vie mexicaine, la joie est son foie et le courage son cœur. Le lecteur suit ces jeunes femmes traverser sans fléchir des péripéties qui laisseraient tant d’autres sur le carreau. Viol, meurtre, emprisonnement, misère, famine, injustice… chacune d’entre-elles passe au travers avec la désinvolture de ceux qui ne voient rien d’anormal à cela, de ceux dont le quotidien est tant nourri d’horreurs qu’il n’y a jamais eu d’autres formesde vie imaginables.

De cette quiétude face à l’horreur, de cette résistance naturelle nait une émotion étrange. Au début sourde, car le lecteur se trouve affecté par la distance installée par les personnages. Lui aussi se laisse gagner par cette curieuse indifférence. Du moins en apparence, car le décalage fait inconsciemment son travail. L’émotion, traîtresse, grossit en fait discrètement à mesure qu’avance le récit. Et à un moment, comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, un drame totalement anodin pour le protagoniste va brutalement le submerger.

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Par exemple lorsque Luba, l’une des figures de proue de Palomar, se drogue, mais se drogue au point de détruire sa jeunesse, son sublime corps de femme et son tempérament de battante qui lui permet de se sortir de tout, lorsque ce personnage que le lecteur aime et suit depuis bientôt cinq livres menace de ne plus être celle pour laquelle il a déjà tant tourné de pages, pensez-vous que la mise en scène devienne larmoyante, ou du moins dramatique? Non, pas le moins du monde. Quelques étoiles dessinées autour de sa cheville dansante et tout est dit : de cette fausse allégresse qui l'anime sous l'emprise de la drogue, de la poésie des frères Hernandez qui illustre le malheur comme d'autres le quotidien, et de ce monde trop humain où la souffrance relève toujours de l'option, mais la douleur, elle, est inévitable.

• PALOMAR 1 et 2, Gilbert Hernandez, édition du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).• LOCAS 1 et 2, Jaime Hernandez, éditions du Seuil, 12 euros pièce (au lieu des 19 et 22€ initiaux).

le 30 avril 2010 à Aaapoum Bapoum

09/03/2014Hélas, mille fois hélas, la manne se tarit et nous venons de recevoir nos tous derniers exemplaires de ces séries. Une fois que ceux-ci vous seront vendus, notre stock s'en trouvera définitivement épuisé. Nous n'en aurons plus! Sauf si l'un d'entre vous, insatisfait de sa lecture, décide de nous rapporter ses propres tomes. Mais nous savons pertinemment que ça n'arrivera pas. Alors c'est sûr. Palomar et Locas se raréfient. Or, vous le savez bien, un cheval bon marché est cher. Le prix et le mode de vente de ces deux séries s'en retrouvent donc bouleversés comme suit: 

PALOMAR, T1 & 2 en pack, 25€LOCAS, T1 & 2, en pack, 30€À côté de ça, nous avons encore quelques nouvelles histoires de la vieille Palomar à 5€ pour compléter.  

 
ÉTRANGE ET STRANGE
 

Quelques aaapoumiens à l'humeur archéologue ont décortiqué ces dernières semaines de nombreux Strange, Spécial Strange et autres séries d'époque.  Entre deux genèses, ils ont fait quelques découvertes étonnantes. En voici trois :

Deadpool Mini-séries une et deux

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Deadpool est un personnage qui apparaît dans le Titans N°155, bien décidé à faire la peau à Nathan Summers alias Cable. Il dispose d'un bagou déjà ravageur mais de peu d'autres spécificités. Il revient ensuite sporadiquement dans divers autres séries, gagnant petit à petit en popularité.

Planqués dans les numéros 304 à 311 de la revue Strange se terrent les épisodes des deux premières mini-séries Deadpool, qui posent de manière abrupte le personnage (ça semble habituel à l'époque) avant de lui laisser finalement une série totalement dédiée par la suite. Créés  par Fabian Nicieza / Joe Madureira puis Mark WaidIan Churchill, ces deux arcs narratifs complets répondent à des épisodes d'X-force parus quelques années auparavant mais qu'il n'est pas nécessaire de dégoter pour autant. Deadpool y est déjà ce qu'il devrait être. Les personnalités multiples et le 4e mur en moins, me semble-t il, mais tout est en place pour que ces deux éléments apparaissent sans à-coups et sous peu. L'ambiance y est moins délirante, plus poussiéreuse ; l'anti-héros étant tout de même un mercenaire pur et dur avant de partir en vrille. Entre Sarajevo, la France, le Caire et l'Inde, Deadpool affrontera entre autre le Fléau dans une course poursuite internationale aux enjeux potentiellement faramineux, puis défendra son intégrité physique pendant que son intégrité mentale se fait la malle.  Notre petit pack se révèle bien pratique car ces épisodes n'ont pour le moment jamais été réédités.

Il parait que Mark Waid a dit au sujet du personnage: "Franchement, si j'avais su que Deadpool était à ce point un pauvre mec quand j'ai accepté d'écrire la mini série, je ne l'aurais pas fait." (Frankly, if I'd known Deadpool was such a creep when I agreed to write the mini-series, I wouldn't have done it.) Admettez que ça donne au personnage un petit caractère.

Strange 304 à 311, 55€Titans 155, 3€

X-men contre vengeurs

Vous seriez en droit de vous demander si Marvel ne nous a pas fourni avec le récent crossover AvsX une simple resucée de cette histoire. Et bien pas du tout. Dans cette aventure complète de 1988, les X-men fédérés autour d'un Magneto repenti (tandis que Charles Xavier explore les étoiles) affrontent popovs et vengeurs qui voudraient naïvement que Magnéto paye quand même un peu pour ses crimes contre l'humanité. On retrouve un même schéma de prise de position autour d'une entité surpuissante divisant l'opinion puis un clivage similaire avec des X-men se regroupant autour du problème en face de vengeurs qui imaginent détenir toutes les réponses du monde et pensent pouvoir tout gérer par eux même. Les changements les plus marquants et de fait les plus cocasses sont induits par la période politique ayant vu la création de ce comics. Tout est dorénavant un peu désuet mais le scénario et les répliques ne manquent pas de charme.

X-men contre vengeurs, un Récit Complet Marvel de  Stern, Rubinstein et Silvestri, 15€

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X-men Days of the futur past (futur antérieur)

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Quelques initiés savent que le second film X-men (celui de 2003) est tiré d'un arc narratif très apprécié appelé God love, man kills.

Nos archéologues du début de l'article ont découvert en rayon deux Special Strange, les numéros 35 et 36 contenant des épisodes d'Uncanny X-men étrangement similaires au pitch du prochain film Days of the Futur Past. Il s'avère après vérification que ce sont en effet ces deux épisodes qui servent de base au film. Quelques petits ajustements ont été fait à cause de l'inattendue notoriété cinématographique de Wolverine mais l'idée est la même. Et ça rend très bien en comics. L'histoire que je ne vous révélerai pas ici est audacieuse. La rupture tant narrative que d'ambiance avec les arcs adjacents lui donne une force toute particulière. C'est normal, c'est du Chris Claremont & John Byrne! Le site marvel-world nous apprend d'ailleurs qu'en 2001, la première partie de cette histoire fut élue vingt-cinquième meilleur comics de Marvel de tous les temps.

X-men futur antérieur, Spécial Strange N°35 et 36, €

 
BAP CAVE, LES COMICS DU SOUS-SOL
 

Je sais nos lecteurs rêveurs patentés tandis que nos collectionneurs ont plus la tête dans leurs listes que dans les nuages. Je remarque de ce fait qu'il leur fut aisé de manquer la découverte de notre sous-sol et malgré un panneau qui se veut visible et informatif, la question revient souvent: "Mais qu'y a-t il donc dans votre cave?" Ou plus prosaïquement: "Y'a quoi en bas?"

Beaucoup de choses. Des soldes, des occasions, des BDs à 3€ ou même à moins. Et puis des comics. C'est la dessus que je vais vous éclairer pour le moment. Et oui, 1€, 2 ou 3, c'est possible même pour autre chose que des fascicules Gen 13. Outre notre rayon phare de "comics divers" qui contient des fascicules aussi variés que du Spawn couplé à des Strange et un poil de séries Wildstorm par exemple, le sous-sol se pare régulièrement de nombreux albums américains. Entre Martha Washington et Danger girl, voici une sélection de titres qui prouve que, six pieds sous terre, il n'y a pas que des séries décomposées.

Patrimoine: The Punisher, cercle de sang: T1 la nuit du massacre. 1€

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Publié en France en 1989 par comics USA, il est le 15e album de leur collection "Super-héros". Ce titre se fait très discret dans notre boutique alors que sa présence en pile remonte déjà à un certain temps. En cause ? Surement sa couverture un peu trop rétro qui a du mal à réveiller la flamme du massacre dans l'œil de l'amateur des Punisher de Dillon/Ennis.  Pourtant cet album, qui est le premier du triptyque Blood circle , représente un pas important dans la carrière du punisseur.

En effet, le cercle de sang est la toute première mini-série offrant la place de personnage principal au Punisher. Il avait bien fait quelques apparitions auparavant (ne serait-ce que pour tenter de dessouder Spider-man en 74) mais jusqu'en 86, date de parution américaine, il n'était bien qu'un personnage secondaire (quoi que pressenti pour un plus grand rôle depuis fort longtemps).

L'entrée en matière est rude pour le personnage comme pour le lecteur qui découvrait alors probablement le Punisher. Enfermés à Ryker's, la tête embrumée et les poches vides de tout leur arsenal habituel, lecteur et héros tentent de reprendre pied et de saisir toute l'ampleur de la situation alors qu'ils sont jeté sans ménagement en plein milieu d'une intrigue qui se révélera ensuite par petites touches efficaces.  Étonnamment, pas de dilemme moral pour le Punisher malgré des alliances contre nature. Il sait ce qu'il fait. Être coincé avec les malfrats qu'il prend plaisir à abattre habituellement n'est pas source de doute: il doit sortir à tout prix de prison. Pour ce faire, il utilisera tous les "moyens" à sa disposition. Et si des prisonniers s'échappent avec lui, ils tomberont bien entendu dans le cadre de sa répression musclée. Il ne réfléchit pas sur le système carcéral et sa potentielle force de pénitence mais suggère en creux que la prison est un lieu suffisamment contraignant et limitant pour qu'il n'ait pas à y agir comme à l'accoutumée.Vous retrouverez dans cette aventure quelques clichés mais découvrirez dans la foulée que de vieilles ficelles peuvent parfois éveiller la meilleure des scènes.

Les postures dessinées par Mike Zeck sont un peu raides et il leur arrive d'en devenir très drôles mais à l'inverse, certains effets de mise en scène sont très marquants et quelques cases révèlent un coup de plume intéressant. Le Punisher oscille durant tout l'album entre l'allure thoracique d'un Schwarzenegger et le visage plus allongé d'un Nicolas Cage, ce qui, rajouté à quelques expressions faciales un peu gueulardes fait tanguer l'aura du personnage d'aventurier mouillé dans de sales combines à salopard judge dreddien.

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Modern Love: American Virgin T1 tête, 3€

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Un jeune prêcheur abstinent extrêmement convainquant part à la recherche de réponses quand sa fiancée se fait décapiter en Afrique par des terroristes. Les premières pages montrent très efficacement le monde rigide et superficiel de la foi-spectacle américain mais cette critique goguenarde se transforme vite en road trip rageur. "Face à des tueurs à gages, des paparazzi, la pornographie et la voix de Dieu en personne, Adam découvre un monde spirituel totalement inexploré", nous dit la quatrième de couverture. Pour l'instant, il découvre surtout la masturbation et un monde sans aucune pitié face auquel il n'est absolument pas préparé. De la pudibonderie américaine exacerbée à la crasse d'un monde en rébellion, nous assistons à la déchéance de l'ange qui ne trouvera jamais vraiment les bonnes réponses.

La série est constituée de 3 tomes aux USA mais le T.1, Tête, seul album paru chez Panini, se suffit convenablement à lui même, ne demandant de faire aucune impasse à celui qui accepte l'indécision d'une fin ouverte discrète.

Frank Quietly a dessiné de magnifiques couvertures qui sont fort heureusement présentées tout au long de l'album. Ça aurait été bien dommage de les manquer.

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Fan fiction officielle: Ultimate X-men et Ultimate Spider-man, collection prestige 4€

Les aventures des super-héros de la ligne éditoriale ultimate prennent place dans un "A/U", un alternate universe (univers alternatif) officiel qui a permis aux auteurs lors de sa création dans les années 2000 de faire fi de toute continuité et de se lâcher complétement comme les petits fanboys qu'ils sont tous au fond d'eux. Réinvention des origines, rencontres différentes, méchants... remixés, tout est modifié. De nombreuses séries sont touchées, dont les X-men et Spider-man qui nous intéressent ici plus spécifiquement. Quelques années plus tard, on a pu retrouver le début de ces aventures alternatives dans un format plus étonnant. Cartonné de la taille d'un franco-belge, chaque album de la collection prestige reprend de manière bien ordonnancé le contenu des fascicules sortis en kiosque.

 Non loin de nos Battle Chasers et de nos Witchblade édition USA, nous avons disposé quelques piles de ces aventures des ultimate X-men et d'ultimate Spider-man en édition prestige. Rien ne se perd, rien ne se crée, pas même une petite préface: vous n'aurez droit qu'a des aventures pures et dures. Mais quelles aventures: Mark Millar et Adam Kubert chapeautent les débuts de ces nouveaux X-men tandis que Brian Michael Bendis s'occupe de Spidey. Vous pourriez en vrac être témoin de la première rencontre des X-men avec le Shield ou de la première apparition de Gambit. Vous pourriez apprécier la conclusion d'un combat qui amena Spider-man à se remuer la caboche pour mélanger pouvoirs totémiques et héritage de l'atome. Vous pourriez découvrir que Cyclope n'a jamais eu de bonnes notes à l'institut Xavier, hormis lorsqu'il fallait faire preuve de leadership et vous dire que c'est peut être une des racines les plus profondes qui font des événements récents (Schisme et AvsX) de simples conséquences paroxysmiques logiques voire annoncées.

Chaque album coûtait à l'origine 10€50.Loin de ternir le prix du prestige, nous avons plutôt choisi de le rendre plus accessible, à 4€.

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RAGEMOOR DE R. CORBEN ET J. STRNAD
 

Ragemoor est une histoire horrifique, certes, avec des êtres humains qui deviennent fous et de moins en moins humains. Mais c'est surtout très drôle. Le grandiose est ici, comme souvent avec ces auteurs, parfaitement accoquiné avec le grotesque. Le personnage principal est d'une naïveté et d'une stupidité confondantes, mais largement excusable par son éternel isolement. Tel Perceval le Gallois, Herbert ne connait rien du monde extérieur et voit dans une prostituée matoise une gente dame aux nobles sentiments... mais le personnage de Ragemoor ne possède par contre aucune des qualités offensives propres au chevalier, et ses efforts héroïques s'avèrent délétères. Le personnage du domestique, le "fidèle Bodrick", bien plus entreprenant et efficace, est un régal.

En lisant Ragemoor, "une histoire à la Poe, à la Lovecraft" selon le souhait du dessinateur, on a effectivement l'impression d'avancer en terrain connu, d'écouter une variation sur une histoire connue depuis des temps ancestraux et brumeux, ce qui ravira les amateurs du genre et du maître. Ce récit aurait pu être fait tel quel dans les années 70, à ceci près – mais peut-être cette impression est-elle dûe au fait que je n'ai pas relu de vieux Corben depuis quelques années – que le caractère auto-parodique m'a paru plus appuyé.

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Techniquement, tel que le faisait remarquer Frédéric Poincelet dans le Kaboom n°3[1], Corben vient partiellement recouvrir son trait noir d'un voile gris informatique cherchant à modeler la surface. Ce procédé est très étrange et froisse un peu l'œil. À mon sens, loin de créer de la profondeur, il créé surtout un trouble irréalisant. En effet, le masque gris transparent semble appliqué à la truelle, débordant çà et là, n'englobant pas l'entièreté d'un trait et ne répond en apparence à aucune logique... Est-ce un calcul ?  de la négligence ? Je ne saurais répondre.

En tous cas, voilà une histoire agréable à lire si l'on aime les trucs dégueux, et très bien imprimée. Peut-être trop bien imprimée : les noirs bien noirs et le papier glacé font ressortir les bizarreries esthétiques sus-mentionnées. Le livre est agréablement maquetté, agrémenté d'une préface de François Truchaud, qui signe la traduction, et d'un court entretien avec les auteurs par Roger Ash. Notons également la présence des quatres illustrations couleurs pleine page faites pour les couvertures des fascicules originaux étatsuniens et quelques planches de croquis et de recherches graphiques.Le livre mérite donc amplement ses 20 € et vous pourrez le trouver chez nous incessamment.

Ragemoor de Richard Corben et Jan Strnad, éditions Délirium, 120 p. n&b, 20€.EAN : 9791090916111

[1] Richard Corben, un dessin monde, dans Kaboom n°3, 2B2M, novembre 2013, 6,95 €. Il est à ce propos amusant de noter les différences entre la réponse que fait Corben à Poincelet et celle qu'il fait à Ash dans l'entretien à la fin de l'album, sur la question du choix du noir et blanc pour cette histoire.

 
LECTURES DE VACANCES
 

En vacances, on peut lire, c'est merveilleux.

Les Tuniques Bleues n°57 : Colorado Story de Lambil et Cauvin, DupuisC'est fou, la précédente fois que j'ai lu un Tuniques Bleues, c'était le n°53. Tu as à peine le temps de te retourner, d'installer deux trois étagères, et voilà que Lambil et Cauvin ont déjà pondu quatre albums. Je ne me rappelle plus du tout du contenu de Sang bleu chez les bleus mais je me souviens de m'être fait la réflexion que le dessin de Lambil n'avait pas bougé. Quatre ans plus tard on ne peut plus dire la même chose. Une grosse fatigue s'est abattu sur le vieil artisan et ici chaque vignette semble être un agrandissement d'un morceau de case du temps passé : trait un peu bancal, gras, composition malhabile, absence de détails, impression de vide. L'album se lit cependant sans difficulté et on le referme avec l'impression qu'il ne s'est pas passé grand chose. Longtemps annoncée, l'aventure n'arrive jamais. Ce n'est pas forcément un mal puisque des aventures, les deux bas-gradés fédérés en ont déjà vécues pas mal.Cette quasi-absence d'action et de rebondissements me laisse assez rêveur.

S'il n'y avait cette fameuse péremption des corps vivants, on pourrait imaginer que Lambil et Cauvin continuent ainsi pendant des siècles. Et qu'à chaque tome, insidieusement les deux compères se décalent progressivement et de manière quasi imperceptible du schéma initial. Spéculons : au 25e siècle, Cornélius Chesterfield et Blutch passeront des albums entiers à ne presque rien faire, cantonnés dans un fort. À la page 7 ils se lèveront pour aller saluer le drapeau "— Debout ! bête feignasse !", "— Je vois briller une telle exaltation dans votre œil bovin que je vous cède le passage avec plaisir, Sergent". Page 26 ils se rendront à la cantine : "— Alors Cornélius, vous n'avez pas faim ? Vous rêvez encore à Miss Applet..." scrognnntudju.

Ainsi petit à petit, les anti-héros de la guerre auront glissé dans un espace théâtral becketto-brechtien où le décor ira en s'effaçant, jusqu'à disparaître dans un nuage cotonneux. Réduits à l'état de spectres bégayants ils se rendront parfois compte qu'ils sont morts depuis longtemps. Ils se disputeront alors pour savoir depuis quelle aventure ils sont décédés, depuis quel moment a démarré ce changement d'état ?

Scalped tome 9 :  À couteaux tirés de Aaron et Guéra, Urban comicsJ'ai bien essayé de le faire durer celui-là, sachant que le tome 10, à sortir en février, serait le dernier de ce magnifique feuilleton. Aussi je me suis souvent arrêté, à la fin de chaque chapitre, je prenais le journal, j'allais jouer aux petites voitures, mais rien à faire, j'ai fini par le terminer. Excellent, sauf un chapitre assez inutile en début de recueil, correspondant au n°50 des fascicules originaux. Quand ils arrivent au 50e numéro, les étatsuniens se sentent obligés de fêter ça, alors ils invitent tout un tas d'artistes extérieurs à venir célébrer leur durabilité. Si la première partie de cet épisode 50, avec ses détails parfaitement horrifiques sur la technique du scalpage est très bien, si le choix d'Igor Kordey comme partenaire est assez naturel, les pleines pages signées par d'autres artistes (dont Jordi Bernet et Steve Dillon) sont assez inutiles. Mais cessons de pleurnicher pour quelques planches : eussions nous attendu un long mois comme les lecteurs initiaux pour avoir la suite, que la grogne eût été justifiée, mais nous avons eu bien des pages pour être, non pas satisfaits, mais transportés avec bonheur et angoisse. Un tome extrêment dense en rebondissements et action. Trahisons, revirements, surprises... Le rythme s'accélère dans la réserve Lakota de Prairie Rose (!) et cette magistrale série approche de sa conclusion, qu'on présume noire tant tout ce qui nous a été donné de traverser était loin du Village dans les nuages. À mon avis cette série est ce que les États-Unis ont produit de mieux, avec Locke & Key, depuis une décennie.

Baby-sitters tome 1 de Hari Tokeino, GlénatOn change totalement de registre pour cette série cherchant à se placer sous le dogme du "mignon". Ryuchi, un ado bien élevé et bienveillant, et son tout petit frère Kotaro, ont perdu leurs parents dans un accident. Désormais ils sont l'un pour l'autre leur seule famille. Oui, la larme vous vient à l'œil... C'est le principe. Les grosses ficelles de l'émotion sont ici fortement agitées. Ryuchi est même victime d'injustices (plutôt mineures) récurrentes. Ce brave gars n'en veut jamais à ceux qui le bousculent, au contraire, ils les comprend. Ryuchi et Kotaro sont donc accueilli pas la directrice d'apparence acariâtre d'une université. Vous avez bien noté le "d'apparence". Elle confie à Ryutaro un emploi de surveillant dans la crèche sise au sein de l'établissement, la crèche qui accueille donc les bébés des professeurs et du personnel. Grand frère idéal et attentionné, Ryutaro est un excellent choix pour ce poste. Les bébés sont ici traités comme des créatures d'une espèce presque distincte de l'humanité. Supposés extrêmement mignons, ils sont aussi très chauds et volontaires et ils ne font pas beaucoup caca. Il est un peu trop tôt pour se faire une opinion tranchée sur cette série. C'est souvent un peu balourd, mais j'ai été parfois ému. Il faut dire que je pleure devant la Petite maison dans la prairie, moi.

Btooom! tome 11 de Junya Inoue, GlénatNouvelle rupture de registre, avec la suite de ce shonen-up bien sanglant. Forcément, quand tu n'as que des grenades pour te défendre contre d'autres tordus, ça change un peu de la bataille de polochons. Là aussi on s'approche bien de la conclusion, ou du moins d'un cap important dans le développement de l'histoire. Ryota continue à se débattre pour constituer une équipe afin de mener à bien son plan d'évasion de l'île, mais le Dr Daté est décidément une véritable ordure. Les enjeux tactiques sont toujours clairement exploités dans cette série B tout à fait lisible. Les motivations des méchants organisateurs sont un peu moins convaincantes, mais on ne blâmera pas l'auteur de tenter d'inclure son aventure insulaire dans un cadre géopolitique anticipatif plus large. D'ailleurs un shonen-up supervisé par le Monde diplo serait sans doute moins distrayant. Enfin, dans la mesure où voir des êtres humains déchiquetés par des bombes puisse vous distraire. L'auteur développe d'ailleurs un peu sa réflexion et sa mise en abyme du spectacle, faisant de Btooom ! une curiosité hésitant entre voyeurisme et moralisme et dévoilant Junya Inoue comme un lointain descendant de Sam Peckinpah.Bonne fin d'année 2014.

 
DANS LES CORDES DE JAMES VANCE ET DAN E. BURR
 

Dans les années 80 le dramaturge étatsunien James Vance se tourna vers la bande dessinée pour raconter, à travers les mésaventures d'un adolescent, l'histoire violente et douloureuse de la Grande Dépression des années trente : c'était Kings in disguise . En France ce roman graphique fut traduit chez Vertige Graphic en 2003 sous le titre Les Rois Vagabonds. Ce récit, servi par le dessin un peu raide mais précis et investi de Dan E. Burr marqua durablement ceux qui s'y plongèrent. Voilà que des années après les auteurs nous offrent la suite de cette histoire.

Dans les cordes (On the Ropes en VO) est en fait le développement d'une pièce que James Vance avait écrite il y a bien longtemps. Quelques années ont passé. Le personnage central des Rois Vagabonds, Fred Block, a grandi et a souffert. Il a finit par rejoindre un cirque ambulant. Ce cirque fait partie d'un programme de la WPA, la Works Progress Administration, une initiative du New Deal visant à créer des emplois tout en divertissant les populations appauvries. Comme on ne va pas tarder à l'apprendre, cette activité nomade est idéal pour le jeune homme qui peut ainsi couvrir ses activités clandestines au service du mouvement ouvrier. La lutte des classes est très violente aux États Unis où le gouvernement et le patronat ont toujours été très vigilants à ne pas laisser se développer un syndicalisme radical. Depuis le dix-neuvième siècle les militants syndicaux en ont fait les frais. Les anarchistes, puis les communistes, furent sévèrement réprimés, par les forces de l'ordre ou par des organisations paramilitaires aux services des grandes entreprises (comme par exemple la fameuse agence Pinkerton) : intimidation, tabassage, emprisonnement, assassinat...

Tous les moyens étaient bons, avec cette violence frontale dont l'histoire des États-Unis est gorgée. Inscrivant leur récit dans ce contexte, les auteurs nous livrent une œuvre ambitieuse où le roman social se mêle au polar et à la description du monde du cirque. Les personnages ont une profondeur qui ne surprendra pas les lecteurs du premier opus et qui permet de dérouler de longues scènes de discussion, où les caractères et les expériences s'affrontent, sans que l'ennui ne puisse pointer son nez. Les 28 € que l'on peut investir dans ce livre ne seront pas gaspillés tant la lecture est roborative. Un bon week-end est nécessaire pour en venir à bout, alors imaginez que vous la coupliez avec les Rois Vagabonds : que du bonheur.

C'est donc aujourd'hui que nous sommes autorisés à mettre en vente cet ouvrage. Ne vous fiez pas à sa couverture, assemblage malheureux de 5 vignettes tristement colorisées. Le contenu est réellement excellent et le dessin de Dan E. Burr, malgré quelques rigidités – qui collent assez bien à l'âpreté de la période – possède la précision nécessaire pour rendre les différentes émotions qu'affrontent les protagonistes.

Dans les Cordes, de James Vance et Dan E. Burr, Vertige Graphic, 264 p. n&b, 28€. Code EAN : 9782849991138

 
LA SAGA DES ÉTOILES
 

Si vous ne pouvez pas aller à la Nuit Star Wars ce soir au Grand Rex et que de ce fait vous allez louper la diffusion sur écran géant des films IV, V et VI, c'est dommage. Moi je peux. En échange, je n'aurai pas le temps de lire ce que nous vous proposons pour compenser.

En effet, gravitent autour de notre rayon Star Wars trois titres particulièrement intéressants intimement liés aux films.

Le premier est un album de la collection Top BD (précisément l'album relié N°3). Accompagné d'une histoire involontairement rétro-SF nommée 2010 (la BD du film qui fait suite à 2001), vous y trouverez une adaptation assez rigolote du Retour du Jedi. Présentée comme "la seule adaptation BD du célèbre film de George Lucas", cette histoire est datée de 1983, une époque ou les fanboys ne lapidaient pas encore les gens qui disent "Dark Vador". Archie Goodwin et Al Williamson, auteurs fameux, mettent beaucoup de cœur à l'ouvrage dans la bonne représentation des acteurs, avec un succès toutefois fluctuant. La page de garde prend même la peine d'inscrire le casting du film aux crédits de la BD.

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Jabba, Leia en string et maître Yoda sont à 3 € dans notre coin comics de la rue Serpente (encore quelques exemplaires) .

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Ensuite, si le souvenir des films d'origine est suffisamment vivace et que vous tremblez à l'approche du prochain, tentez ce tome intitulé Star Wars – l'héritier de l'Empire, paru chez Dark Horse en 1998 (avant d'être réédité chez Delcourt). C'est un album étonnant car dessinée par Vatine et Blanchard. L'histoire pourrait totalement correspondre au 7e film qui se profile. Lucas a parait-il d'ailleurs avoué qu'elle représentait sûrement la suite la plus plausible à sa trilogie. Leïa s'est mariée avec son bad boy stellaire, Luke a fondé une dynastie de Jedi et la Nouvelle République vacille comme de juste. Ça risque de poser des problèmes de cohérence lorsque la version officielle de l'histoire des Skywalker sortira en salles mais en attendant, vous pouvez vous procurer cette lecture chez nous à 9€ en étant sûr que, de toute façon, elle vous décevra toujours moins que les nouveaux films.

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Et enfin, si toutes ces histoires de continuité vous rebutent et que vous décidez d'occulter totalement le fait qu'il existe autre chose que les trois films que je vais voir ce soir, vous pourriez vous pencher sur ce volume très étonnant: Monstres et créatures étranges de George Lucas. Rempli de croquis non utilisés, de photos des films, de références, chaque double page de cet ouvrage est radicalement différente de la précédente.  Vous pourrez découvrir en détail l'anatomie de Sy Snootles, la chanteuse préférée de Jabbat que vous voyez dans le retour du Jedi. Vous pourrez préparer la recette du SMAPP, un plat pour 4 à 6 Hutts.  Et bien plus encore. L'ouvrage est inventif et drôle. Il met en scène de nombreuses bestioles qui n'ont pas été retenues pour les films mais dont les projets se sont arrêtés à divers stades de progression (esquisses, marionnettes...) ce qui lui permet de proposer une iconographie exclusive très foisonnante. Les textes ne sont pas en reste mais il vous faudra le découvrir par vous même pour 7€, toujours rue Serpente.

 
QUELQUES LECTURES DE NOVEMBRE
 

J'entendais par-ci par là "L'été des bagnoles" . Une rumeur de fond comme il y en a tant par ici... Je me suis dit, ce doit être un remake des Mange-Bitumes. Comme moi les bagnoles je m'y intéresse très peu, je n'ai pas creusé. Chez des amis, invité à prendre le thé, les voici qui me recommandent un petit bouquin à l'italienne avec une couverture texturée façon toile, édité par Çà et Là. Son titre : L'été des Bagnold. Bagnold !!! Pas bagnoles ! Ça change tout.

L'été des Bagnold est donc une bande dessinée faite par un anglais nommé Joff Winterhart qui narre la traversée d'un été par une mère et son fils de 15 ans. Le père a évidemment fui depuis longtemps et s'est mis avec une nouvelle femme plus jeune. Le fils de 15 ans devait passer ses vacances d'été chez son père, mais finalement ce dernier se dérobe une nouvelle fois et c'est encore avec Maman que Daniel va passer ses six semaines de vacances. J'ai trouvé ça très bien. Ma collègue Lady Stardust n'a pas tellement aimé, elle a dit, à l'instar de Patrick Batman quelques années avant à propos de Six feet under : "Ça va la vie quotidienne des autres ! Moi aussi j'ai une vie !". Moi je dois dire que j'apprécie plutôt de lire des histoires de vie quotidienne crédibles, parce que j'aime étudier leurs correspondances et leurs divergences avec la mienne.  L'estimable Géant Vert a fait dans le Rock&Folk de novembre une critique qui est élogieuse (c'est "le gros plan du géant") mais avec laquelle je ne suis pas d'accord : "ouvrage qui décrit de manière ultra-dépressive six semaines de la vie d'une mère célibataire et de son fils de quinze ans fan de Metallica". C'est sur l'adjectif "ultra-dépressif" que je tique. Il est vrai que je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était la dépression, mais je ne vois pas ce qu'il y a de dépressif là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas tout le temps en train de sautiller que l'on est dépressif, ni parce qu'on a un visage plutôt impassible comme certains asiatiques en donnent l'impression (oui car la mère de Daniel, Sue, semble être originaire d'un pays d'Asie où les Yankees stationnèrent pendant une guerre) qu'on est forcément au quatrième dessous. Certes L'été des Bagnold est parfois un peu triste, empli de la nostalgie des présents potentiels, mais c'est aussi souvent une œuvre très drôle.

La rythmique implacable des saynètes de 6 cases nous fait passer par des émotions variées. Je n'ai pas lu de livre aussi sensible et avec lequel je me sente autant en phase depuis... Pepe de Carlos Gimenez ? Captain America de Brubaker et Epting ? Je ne sais plus et de toutes façons, c'est sans importance,  L'été des Bagnold est un très bon livre qui coûte 16 euros. Il paraît qu'on va l'avoir à la vente dans les jours qui viennent, mais j'allais écrire ce billet même si on n'en avait pas à vendre. Dans ce cas je vous aurais dit de l'acheter chez les libraires qui me l'ont conseillé (La Friche, rue Léon Frot à Paris).

Les éditions Dargaud ont fait traduire par le rock-critic Hugo Cassavetti Le Cinquième Beatles de Vivek Tiwary, Andrew Robinson et Kyle Baker. Il s'agit de la biographie en BD de Brian Epstein, manager inspiré de la carrière des Beatles, et non de l'histoire de George Martin ou de celle de Stuart Sutcliffe, autres pressentis pour le titre envié de cinquième. Ça se lit sans surprises, sans déplaisir, ni joie, comme tous ces biopics américains qui mènent tous au même point : l'homme dont on parle était grand mais incompris, ce qu'il a fait il le doit à la force de sa volonté, alors on doit être ému par les injustices qu'il a subies et par sa mort. Le scénariste proclame dans la postface que c'est l'œuvre de sa vie, j'espère bien pour lui qu'il se trompe. Les beatlemaniaques n'apprendront rien et les autres n'achèteront probablement pas cet album, correctement dessiné, avec même quelques trouvailles par-ci par là. Une occasion à 14 € vue dans la vitrine rue Serpente.

J'ai lu les 3 premiers tomes de L'Attaque des Titans de Hajime ISAYAMA, série sur laquelle l'éditeur Pika communique beaucoup. J'ai lu dans le prochain Zoo que c'était la série manga à retenir de 2013. Kaboom en parle comme "d'un des plus intéressants divertissements venus du Japon ces dernières années". Pour ma part je suis assez partagé sur ce truc. Je ne suis pas ébahi par la portée du propos, ni par la qualité des dialogues ou de la mise en scène. Ça ne tient pas tellement la route, la vraisemblance est ici un souci lointain et je n'ai rien compris au système tactique tri-dimensionnel que l'auteur a mis au point avec un pote ingénieur...

Reste que ces images de géants blêmes, à l'intelligence douteuse, au corps contrefait, errant dans les rues d'une cité lilliputienne abandonnée sont d'une grande force. Comme si elles reflétaient une peur ancestrale enfouie dans notre inconscient, attisée par la persistance de Goya et de Grossbouf. Je crois bien que j'en ai rêvé d'ailleurs. La simplicité de cette idée me suffit. Après, les atermoiements tactiques des personnages et leur survie éventuelle ne m'importent pas vraiment. On peut à l'heure actuelle trouver les 3 tomes rue Serpente, rangés à la lettre A de la section des 5 euros.